CARNETS DE SEJOURS : SURVOL DES MONTS D'ARREE ROC TREVEZEL...(BRAN DU)
Survol des monts d'Arrée Pensée volante Bran Du 01 03 2009
Ma pensée plane comme un nuage au-dessus de l’Arrée…
L’azur me cerne de toute part…
Un faucon me transperce de son regard…
Le soleil se rit de moi…
Au loin l’océan miroite,
Je vois danser ses écailles de lumière…
La terre se tient entre mes ailes…
Le lac est comme un œuf dans un nid d’herbes…
Mon cœur s’élève et s’abaisse au rythme du vent qui me porte et du sang qui me pulse…
Infini et profond est mon regard qui scrute l’immensité…
J’ai l’œil d’un aigle qui détecte le moindre mouvement à la surface des choses…
Ma pensée repose sur les courants de l’air…
Circulaire est ma ronde sur les monts de l’Arrée…
Tout en bas, des formes s’agitent sur des rubans de fumée et de poussière…
Tout à l’heure j’ai aperçu un être en prière
Qui tendait vers moi ses deux bras…
Pour le remercier, je l’ai gratifié de trois cercles affectueux….
Le Grand Esprit sait reconnaître ses enfants
Qui vivent et meurent entre le jour et la nuit, la nuit et le jour…
Il leur envoie ses ambassades d’étoiles pour border leurs rêves,
Des aubes et des aurores, des renouveaux printaniers,
Pour qu’ils ne perdent pas espoir et pour nourrir leur âme….
Blondes sont les herbes qui puisent dans le chaudron
Là où serpentent les racines des aulnes et des bruyères…
Les eaux sont le creuset propice à toutes les transformations ;
C’est là que s’opère l’alchimie sacrée du ciel et de la terre…
Anna est la Mère qui règne en ces lieux
Des tous les dieux, elle est l’Energie et la Lumière…
Pour me poser, je choisirai la plus haute des pierres ;
Celle qui domine les genets et les ajoncs,
Qui tel un dragon retient les derniers feux en sa tanière…
J’attendrai que s’éteigne à l’horizon la pure flamme solaire…
Mes plumes alors se refermeront sur mon cœur ;
Puis, mon chant de lune s’élèvera
Au plus flamboyant de mes chairs…
Les ombres errantes privées de leur céleste lueur
S’assembleront sur le mont
Et se réchaufferont dans l’âtre d’un poème…
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ROC TREVEZEL (V) Février 2009 Bran du
La brume au loin, la brume tout autour…
La brume cerclant les quatre horizons avec sa nuée grise plus ou moins épaisse, plus ou moins fluide…
L’océan par-devant, d’autres terres par derrière…
Entre les plaines aplaties par les vents, les herbes coiffées et décoiffées selon l’humeur de ceux-ci, il y a des îles, acérées, lacérées par les souffles, burinées par les ans, transpercées parfois de part en part, entaillée par une épée forgée de gel et de feu…
Ce sont ces îles des rocs hérissés de fureur ou bien des dragons endormis…
Voyez le tranchant des lames, les échines qui se brisent…
Mais la bête tient bon sous les assauts les plus rudes…
Rugueuse est sa peau tannée par les siècles…
Et vives ses épines dressées dans les batailles…
Îles où tangue l’arche du ciel avec son animalerie de nuages…
L’ombre que vous projetez vous restitue votre véritable grandeur…
Vous n’avez pour équipage qu’un ramassis de saisons.
Vos cales sèches ne sont que cargaisons de mémoire…
Les nuées gonflées de sang vous servent de pavillon…
Les fougères rampent à vos pieds, les lierres s’accrochent à vos flancs…
Des oiseaux à vos pointes se posent comme l’albatros sur les mâts qui virent entre les vagues et les flots…
Îles immergées sur l’étendue des mousses et des bruyères…
Îles de schistes rongées par des millénaires de lichens…
Baleines géantes et grises boursouflées de morsures, échouées sur les grèves d’une histoire qui à trop consacré aux hommes en méprisant le flambeau de leurs anciens dieux…
Vous dominez l’espace et le temps…
Devant vous les astres s’agenouillent et prient
dans une langue chargée de sel et d’embruns…
L’eau des pluies, vous la retenez dans vos paumes
Et la lune s’y baigne et fixe son miroir…
Vous êtes des pyramides sans tombes ni couloirs,
Vous gravissez obstinément les étages du ciel
Et l’homme qui s’élève arpentant vos autels,
Retrouve ses deux ailes et la faculté de croire!…
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Roc Trevezel... (II) Bran du
“...Un mystère inexprimable, qui trouve écho dans nos coeurs.” HE YIFU (Le Voyage d’un Peintre Chinois en Bretagne - Ouest/France Ed.)
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Les schistes épointés comme pour calligraphier
Le parchemin du ciel...
- Serres d’aigles sur la plume empesée des nuages -
Nulle part ailleurs en ce bout du monde
Cette immensité désolée, ces brumes réfractaires
Aux attouchements du soleil, ces chemins de garenne
Où le lévrier du vent court parmi les ajoncs nains et les bruyères brûlées jusqu’au coeur...
Des roches, acérées, taillées par le burin des saisons,
Martelées par les cycles éternels qui défient le feu du soleil et provoquent l’éclair et la foudre...
Des roches entêtées qui lancent en permanence des injures millénaires en cette langue que les anciens forgeaient entre équinoxes et solstices...
Territoire d’une nudité première, contrée aimée des souffles, cuve brassée d’ombre et de lumière.
Ici, l’herbe, d’or et dansante, s’étire à l’infini et s’en va bailler dans la mer
Ici, se marient l’embrun et l’écume, le fer et l’enclume
Ici sont les noces d’univers...
Fermer les yeux sur l’emprise de l’homme, sur sa petitesse, sur ses mains démesurées...
Ne porter regard qu’aux écailles blanches et pourpres, vertes et bleues qui parsèment la sente offerte aux mues du songe et du coeur...
Bran Du Lugnasad 2004