7 CHANTS POUR NOS FRERES ET SOEURS DU QUEBEC ET LES AUTOCHTONES (SEPTEMBRE 2014)
QUEBEC 2014 Bran du
Sept chants offerts en remerciement pour les frères et soeurs Québécois et les enfants du Cercle...
Pour Mario, Manon, Monique, René, Martine, Marjolaine, Valérie, Josée, Marie Pascale, Diane et tous les frères et toutes les soeurs présents en ce merveilleux séjour
1 / Chant du SEQUOIA
petite est la semence du Séquoia
fragile et mince est son enveloppe
qui contient toutes les origines :
la tortue, la fille, la boue et la racine
elle meurt dans le Sein de la Mère
pour renaître au printemps des vies, des nids et des fleurs
elle renaît de même en mon coeur
qui a mémoire du blanc sein qui l'a fait venir au monde
petite et frêle est la semence du Séquoia
qui dominera les forêts du futur
ainsi, une petite et ferme idée
pourra ébranler le monde
quand elle déploiera ses larges ailes
dont chaque plume sera faite
d'un coeur humain venu aux rives de la conscience
meurt, meurt doucement, petite graine
toi que je sème au Sein de la Mère
toi que j'enfouis dans le sillon du devenir
toi qui pour moi pour eux tous s'en veut mourir
Je suis la graine, je suis la semence
hé y'a hè hé y'a hé
je la sème à ma semblance
hé y'a hè hé y'a hé
la graine dans le sillon de mes mains
hé y'a hé'y'a
la graine des forêts de demain
hé y'a hé y'a
Yé ya hé yé y'a hé hé y'a hé pour la Vie dans le Sein
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2 / Fourneau du coeur
j'ai bourré le fourneau de pensées aimantes
j'ai tassé le tabac de la bonté
mélangé la tendresse du tabac
et j'ai porté la flamme de l'âme
dans le fourneau de la vie
hé y'a, hé'y'a je fume pour les sept
ma fumée aux sept endroits
ma fumée aux sept foyers
hé y'a hé'y'a hé y'a hé...
ma fumée danse dans la hutte du soleil
sous la tente de la lune
les étoiles la suivent en cortège
et le grand serpent de même
quatre Grands Pères à chaque coin
un sous la terre, un dans le ciel
et l'Arbre Père au centre
sept foyers de sagesse
sept feux de paroles rouges
sept flammes jaunes et bleues
hé y'a, hé'y'a je fume pour les sept
ma fumée aux sept endroits
ma fumée aux sept foyers
hé y'a hé y'a hé y'a hé...
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3 : le collet
j'ai posé le collet d'acier
parmi les mousses humides
sur les traces du printemps et de l'été, j'ai posé le collet d'acier
j'ai pisté le sang des pelages
j'ai fais ruse de mes doigts
j'ai mis la patience au bout de ma pipe
hé y'a hé y'a qui viendra se prendre
hé y'a hé y'a dans le collet tendu ?
le vent est venu le vent en premier
il a glissé son cou, son cou il a glissé
hé y'a hé y'a hé y'a hé
puis la neige est venue, venue s'y poser
le collet bien tendu n'a pas bougé
hé y'a hé y'a hé y'a hé
l'hiver est passé à travers le collet
ni poil ni plume il n'a laissé
hé y'a hé y'a hé y'a hé
quand la pensée est un fil d'acier
elle n'attrape qu'elle même, se fait étrangler
hé y'a hé y'a hé y'a hé
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4 le piquet
celui ci a planté un piquet
dans le corps de ma mère
cet autre l'enfonce à son tour
et d'autres encore
qui multiplient les pieux épointés
pour traverser la chair de la terre
entre les piquets ils ont tiré des fils barbelés
pour enclore le vent et les saisons
au nom de leur titre usurpé de propriétaire
lls ne savent pas o Mère que c'est leur propre coeur
qu'ils enserrent ainsi, que c'est dans leur coeur
que s'enfonce le bois de l'orgueil, de la cruauté et du mensonge
Hé y'a hé y'a qui leur dira qui leur dira ?
