Aux fils du labirinthe à nadine DUPEUX en remerciement
Aux fils du labyrinthe A Nadine DUPEUX en remerciement de son exposition à la Maison de la Rance et des œuvres réalisées à partir du tissage de végétaux…
Bran du 14 03 2013
C’est un mouvement enveloppant ;
- Un geste très ancien -
- Un geste de mère pour protéger son enfant -
C’est un geste matriciel sur le berceau du monde…
C’est un ouvrage de reliance… Fondamental, issu des premières forges de l’humanité… Quand il fallait marier le feu et l’eau et faire brasiller le songe…
C’est œuvre tournoyante, un grand vol d’étourneaux…
Ce sont paysans faisant tourner le fléau pour délivrer le pain de sa bale…
C’est une pierre ronde jetée dans le mitan d’un étang faisant frémir les ondes…
C’est un geste de fronde perçant le front du ciel, la tempe des ténèbres…
C’est un dessin de petit fille pour dire papa, maman…
Recomposé ce qui a été décomposé…
C’est là une œuvre initiatique…
Un conte des commencements…
La cosmogonie d’un chant accompagné de martinets et d’hirondelles…
C’est la course du vent soulevant les jupons dorés des blés de juillet, affouillant les luzernes, les églantiers, en quête d’une main pour sa ronde…
Certes, il y a contrainte, pour la matière, pour les fibres, pour les écorces, pour les plumes, pour le duvet des feuilles et même pour leurs rêves de se plier à…
D’accepter sans résistance, mieux, de s’abandonner, aux tours que fait la main experte en caresse, en modulé du jouir…
La « ployance » est jouissance depuis la nuit des sangs…
L’herbe se plie, le rameau se plie, la tige se plie, l’épine aussi…
Tous et toutes envoûtés dans l’aimantation qui conduit vers la clef qui ouvre…
Le printemps et l’automne et l’arceau de l’été sont ainsi ployés
Sous les doigts animés par une pensée qui tout autant se plie, avec félicité, sous ce qui induit, inspire, guide, aiguillonne les réceptacles de l’Esprit…
Qui saura percevoir, entrevoir, supputer, sous l’aspect esthétique des œuvres exposées, les noces ici concélébrées ?
Ces tressages, très sages en leur folie circulaire, sont la trame d’une conception dont l’origine est l’Origine…. Rien que cela mais tout cela !
Ici, l’absolu, l’infini, l’inconnu, le mystérieux , l’impertinent, le révélé, le délicat, l’inouïe, le tangible, l’évasé, le transparent, ont commune résidence…. d’artiste…
L’enchevêtrement c’est la meilleure façon que l’amour à trouvé pour monter, comme un chèvrefeuille, vers la lumière…
C’est, rondement élaborée, une arche qui glisse parmi les déluges de ce siècle et qui mous montre le chemin, les voies, les pistes, les sentes buissonnières et printanières, pour une nouvelle alliance…
Oui, la rondeur nous est essentielle…. Reliant nos sens, tout nos sens au ciel, comme le font les rémiges déployées au soleil…
Ce sont orbes réfléchissantes qui nous renvoient au noyau, au moyeu de toute véritable création…. Nous invitant, nous convoquant, à faire « Centre »…
Cherchez le Centre et lors vous serez enceints de pensées fécondes…
Dans la gangue … l’amande… en l’amande, un concentré d’énergies, de forces et de lumières,… cela qui meut la roue des saisons, qui fait tourner le doigt sur le bout de la langue !
Tout ne tient qu’à un fil et celui-ci lie et relie l’évidé, le creux, de nos paroles de sourds, de nos langages d’imposteurs…
Le fil est parfois rouge… Et c’est celui du sang, celui de la lune en ses reflets de femmes…
Notre sort n’a jamais été d’être linéaire et angulaire, de nous fixer et de nous figer sur la racine d’un cordon ombilical que le temps des hommes a arraché avec les dents…
Quel handicap que celui de notre rigidité !
Epouser, enceindre, envelopper, voilà bien des maîtres mots de sagesse…
Pour tous ceux qui survivent à défaut…
Oser ose ici se poser, s’ajouter à la liste des premières nécessités…
Oser en effet, courbe sur courbe, toute réticence dépliée, épurée comme le lin ou le chanvre… oser le mouvement et dans le mouvement la danse, celle des atomes, celle des planètes, celles des pommes de pins, celle des tournesols, celle de notre A.D.N, celle des parades amoureuses, celle des onagres, des vertes couleuvres…
L’univers est là devant nos yeux, dans l’embrassée dynamique et émouvante de ses spirales qui nous entraînent en leurs caroles, en leurs sarabandes et autres farandoles et cavalcades… Et ce, toujours, au bras des musiques du silence, au bras d’un fifre de lumière…
De fil en aiguille,
Un cœur à l’écoute ;
Un cœur attentionné,
Recoud la déchirure,
Rapproche les bords escarpés
De nos mésententes et mésalliances,
De nos éloignements nietzschéens,
De nos séparations et distanciations…
(La résultante pitoyable
De nos arrogances anthropomorphiques.)…
Ariane tisse et retisse inlassablement
Le temps et l’espace
Pour permettre à l’homme, de sens, de science et de sapience,
De se retrouver, nu de promesses, en son propre labyrinthe !