BARDI DE LA SAMAIN 2017 BRAN DU 29 10 OCTOBRE
Bardi de la Samain Bran du Octobre 2017
Fintan et Tuan Mac Cairill ;
ceux là furent de mes Pères...
C'est eux qui m'enseignèrent la source et la racine,
La science sacrée venue des quatre îles....
Taliésin est mon frère
(Maître des grands mystères),
Ses paroles sont un flot qui caresse mon rivage
et qui, à travers l'espace et le temps, voguent et voyagent...
Je sais lire cela dans l'écume des chevaux
Et le feu me parle comme me parle l'eau...
...///...
Je sais que le jour naît de la nuit et je sais aussi
que le crépuscule du soir annonce la radiance de l'aurore
Je sais encore que sous le manteau du brouillard
une lumière s'envient qui réchauffe les corps...
Je sais que le printemps succède à l'hiver
que dans le flux se tient le reflux
que les hirondelles s'en viennent et s'en retournent
qu'à l'éclair et qu'au tonnerre succède l'arc-en-ciel...
Je sais qu'un nouveau soleil fera fondre la glace et le gel
Que de la mort même surgira une vie nouvelle
Que mûrit le gui sur la branche effeuillée
Que s'ébranle de nouveau la grande Roue de l'année...
Je sais que de la semence de l'Homme et de la matrice de la Femme s'enfantent leurs descendants
Que nous sommes tous, des étoiles, la lointaine lignée
Que l'Oursin de Merlin est aussi transcendant
Et qu'il nous faut unir ce qui est divisé...
Je sais que, du frêle gland, naîtra un grand chêne
et de la graine, la fleur des vergers et des champs
Je sais qu'à la fleur s'en viendront les abeilles
et que le miel sera sur les lèvres du dit et du chant...
Je sais qu'au fraternel banquet et qu'au divin festin
couleront à flot cervoise et hydromel
Que passera la coupe au breuvage sacré
pour célébrer dans la joie de l'ivresse, les dieux et les déesses...
Je sais que la pierre crie quand le roi y pose en dignité
Que trois airs suffisent pour un barde accompli
Que l'épée se reforme quand les clans sont unis
Qu'au héros est donné le morceau bien choisi...
Je sais que le chaudron ne bouillonne pas pour les lâches
Je sais que la connaissance est crainte par l'ignorance
que la peur à peur de ce qui chante et danse
que le courage est un chien qu'on ne tient à l'attache...
Je sais que neuf sont les gardiens de haute vigilance
Qui veillent en la Samain en règles et bienséances
Qu'il ne saurait y avoir de querelles qui portent lances et mains
et qu'a sa juste place chacun se tient avec ses élégances...
Je sais que les étincelles sur l'enclume font battre le cœur de la forge... que blanc est le sein et blanche la douce gorge
Que Bran est le pont où passent les armées, qu'étroit aussi est le fil de l'épée qui sépare la vie du trépas...
Je sais cela, tout cela
le sais-tu toi, de qui tu es l'héritier ?
Je sais qu'il est une île où les femmes chantent en chœur
une île sans maladie, sans faiblesse, sans vieillesse
une île où l'harmonie à sa demeure, où tous les âges ne sont que jeunesse, où éternel est le bonheur...
Je sais que c'est à l'Ouest que les âmes montent à bord
Qu'a l'Ouest encore est la barque du Passeur...
Je sais que le roi n'est roi que par vertu souveraine
Que la reine choisit le chef le plus fort et adroit
Que le roi exécute, administre et que le druide conseille
Et que préséance est donnée à l''Esprit sur la loi et le droit...
Je sais que Merlin et Arthur seront un jour de retour
Et qu'un neuf royaume sera dans le cœur de chacun
Et que cette idée même nous sera une armure
contre la forces obscure qui en ses geôles nous retient...
Je sais qu'un monde prendra fin, que seuls régneront l'eau et le feu
Mais qu'il est un plan divin, initié par les dieux
faisant autre sort à l'humain qui a confiance en eux...
Je sais que du barde, la parole forge chaînons de chaîne
et qu'ainsi se transmet les mots en leur fusion...
Je sais que sans amour se propage la haine
que la haine détruit ce que nous construisons
car l'insupportent l'offrande et le don
qui font notre nature un peu plus que simplement humaine...
