CARNET ARMORICAIN 2021 BRAN DU (OUESSANT-BATH-SAMAIN...) 29 10 OCTOBRE
OUESSANT (Photos Bran du)
Carnet d'Automne et de séjours armoricains 2021 Bran du
" Elle avait..... Un rire frais et pur, céleste, auroral, d'où surgissaient les rais solaires d'un été "flamboyant"...
Elle tenait, puisé dans l'âtre de ses yeux, le flambeau de résine rousse qui boute feu au foyer de la nuit et fait transpirer de rosée les fleurs du jour comme le fait l'ouvrage vif et perlé de l'Amour...
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Il est des lieux sertis de pierre et d'eau où poser sa main sur le roc nu avec cette troublante impression que l'on vient, à l'instant, de toucher les premiers affleurements du monde...
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Le rêve est un sillage éthérique, une furtive étrave "océâme" qui se referme et s'estompe passée la traversée de la nuit...
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L'île propose un condensé d'existence élémentaire, un recouvrement essentiel fait de solitude, de silence, de vents dominants et d'étendues sauvages...
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...Imaginons, avec quelques efforts, que des millions d'êtres humains se libèrent en quelques instants de leurs peurs, appréhensions et craintes et qu'ils opposent efficacement à celles-ci une ferme volonté et un vif désir d'être véritablement, authentiquement et sereinement en Vie ( en assumant à cet effet une farouche et pétillante liberté dont ils ont pleine conscience d'être absolument responsable !)...
Le monde en serait profondément changé et ils auraient alors valeur d'exemple et de témoignages irréfutables qu'il existe ainsi des façons bien plus gratifiantes d'habiter la demeure de l'Univers...
Et cela, cette « démonstration », aurait, par effet de contagion, d'autres effets tout aussi libérateurs sur toutes les emprises qui enserrent et meurtrissent ce qui aspire à vivre dans le cœur vibrant de ce qui fût, est, perdure et demeure, et surtout sera au-delà et par-delà, toute l'arrogance et la prédation humaine...
Cette « liberté » recouvrée ouvrirait vers un modèle d'existence enfin conforme aux aspirations les plus légitimes qui soient en termes d'équilibre et d'harmonie...
Se mettrait lors en place une dynamique où l'intérêt individuel viendra alimenter l’intérêt général au sein d'une synergie d'énergies se mettant communautairement au service du Vivant à partir de valeurs bénéfiques, de processus, d'outils, de méthodes, d'expériences et de connaissances symbiotiques fondées sur l'entraide et la solidarité !...
Imaginons....
Non, mettons en œuvre...
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La gerbe d'écume est ce drapé que les flots offrent aux mariées du rivage pour leur rappeler qu'il est un sel dans l'existence plus ou moins goutteux ou amer...
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Une nuée de mouettes et de goélands pour nous rappeler aussi que le ciel déploie des millions d'ailes afin d'emporter quelques rêves en terre de réalité...
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Ceux-là et celles-ci processionnaient sur le chemin de mémoire portant hautes les bannières de sang et de soleil et la châsse au chef enclos d'un saint pourfendeur de dragons... lequel suivait, dans ses écailles d'ombre, à quelques pas, le fervent cortège !...
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Oui, j'irais plonger mon cœur sec, mon front élimé, mes lèvres desséchées, dans la fontaine sacrée et lors frétillera de nouveau le poisson d'or aux écailles d'argent ravivant la pensée et le sang...
Ils sont là, les vieux, assemblés et adossés aux murets jointoyés d'algues et d’aigues-marines face à la mer qui capte leurs regards, une mer qu'ils sillonnent encore dans le doris de la mémoire...
Il n'est dans leur songes que débris de naufrages, que baisers furtifs sur le quai des départs, que lames géantes embarquant par l'arrière, que copains de bordées restés dans la « goule de la Mé », que comptoirs en zinc où trinquer à la misère du monde...
Ils n'ont plus de quoi « boëter » sur l'hameçon de la vie...
Leurs voyages rouillent eux aussi dans le cimetière aux bateaux...
Ils n'attendent plus que le dernier, l'ultime, le sans retour, avec de l'écume pour vous fouetter le visage...
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Chaque jour la houle brasse et embrasse la terre alors que j'attends depuis toujours que se pose sur mes joues et mes lèvres le baiser « coquelicot » de l'Amour...
