38 HAIKU EN HOMMAGE A BASHO ET BUSSON 2018 BRAN DU 24 10 OCTOBRE
Baie de Morieux (22) photo Bran du
38 Haiku ou Haikai selon Bran du
en hommage à Bushô et Busson
Octobre 2018
Des règles dit-on
Mais, pas de règles en fait
Coquille de noix ; les mots naviguent dans le ruisseau !
Sur mon parcours ai rencontré lièvres et sangliers
avoir laissé l’homme citadin en chemin
m’a fait grand bien…
Sur le sable humide
des oies s’entraînent
à la calligraphie…
On dit des friches et des jachères
on dit cela d’un lopin de terre
mais, des friches en l’homme rien n’est dit !...
Je voulais offrir à la lune
Un chant (en ses quartiers d’hiver),
mais les notes ont gelé aux sorties de ma bouche…
Mieux vaut le grillon ou la libellule
Que la compagnie
De ceux qui, l’esprit faible, parlent fort !
Comme la courge rougissant sur un tas de fumier
J’aimerai moi aussi
arrondir mon esprit au soleil…
On peut certes souffrir
du froid, du gel et de la neige,
mais sans le feu de la poésie, c’est bien pire !...
Plus qu’une femme
le vent, lui,
connaît mes cheveux blancs…
Comme mes sandales
ma vie s’use sur la route,
mais bien affûtée est parfois la faucille de mon esprit…
Voyager le plus léger possible
L’air et le vent pèsent peu
Traîner son ombre déjà suffit !...
Marcher sur un chemin sans fin
Et un commencement qui n’en finit
Pas à pas !...
L’oiseau est à son vol
et le poisson à sa nage
mais, à son poème, point l’homme ne s’attelle !...
Mes pieds suivent la sente
et mes pensées les nuages
un poème sera leur auberge et carrefour…
Les pierres et les herbes du sentier
en savent plus sur le voyage
que les pas lourds de ceux qui y cheminent…
La pierre posée ici pour méditer
depuis bien longtemps
à, de l’humanité, sondé les assises !...
Je n’ai jamais été en odeur de sainteté
ou alors peut être, mais il y a longtemps
en senteur de seins tétés !...
La lune et mon ombre
Ce soir me tiennent compagnie
Seule la lune à ne pas boire de saké…
Loin de l'agitation
qui vous trouble l'esprit
l'eau ruisselle sur l'arrondi de la pierre...
Plus fidélement
la lune, à celui qui est seul,
tient lumineuse compagnie...
Je laisserai à une autre main
le soin
de tenir mon bâton de pèlerin...
Un criquet chante
au seuil de la chaumière
aujourd'hui plus de chants sur mes lèvres...
Moi aussi,
las des affaires de ce monde
j'arpente les sables et les mousses...
Il suffit de peu pour le ravissement
une fleur de melon
le sourire d'une jeune fille...
Le sage est une grèbe
sur son nid flottant
parmi une assemblée de poules d'eau !...
Me porte le vent du Nord
vers une île
aux pommiers blancs...
Mille soleils
sur les branches de l'hiver...
les kakis à maturité...
Coucou, geai et pic-vert
de ceux-là on ne médit,
mais du corbeau !...
Le pin, blessé,
là haut à flanc de rocher ;
sa résine sont mes larmes...
Parfois, rarement
le Grand Vide
fait en moi son plein !...
Au port rentrent les pêcheurs
mais, seule, l'argenté de la lune
dans leurs filets...
La lanterne s'est éteinte
au pavillon du bonheur
plus de femme à connaître l'étreinte de mes bras...
L'averse transperce mon chapeau de paille
mais il pleut davantage
au plafond de mon coeur...
Buissons de thuyas en fleurs
aussi rouges que les lèvres
de la concubine...
Enivrante et voluptueuse
est l'odeur de la glycine,
mais plus encore celle de la senteur de vivre....
J'entends le chant
qui repique le riz dans la rizière.
Qu'il est heureux de se courber devant une femme...
Entre, toujours entre
se tient le plus secret de la rouge pivoine
aimablement, amoureusement, entre !...
Dans un coin de mon coeur
j'ai construit une hutte en bambous
de temps en temps Li Po, Bashô et Busson viennent y boire...