CE QU'ILS OU QU'ELLES NOUS DISENT DE L'ETAT DE DRUIDITE ,(SUITE) J C CAPPELLI (FILM) BRAN DU 2020 26 05 MAI

Au regard de leur nombre, il y a relativement peu de Druides ou de Druidesses à animer la toile internet afin de faire connaître et reconnaître la Tradition celto-druidique qu'ils ou qu'elles servent de leur mieux et ce, à leurs façons ; chacun, chacune, avec son caractère, ses particularités et spécificités, son cheminement et ses expériences......

La druidité est un état multiforme diversement incarné et, en fait, un singulier pluriel où se côtoient tous les genres, tous les styles... Si fait qu'il est souvent difficile de s'y retrouver sur des bases conceptuelles « unifiées » et en convergences d'entendement...

Cela demande donc beaucoup de « discernement » afin d'identifier, de comprendre, ce qui sonne juste et ce qui paraît dissonant dans les propos et les actes vus, lus ou entendus...

Pour celui ou celle qui vient « à la rencontre », ceci peu paraître assez déroutant il est vrai, mais c'est aussi la démonstration du caractère non dogmatique de cette pensée traditionnelle faite de différences d'appréciation et de conceptualisation qui peuvent être des sources de complémentarité et d'enrichissements mutuels pour autant que le Fond dirige, instruise et inspire les Formes en adéquation avec Lui et ce en toute circonstance !....

Tout étant à découvrir, à redécouvrir, à connaître et à reconnaître (et ce avec une vive reconnaissance), il y a, de ce fait, un champ immense d'investigations et, dans l'espace-temps, des lieux et des instants plus favorables et plus propices à la « recouvrance » essentielle, élémentaire, originelle et fondamentale d'un « Esprit » condensant un Principe allié à une Essence qui dispense depuis des millénaires un Anima qui peut empreindre tout être, toute chose, tout paysage.......

Et ce, pour autant que l'on soit dans un état de réceptivité compatible avec les sources vibratoires et radiantes émanées de la Source de toutes les Sources ou encore de la Matrice de toutes les Matrices ou du Chaudron de tous les Chaudrons !...

Il existe donc une grande variabilité de visualisation, de compréhension et de représentation de la « Matière Celtique » appréhendée spirituellement, philosophiquement, culturellement etc...

Et il est souhaitable que ces diverses approches et conceptualisations s'expriment car bien souvent il y a davantage d'éléments de convergences possibles que de divergences d'entendements quand l'Esprit et le Fond conservent leur primauté et leur préséance sur les approches et pratiques formelles...

Les diverses disciplines scientifiques, les nombreuses études et recherches menées apportent une contribution non négligeable sur la connaissance d'un monde Celte qui comporte encore bien des zones obscures, méconnues et inexplorées....

Nos ancêtres, servants de la Tradition, n'ont pas (heureusement pour ce qui me concerne) souhaité, et ce volontairement, figer leurs pensées et concepts par écrit, préservant celles-ci et ceux-ci de tout dogmatisme et favorisant toute évolution et expérience dans le temps et dans l'espace...

Leurs propres sources d'inspiration, d'enseignement et de conceptualisation relevant du Mythe et Celui-ci des éléments et des mouvements longuement et méticuleusement observés dans la Nature et dans l'Univers, cette pensée traditionnelle s'avère impérissable et se propage de siècle en siècle, d'un millénaire à l'autre, d'une génération à l'autre, ensemençant de ses graines de science et de poésie les êtres dont le terreau et l'humus accueillent en toute liberté et en tout désir la fertile présence...

Nous sommes là dans une dimension absolument « cosmique » qui n'a rien à faire avec la notion très restrictive et parfois enfermante « d'historicité »... Françoise le roux et CH J Guyonvarc'h, éminents spécialistes, nous rappelaient que le monde Celte était à considérer comme étant "anhistorique" (n'appartenant pas à l'Histoire, mais aux Mythes)...

La quête « celtique » est donc ouverte à un vaste éventail de possibilités.... Certaines nous rapprocherons de ce qui a façonné, à modelé, à mis provisoirement en certaines formes, à l'origine, la pensée celto-druidique, d'autres nous en éloignerons...

Se porter vers le plus « englobant » possible, vers ce qui associe étroitement Mémoire, Vie, Inspiration et Conscience à toutes mes faveurs !...

Nous devons à Jean Claude Cappelli une somme de recherches et d'études, d'investissements multiples, au service de notre Tradition, nous pouvons,certes, ne pas être toujours en accord avec ses conceptions, mais celles-ci ne manquent pas d'interpellations bienvenues et d'inspirations séduisantes dont il serait fort regrettable de se priver...

