AU COMMENCEMENT ETAIT VERBE ET SON (Jean DURING) 2018 BRAN DU 19 07 JUILLET
Dessin d'Albert Piernet in Message
Du Verbe et du Son... Jean During (In Planète+» extraits
Au commencement était le Verbe dont le Son...
« Ils entendent sans comprendre et sont semblables à des sourds.
Le proverbe s'applique à eux : présents ils sont absent. » Héraclite
Partout et toujours l'homme a vécu dans la fascination du son.
Pas de phénomènes d'ordre religieux, spirituel, magique, scientifique, esthétique où le son n'ait pas une place prépondérante parmi les manifestations sensibles.
Le sens de l'audition est le plus riche de possibilités et le plus abstrait.
A travers les métamorphoses du son l'homme a toujours cherché la signification la plus haute.
Ce qui s'en dégage couvre l'ensemble des relations avec le transcendant, le sacré ou le beau, et se réalise non seulement à travers des concepts et des théories, mais s'actualise en faits, en pratiques dont la portée échappe souvent à notre entendement trop limité.
Une première approche du Son au niveau le plus incarné et donc le plus complexe révèle qu'il constitue le langage depuis le cri jusqu'au discours qui tente de le définir.
La recherche de la signification passe par l'éducation du son dans et par la langue, avant d'en venir à un niveau moins incarné, le son musical ou la vibration, le son qu'on entend pas.
Reposant sur le système de la différence, de la dialectique, la langue et la pensée n'indiquent qu'un sens, une direction, une voie. Mais en aucun cas elles ne révèlent la signification suprême ; c'est-à-dire ce qui échappe à la dualité des choses, qui englobe le positif et le négatif, la vie et la mort, le principe et la fin, et qu'on appelle l'Absolu, l'Etre, le Tao, peu importent les noms.
Dans le cercle vicieux de la langue, où la pensée s'est enfermée, les mots ne signifient que par rapport à d'autres ; une idée peut toujours être remise en question par une autre.
Dans la philosophie médiévale le mot est régénéré par la puissance du verbe divin, il répond à la question : comme,t penser la foi.
La philosophie, de même que la poésie s'efforcent de détourner le mot de sa fonction relative de communication, afin qu'il ne soit plus qu'un moyen, mais à lui-même sa propre fin.
Mais même à ce niveau là, le mot n'est que l'illustration de la pensée dont il interrompt, en la dénaturant, le déroulement silencieux.
Au-delà de la parole est « la musique silencieuse de l'âme »
St Augustin
Le cri est le signe incarné du vivant. Le souffle est le signe spirituel de la vie car il est le principe subtil de la parole et du chant.
Le souffle, dans sa signification ultime (le dernier souffle), à une valeur initiatique.
L'origine de la parole : toute question sur l'origine débouche sur l'idée de Dieu. Le système de la langue se retrouve point par point dans la dimension du sacré depuis le souffle jusqu'au discours.
« Au commencement était le Verbe et le Verbe s'est fait chair. »
C'est-à-dire que le divin et l'humain sont connectés par le truchement du verbe, et c'est à cette fin que servira désormais le langage : un moyen de relation avec le divin, le lumineux, soit un instrument sacré.
Si la notion de souffle nous conduit du profane au sacré, parallèlement dans la hiérarchie du sacré, le non souffle est transcendant au Dieu lui-même.
Dans le Rig Veda, il est dit que le principe suprême « respirait sans souffle ». La génération a commencée à l'Un qui engendra l'Etre et le Non-Etre. L'Un représente aussi le démiurge couvant l’œuf cosmique ; de l'ardeur de son ascèse jaillit la pensée.
Ce principe n'est pas Dieu, mais tous les Dieux lui doivent la Vie.
Il y a donc quelque chose de plus que la religion dans la mystique hindoue. Un point où le sacré et le profane ne s'opposent plus pour la simple raison qu'ils communiquent.
Dans le Hata-Yoga cette jonction est réalisée par la maîtrise du souffle que le guru touché par la grâce réveille « Kundalini », la « cosmisation » de l'homme. C'est dans des états extatiques de cet ordre que sont intériorisées les vérités ultimes.