la rivière leur dira
sa source et son estuaire
la montagne leur dira avec ses neiges et ses glaces
l'océan leur dira avec ses vagues et ses marées
le marais leur dira dans la plainte de ses roseaux
la grande plaine leur dira en souvenir des bisons
l'outarde et le loup sauront leur dire cela
et le saumon et l'orignal, le cerf et le corbeau
tous diront
les écorces et les écailles
toutes les peaux des tambours
tous les pièges à rêves, toutes les roues-médecine
tout l'encens de la sauge, toutes les prières de la Terre
toutes les pierres chauffées au rouge
toutes les plumes d'aigle, tous les hochets, toutes les poupées,
toutes les flûtes, toutes les danses
Hé y'a hé y'a la terre leur dira
et les vents et les souffles
hé y'a hé y'a la terre leur dira
et les souches et les sources
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5 Chant pour l'étuve
j'ai plongé le tambour
dans le sang du soleil
mon tambour est rouge
du sang vermeil
hé y'a hé y'a solaire est la chair de mon tambour
rouge est la mer maintenant
là où le soleil a disparu
emportant le jour avec lui
dans la grande cuve de l'horizon
hé y'a hé y'a mémoire est le chaudron où tournent les amours
le cercle rouge du tambour
s'est enflammé dans ma main
la nuit a monté son tente
recouverte d'étoiles
hé y'a hé hé y'a hé avec la lune je danse dans le cercle de feu
à six ils sont venus avec leur masque
avec leur pelage avec leurs plumes
avec leur seau d'eau fraîche et pure
six ils sont avec moi et le tambour
hé y'a hé y'a sept têtes tournent sous la tente avec leur pensée aimante
la peau vibre et frémit sous le cuir
les sons s'en vont danser loin vers la mer
ils descendent la rivière et bondissent
comme le chevreuil dans la prairie du printemps
hé y'a hé y'a le chant est un cheval fougueux, folle est sa course
la clameur rauque s'élève parmi les hommes qui transpirent
ceux-là raménneront demain le soleil dans le ciel
ceux-là feront danser les filles de l'aurore
la pluie de larmes cessera lors parmi les hommes arc-en-ciel...
hé y'a hé y'a la sueur monte dans les nuées, la sueur est bonne prière
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6 tout est "Wakan" (sacré)
tout ce qui bat et vibre
dans la poitrine de notre Mère est "wakan"
l'eau, la terre, le feu, l'air, les brumes et les nuées
les brouillards et les pluies, les orages et les frimas
tout cela est "Wahan"
"wakan" sont les sèves, les rêves et le sang
la tourbe, la boue, l'humus, le sable même sont "wakan"
tout absolument tout est "wakan"
si tu ne le sais moi je le sais
moi et l'oiseau qui niche aux fourches de mes bras
moi et le coquillage qui rêve dans le bercement de mes vagues
moi et le désir qui brûle dans le printemps de l'amour
moi et la mort qui me cueillera sans peur ni remord dans le fruit offert à sa faim
Je bat le cuir épais des forêts
et l'écorce se rappelle le chant des arbres dans la danse des saisons
je bats le cuir épais de la nuit et l'Etoile s'en vient qui reconnaît le chant
Hé y'a hé y'a hé y'a hé mon coeur est un tambour
entendez le tambour de mon coeur hé y'a hé y'a hé y'a hé
ma peau est tendue comme un arc flèches sont mes pensées
je bat le cuir épais des forêts sur la peau blanche du jour
je bat le cuir épais des forêts sur la peau noire de la nuit
Nuit et jour lors s'accordent et tressent l'entendement
cela qui était divisé retrouve son unité
cela qui était divisé enfante son tout
je suis le son "premier", le son des Origines
j'ai souffle puisant dans ma poitrine et force dans le poignet
hé y'a hé y'a hé y'a hé mon coeur est un tambour
entendez le tambour de mon coeur hé y'a hé y'a hé y'a hé
puissant est le cercle du soleil puissant aussi le cercle de la lune
j'ai braise dans les yeux mes doigts sont de flammes aussi
je bat le rythme premier
je bat le rythme second
puis le troisième enfin
et le ciel et la terre dansent en ma poitrine
la rosée s'en vient sur la feuille
la tige ploie sous la rosée
je bois à même la feuille
l'eau précieuse de la vie
hé y'a hé y'a hé y'a hé mon coeur est un tambour
entendez le tambour de mon coeur hé y'a hé y'a hé y'a hé
le cri était là enroulé sur lui-même
enlacé à une souffrance sourde
rongeant les écailles de l'imposture
salivant le poison des mémoires trahies, de la mémoire amère
distillant un fiel de revanche plus foudroyant qu'une flèche empoisonnée
le lit était à sec
lit de pierres mordues par le soleil
pierres du souvenir abandonnées aux sables de l'oubli
l'âme recouverte par le silence des siècles et des hommes
le lit attendait son flot et ses flux
patient le lit attendait l'eau neuve de la montagne
il attendait le lait blanc s'écoulant d'un sein de neige
il attendait que des enfants trop longtemps sevrés retrouvent le goût de la vie...
