Beltane / Beltaine / Cetsama suite Avril 2013
BELTANE / BELTAINE / CETSAMA (le début de l’été) 28 03 2013 Bran du
Sources : P JOUET Dictionnaire des Religions et de la Mythologie celtique…
Claude STERCKX Mythologie du Monde Celte…
Eléments de préparation à la fête…
Laissons nous porter par « les ailes ascendantes de l’été » (PH JOUET)
Avec Samain qui clôt la saison claire et ouvre la saison sombre puis Beltaine qui rouvre la saison claire et referme la longue traversée hivernale et obscure, nous avons les deux parties opposées constitutives d’un ensemble appelé la Roue de l’Année…
Les Celtes concevaient ainsi leur année partagée entre belle saison et rude saison… Samain et Beltaine sont des fêtes charnières de grande importance, deux portes conséquentes au passage difficile pour celle qui nous plonge dans les profondeurs et l’obscurité et plus facile mais non sans vigilance pour celle qui nous ouvre le chemin de la sente solaire…
Les calendes de Samain nous amènent à une forte intériorisation (car l’alchimie du passage se passe en dedans de nous), alors que les calendes de Beltaine sont une extériorisation qui se conjoint et se fiance à la nouvelle éclosion et exaltation des forces vives de la Terre-Mère… Ces phases s’articulent en termes de descente et de remontée, de ré-apparition et de re-disparition, de croissance et de décroissance, à l’image des mouvements célestes….
Nos accompagnements philosophiques et spirituels suivent ces « courbes », ces cycles et ces rythmes, ces « ondulations »et les épousent en quelque sorte de façon sensible, consciente, analogique, aimante, fervente et intelligente…
Nous concevons et nous nous insérons dans la règle de l’alternance… Rien, jamais, n’est toujours tout blanc ou tout noir… Il arrive, il est vrai, que le ciel puisse être sans aucune altération et que l’azur règne en maître comme il arrive de même que la nuit soit des plus noires et sans aucun luminaire pour en faire briller la moindre contrée… mais cela est assez rare et ne saurait durer…
IL y a donc un jeu de « répartition » périodique qui octroie par phases successives une domination passagère à l’une ou l’autre des armées en présence, celle de l’ombre et celle de la lumière … Et ceci est considéré comme juste, équitable et nécessaire à la bonne marche du monde qui ne peut se faire que dans des équilibres et des harmonies périodiquement remis en juste place et selon cette règle dite de l’alternance…
Nous nous approchons ici at au passage des conceptions taoïstes du Yin et du Yang régentés et régulés par le Ki ou Qi (L’Energie suprême). Chaque obscurité contient un point de lumière et chaque lumière possède un point d’obscurité, de leur juste répartition dépend l’unité de toute chose…
L’année balance entre des aspects diurnes et des aspects nocturnes qui se doivent de demeurer articulés et reliés les uns et les autres par un Centre qui veille aux rétablissements indispensables…
Les phases lumineuses et les phases obscures, selon la « dominante » de la saison, se répartissent le Cercle de l’année lequel est un territoire changeant où s’exercent leurs volontés de « conquête »…
La pensée Celte conçoit que l’être humain participe à sa façon aux équilibres et déséquilibres des lois qui régissent tout l’univers et toute la création, que les attitudes ou comportements sont eux aussi « fastes » ou « néfastes » pour le bon déroulé des saisons et le maintien des harmonies ou leur rétablissement… D’où les rituels et cérémonies qui ponctuent le parcours de l’année…
Alternance et répartition (juste et équilibrée) sont les maîtres mots des « danseurs de l’année »…
Les équinoxes ramènent chaque période à une égalité de pouvoir de puissance, de force, d’expression et de manifestation alors que les solstices marquent une apogée d’appropriation du territoire commun…
Mais, il y a un seuil de « domination » , un point culminant, une apogée, à ne pas franchir, à ne pas « perpétuer » et c’est sur cela que tous les gardiens et gardiennes de la Tradition s’emploient en cette contrée occidentale…
L’Excès, quel qu’il soit, génère le déséquilibre et la disharmonie et c’est ce que l’on redoute le plus avec l’inversion des valeurs humaines… (Valeur d’équité, de vérité, de générosité, de fidélité, de solidarité, de courage, de respect…)
Ce calendaire, ce comput bi annuel, semblent bien être un héritage venu du Nord du Monde censé être l’une des origines de notre Tradition quand celle-ci macérait dans les brumes et brouillards de son berceau natif, quand les saisons étaient très marquées avec une très nette prédominance du sombre sur le clair…
