CARNET DE SEJOUR EN TARN ET GARONNE 2025 BRAN DU LE 25 04 (A SUIVRE)
23 avril (Journal d'un séjour dans le Tarn et Garonne)
Ce matin vers la septième heure la brume, épaisse, a envahi toute la vallée noyant dans le gris toutes les frondaisons, tout le paysage avalé par elle...
Le merle comme a son habitude a chanté et modulé son chant le premier, plus tard des mésanges se sont jointes à lui puis la chorale improvisée des autres oiseaux...
Anne-Marie a aperçu de sa fenêtre une biche se pourléchant le museau dans un grand carré de trèfles...
Pas encore de buses dans le ciel ce matin, les mulots, les campagnols peuvent herboriser tranquille....
Hier, une magnifique découverte dans les prairies hautes de Saint Antonin en jachère depuis plus de trente ans, des orchis (mâles, pourpres...), des ophrys dont la fleur est proche de celle de l'orchidée, dont certaines présentent une réplique d'une abeille ou d'un bourdon pour attirer ceux-ci vers leur calice...
(Il existe aussi en altitude au Pérou une fleur de cette famille à tête de singe.)
C'est un magnifique jardin botanique, j'y ai dénombré plus d'une soixantaine de plantes dont certaines assez rares...
Au mois de mai, bientôt donc, ce sera un merveilleux festival de formes, de couleurs et de senteurs...
9H56 : la brume dévoile ses rets et délivre de ceux-ci ce qu'elle avait dérobé pour en jouir personnellement...
Les oiseaux ont accru la diversité de leurs chants...
Toujours pas de buses dans le laiteux grisaillant du ciel...
Le printemps explose en rose, en blanc, en rouge, en bleu, en jaune, en vert de toutes les teintes, au bout des branches et des tiges...
Puisse une telle énergie de vie, de beauté, de merveilles éclore tout autant en nous-mêmes !...
Des villages apparaissent maintenant regroupant des habitations autour d'une église, des cafés, des places de marché, des cimetières, d'une fontaine...
Des hommes et des femmes aussi au destin varié, diversifié, lourd ou léger, sombre ou lumineux, calme ou agité, serein ou encombré, ouvert ou fermé, libre ou conditionné, triste ou enjoué...
Toute une gamme existentielle s'écoulant dans le ru ou le fleuve des années, cascadant d'âge en âge vers l'embouchure et l'estuaire incertain d'un océan d'hypothétiques possibilités...
Le vent frais d'avril s'éveille agitant les ramures, soulevant la jupe des feuilles, humant les sous-bois, caressant le poil blanc des chevreuils, faisant fléchir le blé à venir des moissons estivales....
L'Arbre, les forêts, les bois et bosquets sont les grands seigneurs de ce pays, les souverains de ce vert territoire qu' ils dominent de toute leur hauteur et grandeur...
Leur règne est plus que millénaire et ils ont mémoire végétale de tout le vivant qu'ils ont protégé, de toutes les vies nées en leur sein...
Serions-nous devenus sans eux qui nous ont accompagné du berceau à la mort ?
Le bois est plus que le bois, l'arbre plus que l'arbre, la forêt plus que la forêt, la clairière plus que la clairière, c'est aussi le père de tous les symboles et de bien des activités humaines fondatrices de sociétés, de civilisations, de cultures, de traditions dont la nôtre...
Lors, exprimer notre « gratitude » cette denrée sentimentale et affectueuse devenue si rare si ce n'est dans le rire enjouée des enfants qui se perdent innocemment, volontairement, allégrement dans leurs grands bras...
A SUIVRE...
Avril sans se découvrir d'un fil....
Les noyers sont parmi les derniers a pousser leurs feuilles aux teintes ocrées de bronze... C'est un pays (comme le Lot) de liqueur et de gâteaux de noix...
C'est aussi une galerie fromagère (brebis et chèvres notamment.)...
Les prairies son très étendues, l'herbe y est abondante et les ruminants s'y complaisent...
Des rus et rivières nombreuses traversent ce « paradis vert », serpentent dans les fonds de vallées, irriguent les terres, avivent les rivages, étanchent toute lèvre asséchée...