Brahman, premier Barde transmit aux prêtes bardes de l'Inde antique un enseignement émanant « du souffle même de Dieu » les « shrutis » (ce qui a été entendu ) seront transcrits sous formes des Vedas et des livres sacrés. (dont l'exégèse nécessite comme pour le livre des morts égyptiens ou le coran, la connaissance d'un deuxième ou troisième sens. Et même cette connaissance n'est pas suffisante.)
Sept sont les portes :
Le Cœur / l'Air / la Tête / Au delà la Libération / le Trou, la Cavité et enfin le Cercle.
(Upânishad : le « Son Immortel »)
Le propre de la Parole sacrée est qu'elle ne livre pas sa signification d'emblée.
La pratique des mots y nécessite un long apprentissage.
Au niveau le plus élémentaire de la prière, l'efficacité est garantie par la répétition.
Il y a plusieurs façons de s'adresser à la puissance divine. L'une d'elle représente l'aspect négatif de la religion : le sacré sert le profane.
C'est la « voie de la main gauche » opposée à celle de « la main droite », comme la magie blanche et la magie noire.
(La droite et la gauche sont des pièges, par la voie du milieu on obtient « la Grande béatitude ».)
Les incantations ont une place prépondérante dans le rituel magique, plus encore que les rites gestuels. (Une grande part des rites magiques sont exclusivement oraux.).
La puissance de la parole dépasse celle du geste. On retrouve en effet à travers la forme des rites oraux la dépendance étroite entre magie et relation (la magie fait à l'envers ce que fait la religion et emprunte à celle-ci les livres saints (Bible, Coran, Vedas, Tripitakas...) pour une part importante de ses incantations.
Ces types d'incantations sont les mêmes que dans la religion : serments, vœux, prières, souhaits, hymnes, interjections, formules...
Un aspect intéressant de l'incantation est son mode d'action par « sympathie ». Il s'agit toujours de trouver une relation entre le « numineux » et la chose ou l'effet désiré.
Cette relation s'établit par le nom ; de la même façon la consécration d'un enfant qui sacralise le sujet consiste à lui donner un nom.
(Dans l'Egypte antique, le corps, l'ombre et le nom, sont les trois supports matériels de l'homme. Il y a donc la possibilité d'une action matérielle par la seule force du nom.)...
La magie comme la religion parle « la langue des dieux », la langue des textes anciens, « la langue des esprits ».
La langue sacrée n'est jamais la langue profane. La minutie est aussi de rigueur dans les rites oraux. La moindre erreur peut faire échouer le projet, pire le faire agir à rebours.
On veille donc à l'aspect musical de la récitation : direction de la voix, timbre, intensité, nombre de répétitions (l'intonation peut avoir plus d'importance que le mot lui-même.)
Les Mantras – étymologiquement « mantré » signifie outil à penser -
Plus précisément, il renferme au pouvoir spécial de support de méditation et de véhicule de salut.
Les Mantras se définissent aussi comme des semences verbales.
C'est la possibilité d'assimiler « globalement » « la vérité du vide universel » après une purification de la pensée et une concentration conduisant à des états de conscience de structure cosmique.
Les Mantras constituent la langue sacrée par excellence. Ils peuvent mener du succès en amour jusqu'à la grande libération, l'accès à la condition de Bouddha.
« Si tu tournes ton regard vers l'intérieur tu découvriras ce qui, dans ton esprit, est ésotérique. » La destination ultime du mantra relève de la signification la plus haute (analogue au mot de pouvoir égyptien.)
Il autorise le passage conscient de l'état incarné au désincarné, comme l'attestent les traditions initiatiques du bouddhisme tibétain.
A ce niveau rien n'est plus dangereux qu'un savoir partiel ou purement théorique. (Chaque organisme possède son taux de vibration particulier et il en est de même pour chaque objet inanimé, du grain de sable à la montagne, de chaque planète du soleil.)...