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Il y a des chemins à travers les landiers puis les dunes, des sentiers de poussière et de sable laminés par les siècles où le vent du large vous enveloppe d'odeurs de goémons et de marnes « glazik »... (bleue/verte, en breton)...
Un chemin où les ronciers font le gros dos comme un chat qu'on caresse, où les garennes font des galeries dans lesquels ils se perdent eux-mêmes, où l'orchis qui séduit si bien bourdon et abeille entrouvre son piège au printemps...
Un chemin tortueux ou plutôt serpentaire creusé dans le travers des dunes où serpentent eux aussi, parmi les oyats, le rose et le blanc des liserons nains...
Ce chemin existe, l'ermite venu du Pays de Galles sur son auge de pierre, n'a fait qu'accentuer l'empreinte laissée par des prédécesseurs dont la foi était taillée dans un granit d'espérance élevé sous la voûte du ciel...
J'ai hanté ce chemin et il me hante encore. Mon attente y a creusé des ornières qui sont autant de réceptacles pour les eaux pluviales automnales et printanières... Les oiseaux y viennent boire et l'hiver s'y regarde dans la glace, ajoncs et bruyères s'y mirent et des étoiles s'y baignent....
De retour après des heures de sourds dialogues avec les criques et les grèves, je pousse la porte de la maison de pêcheurs louées pour quelques jours... Je m'installe à la table, allume la lampe de chevet, sort crayon et carnet et les mots déferlent sur la blanche page comme une marée d'équinoxe quand ils ne se retirent pas au plus profond d'un abysse de rêves et de songes...
Chemins ancestraux que balayent les vents en toutes saisons, chemins bordés d'arbustes chétif, de plantes rampantes, de lichens jaunes ou roux, d'herbes tremblantes, de clématites sauvages, de fusains nains, de pins hiératiques et salés comme une morue...
Chemins empreints par des générations d'hommes et de femmes tissant leur quotidien dans la navette de leurs pas...
Tous mènent à la mer et par-delà la mer à l'infini et à l'immense, à l'inconnu et aux mystères du monde...
Tous enseignent que la finitude n'est qu'un recommencement....
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Ecrivain ! Ecrivain? Je ne sais, peut-être, mais j'ai plaisir à écrire et cela me complet pour autant que l'écrit ne soit pas vain !...
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Au loin se détache sur le gris mouvant du ciel le profilé d'un clocher ; une audacieuse architecture de pierre ajourée qui fait le bonheur des choucas et autres corvidés...
Il me semble que les très anciens, s'ils n'élevaient pas si haute leur prière, n'en perçaient pas moins la voûte azurée ou étoilée au sein de laquelle un Verbe triait parmi les mots ceux appelés à faire graines et semences...
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« - Jean-Jean,viens voir ce que grand-père à ramener dans sa brouette...
- Mais, mémé, il n'y a rien !
- Allez monte sacré Jean Nigaud, le carrosse de Monsieur est avancé ! "
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A Houédic, on a placé une croix en face du vieux menhir, celle-ci fait de l'ombre à ce dernier, mais ce dernier renvoi de la Lumière !
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Aimer est une « transparence » individuelle qui « conjointe » se superpose et s'épouse entre le rêve de l'un et celui de l'autre...
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Samain célèbre la fin d'un cycle dont la finalité amorce et initie un renouvellement fondé et axé sur le déroulement des saisons qui accompagnent et animent la « marche » solaire et le comput lunaire et qui dictent pour grande partie l'ouvrage des hommes et des femmes qui s'activent à rendre la terre féconde....
L'année à fait sa « ronde » circulaire et nous a pris en ses bras, en ses chants et en sa danse lors des rites concélébrés afin de nous conjoindre à l'Anima sacré et divin de ce qui Fut, Est et Sera en toute Force, Vibration, Energie et Lumière...
Un nouveau terreau, un nouvel humus accueille les emblaves du futur, graines et semences de vie, de joie et d'amour sélectionnées par le cœur et l'esprit pour redonner croissance a un monde ouvert aux semailles d'espérances...
Ce qui lors se meurt porte en germe la Renaissance laquelle ne saurait être une reconduite de l'année écoulée avec ses multiples défaillances envers le vivant mais une nouvelle vision du monde et de la place de l'humain au sein de l'Univers...
C'est au coeur des mois enténébrés porter une réflexion majeure sur les enjeux de la Lumière....
Il suffit de peu pour être enfin « éclairé », un halo, une étincelle suffit !