Je sais que neuf vagues s'opposent à notre navigation
mais que Mananann Mac Llyr règne sur toutes les mers
et guide ses enfants, de toutes ses lumières, dans la fureur des plus sombres océans...
Je sais cela, tout cela
le sais-tu toi, de qui tu es l'héritier ?
Te rappelles-tu le lait, te rappelles tu le sein
Cela par qui ta Vie fut généreusement allaitée ?
Je sais que Bran navigue encore au bras de la Polaire quelque part, là-bas, dans le Septentrion...
Que la mémoire n'est point un tas de poussières
Que la mort s'installe dès que nous oublions...
Je sais qu'il est venu, du Sid, une femme messagère
Qui au seuil du songe dépose la branche d'or et d'argent
qui enveloppe de son chant l'âme passagère
de celui qui rêve aux portes du Ponant...
Je sais que ce n'est rien de bon que le barde sans récit
Qui a mousse au menton, la parole en taillis
Qui n'a sève en l'aubier de son inspiration
qui n'a de poète ni la flamme ni le don...
Je sais qu'aux feux de Beltaine passent les troupeaux
Qu'au temps d'Imbolc naissent les agneaux
Qu'à Lugnasad les clans fêtent la Mère
Et qu'à la Samain s'enfante la neuve lumière...
Je sais le prix à payer au mensonge, à l'orgueil
Pour savoir cela la nuit m'a pris un œil...
Je sais que la vie ici-bas n'est qu'un court séjour
Je sais que périt le corps mais que l'âme demeure
et, que ce qui se meurt n'est que le nécessaire support
de ce qui, pour toujours se fait lumière et lueur...
Je sais que mieux vaut la loi de nature que la loi de la lettre
Qu'il ne saurait y avoir d'être sans rames ni voilures
que face à ce qui vit on ne saurait paraître
le corps et la pensée parés de leurs injures...
Je sais que sept sont les ruisseaux où la science coule à flot
et sept les coudriers aux savantes noisettes...
Je sais que Druide, roi et barde sont comme le chêne, l'if et le bouleau...
Que grande est la Magie d'une frêle baguette...
Que de cœur à oreille les sagesses se transmettent
Que malgré le grand vent de l'Histoire toujours flambent les flambeaux...
Je sais que trois sont les corneilles sur le champ des batailles
qu'il n'est rien de plus que l'Amour qui ne vaille...
Je sais que quatre fois cinq doigts courent sur l'arrête des pierres
Que la mémoire à ses encoches et ses entailles...
Je sais que la froidure des bassins calme l'ardeur guerrière
que le manteau d'oubli fait l'homme en fièvre plus serein...
Je sais que trois sont les fonctions et métiers que protège Brigid
que trois est le Chaudon, que trois est son trépied
que quatre sont les veilleurs aux quatre coins du Cercle
que cinq sont les arbres qui soutiennent les cinq royaumes d'Irlande, que cinq est gravé sur l'oursin des origines
que huit sont les degrés des maîtres en poésie
que neuf sont les vestales sur l'île aux pommiers...
Je sais qu'il faut nommer cela qui vient au monde
et prendre cœur et bras aux saisons de la ronde...
Je sais que « la Tradition ne saurait disparaître
mais que ce sont le hommes qui l'ont perdue ! »*
Je sais cela, tout cela
le sais-tu toi, de qui tu es l'héritier ?
Te rappelles-tu le lait, te rappelles tu le sein
Cela par qui ta Vie fut généreusement allaitée ?
Sais-tu encore bien ce qui Fût, Est et S'En Vient
par chemin de cœur, d'âme et de pensée ?
Initié en Cela et par Cela
J'ai parcouru les trois Cercles, les trois Etats
par mille maux éprouvés...
De la sagesse j'ai eu l'octroi , connaissance octroyée
Tout cela qu'il me fallait incarner et parfaitement connaître...
Feu et eau ruissellent de ma bouche
Les mots me sont flambeaux et rivières
Je suis de la Racine et je suis de la Souche
En fontaine d'éclats j'ai bu à la Lumière
et pour foyer d'Amour, j'ai eu Femme en ma couche
qui au bassin de joie, en l'éternité, me fît naître *..
* Paroles de Gwench'lan Le Scouezec
* Branwen