hé y'a hé y'a hé y'a hé mon coeur est un tambour
entendez le tambour de mon coeur hé y'a hé y'a hé y'a hé
le soc puissant d'une pensée luisante et acérée
retournait les friches de l'espace et du temps
il renversait tout cela qui n'avait ni assise ni fondement
ce qui devait revenir à la terre revenait à la terre
ne restait de l'homme qui avait usurpé son nom
que l'humus et le terreau épuré par les vers
trop longtemps on avait pollué les sources mêmes de la vie
on avait jeté des cadavres dans l'eau nuptiale des aimants et des amants
trop longtemps bien trop longtemps la vie croupissait dans les eaux noirâtres
de la pollution des coeurs et des esprits
amputation des corps des lèvres des bouches des gestes d'importance
castration des sens privés de feux et de flammes, privés des danses essentielles
confiscation du silence qui donne à voir et à comprendre
pasteurisation du spirituel par le religieux
la poésie mise à la décharge, la tendresse à la poubelle
l'obéissance absolue à cela qui formate conditionne et rend esclave
hé y'a hé y'a hé y'a hé mon coeur est un tambour
entendez le tambour de mon coeur hé y'a hé y'a hé y'a hé
je ferais souvenance de cela qui fût au coeur de la danse
je clamerai s'il le faut le chant des origines
je ferais un nouveau berceau pour la vie et son cri
je ferai cela avec ma pensée, avec mon sang, avec mes doigts
je dirai cela qui fut rompu du lien qui était le nôtre, le vôtre
Plus ne sera transfusé le sang de l'oppression et de la servitude
je retrouverai en vous les sentes les chemins de lune et de soleil
et nous parcourrons ensemble les rivages du possible
nous retrouverons le gué creusé par les Anciens et les Anciennes
et nous passerons sur l'autre rive où nous sommes attendus
par cet enfant rieur que nous avons été, que nous sommes redevenus
hé y'a hé y'a hé y'a hé mon coeur est un tambour
entendez le tambour de mon coeur hé y'a hé y'a hé y'a hé
brilleront au soleil les débris de nos rêves brisés
la lumière reviendra en nos songes de cristal
et les vitraux resplendiront de nouveau en nos cathédrales forestières
nous laisserons nos haillons dans les crocs de l'histoire
nous ferons une légende de notre renaissance, de nos heures natives
nous danserons paume contre paume, épaule contre épaule, avec l'éternité
nous sommes le peuple primitif les païens flamboyants
nous sommes la recouvrance, les frères et les soeurs de sang
nous avons gardé la braise sous la cendre et attisons ses flammes
hé y'a hé y'a hé y'a hé mon coeur est un tambour
entendez le tambour de mon coeur hé y'a hé y'a hé y'a hé
Nous sommes cela qui d'une plume fervente et légère ébranle la voûte du ciel
CAR
tout ce qui bat et vibre
dans la poitrine de notre Mère est "wakan"
l'eau, la terre, le feu, l'air, les brumes et les nuées
les brouillards et les pluies, les orages et les frimas
tout cela est "Wahan"
"wakan" sont les sèves, les rêves et le sang
la tourbe, la boue, l'humus, le sable même sont "wakan"
tout absolument tout est "wakan"
est "wakan" cela qui ne saurait mourir dans le coeur de l'homme
Simon Petrus de son nom "francisé" (un véritable sage pétri d'humour)
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7 / Chant pour les pierres rouges
En amont il y avait les pierres
les pierres descendues de la montagne
les pierres roulées par le flot des siècles et des saisons...
un autre voyage les attendait
qui devait les mener au seuil de nos attentes
à la margelle de nos plus justes et fervents désirs...
la pierre avait rendez-vous avec le feu
la pierre avait rendez-vous avec l'eau
nous aurons à prendre place entre l'un et l'autre
.../...
la lune était montante
sans avoir atteint encore sa plénitude...