Constat – Bilan objectif – Analyse – Prospective – Discernement – Choix – Orientations – Imagination – Créativité – Novation – Appuis – Soutiens -Ressources personnelles et « mutualisées »...
C'est un temps, une période d’introspection favorable et propice pour concevoir les projets, les étoffer puis les expérimenter et les mettre en œuvre progressivement...
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L'un des enseignements majeurs du récit mythologique irlandais de la Bataille dite de Mag Tured est un retour en fin de cycle annuel à un temps où tout est « pacifié » et retrouve équilibre et harmonie entre tous les êtres et entre les être et l'univers qui les entoure...
Sans cela la grande traversée hivernale qui se présente à tous et à toutes sera on ne peut plus « périlleuse », le « néfaste » s'opposant au faste et l'incohérence et la discorde à ce qui fait unité singulière et plurielle au sein des communautés humaines et ce, avec les redoutables conséquences que l'on sait...
Redonnez saine et bonne « charpente » à chacun et chacune afin que s'ajuste la vie avec ceux et celles qui l'animent ici-bas...
Retrouver et exercer l'art de la « conciliation » entre ce qui s'oppose stérilement car toute sagesse digne de ce nom enseigne une voie médiane et régularise entre les tensions de la dualité antagoniste...
L'ossature sociétale se fracture et l'humanité ne fera pas de vieux os si elle continue ainsi vers l'auto-destruction !
Il y a donc urgence à « s'atteler » à une tâche et à une œuvre de fortification spirituelle, philosophique, culturelle, sociale si on prétend vouloir rester debout !...
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Carnet « insulaire » :
OUESSANT Yvonne PLAGNIEZ Flammarion éditeur (extraits)
L'Auteure a fait plusieurs séjours dans les îles bretonnes vers 1965 et nous en rapporte ses fortes émotions avec une qualité descriptive, narrative et poétique de très haut niveau...
«...Quand on atteint un certain degré de tonus intérieur, les sensations elles-mêmes se chargent de spiritualité et, dans la transparence des choses, tout à coup, c'est une immatérielle vérité qui nous est révélée ; plus intensément réelle d'être ainsi appréhendée tout à la fois en nous-mêmes et dans la nature, par une communion dont on ne saisit pas le procédé, mais qui, - ô prodige ! - a brûlé les étapes dans la traduction laborieuse du Grand Livre de l'Univers.
Une fois de plus une correspondance secrète s'est établie entre un visage du monde et l'intime de notre spiritualité. »..
«....Tout cela qui dit la véhémence des forces élémentaires, inquiète, comme d'aveugles puissances qui nous sont étrangères et cependant en vertu peut-être d'une parenté secrète éveille en nous, de mystérieux, de troublants échos... »
«....Une fête des eaux et de la lumière... »
«...C'est aussi l'effort humain, âpre, patiemment continu, nourri d'énergie obstinée, vainqueur enfin, par l'âme qu'il manifeste... »
« ….Comme si la communion avec l'élément immense auquel les attache une ferveur d'amour faisait passer sur les âmes, élargissait à l'infini leurs horizons, ces grands souffles vierges qui emportent toutes poussières et ne connaissent pas les bornes... »
« … Des luisances (…///...) se dissolvent dans une clarté de cristal bleuté qui enveloppe tout ; reparaissent plus loin pour accrocher aux flancs oscillants des vagues leurs moirures d'un ténébreux éclat...»
« ...J'ai aperçu nos âmes qui brûlent, toutes brillantes de beauté et de joie quand une certaine élévation leur donne un suffisant recul et lorsque s'efferve* à leur centre un grand foyer d'amour qui dévore, transfigure en clarté dans son incandescence, tout ce que nous avons peiné, et souffert et durement voulu. »
(* devenir effervescent)
« … La voix en nous qui appelle, qui « crie dans le désert », qui parmi le vain remuement de nos activités, toujours déçue et toujours exigeante, réclame « autre chose » que ce que celles-ci peuvent nous donner, cette âme du monde que je sens, dans sa détresse, compréhensive comme une amie...»
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Conjoindre au déferlement et déchaînement des forces élémentaires qui ébranlent, à l'extérieur terre et mer, mais aussi nos territoires intimes, une simple et tendre caresse d'amour là où tout amour est attendu et souhaité...
Transfuser un sang de tempête dans les veines de corps qui concélèbrent la douce sérénité que procure l'offrande charnelle d'une cosmunion fervente et aimante...
