CARNET DE SEJOUR ARMORICAIN : La BAIE D'HILLION OU DE ST BRIEUC BRAN DU 11/NOVEMBRE 2015
Carnets de Voyages : Bran du
Séjour armoricain...
La Baie d'Hillion 01 Nov 2015 Baie de St Brieuc en Côtes d'Armor
Pénétrant la baie de ST Brieuc, le "cap" d'Hillion est un promontoire qui accueille les regards qui se posent sur la baie et les pas qui sillonnent les sentiers qui ourlent et frangent le dit cap...
L'estran vit au gré des marées quand les flots recouvrent et découvrent cet espace dénudé en grande partie laissant d'autres flots de lumières jouer sur les sables gris ou sur le moutonné des vagues en leurs voiles émeraude ou "glazik" ; le "bleu-vert" du pays breton.......
Une maison de la baie, la bien nommée donc, à été posée au bord de ce promontoire afin d'éveiller et de sensibiliser aux multiples richesses et beautés qui s'offrent, avec abondance, aux sens et à l'intelligence...
Selon les périodes, la saison, ce sont des milliers d'oiseaux migrateurs qui se donnent, ici, rendez-vous, trouvant le repos sécuritaire et la nourriture qui leur convient....
La liste toujours à compléter des espèces qui s'assemblent en ce lieu est assez élogieuse et non exhaustive :
Courlis cendré, huîtrier pie, pluvier argenté, bécasseau maubèche, bécasseau variable, bécasseau sanderling, chevalier gambette, petit et grand gravelot, vanneau huppé, pluvier doré, barge rousse mais aussi le canard colvert, le canard chipeau, le canard siffleur, le canard pilet, le tadorne de Belon, les oies bernaches, la macreuse noire, le grèbe huppé, le grèbe castagneux, le grèbe à cou noir, le héron cendré, l'aigrette garzette sans oublier le grand cormoran, les divers variétés de goélands, les mouettes...
On peut observer leurs attroupements et déplacements en prenant soin de garder une distance respectueuse d'au moins deux cents mètres pour ne pas les effaroucher...
Comment ne pas être saisi d'émotion, de beauté, de poésie quand le regard est confronté à cette gente ailée qui parcoure depuis des siècles les mêmes itinéraires afin d'assurer sa survie et sa descendance ?
Nos rêves et nos songes emprunteraient volontiers ces "ailes du voyage" afin de parcourir les étendues sauvages de la terre vue du ciel !....
Avec pour assise, le granit et le schiste ; je contemple cela sur mon socle de lande tissé d'ajoncs et de genêts, de bruyères et d'épines noires, de chèvrefeuilles et de géraniums maritimes, d'aubépins et de clématites sauvages, de silènes et d'églantiers, de fenouils et d'arméries, de parmélies et de lichens...
Je bois au calice du ciel et de la terre !...
Et la lente et alchimique "transmutation" s'opère qui fait du "dehors" une parcelle du "dedans"; où l'extérieur se transvase en mon intériorité avec cette densité et cette amplitude qui recouvrent les grèves de l'attente au temps des équinoxes porteuses d'équilibre et d'harmonie.......
Le sage pays trouve en moi sa demeure, son exacte correspondance !....
Et me voici, moi aussi, réceptacle des ailes d'aube et de crépuscule qui parsèment de leurs souffles soyeux mes étendues de silence et de contemplation...
Vastitude de l'estran baigné de lumières changeantes, large éventail des aurores traversées d'aigrettes et de hérons en "majesté" !...
Que de vies ici !
Les sédentaires côtoient les nomades avec, chez ces derniers, bien plus nombreux au demeurant, une forme de solidarité et d'entraide, de respect des distances, que l'on ne retrouve pas chez les "autochtones" plus agressifs envers leurs congénères...
(Nous pourrions tirer de cette simple observation quelques enseignements salutaires !)...
Sous les sables, une croûte terrestre, un sol fossile, un magma lointain....
Les falaises millénaires, érodées par les lames, le gel, les pluies, livrent, par endroits et par strates superposées, une histoire géologique rappelant comment s'est constitué ce rivage et cette baie...
Porter la main, épouser ce minéral, cette argile qui est humus des commencements ; c'est mouler son esprit et son coeur à la matrice originelle, retrouver la marne de toute naissance...
Nous sommes de ces grains, de ce délitage des siècles...
Nous sommes aujourd'hui encore le rivage de l'autre, de tous les autres, de toutes les marées de la vie !...
La pierre nous restitue un visage "élémentaire", sans bouche, sans yeux, sans nez ni oreille soit une face polie attendant patiemment qu'un regard, qu'une parole, qu'un son, qu'une senteur, qu'une écoute et donc qu'un entendement, y prenne sa juste place donnant à un corps son anima et son mouvement ; c'est-à-dire son existence !...
Des racines "dénudées" de leur humus courent sur l'oblique du rivage, puisent dans l'air une substance qui, d'ordinaire, irrigue les feuilles et les plantes...
Nous ne savons parfois à quoi se rattachent ses radicelles, mais nous savons qu'à une de leur extrémité se tient l'arbre de vie....
Il en est de même pour l'arbre étrange et étonnant que nous sommes ; un arbre qui a oublié que sa sève nutritive a pour provenance aussi bien la terre que le ciel, les profondeurs de la terre que celle de l'univers !...
Les roches me fascinent dans leurs florilèges de formes et de couleurs.
C'est sans doute aussi pourquoi j'arpente, mètre par mètre, depuis des années, et l'appareil photos en main, le littoral armoricain, ses contours découpés par les houles, ses falaises aux formes que l'on dit « fractales » et qui sont autant de feuillets donnant à lire et à comprendre, en leur parcellaire spécifique, en leurs fragmentations singulières, le gigantesque Livre de la Nature et de l'Univers...