Enceinte de nos rêves d'harmonie et d'équilibre,
la lune grossissait, enfantait en nous des soleils fraternels, des étoiles d'entendement, des galaxies de connivence...
Nous irons, plus tard, boire avec elle, à même nos paumes, à même nos lèvres repues de flammes vaporeuses, la fraîcheur des ondes de l'étang...
.../...
A l'Est le foyer en demi cercle, à l'Est aussi la coupole de feutre et de peau, de coton et de laine...
A l'Est les trois étages du ciel, les trois cercles de l'existence, les trois âges aussi...
A l'Est le monde 9...
A l'Est face au levant, face au souffle de l'aurore, face à l'aube naissante...
A l'Est l'ouverture, à l'Est la réception...
A l'Est la rosée en prière sur sa feuille...
A l'Est l'annonce du chant qui consacre le jour...
Notre nuit attendra la splendeur du matin, mais celui-ci venu saura offrir à la nuit un sourire de gratitude...
.../...
Depuis la veille, il a jeuné
il s'est tenu dans l'abstinence
rien pour encombrer ou empeser le corps et la pensée...
Demain il sera le guide
celui qui accompagne
celui qui orchestre le déroulé du rite
Attentif il sera
maîtrise il aura de son corps, de ses gestes, de ses mots, de son silence
Serviteur du Souffle, c'est là sa fonction...
.../...
Ils sont venus des quatre horizons
frères et soeurs ils sont
leur accolade en dit long sur la fraternité de leur chemin...
sept ils seront dans la nudité des corps, des coeurs et des esprits
sept à revêtir l'essentiel
Sept à chanter et transpirer pour lui....
Ils ont fait la chaîne, hommes et femmes alternés ;
les buches, les rondins, les lourdes pierres
en leurs mains sont passés pour alimenter le rouge foyer...
.../...
La plume d'aigle à la main
l'encens parfumé de la sauge dans l'autre
le shaman enveloppe l'aire d'une douce et purifiante senteur...
Ses lèvres invoquent Cela qui Est, Fût et Sera...
Ses lèvres convoquent la sérénité et la paix
et les bons esprits du ciel et de la terre...
Et tous et toutes de se nettoyer dans la fumée sacrée
Tous et toutes de se purifier au contact de l'effluve sacrée
L'instant est au sacre qui chasse toute souillure...
.../...
Trois hommes et trois femmes vêtus de leur peau de naissance...
Ils montent dans la barque, ils montent sur le nuage...
Ils se posent sur le vert tapis fait d'aiguilles de pins...
Le septième, c'est lui qui conduit le voyage...
par ses mots et ses gestes, il rassure la compagnie
donne de bons conseils, veille à l'entendement...
Il dit le pourquoi, rappelle le comment...
Il dit comment le chant viendra dans nos poitrines
avec l'eau et le feu pour le faire naître, pour lui répondre...
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Sept au noeud des forces et des énergies
sept assis en cercle sur le bord des mondes
sept pour exalter la vie afin qu'elle entre dans leur ronde...
Trois étapes, trois escales, pour atteindre le sacre suprême
Transfusion, transmutation, transformation...
Dans le four cuit le pain de la vie...
Les vieux Pères ont parlé... Nous les avons salué...
Ils ont rempli notre outre d'une eau claire et pure...
Nous sommes flamboyants... Nous sommes flamboyants...
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J'ai bu à l'eau de feu hé y'a hé y'a hé y'a hé ho
J'ai bu l'eau de la vie hé y'a hé y'a hé y'a hé ho
Hé y'a hé hé y'a ho je suis feu et eau, eau et feu
WhoooooOOOoo !
Le site en amont de la cérémonie
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