Lors, l'ouragan se fait jardin de joie dans l'enclos des heures consenties à aimer et à être aimé et la pluie qui frappe violemment aux fenêtres est une fontaine de joies qui s'écoule d'abondance dans les ruisseaux du Tendre...
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Concélébrer le « Vivant de la Vie à partir d'une Tradition qui se veut et s'active au service de Celle-ci... Cette demande se fait exponentielle car elle s'accroît d'année en année et surtout depuis la survenance au niveau mondiale d'un virus meurtrier...
Nous sommes chacun et chacune embarqués dans l'océan existentiel parsemé de plus en plus de récifs plus ou moins immergés avec des dirigeants politiques qui nous mènent en bateau rafistolé de partout et aux parois disloquées ou disjointes...
Ce que nous cherchons avec urgence et priorité, c'est un faisceaux lumineux ni éblouissant ni aveuglant qui nous permettrait de voir enfin clair sur la meilleure route à suivre...
Pourquoi cette monté en puissance d'un fort besoin de concélébration au sein d'un lieu « matriciel » comme en offre tant la Nature ?
Sans aucun doute, du fait d'un constat flagrant de « désacralisation » et du fait de religions qui ont supplanté la notion même de « spiritualité » en usurpant le « Fond » (Principe, Verbe, Essence...) pour le recouvrir de leurs seules formes dogmatiques et de pratiques livrées à elles-mêmes !...
Parce qu'une vie sans offrande est une corbeille vide qui ne connaîtra jamais le pain du partage...
Parce que l'Amour qui nous fait hommes et femmes en dignité d'être ne peut se connaître et se concélébrer que dans l'entendement clair, intime et profond entre le corps, le cœur, la pensée et l'âme de chacun et de chacune...
Parce que « l'ordinaire » de notre vécu nous use, nous épuise, nous lasse, nous dévitalise, nous illusionne et nous délite au point que notre vie est morcelée en fragments éparts orphelins d'une unité primordiale et salutaire...
Parce que se relier à l'essentiel (l'Essence du ciel !) cela suppose une foi, une croyance, des conceptions liés au divin et au sacré, une relation de recueillement et de mise en correspondance adéquate, des notions de profondeur et d'élévation...
L'éparpillement, la dilution, la dissolution s'épandent de corps en corps et de cœur en cœur si bien que toute partie s'éloigne et se sépare de son Tout... Ritualiser, c'est dire non au morcellement de l'être, au fractionnement de ce qui le constitue en tant que tel...
C'est assembler de nouveau ce qui a été happé par des divergences égotiques qui entendent s'exonérer de tout principe unitaire...
(Mais que font des « électrons libres » quand ne sont plus de constellations pour leur donner sens et essence ?)...
Nous le disons et redisons ici : « Concélébrer », c'est aussi affirmer avec ferveur et vigueur un remerciement, une gratitude pour la Vie elle-même quand l'humain ni porte pas atteinte sous quelques formes que ce soient...
Animer fraternellement une cérémonie est un « acte d'Amour » qui assemble en densité et en intensité tout ce que ce sentiment est en puissante capacité d'injecter en tous et en chacun pour être et se sentir « vrai » dans le cœur pulsant du monde et des mondes...
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Je cherche la « ligne » ajustée parmi les ondulations du ciel et de la terre, la ligne « mélodique » qui tisse lentement, progressivement une trame d'enchantements...
C'est lors comme vouloir sculpter l'argile mouvante et émouvante des sons afin que s'assemblent des vibrations en communion d'entendements....
C'est donner une forme sonore et cohérente qui s'insère parfaitement au sein des oscillations vibratoires qui nous enveloppent et circulent en nous-mêmes et qui constituent « l'architexture » invisible et visible de l'Univers...
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On nous prend pour des pommes, on passe pour de bonnes poires, on sollicite le plein exercice des valeurs dignes du mot humanité et on lutte pour des prunes... Comment lors ne pas être compotiste ?
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Ramener le vaste monde et ses milliards de chemin dans la paume de sa main s'arrondissant sur un galet qui jadis était couronné de neige, c'est redonner nom à tout le dénommé d'une vie essentielle...
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Une île traduit une séparation avec un continent dont jadis elle faisait partie intégrante... C'est aujourd'hui un bout de terre détaché d'un promontoire et entourée d'une eau calme ou très tumultueuse...
(Nous fûmes nous aussi et il y a très longtemps partie intégrante d'un « continent » dont nous n'avons plus mémoire!)
