L'ETAT DE DRUIDITE (CROYANCES/FONDEMENTS) (REVISION PERIODIQUE) 2018 BRAN DU 13 06 JUIN
In Th Jigourel les Druides contemporains ici G Le Scouezec et des druides gallois
Petite révision non exhaustive...
La Tradition druidique et l'Etat de druidité
Bran du Juin 2018
« Il n'y a pas de « druides » sans société celtique ni de société celtique sans druides. »
Ch J Guyonvarc'h et Françoise Le Roux (les Druides Ouest France éditeur)
Il y a peu encore, on datait la présence celtique en « Europe » à partir de 600 avant notre ère et ce, en fonction des foyers d'occupation Autrichiens et Suisse découverts par les archéologues ; ceci regroupé sous l'intitulé : Âge du Fer...(Halstatt et la Tène.)
L'évolution des méthodes de fouilles archéologiques, le progrès réalisé dans la datation, les nouvelles découvertes survenues, le regroupement intelligent des différentes méthodes et techniques de recherches (pluridisciplinarité), l'apparition de l'astro-archéologie apporta d'autres regards, de nouvelles perceptions et visions des « mondes Celtes »...
Tout cela a autorisé une nouvelle compréhension de ces périodes qui ne disposent pas de documents écrits si ce n'est ce que les premiers « visiteurs » Grecs et Romains seront amenés à témoigner et à relater de cette « société celtique » bien étrange et mystérieuse pour eux...
(Pour rappel : les Druides connaissaient l'écriture (y compris le Grec), mais refusaient par principe philosophique et spirituel de fixer une pensée ou des concepts par nature « évolutifs» dans un support où cela serait fixé «à tout jamais.»)
Pour rappel également : « l'Arbre Celte » est « souché et ramifié » à la souche Indo-européenne comme le monde Hindou, Grec, Romain, Scandinave, Germanique et Persan....
(« Monde» » qui comportait également une classe dite sacerdotale qui évolua à partir d'une conception spirituelle et des pratiques religieuses liées antérieurement et initialement au « monde cosmique » - à sa compréhension, à ses « manifestations » - vers une organisation « politique » cohérente de la société avec des pratiques religieuses et des croyances adaptées aux nouvelles nécessités (Organisation dite tri-fonctionnelle étudiée par Georges Dumézil.)
Un corps sacerdotal s'est formé peu à peu au sein du monde évolutif Celte.
On ne sait comment celui-ci s'est constitué au cours de l'Histoire des Celtes, mais on peut supputer des influences extérieures, le souvenir rattaché aux mondes indo-européens et peut-être quelques survivances de la période préhistorique antérieure et l'influence des « shamans » qui opéraient alors au sein de ces premières communautés humaines dans le domaine de la croyance et du « religieux » (pratiques magico-religieuses.)
Quoi qu'il en soit le « livre » dont les druides tirent le principal de leur enseignement est celui toujours ouvert et offert, au fil des saisons, des âges, des rythmes et des cycles, de la Nature et de l'Univers...
Si l'homme (dit homo-religiosus) a très vite exprimé un fort et vif « sentiment religieux » ; (un besoin impératif de comprendre, de se « relier » et de se concilier les mystères, énigmes et "Forces" de la Vie et de l'Univers), il s'avère, aux dires de tous les observateurs, que les Celtes ont affiché un attrait particulièrement important et conséquent pour les attitudes et pratiques « religieuses »...
Gorsedd de Bretagne en Brocéliande
Rappelons aussi que le « sacerdote » est un serviteur, un servant, du « sacré » et, qu'à ce titre, il fait fonction de « médiateur », de "régulateur", de "sage" intermédiaire, compétent et efficient, entre les mondes et les « plans » (humains et divins, profanes et sacrés...)
Dans le monde Celte, le « Druide » cumule de nombreuses fonctions comme il peut également être très « spécialisé » dans une discipline ou une autre de la connaissance, de la maîtrise et de la pratique, avec les vertus pédagogiques nécessaires à la transmission, à l'initiation et à l'enseignement...