Le monde, la pensée, des peuples Celtes, conçoivent que l’on va, que toute chose va, du sombre vers le lumineux et que c’est de la nuit que jaillit la lumière… Ainsi se conçoit le début de l’année et du calendrier à Samain (Samonios pour les gaulois) … Quand le soleil sera à son zénith et que tous auront accompagné cette montée solaire et fait le « plein de forces, d’énergies et de lumières » alors l’inversion se réalisera pour un autre accompagnement où l’on puisera dans les forces acquises pour braver l’emprise hivernale à venir…
Les fêtes dites majeures, sacerdotales, antiques sont placées sur le « cours » du déroulé de l’année à leur juste place, les fêtes équinoxiales et solsticiales sont des étapes, des jalons qui à la fois récapitulent et préparent chaque « marcheur », chaque « marcheuse » à de nouvelles avancées en conscience et à de nouvelles progressions dans l’entendement… et ce entre « mémoire , présence et devenir »… Ces fêtes sont en parfaite adéquation avec ce que la Nature exprime et manifeste au moment où on les célèbre… Elles sont en concordance avec le cycle naturel et s’ajustent parfaitement à celui-ci…
Cette adaptation au « cycle » de l’année vaut pour toute la création, tout le créé visible ou non, pour tout le vivant, pour tout l’univers et donc pour toutes les communautés humaines ayant même respect et compréhension de la Tradition et de ses conceptions…
Tout ce qui est développé ici relève en effet de l’acuité et de la pertinence des observations et déductions et conceptions mûries par les Anciens Sages de « Celtie » au contact permanent du Grand Livre de la Nature et de ses lois, observées, comprises et respectueusement et fidèlement appliquées… Ce sont les fruits savants, « sapientiques », d’observations accumulées et probantes, expérimentées et pratiquées, génératrices des sèves de leur propre Arbre de Vie, un Arbre semblable à l’Arbre de toute vie !…
Ce sont là les assises et les fondements de tout nos actes rituels et cérémoniels…
Nos fêtes sont une transcription la plus fidèle, la plus sensible, la plus savante, la plus fervente possible de ces entendements majeurs….
L’année celtique à donc comme une monnaie, deux faces ; un avers et un revers inséparables l’un de l’autre… Mais le hasard n’intervient pas car il ne joue pas, lui, ici, à pile ou face !!!! C’est nous qui jouons avec chance ou malchance !!! La lumière jaillit de l’obscurité et cette dernière conquiert les clairs territoires, et ceci, tout à tour, dans la ronde des nuits et des jours…
Nous voyons cela en l’entour de notre existence, nous le ressentons, nous l’accompagnons et constatons les effets car cela vécu, intériorisé et manifesté nous enseigne une Sagesse, nous guide, nous conduit, nous explicite, atteste de notre extrême interdépendance avec tous les mouvements de la vie et de l’univers… NOUS SOMMES CELA, TOUT CELA, PLEINEMENT CELA en nos moindres atomes, particules et fibres !… Nous sommes de ces VIBRATIONS, de ces ondes, de ces flux, de ces danses et de ces rondes… Nous sommes non seulement les fils et filles du Point du Centre, du Cercle, mais aussi ceux et celles d’une SPIRALE INFINIE dont nous épousons périodiquement les courbes serpentaires et l’enlacement amoureux…
Saison sombre et saison claire ont chacune un lien privilégié avec le FEU… Un feu qui peut prendre de multiples formes autant réelles, symboliques qu’analogiques…
Le feu pourrait être une sorte de berger qui accompagne la transhumance des saisons ! ...
Le FEU accompagne tous les passages et ceux-ci ne se font pas sans la présence des eaux…
Toute initiation qui est recommencement et passage consiste en des noces fécondes entre le feu et l’eau… C’est-ce qu’on appelle aussi l’AMOUR et c’est aussi ce que nous concélébrons en chaque rituel, à chaque occasion où nous nous relions, au sacré et au divin, où nous retournons dans le sein même de la Création… C’est une présence protectrice forte mais qui se doit, comme toute force ,d’être régulée, maîtrisée…
Ce feu est autant en nous que dans le ciel ou dans la terre…
Il tient un rôle majeur à chaque carrefour de saison…. Il ne peut disparaître même sous un amas de cendre… Car toujours veille la braise de la Tradition…
C’est lui l’agent de toute transformation véritable, sincère, efficiente et profonde… Nous passons en lui et lui passe en nous en chaque renouvellement de nos initiations…
Ce feu peut être autant lunaire que solaire… Il est autant d’or que d’argent !…
C’est en l’athanor de notre être, l’agent de toute passation ; le « Grand Passeur » des transformations essentielles qui sont Essence d’un ciel dont le Souffle Incréé visite la Matière créée en vue de « spiritualisation » aimante, consciente et volontaire…
Beltane, Beltaine, Cetsama… Sont les prémices, les préfaces, les préludes et préliminaires à la venue de l’Eté soit un champ préparatoire à la venue d’une apothéose solaire irradiant son plein d’énergies lumineuses et chaleureuses sur la Terre….