Séjourner sur une île procure un sentiment analogue de cessation d'appartenance à un ensemble trop vastement vide pour nous contenir en plénitude, trop rigide pour nos mouvements, sans poème pour faire chanter les mots, sans musique pour guider nos pas de danse...
Ici des rendez-vous essentiels nous sont donnés en quatre directions et à quelques heures de marche....
Nous goûtons en ce territoire îlien un détachement libérateur qui nous permet de renouer les liens rompus ou distendus avec des attaches spirituelles, philosophiques et hautement poétiques...
La reliance opère qui nous replace là où l'être se doit d'Être sans concessions avec l'avoir et le paraître...
Par une « nudité » de corps et de cœur, une recouvrance s'offre à nous et nous enveloppe d'air, de soleil et de lune, d'argile verte et bleue, de résine et d'écume, de pollen et de rosée si bien que nous voici devenus porteurs de saisons au sein du déroulé de la Roue de l'Année...
Ce détachement, cette séparation et distanciation, produisent paradoxalement une reconstitution de l'Etre autour d'un centre, d'un noyau ou moyeu dont émane la source de toute essentialité...
L'éparpillé, l'écartelé de nos pensées se rassemble et reforme un corpus dont la simple et claire figure nous redonne visage d'authenticité...
Toute la « perdition » dont nous étions à la fois sujet et objet se dilue et un axe lumineux et rayonnant apparaît qui relie en nous l'étoile de notre cœur avec sa correspondance étoilée qui illumine le ciel...
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Ce n'était qu'une simple barque amarrée à un anneau du port mais, quand il montait à son bord et en libérait l'attache, il naviguait alors d'île en île, de rivages en rivages, d'étoile en étoile, de saisons en saisons, affrontant les turbulents et insoupçonnés courants du rêve et du songe....
Le périple achevé, l'homme revenu sur le quai, ses yeux étaient animés de mille éclats de lumière...
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Ici on connaît plus qu'ailleurs la folle agitation des vents, le carrousel désordonné des nuages qu'ils chassent d'un bout à l'autre de l'île, l'éclaboussante colère des tempêtes et leur rage à mordre à pleine dents...
Mais, il suffit d'un simple banc exposé à un trop rare soleil pour que la Vie jouisse d'Elle-même dans un instantané de paix et de contemplation qu'elle s'octroie avec délectation et ravissement...
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J'irai te le chercher
contre vents et marées
et je le mettrais dans le vase de l'attente
le chardon bleu de ton rêve....
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C'est, face à l'adversité et les morsures du Noroît qu'il nous faut fendre de biais et dans l'opposition féroce des forces qui s'affrontent (comme s'affrontent des béliers à la saison du rut) que l'on prend désir, aspiration et mesure d'une volonté alors inconnue et porteuse de victoires dont elle seule est capable...
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L'île résiste avec son parcellaire imité de l'Irlande fait de murets de pierres sèches grossièrement amoncelées aptes cependant à user le front têtu des vents...
Chaque enclos est une bravade et un affront pour les tempêtes et les ouragans... Y poussent des poireaux, des pommes de terre, de rares oignons et quelques fleurs obstinées qui colorent le blanc des façades...
Certains jours, en certaines saisons et en certains lieux de pierre et de gazon, la pensée y paisse, broute l'herbe du songe et en remâche les sucs plus ou moins tendres ou amers...
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Nous croyons pouvoir enfermer le bonheur dans une nasse et nous construisons à cet effet des casiers dans lequel nous mettons des appâts censés attirer celui-ci et le retenir durablement...
Mais le bonheur n'est ni un crabe, ni un homard, ni une langouste et il n'a que faire de l'hameçon dissimulé derrière une fausse offrande...
Le casier que vous mettez à l'eau vous enfouit et vous enferme dans l'océan de vos illusions... !
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On a creusé dans le flanc du menhir afin de le « christianiser » une niche pour y installer une vierge blanche et bleue sans se rendre compte que c'était rendre à celui-ci l'un de ses cultes primitifs !...
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Ne seraient-ce quelques maisons isolées ou regroupées comme un troupeau de mouton (toison contre toison), l'île apparaît pourvue d'une grande « désolation » et même assez lugubre quand les mois noirs la couvrent de leur tapis de nuit... (Certaines images du sol lunaire peuvent nous en reconstituer la vision.)
