7 POEMES INSPIRES PAR LA TRADITION AMERINDIENNE BRAN DU 2022 LE 02 06 JUIN
7 Poèmes inspirés de la Pensée Amérindienne
Bran Du Mai 2022
Les Sept Plumes de l'Aigle :
« Hé ya hé Ya hé ya hé.....
...J'ai accroché mon cœur aux 7 plumes de l'Aigle
et suis monté haut, très haut jusqu'à presque toucher la semelle des mocassins du Grand Esprit....
Je suis resté comme cela à planer dans les hauteurs, à tourner avec les tourbillons d'azur, avec de la Lumière plein les yeux et du soleil dans ma tête...
J'ai vu l'arc de Cercle de la Terre et j'ai pensé à tout le Vivant de ce Grand Cercle, aux Fils et aux Filles du Père et de la Mère, aux Enfants-Lune et aux Enfants-Soleil... A tout ce qui nage, vole, marche et rampe sur la large et généreuse poitrine de notre Mère à tous et à toutes, de notre Père à tous et à toutes....
Il faisait froid là-haut mais un sang chaud et une douce fièvre envahissaient mes veines et tout mon corps à contempler tant de splendeurs...
Je songeais à ce point minuscule que nous constituons au sein de l'immensité de la Création...
Mais je comprenais aussi toute la grandeur résiduelle, aussi dense et intense, aussi infinie, aussi absolue, contenue dans le cœur de chacune et de chacun...
Les Anciens et les Anciennes nous disaient...
« Quand vous tracez le Cercle, quand vous animez le Cercle, quand vous tournez dans ses bras en chantant et en dansant, vous êtes comme une flamme torsadée et spiralée qui danse dans le Foyer de la Vie...Vous montez comme une sève printanière dans l'aubier de l'Arbre de la Vie, vous êtes autant de graines et de semences déposées dans le terreau du devenir, dans l'humus du « possible »...
Vous êtes comme le faucon à l’œil vif, comme le saumon obstiné et plein de courage, comme le lynx enroulé dans sa patience, comme le loup solidaire de la meute, comme le castor bâtisseur de barrage, comme l'araignée qui tisse méticuleusement son fil, comme le cygne fidèle à la Belle Saison, comme les chevaux à la libre crinière, comme le cerf qui clame son désir, comme l'ours qui soulève sa force, comme le bison qui ébranle la prairie, comme toutes les bêtes qui protègent leur famille....
Vous êtes le divers, et chacun une spécificité, une singularité mais vos différences dans le Cercle deviennent une complémentarité et une unité d'entendements majeurs car vous avez passé à votre doigts l'anneau de la fraternité et enceint votre cœur de cet aura d'Amour qui n'est que Force, Energie et Lumière....
Descendu du plus haut sous les rémiges de l'Aigle, j'ai posé mes pieds sur notre Mère la Terre et je marche vers vous mes compagnons et compagnes d'humanité, je viens donner mes bras à vos bras, danser et chanter avec vous dans le Grand Cercle de la Vie...
Hé ya hé Ya hé ya hé.....
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Les « voleurs de Graisse » (les blancs exterminateurs de peuples et de bisons.)...
« Ils ont confisqué l'air en le polluant de toute leur arrogance, de tout leur orgueil, ils ont vicié le « Grand Respir.» des êtres et des choses...
Ils ont confisqué l'eau pour la vendre en bouteilles, pour en faire un produit de consommation, pour détourner à leur profit le cours de la Vie, pour salir la pureté des ondes bienveillantes et bienfaisantes...
Ils ont confisqué la Terre, notre Terre à toutes et à tous, notre Amour le plus sacré, à tout vouloir soumettre et posséder, ils ont saccagé le Grand Chaudron de Vie...
Ils ont confisqué le feu, lui on appris à cracher la mort par la bouche des fusils...
Ils ont fait de l'arbre des planches pour faire des cercueils et enterrer notre humanité...