A l'image du Dieu Lug, il peut être « polytechnicien » et avoir compétence dans de multiples activités fonctionnelles (art de la guerre, poète(barde), artisan, enseignant, diplomate, conseiller, juriste, médecin ou guérisseur...)
Le Druide « conseille » de sa sagesse avisée le Roi, lequel ne parle qu'après l'intervention de son druide.
La « référence » à laquelle se rapporte tout druide est le Dagda
du panthéon irlandais : le Dieu « bon », mais tout puissant au regard de la vie et de la mort, (le Dagodevos pour les gaulois) soit le « Dieu-Druide »...
A une première « religion » dite cosmique ont succédé des pratiques religieuses constitutives de la société « politique » en cours d'élaboration et ce, selon le modèle dit « tri-fonctionnel » avec l'instauration de trois classes interdépendantes entre elles.
La première des dites classes étant la classe sacerdotale qui a préséance sur les autres...
Les druides interviennent et sont sollicités à tous les niveaux de fonctionnalité de la société celtique dans son ensemble.
Ils ont pour charges le maintien de la cohérence sociale, des équilibres et des harmonies, de la paix civile, au sein des communautés humaines qui leur sont confiés...
Ils co-participent avec compétence, entendement et discernement à la « Loi d'Evolution »,
à la « Loi de Nature » ; ils accompagnent et animent les rites et les cultes, ils administrent tous les « sacrements » inhérents à une « prêtrise », ils transmettent leurs pratiques et connaissance à la jeunesse et forment leurs « successeurs »...
Certains sont spécialisés dans le domaine, o combien sacré, du « Verbe », de la « Parole », de la « Voix et du Chant » d'autres dans celui de la « voyance », de la lecture de la « carte du ciel » ou encore dans celui des « soins » a apporter à tous et à chacun...
Ils interviennent quand cela est nécessaire dans les conflits entre individus ou entre tribus afin de pacification...
Ils sont garants de l'équité et rendent justice en ce sens...
Que peut-on extraire de connaissances de cette société celtique et de ses druides ?
Ceci à travers les informations que nous pouvons regrouper via :
La recherche archéologique...
Les quelques écrits Grecs ou Romains dont nous disposons ; lesquels sont plus ou moi objectifs quant à la réalité des observations faites et à leur réelle compréhension...
Les études faites en terme de comparatif religieux...
Les sources en provenance des textes irlandais ou gallois retranscrivant le corpus oral des bardes (Filid) ; sources plus ou moins altérées par les censures ou les adaptations faites par les moines copistes chrétiens...
Ce que l'Art Celte, y compris celui des monnaies, ajoute à la compréhension...
Les nombreuses études réalisées et actualisées sans cesse par les historiens et les chercheurs...
Peu à peu se dessine, se profile, s'améliore et s'accroît le portrait « approché » que l'on peut se faire de la société celtique et du « druide » et de ses multiples fonctions et charges...
Mais bien des pans des concepts fondamentaux de la croyance et des pratiques inhérentes à la classe sacerdotale demeureront encore un mystère et une énigme !...
On peut toutefois, mais avec prudence, avancer quelques points non dénoués de « celtitude » à défaut de totale certitude...
On peut, aux dires des chercheurs les plus qualifiés, considérer que la société celtique et « anhistorique » dans son ensemble car davantage liée aux mythes et aux archétypes qu'à une codification plus ou moins exacte et manipulée de son « histoire »...
Le point le plus « fondamental » est la recherche permanente, la connaissance approfondie, la maîtrise avérée de tout ce qui est de nature et de fonction à permettre l'instauration, le maintien, l'entretien et la confortation de tout ce qui procède, favorise, instruit, guide, en terme d'équilibre et d'harmonie, de concordance et de cohérence...
Rassemblement druidique aux Etats Unis (Photo Bruce)
Cette recherche amène tout Celte à « prendre soin » du vivant sous toutes les formes de celui-ci, car il sait être en mesure d'interférer soit positivement soit négativement avec la bonne marche de l'Univers et donc aussi celle de sa communauté d'appartenance...