Lorsque le taux vibratoire est connu, l'organisme ou la forme peut être désagrégé si on en fait un emploi occulte.
LE SON PRIMORDIAL :
il surgit du silence comme l'Etre surgit du néant.
Intérioriser les profondeurs infinies du silence, c'est accomplir la « Délivrance ».
La plupart des enseignements religieux pratiquent des exercices pour percevoir des sons intérieurs. Il semble évident que la musique, le son concret et organisé n'est pas d'autres origines, dans la conscience humaine, que sacrée... »
Dessin d'Albert Piernet in Message
Notes Bran du Juillet 2018
Nous ne mesurons pas avec justesse et profondeur et au niveau et dans l'intensité et la densité d'entendement que cela implique, la portée réelle et l'efficience ou nom des mots que nous prononçons et de la parole que nous utilisons et ce surtout dans le cadre des rituels et des cérémonies...
Nous savons que « tout est vibration », que chaque être ou chose ou objet possède une onde de forme et une fréquence qui lui sont propre, spécifique...
Bien des Traditions hautement spirituelles se réfèrent au Verbe et au Son comme étant à l'origine de la création de l'Univers et ont instauré une mise en relation (appelée « religion ») entre l'humain et ce point d'émanation divin et sacré, source et naissance de toute « manifestation »...
Les mots, les paroles, les prières et incantations, les chants, les musiques, le silence qui accompagnent la ferveur relationnelle qui se déploie dans le Cercle rituel consacré à cet effet ont , bien trop souvent, une importance qui n'est pas suffisamment pesée, conscientisée et maîtrisée ce qui a pour effet « au mieux » de concourir à un parasitage des fréquences recherchées et de ce fait à un non « aboutissement » des rites réalisés (sans parler des éventuels malaises engendrés par de telles dissonances.)
Dans ce domaine très subtil de la vibration présente et émise au sein d'un rituel des règles et des lois s'imposent et se respectent et celles qui régentent les notions d'accord, de concordance, d'ajustement, de juste résonance sont, de toute évidence, les plus essentielles...
L'accord en soi, avec soi, avec l'ensemble du cercle fraternel s'impose ;
l'instrument de l'être est le premier de tous les accordages, cela qui orchestre le vœu, l'offrande, la gratitude, cet « ensemble orchestral et symphonique » ne saurait « jouer » sans l'accord harmonieux individuel et communautaire préalablement réalisé...
Les trois accords lors fondamentaux réalisés par chacun et chacune, par tous et par toutes, sont celui de la paix, de la joie et de l'amour...
Tout étant sujet à accord vibratoire, on comprendra mieux l'importance des gestes, des tenues, des formes, des couleurs, des senteurs, des symboles présents, du choix du lieu et de ce qui l'anime visiblement ou non, du choix de l'instant de la célébration et de l'état des corps, des cœurs, des pensées et de l'esprit de la collégialité réunie en recherche d'égrégore...
Et plus encore, des mots, des paroles et des sons qui s'efforceront de faire « Centre » et « Coeur » pour monter, par flamboyance et aimantation, dans la verticale du Sacré afin de se connecter sur la « Cosmique Fréquence »...
Le « Bon Conducteur » ? C'est le Souffle inspirant de l'Awen...
C'est cette Inspiration qui nous donne le bon « respire », la capacité d'être « accordé » et de pouvoir se conjoindre au choeur ainsi formé qui concélèbre sa conjonction d'entendements...
Prier, invoquer, louanger, offrir, célébrer... implique la connaissance, la maîtrise des mots, de la parole, du son et du Verbe qui les concentre et anime...
Hors l'Awen, pas d'improvisation...
La « relation » ne peut pas s'établir en parfaite résonance dans l'approximation, les négligences, l'agitation mentale, le désordre, l'incohérence, l'immersion du"profane", l'inattention, les gesticulations, le discordant, le dissonant et le désaccordage à quelque niveau qu'il soit !
Ce qui sonne « faux » ne saurait être l'expression du « vrai »...
Il nous appartient donc de ne pas propager sur les ondes notre incapacité « à sonner juste »...