AU TEMPS DE SAMAIN BARDI BRAN DU 2018 02 10 OCTOBRE
En chemin vers le lieu du rituel (C.D.G) Photo Bran du
Au Temps de Samain
Bardi Bran du Octobre 2018
La Roue s'enfonce dans l'ornière que creusent, le gel, la glace et le vent...
La Roue bute contre la pierre ; elle ne peut aller plus avant...
Un cycle se termine ; tout l'été se tient là dans la corbeille de l'automne, noix et noisettes en abondance et rondes pommes...
La table de Samain sera dressée sur la nappe de verglas et de neige, avec la cruche rouge, la cruche rousse, la cruche d'or et leur breuvage qui ne sera pas d'oubli... Avec aussi les fruits ; ceux-là d'ici et ceux de l'Autre Monde....
Lors se dénoueront les bras et cessera la ronde !
Des quatre saisons sera mouchée la chandelle...
La cendre sera répandue sur les foyers éteints...
Noir se fait lors le chemin et bien obscure le devenir...
Prenons garde. La longue nuit poussera son cri.
Qui sait ce que dérobera la large main ?
Qui sait ce qui s'en viendra, par elle, à périr ?
La parole charpentée et ajustée, celle-là seule ébranlera la Roue, la sortira de l'ornière, pour tracer un chemin neuf ; un chemin qui a rendez-vous avec la neuve lumière...
Quatre sont les provinces qui ne font plus qu'une seule dans le centre qui rassemble, le tout alors comme les cinq doigts de la main, comme les cinq arbres primordiaux, comme le signe gravée sur la dure carapace de l'oursin !...
Lors convergent et s'assemblent les sages proches et lointains...
Avec eux, comme eux, j'ai tressé et teint mes cheveux, j'ai pris, dans l'eau froide et ruisselante, mon bain, j'ai mis le blanc du lin en parure sur mon corps, j'ai torque au cou et bracelet au bras...
A ma ceinture se tient la branche de chêne...
Le coudrier m'a offert un bâton pour la marche, les oies du Nord volent au-dessus de moi...
Hier, avant la minuit, j'ai vu passé, escortée de fureur, la chasse sauvage menée par Mananann hissé sur sa jument de blanche écume...
De loin se voient les feux sur la colline, partout ailleurs ils sont éteints...
J'entends rugir comme un taureau les cornes du Sud et du Nord, de l'Ouest et de l'Est et le vent qui joue dans les cheveux de la lyre...
J'ai besace à l'épaule de dons et d'offrandes...
Les Dieux aussi seront de ce banquet, animeront le festin...
Hommes et femmes, pas un, pas une, à manquer à l'appel et à ne pas honorer sa juste place...
Malheur aux absents, demain creuse leur tombe !...
Fissurée et élargie sera la cloison qui sépare les mondes ; vigilants seront les druides au seuil de la double porte...
Il est bon de se méfier de tout ce qui porte des oreilles rouges !
Des rois, des héros, braves parmi les braves...
Ceux-là ont rapporté le Chaudron merveilleux et les fruits de l'été, ceux-là ont pénétré les brouillards et les brumes, ont porté l'épée dans les hauteurs et les cimes, ceux-là ont négocié avec la peur et la mort, ont terrassé les géants par leur ruse et magie, par leur adresse et agilité aussi...
Mais le Sid parfois se venge, il nous faut craindre ses incursions dans le pays de hommes ;
l'eau et le feu ; les gens du Sid le maîtrisent et les éléments leur obéissent... Noir alors le souffle de leur bouche et rouges les chairs qui flamboient !... Ne nous étonnons pas si débordent les fontaines et les puits !...
O frères bardes, armez vos paroles ; de feu et d'eau, elles sont aussi...
Joutez ferme dans le gué et à la lisère...
Bataille sont les mots qui écument et s'enflamment !...
Soyons conne tenons et mortaises, faisons jointure de nos coeurs et poitrines...
Fort est ce qui converge quand l'ennemi disperse...
Forte est l'unité quand s’effiloche le pluriel et se dissipe le singulier !...
Demain justice sera faite, les contrats honorés, ce qui revient à l'homme ira à l'homme, ce qui revient aux dieux ira aux dieux...
Juste mesure, juste proportion, juste répartition et tous et toutes d'être contentés sur terre et dans les cieux !...
Le roi ; le roi à rendre compte et le peuple à peser et soupeser...
Son règne fut fécond, ou sa royauté stérile...
De vin ou de sang seront les gobelets levés dans l'assemblée !...
Nulle transgression, nulle querelle ; chacune et chacun dans le respect de la grande assemblée...
Abondante nourriture, lait et blé, viandes en quantité, noix et andouilles et bière à volonté...
Ils mangent, boivent, chantent et dansent, les hommes et les femmes d'Irlande,
les morts aussi ; là, au bout des tables...
La joie, la joie comme un brasier avec la flamme du rire et celle de la gaîté...
C'est Samain ; un feu s'est éteint, un autre est allumé !...