Ils ont fracassé les hautes pierres pour en faire de la poussière comme ils ont fait de la Grande mémoire des Femmes et des Hommes de jadis...
Ils ont étouffé l'oiseau dans son nid, brisé ses œufs et les voici aujourd'hui rampant sur le sol et sans ailes pour déployer leur cœur et leur esprit vers le ciel !
Yé ya hé ya...
Ces hommes là sont des imposteurs et des renégats, ils insultent, violent et pillent le Berceau de la Vie, la Matrice du monde...
A cause de cela, je ne me baignerai plus dans le lac de mes rêves...
Je n'entendrai plus les flocons de neige tomber du ciel pour se poser sur les flocons qui déjà recouvrent la terre, blanc sur blanc le doux bruit de la neige, clameur blanche, pure et nue, que seul le cœur peut entendre...
hé ya Hé ya....
Ces hommes ont fait de la femme une ombre inféodée à leur soleil artificiel et illusoire...
Mais le sang reviendra dans les artères meurtris du monde, il sera Femme, Femme-vive, Femme-flamme, Femme-Âme restituant au Vivant les formes, les sons, les senteurs, les couleurs qui parent la Vie pour ses noces et alliances avec le pur, le vrai, le bon et le beau...
Hé ya Hé ya...
Je donnerai la main à l'herbe, à la feuille pour qu'elles me reconduisent dans le Cercle ancien où nous jouions ensemble dans les premiers matins du monde, dans le premier jardin d'une humanité heureuse...
Hé ya Hé ya...
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Hé ya Hé ya...
« Réserves » !
Dans les réserves où nous sommes confinés et parqués,
les dollars américains tombent sur nous et nous transforment en feuilles mortes sans humus ni terreau pour permettre un printemps futur... Sachant cela comment ne pouvons nous pas émettre de grandes réserves sur l'avenir des nations Indiennes ?
Croyant à la nécessité de nous « civiliser », c'est-à-dire de nous rendre aussi cruel et aussi stupide qu'eux, ils ont enlevé nos enfants à leurs parents, à leur culture, à leurs rêves, à leurs innocence, à leurs rires et jeux.
Meurtrier et odieux fut ce formatage des églises et des Etats complices d'infanticides...
Pauvres âmes violées, torturées, salies et balancées dans l'anonymat des cimetières cachés aux yeux du monde, dissimulés aux yeux d'une humanité qui se cherche encore un cœur pour battre avec le Vivant de la Vie...
Devenus adolescents, ces enfants meurtris dans leur chair même comme dans leurs pensées se sont tournés vers les paradis illusoires de l'alcool, de la drogue, de la violence et ce jusqu'au suicide...
Il n'était pas reconnus comme Canadien ou Américain et ils n'était plus Indiens ; ils n'avaient plus ni souche, ni sève, ni racine, ni source, ni perspective d'avenir...Leur Arbre de Vie était devenu une branche morte...
L'argent américain tombe sur nous comme de la grêle qui détruit les plants du devenir...
C'est celui des autorités, des pouvoirs absolus qui reposent sur les pouvoirs traîtreusement confisqués à ceux qui, légitimement, les possédaient avant que d'être colonisés et génocidés....
Trop lourd, trop injuste, trop insupportable est le prix payé pour l'enclosement, la négation et le bafouement de nos libertés, pour ce licou passé autour de nos vies et de nos songes...Tout cela qui à contribué à nous tresser, à nous forger, très solidement, un collier d'esclave avec ses chaînes de déni et de mépris pour notre peuple...
Ils sont pourtant des nôtres, de notre sang, ceux-là qui bradent notre mémoire, qui injurient nos ancêtres et nos Traditions en faisant de cela des articles de bazars, des bimbeloteries pour cheminée et salon... Il faut bien vivre disent-ils, ils n'ont pas tort mais non plus raison...
Mais pour avoir chaud, faut-il brûler sa maison ?
