DOSSIER CORSE 6 TEXTE ET POEMES INSPIRES BRAN DU 2018 31 05 MAI
Photos Bran du
Dossier CORSE 6 Mai 2018 Bran du
Textes et poèmes de Bran du
Dédiés à la Corse et à :
Eka et sa famille, Charlotte, Carole et sa famille, Jo et sa compagne et la biscuiterie familiale de Pietralba, à Martine notre logeuse, à Fabienne et Michelle, à Isabelle et à ses parents et à l'équipe d'accueil du parc de Salenccia, à Règine la Bergère, à Christine, l'hotesse du musée de Pugna, aux membres de l'association Terra Mamma et au Directeur adjoint de Corse Matin
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Chapelle Romane de San Quilico (St Cyr) secteur de Cambia
La Main... Bran du 22 05 2018
La main sait bien des choses...
Elle a frôlé, attouché, serré, caressé, pétri... la Vie....
Elle connaît les vérités et les secrets de tout ce qui s'émeut ou se fige, affecte ou prodigue, soigne ou meurtri...
Elle a fait le lien intelligent, sensible, analytique, émotionnel, pratique et fonctionnel ; le lien avec le visible, le pressenti, l'incarné et l'irrationnel ; le lien avec l'offert et le retenu...
Elle sait la nature du sang qui s'écoule en ses veines et celle des pensées qui circulent sous sa peau...
Elle à mémoire et suppute le devenir...
Elle a tenu entre ses doigts le pain du jour et la farine des nuits aussi la semence d'amour...
La main fait écho aux chants du monde ; ceux-ci retentissent contre la paroi montagneuse de sa paume laquelle amplifie l'écoute des sens et celle du cœur...
C'est elle qui guide la parfaite résonance ; elle qui fait entendre l'accord ; l'accord essentiel, primordial, originel ; celui venu de la source, celui venu de la racine, de la souche et de la sève...
En Corse, mais aussi ailleurs, on la porte à son oreille, à ses tempes, pour vibrer dans l'entendement sonore et vibratoire de ce qui Fut, Est et Sera !....
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Statue Menhir féminine près de la chapelle romane de San Quilico
Femmes de Corse... Bran du mai 2018
Vous, les femmes qui, là-haut, tutoyez la chape noire des nuages et vous les femmes des plaines qui faites lever la farine des jours et des nuits, faites sonner entre vos mains les chants-racines, faites sonner la mélodie des sources de jadis...
Vous qui tissez la laine des âges et des saisons, qui reprisez les chaussettes des ouvrages et la trame élimée des rires et des pleurs, vous qui, sans raison, mais secouées de passion, menez les ombres danser au soleil, frappez toutes en chœur, frappez les pierres anciennes qui roulent dans les veines des vallées et des hameaux, faites battre le cœur de Corse au rythme de votre sang et de vos songes, faites tonner votre colère, invitez le silence qui ne veut plus se taire à dire ce qui se tient au fond de vous comme une semence d'espérance, comme une graine de promesse, comme les désirs refoulées et entassés des Mères de vos Mères...
O vous, femmes de granite et de schiste, femmes de feu et d'eau,
frappez les galets des rivières, que soit la crue en vos gorges débordantes et que votre tendresse pour la vie submerge les barrages de craintes, de doutes et de terreurs...
Qu'en vos mains fermes et caressantes s'entrechoquent le passé et l'avenir, que jaillisse l'étincelle des larmes et des rires, que fuse le son lumineux et vibrant d'amour sur le front têtu de ceux et de celles qui font encore offertoire et autel de chair et de songe pour des prières de soleil et de lune...
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Dans le silence des hauteurs... Bran du Mai 2018
Le ciel a déversé ses neiges sur le sommet étincelant de blancheur...
Le jour glisse comme le soleil sur le pentu des roches...
Ce n'est pas le Tibet de Victor Segalen, mais il y a là, de cette même splendeur féminine qui trouble l'âme et les sens...
Une pureté telle telle qu'elle nous dénude de corps et d'esprit pour faire de nous une seule vibration accordée aux résonances du lieu...
Nous sommes au sein du sein, auréolé de lumière...
Allaités d'infini, allaités de mystère, allaités d'essentialité, épurés jusqu'à l'os...
Et ce qui s'écoule lors est plus éternel que l'instant lui-même, c'est le ruissellement des millénaires ;c'est le poème des origines...
Le silence des hauteurs confie aux torrents qui dévalent les pentes un secret d'eau et de feu, de lave et de glace, qui se diluera dans l'océan à venir...
Laissez lors ses yeux de truite boire au vert brassé des profondeurs !
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Un commune vêture de Lumière Bran du Mai 2018
Eternelles sont les neiges des montagnes blanches...
Mais ce n'est que le recouvrement, l'aspect extérieur de la montagne. Sous sa cape de blancheur, la montagne est noire, grise, verte, rouge, rose, marron et mélange, marie, tous les tons de sa composition géologique...
Blancs, jaunes, noirs ou rouges de peau, qu'importe, nous avons sang, muscles, os, chair semblables et notre intériorité est riche de similitudes quand les apparences externes qui nous recouvrent affichent notre différence et notre singularité spécifique.