Affecter ou nuire à cette « bonne marche » aura pour lui de funestes conséquences, la pire des sanctions étant le bannissement accompagné de l'interdiction de participer aux rites et aux cultes !...
Refusant l'état de centralisation étatique ou encore la notion de « nation » et tout autant les formes dogmatiques de pouvoir, on peut évoquer la notion d'une organisation « aristocratique » tri-fonctionnelle tendant vers des idées fédératives et la notion de « clientélisme » entre tribus favorisant le « commerce » et les échanges et la circulation des « idées » et des « pratiques »...
La curiosité des Celtes pour ce qui est « étranger », différent, est particulièrement avérée...
Une première triade s'articulerait autour de trois termes ;
la liberté, la responsabilité et des pensées, attitudes et comportement de nature « symbiotique»...
L'amour de la liberté est tel que le Celte préfère se « suicider » (et sa femme avec lui) plutôt que de tomber en esclavage ou en servitude...
Un sentiment indéniable de « solidarité » et « d'interdépendance » y compris avec tout le Vivant, tout le Créé, tout le Cosmos, tout l'Univers... (Un sentiment « écologique » avant le terme et la lettre.)
Un rapport entre le féminin et le masculin plus « égalitaire » et « équitable »...
Un sens aiguë de cette équité et de la « justice » (importance du droit, des règles et de la loi.)
Un « bannissement » de la peur, du mensonge, du parjure, du déshonneur, de la lâcheté, de la « couardise », de l'autoritarisme, du dogmatisme, de l'ignorance, de l'incohérence et globalement de tout ce qui participe de l'inversement des valeurs fondatrices de la société...
Un goût avéré pour l'art et la maîtrise des techniques...
L'artisan, du fait de son art, acquiert un niveau très élevé au sein de la société celtique... Il est réputé et grandement respecté dans sa société même mais bien au-delà également...
Il s'avère par ailleurs être aussi un « initié » détenteur de connaissances « secrètes » incorporées dans ses œuvres sous des formes connues de lui et reçues par les « druides » lors de ses différentes « initiations »...
L'art Celte est aussi un « langage sacré et secret » réservé aux « initiés »...
(Ce qui fait l'objet d'une découverte et d'une approche récente.)...
Le Druide Jacques Gestalder (Cernunnos)
lequel fut "mon Sanglier" pendant plus de 13 années
La spiritualité s'articule (avec les pratiques religieuses induites qui en découlent) autour de la notion « d'Immortalité de l'Âme », cette dernière n'étant pas « définie », mais des pistes de réflexions sont largement ouvertes à ce sujet...
En terme d'éthique, il est fortement et vivement recommandé de faire en sorte que l'emprise des "Ténèbres" n'affecte pas le Royaume de la "Lumière"... Il est même souhaité d'accroître, selon sa volonté et ses moyens rassemblés à cet effet, le "Royaume lumineux" et d'amoindrir "celui des Ombres"...(En soi et autour de soi !)...
La préséance du spirituel sur le matériel, du divin sur le « profane », du fond sur toutes formes, du « Principe », de l'Anima », de l'Essence sur tout être, toute matière et toute chose est un fondement essentiel, élémentaire et fondamental de la société celtique et de ses fonctionnements...
Si le « Verbe » via le « Souffle », le Son, les Vibrations émises joue un rôle considérable dans la pensée, les croyances, l'éthique et les « valeurs » celtiques, la dimension spirituelle accompagne, articule et incarne Celui-ci au plus haut niveau de la société et de tout ce qui la compose...
La mémoire, le souvenir, ont aussi leur importance chez un peuple qui veut à tout prix connaître ses origines et sa provenance et les hauts faits de ses ancêtres afin de mieux déterminer sa présence au monde et son devenir...
Le Celte ne saurait avoir peur de la mort, une mort avec lequel il a « commerce » et qu'il défie, d'où son extraordinaire ardeur au combat, ardeur non « maîtrisée » pouvant toutefois lui nuire !...