Quand je pense à cela mon cœur saigne et il y a des larmes dans mon sang, du poison dans mes veines...
Hé ya Hé ya.... L'hiver qui dure et bien trop long, bien trop long...
Toute la Création est offrande et le Vivant un offertoire permanent... Que pouvons-nous donner en retour qui ne soit pas une offrande d'Amour ?
Hé ya Hé ya.... L'hiver qui dure et bien trop long, bien trop long...
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La Tresse :
Hé ya hé ya...
J'ai fait une tresse, brin par brin, les enchevêtrant et, dans le soleil tournant de mes doigts, j'ai conjoint, ce qui était mort et ce qui était vivant...
Hé ya hé ya...
J'ai lié le brin de la peine avec le brin de la joie,
celui du rire, celui du chagrin
celui qui se dit, celui qui ne se dit pas...
Hé ya hé ya...
J'ai ajouté une mèche de cheveux aux cheveux des grands vents
j'y ai ajouté quatre rubans :
un pour moi, un pour toi, un pour nos proches et nos enfants...
Hé ya hé ya...
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Hé ya hé ya....
L'invitation :
L'Aigle a frappé à la porte...
Je lui ai dit :
Entre et prend Cercle dans le Cercle des Hommes
Bienvenues sont tes plumes
qui content et connaissent
les voyages du soleil et de la lune...
Hé ya hé ya...
Le Saumon a frappé à la porte...
Je lui ai dit :
Entre frère Saumon
et bienvenue à toi
qui tisse la mouvance et la mémoire
entre l'Océan et la Source
Entre la Source et l'Océan....
Hé ya hé ya...
Le Bison a frappé à la porte...
Je lui ai dit
Merci à toi de venir à l'assemblée
Prend tes aises et ton assise
Tu nous diras l'Est et l'Ouest
et la grande transhumance des saisons
quand le vent souffle dans tes naseaux...
Hé ya hé ya....
L'ours a frappé de sa grosse patte...
Je lui ai dit
Viens, tu es ici chez toi
Tu sais tant de songes et de rêves
Tu t'ébroue au printemps
en sortant de la maison du sommeil...
Hé ya hé ya...
L'Aigle, le Saumon, le Bison et l'Ours
ont fait la ronde avec nous
Chacun y allant de son récit, de sa chanson
Ils ont fumé chacun leur tour
en saluant les 7 directions
L'Ours soudain a pété
Et nous voilà tous à rire
en compagnie du Grand Esprit...qui rit aussi....
Hé ya, hé ya....
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La Perle de Vie
Hé ya hé ya...
J'ai enfilé une perle sur le fil de la vie,
puis une autre et une autre...
Une perle bleue, une verte, une jaune, une blanche et une rouge...
J'ai enfilé les perles multicolores, celles du Ciel, celles de la Terre, celles des Saisons...
Hé ya hé ya...
J'ai enfilé la perle de l'aube
et celle du crépuscule,
celle du sang, celle de la sève
Toutes arrondies par la sagesse ancienne
toutes lissées sous les doigts du cœur...
Hé ya hé ya...
Beau le collier, beau le bracelet
passé aux poignets, aux chevilles de la Vie...
Je danse avec eux la danse du soleil, de l'ours et de la pluie...
Hé ya hé ya......
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La déchirure...
Hé ya hé ya...
La trame de la Vie s'effiloche
Trop d'accrocs dans la vêture du monde...
Les Hommes sont des adeptes de la déchirure
Ils mettent la Vie en lambeaux
Leur cœur lui-même est en haillons...
Hé ya hé ya....
Ils ont porté leur couteau dans le manteau d'étoiles
dans celui des océans, dans le ventre du Vivant
et tous nos rêves se décousent car est rompu le fil
entre le passé, le futur et le présent....
Hé ya hé ya...
Mes songes se diluent dans le vent...
Que donnerais-je à mon âme pour lui faire vêtement ?
Hé ya hé ya....
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