Les activités humaines sont au maximum de leur déploiement physique et s’acheminent aussi vers l’apogée de leur réalisation… (Chaque être prépare en lui sa « moisson » !)
Concélébrer l’Eté c’est aussi concélébrer l’Etre , l’être qui a son apogée solaire et « solsticielle » pourra légitimement être fier d’avoir été !
C’est une période qui prépare également aux alliances et aux noces, au mariage des eaux et des feux cumulés de l’Homme et de la Femme… Brigid qui patronne l’art de la Forge préside à tous les feux, y compris ceux de l’Amour… C’est Elle qui régente la force ignée… C’est Elle qui forge et fonde nos entendements et qui préside à nos liens les plus intimes et féconds… C’est la Grande Souveraine d’un Feu Souverain !…
Les textes mythologiques irlandais confirment le renouveau de la vigueur et de l’ardeur en ce promontoire solaire qu’est la Beltaine… Toutes les énergies de la croissance, de la fructification, de l’épanouissement, vont être exaltées au sein de la nature et en nous-mêmes…
C’est la grande reprise des activités humaines, pacifiques ou guerrières….
Au premier mai, les anciens nous disent :
Que les Fianna d’Irlande reprennent la tournée des rivages de l’Irlande afin de contrer tout envahisseur de l’île…
Que les Tuatha Dé Dannan venus des îles du Nord du Monde accostent en Irlande et brûlent leur bateau pour ne pas être tenté de repartir…
Que se met en place les prémices de la bataille de Mag Tured qui se déroulera en deux phases, l’une au bénéfice provisoire des « Fomoire » et l’autre en faveur des Tuatha Dé Danann épaulés par Lug lui-même… La victoire finale leur reviendra au solstice d’été après avoir subi bien des revers depuis les premiers jours de Beltaine… (C’est dire si la vigilance doit se poursuivre et que rien n’est gagné d’avance !)
C’est aussi à Beltane que St Patrick allumera un « Contre feu » sur la colline proche des feux druidiques allumés afin de convertir le monde païen au monde chrétien…
Il est dit également que le druide Mide, fondateur de Meath (la contrée du Milieu) en Irlande, alluma à cette date un feu de six années considéré comme un feu hautement et éminemment spirituel… Celui-ci ayant fait ombrage aux feux « personnels » de quelques druides , ces derniers professèrent des paroles injustes et iniques à l’encontre de Mide… Celui-ci lors leur fît couper et brûler leur langue…. (Le Feu de la Parole ne peut-être que vrai, juste et authentique, sinon il se retourne contre celui qui le « profane » !) (On mesure de nouveau ici le poids considérable de la Parole chez les Celtes ; une Parole vivante et efficiente qui se doit de respecter une déontologie rigoureuse.)
Ces festivités requièrent une obligation de présence comme à Samain…
Ce sont aussi des foires, des banquets, des assemblées… Les producteurs apportent leur bétail afin de le faire passer entre les deux feux rituéliques allumés pour les protéger…
Beltaine est bien la période inaugurale de tous ces « mouvements » ; les textes anciens nous font lecture des périples entamés à Beltaine, de leurs causes et de leurs conséquences, ce qui nous place face à nos responsabilités en toute nos initiatives, œuvres et entreprises dont le seul efficace garant est le respect total de ces notions « vitales » d’équilibre et d’harmonie…
La bienfaisance et la bienveillance de ces feux bénéfiques participent de l’épopée, du périple solaire… Puissions nous veiller sur eux et faire monter en nous leurs douces flammes vers la Source des sources, vers le Foyer de tout foyer…
Il appartient à chacun et à chacune, et à partir des éléments traditionnels constitutifs de cette fête de Beltaine, de transposer analogiquement ces dits éléments et de les mettre en résonance ajustée avec ses propres entendements, d’accorder l’instrument de leur être aux vibrations particulières de la saison ouverte sous le signe de la plénitude du feux et de la lumière revenus…