Herbes en coupes rases, échine de rocs qui, hirsutes, boursouflent les vertes surfaces que lapident les vents du Nord et du Sud, l'île, étrangement, se présente comme étant le berceau de ce qui s'en viendra à naître au sein d'une infinie gestation parcourue de râles et de terribles gémissements...
Âpreté et rudesse d'un territoire originel doté d'une magnificence minérale et végétale, véritable Chaudron de Ceridwen où macèrent les herbes de santé, l'élixir de la Connaissance, la liqueur des Déesses et des Dieux, la cervoise des Héros, la sagesse des Druides et Druidesses, la science des Vates et l'imaginaire des Bardes...
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Île de Bath
Bath et ses chevaux bretons à l'attache sur la lande et dont la forte et ample posture se d »tache sur les tons changeants de la mer...
C'est là une puissance musculaire qui affronte les rages du ciel et de l'océan, les tempêtes d'octobre et de mars sans céder le terrain d'un seul sabot...
Blancs, noirs, gris, mouchetés et mélangés de couleurs, ces chevaux sont les compagnons fidèles et efficaces du labeur de ceux et de celles qui, d'années en années, récoltent le fruit de leurs obstinés efforts...
C'est une île à la population aimable qui dialogue sans cesse avec sa terre et en prend grand soin tant elle met au monde une nourriture de grande et inédite qualité...
Bath et ses chevaux qui dit-on accompagnent les âmes jusqu'au royaume de la Lumière ; une Lumière dont les riantes ambassades courent parfois sur toute la baie en la couvrant d'une éblouissante nappe argentée...
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Une « veuve » drapée de noir de la tête au pied, enclose dans ses souvenirs, promène au grand jour et sur ses cheveux épars, un grand papillon de nuit dont elle a replié les ailes...
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Un hameau aux ruelles étroites, des « maisons de pêcheurs » serrées les unes contre les autres comme des bigorneaux au fond d'une anfractuosité de la roche, avec pour toiture des ardoises aux tons empruntés au gris-bleu du ciel...
Un filet qui attend son ravaudage, quelques poules en relative liberté... Des sauts qui rouillent depuis des années (le puits est à sec et comblé.)...
Des micros jardins où les algues séchées servent d'engrais et de terreau pour faire pousser des pommes-de-terre...
Ce sont des « penty » aux murs épais et aux fenêtres étroites ouvertes au Sud...
Le hameau à son clocher et le port son bistrot ainsi que son indispensable « courrier » qui fait la navette avec le continent...
Il dispose d'un cimetière dont le fleurissement est assuré toute l'année... et de quelques croix de cire qui condensent le souvenir rapatrié des disparus en mer...
Tout y est rude, les rides creusent prématurément les visages burinés depuis l'enfance...
Quelques rires fusent parfois de la terrasse du bar des marins qui se racontent leurs aventures ou qui se moquent des touristes en mal d'exotisme à cent sous la carte postale....
On compte, à l'année, une centaine voir plus d'un milliers d'habitants selon la surface de l'île et sa configuration mais jusqu'à environ cinq mille visiteurs certains jours d'été...
Sont souvent considérés comme authentiquement « iliens » ceux et celles que l'île à vue naître et qui ont été à l'école avec vous...
Pour les autres, cela dépend car chaque île à son propre « caractère » et oscille vis-à-vis des visiteurs entre l'indifférence, une humeur « trouble » ou un accueil réservé mais amical...
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Sans le jusant et le baissant, sans les amplitudes des marées avec les flots qui montent à l'assaut du rivage et le morcellent au fil des ans que serait le caractère des îliens soumis aux « mortes-eaux » de l'existence ?...
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Les vents, les mêmes depuis toujours, sculptent et orientent arbitrairement les sommets les plus hardis d'un massif obstiné fait de tamaris,de sureaux et de prunelliers sauvages... Il impose à cette croissance végétale audacieuse une implacable direction qui n'autorise aucune exception...
(Il en est ainsi et encore trop souvent de certains gouvernements envers leur population!)...
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Celui-là qui contemple la mer les coudes appuyés sur une balustrade, la mer le contemple aussi et en scrute le visage mais, ceci, le temps d'un clapotis qui s'estompe aussitôt tant est chargé l'océanique mémoire qu'elle ne peut en retenir davantage...
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Tout est là, réunit en grande cohérence, de ce qui offre une substance essentielle à mes soifs et à mes faims...
Sauf, je l'avoue, celle qui, pour l'humain et merveilleux partage, je prendrais peut être et enfin, un jour par la main !...
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