L'important n'est-il pas, au delà du singularisme fort de complémentarités heureuses, cette capacité, en l'homme et en la femme, de penser et de vivre pleinement et véritablement dans l'entendement mutuel du primordial, de l'élémentaire et de l'essentiel ?...
Nous avons tous et toutes cette faculté inouïe de nous revêtir d'une même étoffe de compréhension et de porter, avec joie, dignité et humilité, une même vêture de lumière !...
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Les derniers Bergers : Bran du Mai 2018
On disait d'elle jadis : « C'est l'île des bergers. »...
Ils sont peu nombreux aujourd'hui, peu à pratiquer la transhumance, peu à monter dans les alpages le printemps revenu...
Ils ne sont plus, à ce jour, que sept au col d'Asco !
Là-haut se respire une « Vie » qui s’essouffle et se raréfie dès que l'on fréquente le littoral et sa submersion touristique estivale, économiquement nécessaire cependant, mais qui gagnerez grandement à développer un écotourisme sensible et intelligent...
La Corse, hélas, perd ses bergers, soit des hommes, des femmes, qui savent encore nous mener à l'Etoile et pour qui l'Etoile donne, encore et toujours, rendez-vous, de paix, de silence et d'amour...
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L'enseignement : Bran du Mai 2018
Ce que nous enseigne la montagne est simple comme un brin d'herbe, comme un souffle de fraîcheur ou de chaleur... Elle nous apprend à respirer la vie , à emplir nos poumons d'une beauté époustouflante et d'une telle amplitude qu'elle nous donne aussitôt à aimer, à offrir, à partager, à restituer, intacte, pervibrante, sensuelle, émouvante, la plénitude de l'offrande reçue pour nos entendements et notre désir immédiat et pur de « cosmunion »...
Elle nous enseigne, torrents et rus à l'appui, le libre ruissellement et le sauvage écoulement de ce qui se veux danser parmi les flux et les ondes du vivant, tourbillonner et jaillir de contentement, épouser tout le lissé du jour et l'étoilé des nuits...
Elle nous dit avec insistance et constance que la vie ne saurait être retenue dans la paume de la possession et de l'appropriation, mais qu'elle s'offre, en sa main immensément offerte, aux lèvres de la soif véritable...
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L'Âme du peuple qui danse... Bran du Mai 2018
« Comprendre le chant, la racine et la sève du chant, les saisons circulaires du chant, c'est comprendre l'âme du peuple qui danse. »
Au premier chant levé comme une pierre d'offrandes, la Montagne répondait, soulevait son poitrail de neige, ébranlait ses eaux bondissantes et tout cela s'enroulait autour des lèvres du chanteur, tourbillonnait dans sa tête et dans son cœur, l'enveloppait d'une fièvre ardente et le menait jusqu'au sèves originelles qui animent toute la croissance de Vie...
Bandant son torse comme un bélier vainqueur, dressé comme l'arbre qui s'en veut monter au ciel et se noyer d'azur, le porteur de la Voix projetait celle-ci dans les hauteurs de l'Esprit et c'étaient des sons porteurs d'écume et d'étincelle, des sons venus du plus lointain, du plus profond de l'abysse des Mémoires, qui, lors, jaillissait de sa chair frissonnante toute secouée de liesses et d'amour...
Le premier ; c'est lui qui lance l'appel comme on lance une pierre de fronde pour défier les forces qui vous étreignent et vous enserrent en leur licou...
C'est lui qui ouvre de son poignard acéré le cuir souple de la brume ; lui qui entrouvre les murailles de l'inconnu, lui qui fissure la chape des peurs et ébranle les assises de l'ignorance...
C'est lui encore qui soulève les pierres de sang qui obstruent l'écoulement des sources, lui qui fait revenir le printemps dans l'hiver des hommes...
Lors le second compère prend appui sur le souffle premier et l'étoffe de sa langue ; une langue faite flamme ; une flamme qui danse en spirales dans le foyer de son être et qui brasse la lave du plus rouge des désirs...
S'en vient le troisième comparse, venu lui des quatre horizons du devenir, tout chargé d'orage et de blés mûrs, les mains porteuses de vignes et de moissons, les yeux verts et bleus, teintés de torrents et d'océan, le cœur illuminé d'étoiles...
Ils chanteront de consort avec cet accent que les bergers distillent au sommet de l'été et qui parfument les rêves de ceux qui montent lentement, mais irréversiblement vers eux mêmes dans la transhumance du Vivre...
Trois voix, trois couleurs, trois senteurs, pour dire le Nombre unique... Trois voix tissées de ferveur qui en appellent, aux heures de convenance, à l'essentiel, à l'élémentaire, à l'évidence...
L'une est l'Energie, la seconde est la Force et la troisième la Lumière...
Alors, alors seulement, ce qui se doit de danser, danse, danse ; danse densément, danse intensément.... Et la Vie danse la danse aimante, danse avec le rêve et le sang, danse avec l'humus du temps, danse avec le terreau de la chair...
Lors, faisant bouquet de leurs voix, dansent aussi les chanteurs, la Terre et le Ciel les prenant en leurs bras !...
Bran du 25 05 2018
A SUIVRE...