L'eau, la terre, le ciel... L'arbre et la pierre... Les vents et les pluies. Les rayonnements de lune et de soleil... Le grand bal des étoiles et des planètes... Le cycle des saisons... Les pelages, les écailles et les plumes... Les sèves et les résines... Les flux et les ondes...L'immense et étrange ronde des vies...
Tout cela offert à la contemplation, à l'émerveillement, à l'interpellation, au primordial et à l'élémentaire, c'est-à-dire à l'essentiel de notre existence...
Bleues, violettes ou blanches, les glycines exhalent leur suave et capiteux parfum dont s'enivrent les bourdons et autres insectes pollinisateurs...
La fraîche saison prépare le festival des roses qui attendent sagement leur tour pour faire éclore leur amour...
L'apothéose florale n'est pas encore pour maintenant mais ne saurait tarder car les sèves bouillonnent d'empressement...
Les villages notoirement connus s'apprêtent à endiguer comme ils le pourront le flot des touristes venus de plusieurs continents... Leur renommée est légitime et l’œuvre des hommes et des femmes de ce pays y a largement concouru...
Les « espaces dits « sauvages » ne manquent pas pour tourner le dos, temporairement ou durablement, à une urbanité désenchantée, asséchante, factice, défaillante, suicidaire, illusoire et prédatrice...
L'être humain reste à couvert quand il serait indispensable de se mettre à nu ! L'essentiel ne saurait le recouvrir entièrement tant s'interpose les faux habits, les tissus de déni et de mensonge entre lui et l'orgueil exacerbé d'hommes et de femmes carencés de recouvrances primordiales et fondamentales...
Alors que le soleil se lève et perce les brumes une grande part de l'humanité demeure dans son brouillard et ses nébuleuses....
24 04 09 H 32
C'est pourtant grande joie que de voir le soleil se lever et sa lumière se répandre jusqu'à éclairer nos zones d'ombres...
Ombres et lumières ainsi est l'alternance de notre existence, l'obscurité n'étant jamais très loin de la luminescence...
Un brin d'herbe sait cela et hisse vers le ciel son axe de croissance...
Vent léger ce matin venu du Nord-Ouest, pas de pluie mais forte humidité (97 %). Avant-hier les terres ont bu aux mânes pluvieuse et drues et les forets se sont drapées d'une écharpe de brumes évaporées...
C'est toujours un temps précieux qui s'offre à nous, un temps pour aimer et être aimé, un temps pour sentir la vie se mouvoir en nous et nous émouvoir à la vue de la rosée perlière déposée sur le rebord des feuilles...
Nous sommes encore et de nouveau dressés entre la Terre et le Ciel, entre le Ciel et la Terre, arbre de chair se mouvant sur le sol de mémoire, dans les territoires plus ou moins troubles ou claires du devenir...
Puissions-nous être chacun, chacune, se « présent » offert aux noces terrestre et célestes et faire corbeille de dons sur l'autel du partage et de l'échange...
Frères humains... Soeurs en humanité... qui savez ou ne savez faire entendement et compréhension ayez compassion du poète et de son enrobé de doutes et de souffrance ; le poète de « non-vie » empoisonnée !...
Le merle matinal a entendu la supplique et son chant enjoué remodèle l'argile du possible...
A SUIVRE
12 H 44...le 24 04
Immersion florale sur les crêtes, de nombreuses espèces et variétés de fleurs à tous les étages, du jaune, du blanc, du rose, du pourpre, du bleu, du violet, du rouge... Tout cela en attente d'apothéose dans le joli mois de mai...
Le geai est venu visiter furtivement le micocoulier soulevant les mousses et écorces en quête d'insectes à déguster...
