BARDI POUR LA NUIT DE SAMAIN BRAN DU 10/OCTOBRE 2015
Nuit de Samain bardi Bran du Oct 2015
Plus ne chante le grillon dans la prairie de l'été...
Mais chante encore la grive ivre de baies rouges...
Le cerf a bramé et les biches sont pleines...
La hache fend le bois pour la fumée d'hiver...
Ceux de la terre et ceux de la Mer ;
Ils viendront tous au banquet de Samain...
Ils viendront avec le chariot de pommes, avec les poissons argentés et les cochons bien gras...
Ils viendront paré comme pommier au printemps, comme rire de femme en la Belle Saison...
Lors coulera la bière nouvelle, et le flot de miel des paroles sages...
La main à mon front, la main sur mes tempes, je songe...
Je tourne et retourne l'oursin en mes paumes...
Je sais le trépied aux trois questions...
Je connais la réponse qui tourne dans le Chaudron !....
Prairie du coeur aux roches dures, aux herbes rares ;
Puisse y pousser le rouge des coquelicots...
Il n'est de printemps pour les feuilles mortes...
Reverrais-je la primevère, le soleil d'or des boutons ?...
Reverrais-je le ru se gonfler en ruisseau
Et l'oeuf bleu éclore à la branche de Mai ?...
Je ne sais ;tourne la Roue, dansent les saisons !....
Quand plus ne serai de ce monde ordinaire,
Mais aurai pour univers, pavillon de lune et maison du soleil
Qu’il puisse lors, se faire
Que mon souffle devenu éternel
- Papillon blanc ivre en ses ailes -
Anime vos élans, vos coeurs et vos esprits
Et que semblable à vous, aussi, semblable à lui
Il soit de vos joies, de vos danses,
De vos festives et fraternelles réunions...
Qu'il soit un peu de ce refrain qui parfois revient
Redonnant l’air et le ton
A l’humaine et terrestre chanson...
Taliésin, Fintan... vous les hommes de la première Etoile ;
Vous êtes l'étincelle qui met en mon coeur la braise et la flamme,
Vous êtes le murmure de la source et le refuge du saumon,
Vous êtes mes bras tendus au sommet du mont
Et mon offrande, et ma coupe de mots, sont semblables aux vôtres et semblables mes demandes, mes invocations...
Tout peut basculer à l’énième seconde
Il est toujours une pierre, dure autant que ronde,
Au milieu de la fronde
Qui atteint à son heure l’oiseau de notre vie...
Gardez encore vivant
Le chant qu’elle fera taire !...
Nul tremblement, nul frissonnement
Pas de gerçures sur mes lèvres
Le feu toujours le feu sur le bout de la langue,
la braise sous la cendre, la flamme dansante du haut foyer...
Merveilles dans la longue nuit
Nouvelles étoiles au ciel, mille semences en la terre,
mille rameaux, mille branches vermeilles...
La vache sacrée, c'est elle qui mugit...
Un jeune cri aussi, dans le berceau de la Lumière...
Avec la feuille du gui et la plante qui sauve,
Avec le chant des sources et la rumeur des vagues,
avec l'oeil du faucon, avec les bois du cerf,
avec la poudre de pierre et des écorces d'if,
Avec le rire qui fuse au printemps
Et la coupe levée à la face du Ciel,
je tresse la corbeille des mots,
j'enchevêtre les sons et les rimes,
je brode, je tisse et fais couture au monde,
je racle le cuir d'un très vieil hiver...
Je vous le dis, la lune aura sa couverture
Et l'homme sera vêtu de son manteau solaire !...
Puisse la peau que j'ai tannée résonner comme un tambour !...
Ma harpe ne peut se taire ;
Le vent aussi joue en ses cordes
Et le souffle des amoureux
dans les étreintes printanières....
Je n'ai pas quitté le chemin...
Mon pas est demeuré sur la sente...
Mon serment, le monde en est témoin,
est cousu sur ma chair plus périssable que lui...
J'ai serpenté comme rivière, comme liane sur l'arbre des saisons...
J'ai fait de ma vie, berge, grève et rivage, mais aussi, passerelle et pont....
J'ai forgé mon nom sur l'enclume des âges ; j'ai lance et épée pour compagnons...
Mes convictions, voilà mon armure...
J'ai cuirasse de vie pour vaincre les illusions...
Bran, ; j'ai été de son Voyage, j'ai été de sa navigation...
J'ai connu les femmes belles et sauvages, et cet amour qui est initiation....
J'ai été dans cent îles ; chacune avait visage ajoutant une ride à mon front....
Dans les grandes nuées vogue le coracle aux voiles de nuage...
J'ai veillé avec Fingen la nuit des grandes révélations...
J'ai vu dans le coffre grand ouvert les trésors de l'Irlande et la royale succession....
Riche alors était mon peuple, mais si pauvre aujourd'hui !...
Ainsi quand on délaisse ou dédaigne le gland du chêne !
La pierre, oui, je l'ai entendu crier sous la dignité des rois ;
Je l'ai entendu valider l'heureux choix des souveraines...
J'ai servi, de corps, de cœur et d'esprit la Dame et la Reine et conseiller sagement le souverain en ses choix...
La Belle Saison, souventes fois, je l'ai prise en mes bras ;
Avec elle, j'ai roulé de collines en vallons....
Elle a mit ses fruits pour couronner mes branches ;
et de rouges joies, j'ai fait amples moissons....
Je sais, de bien des choses, le pourquoi...
Je sais ce qui se meut en moi ; serpent, pensée ou poisson...
La fin je ne la crains pas, car je suis de tous les « commencements », en toute évolution...
La neige s'en vient dans son manteau de laine, sa couverture de lin....
J'ai le cuir trop épais pour les morsures du froid...
Le feu est en moi ; en moi, la flamme de ses paroles....