L'au-delà de la mort étant perçu comme un monde qui lui est réservé avec toutes les félicités entrevues, il transcende la dite mort considérant que celle-ci n'est comme disait Lucain « que le milieu d'une très longue vie » !...
Gilles Servat à la Gorsedd de Bretagne In T Jigourel les Druides contemporains
Il y a, chez les Celtes, un véritable « engouement » pour le vrai, le beau, l'équitable, le don, l'ajusté, le « charpenté », la bonne régence, pour tout ce qui, en réalité et en vérité,
SONNE JUSTE...
Nous sommes ici « au-delà du bien et du mal »(notions subjectives).
On se fie au corps, à ses facultés et capacités essentielles d'écoute, de discernement et d'entendement, à tous les « sens » convoqués et mis en œuvre et à l'intelligence qui porte à réflexion, à analyse et à compréhension...
La transmission des connaissances, de la « mémoire », des pratiques, se fait au sein de l'oralité, soit d'oreille à oreille, de cœur à cœur et de poitrine à poitrine...
La connaissance des éléments (eau, feu, terre, air et « farine de l'air ou « éther »), leur maîtrise et emploi, font partie intégrante de l'apprentissage de la fonction druidique...
La Vie, l'existence, sont vues comme un périple, un voyage, une quête, une navigation, un cheminement, un périple, au sein desquels les épreuves sont autant d'étapes initiatiques permettant une meilleure connaissance de soi, de l'autre, des autres, de la nature et du monde...
Le Celte développe à profusion un goût immodéré pour « l'imaginaire », l'enchantement, l'émerveillement ; le « légendaire », les récits fabuleux, les exploits des héros, les épopées prestigieuses...
Il chante, danse, poétise, banquette avec ses semblables, joute verbalement, exerce son adresse et son habileté en toute discipline...
Le monde Celte ne connaît pas et ne pratique pas les notions « religieuses » de « conversion » ou de « prosélytisme »...
La Croyance fondamentale réside dans celle qui conçoit des « Forces, Energies et Lumières », à l'oeuvre, visibles et invisibles, que l'on peut nommer ou non, en perpétuelle action et interaction, co-solidaires et co-partenaires du « Vivant » passé, présent et en devenir...
A travers ce concept fondamental s'exprime, se manifeste, s'incarne, se formule et prend figure « Cela qui Fût, Est et Sera... »...
Bardes et druides au Festibarde 2017
Tout ceci, entendu, perçu, analysé objectivement à travers l'exercice d'une libre entreprise, d'un libre arbitre et d'une libre critique, autorise chacune et chacun, si le désir et la volonté se conjoignent à ses légitimes, conscientes et lucides aspirations, à « réincarner » ces dimensions spirituelles, valeurs et éthiques, actualisées et adaptées à notre monde « moderne », dans la « juste » mesure où elles sont de nature à redonner du « sens » et de l'Essence » à sa propre existence en lui apportant les « substances vitales » indispensables à sa « réalisation », à son « épanouissement », à son « développent » et à son « évolution »...
Dans la juste mesure où elles peuvent aussi concourir à leur modeste, mais déterminant niveaux, à un changement de paradigme sociétal plus en adéquation et en résonance avec ce qui fait que la Vie est la Vie et qu'elle se pérennise, que l'Etre transcende l'emprise de l'Avoir et du Paraître, que le désir et la volonté sont nettement préférable à la peur et à l'ignorance, qu'une liberté « responsable » est seule capable de résister et de s'opposer à toute forme de diktat et de servitude, que le masculin et le féminin possède intrinsèquement et complémentairement plus de disposition à la convergence qu'à la divergence, à l'union qu'à la désunion, que toute dualité en présence conflictuelle et antagoniste possède une opportunité judicieuse et efficace de résolution, que le défaut d'équilibre et d'harmonie mène inévitablement au chaos et que donner la préséance au matériel sur le spirituel y concoure tout autant !...