Inventaire floral Tarn et Garone (non exhaustif) :
Fleurs rencontrées en Avril 2025 :
Grande et petite pervenche. Raiponce en épi (bleu/violet) . Lamier jaune. Monnaie du pape (Mauve). Gesse des prés (jaune). Euphorbe des bois (jaune). Myosotis des Champs (bleu). Ophrys abeille (rose/rouge). Stellaire holostée (blanche). Lin bisannuel (bleu pâle). Véronique petit chêne(bleue). Alisier Blanc. Coronille bigarée. Luzerne cultivée (violet). Bugle rampant (bleu foncé). Salsifis des près (jaune). Marguerite (blanche). Vesce commune (Rose). Brunelle commune et brunelle blanche. Primevère officinale (fleur de coucou) (jaune). Renoncule bulbeuse et renoncule des champs (bouton d'or) (jaune). Salsifis des prés (Jaune). Laiteron des champs (jaune). Coquelicots (Rouge). Glaïeul des moissons ou d'Italie (Rose/rouge). Sénéçon (Jaune). Sauge des près (Bleu). Néottie nid d'oiseau (Marron). Centaurée des près ( rose ). Orchis pourpre... et bien d'autres inconnues de mon répertoire...
Marcher dans l'herbe, dans l'océan d'herbes qui vous entoure, dans une sorte de paradis végétal où se tiennent et se cachent parfois, pétales contre pétales, « l’éblouissance » florale en sa grande diversité... avec, de temps en temps, la joie de découvrir une plante qui ne figurait pas jusqu'à cet instant dans le catalogue de vos connaissances...
Naît lors le sentiment de vous trouver « hors », d'explorer un autre continent que celui du quotidien, que celui des concessions faites avec ou sans regret, avec ou sans conscience, à une société humaine en divagations matérielles omiprésentes...
Ici, vous partagez pacifiquement et émerveillé l'espace, l'étendue, le paysage avec le monde des insectes, des oiseaux, des biches, renards et chevreuils...
Ici les rivières serpentent sur un lit en calcaire, s'écoulent pures et transparentes avec des reflets bleutés en bordure des cascades quand le ciel est d'azur...
C'est l'eau des origines, sans souillures humaines, l'eau des baptêmes, des naissances, des initiations, du lavement des morts, l'eau des rituels d'Amour sur laquelle se penchèrent avec gratitude les lèvres assoiffées d'une prime humanité...
Des papillons vagabondent d'une fleur à l'autre avec les « cousins » des gros moustiques bien sympathiques...
Les orties, les pulmonaires, les labiers, les alliaires, bordent les berges et leurs flux semblant empressés de mettre du sel sur leur langue...
Par endroit, nous marchons sur des tapis faits de marguerites (une fleur que l'on peut ajouter à une soupe « sauvage ».
Le coucou chante, réglé comme une sorte de métronome et ce, sans se lasser et peu soucieux des infanticides perpétués dans le nid qu'il a usurpé... (La Nature ce n'est pas du « bisou nounours» en tout domaine !)...
Les prairies succèdent aux bois et forêts dans un enchevêtrement de verdure qui se décline sur tous les tons...
La palette des verts forme un immense tableau sur lequel trône et rayonne le blanc, le gris, le jaune, le rose, le rouge ou le bleu d'un ciel très changeant à cette époque...
Des touffes de ciboulettes sauvages émergent ici et là dans une prairie humide et nous en cueillons de quoi faire une omelette ou un fin mélange avec du chèvre frais...
Cela ira très bien avec la soupe d'orties agrémentée d'alliaires et de fanes de radis (pour la douceur)...
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Muriel et moi nous aimons « faire le marché », le « marché de campagne » avec des producteurs « locaux » et accueillants...
C'est en effet une ambiance « bon enfant » bien agréable quand on vient de la ville où cela n'existe plus, où le temps n'est plus « distendu » et où nous ne sommes plus « accordés » à celui-ci et à ses paresses et nonchalances...
On y rit et on y plaisante beaucoup. On prend le temps de faire ou de refaire un petit monde où chacun s'y retrouve, échange des souvenirs communs, prend nouvelle du « pouls » communautaire, des santés individuelles...
L'étal des fruits et légumes peut-être resplendissant de fraîcheur, de formes et de couleurs, de senteurs aussi, surtout en mai et en juin...
On y parle le langage de la vraie vie, sans artifice, sans grandiloquence, un langage immédiat sans fioritures ni artifices, le langage du jour tel qu'il se présente, familier et enjoué....
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La Bonnette et son cours :
La Gourgue et es grottes mystérieuses :
A SUIVRE