Si le « relationnel » peut parfois s'avérer difficile, (et il n'est pas le seul confronté à cette difficulté ; le mouvement druidique s'il s'améliore quelque peu globalement à encore fort à faire en ce sens), il n'en demeure pas moins que son « œuvre » mérite grandement notre attention et notre respect par ses nombreux apports, investissements et défrichements....

Le film "entretien" qui suit est proposé à votre attention et mérite celle-ci tout en étant soumis à votre libre arbitre et à votre libre critique et appréciation...

Je vous en recommande l'écoute en faisant abstraction de quelques propos parfois "parasitaires" qui retranchent plus qu'ils n'ajoutent à la qualité et à l'intérêt du propos et de la réflexion....

…....................................

ETRE DRUIDE : (Extraits)

Vivre poétiquement : (L'activité qui consiste à "faire" nous rappelle que ce terme même à le sens éthymologique de "faire en poésie " ! NDR)

« ...J'ai une vision poétique du monde et j'aime mettre un certain « esthétisme » dans ma vie... (une forme d'élégance à être) et cela ne relève pas du domaine des « apparences » ….

Oui, j'aime mettre de la poésie dans ma vie.... Je demande qu'on me laisse le droit de vivre ma vie en poète....

Mais, ce n'est pas pour autant vouloir « rêver ma vie »....

Un Druide, c'est un poète avant tout. (Un « docteur en science et poésie » N.D.R)

Il a une vision poétique de la Vie....

Brocéliande Huelgoat, Arbre et Forêt....

Brocéliande... Cela ne m'intéresse pas si ce n'est que c'est le cadre privilégié du mythe arthurien, ce qui est une source mineure d'intéressement dans la Tradition druidique d'aujourd'hui....

Mais, la forêt tient une grande place dans la Tradition celtique...

C'est le lieu de la Connaissance, le Temple...

La forêt et l'arbre sont les meilleurs modèles pour l'homme...

C'est la Nature, le Cosmos, qui nous fait naître à son image...

Dans la Forêt d'Huelgoat (le Haut Bois en breton.) (Le camp d'Artus, l'ancien oppidum des Ossisnes) :

Le Cosmos, la Forêt, sont particulièrement, pour nous, des « miroirs »...

La mémoire à une forte importance...Et je crois beaucoup à la Mémoire de la Terre , aux « écritures » qu'elle contient et renferment....

En ce lieu il y avait un oppidum et dans cet oppidum un sanctuaire et dans ce sanctuaire des « servants » qui étaient des druides...cela se « respire » ici....

C'est un lieu pour moi d'inspiration ; j'y fais souvent retour comme pour un pèlerinage...

Venir ici, c'est faire œuvre de mémoire...

C'est ici, en cette forêt de Huelgoat, sur cet Oppidum que se tient la stèle commémorant la mort de Victor Segalen (auteur, entre autres ouvrages des « Immémoriaux ») mort en cet endroit, comme ça, mystérieusement. (Il se serait vidé de son sang ayant été blessé par une branche qui aurait pénétré une de ses jambes...N.D.R)

(Ce fut une très lourde perte pour la littérature et la poésie et pour nous de plus car il avait commencé à élaborer une transposition des « immémoriaux » dans le monde celtique. NDR)

Le Druide (Le voyage expérimental d'une Conscience au service du Grant Tout)

Le Druide est aussi un philosophe (proche des pythagoriciens) ; c'est un savant qui s'intéresse à toutes les disciplines humaines et à tous les domaines de la connaissance... Il est doté d'une vision supérieure et « panoramique » sur son temps...

Moi, je suis druide aujourd'hui, mais l'immortalité, la réincarnation, cela ne m’intéresse pas et de toute façon je n'y crois pas... (Je partage volontiers cela tout dépendant aussi de ce que l'on conçoit du terme immortalité!... NDR.)

Les druides professaient l'immortalité et que, peut-être, la réincarnation existait ; je ne suis pas aussi sûr de cela...

Un auteur antique, je ne sais plus lequel nous dit que les druides professent et croient en l'immortalité de l'âme, que l'Univers est immortel mais, qu'à la fin des temps seuls le feu et l'eau régneront...

Cela veut tout simplement dire en vérité que tout retournera à un Grand Tout, à un grand Oeuf (de façon complètement indifférenciée) et que ne resteront en présence que les deux grands Principes opposés qui sont à l’œuvre et qui sont l'Ombre et la Lumière lesquels demeureront actifs et c'est tout......

Je ne suis pas athée... Si je devais avoir un Dieu, je pense que ce serait l'Univers... Comme c'est, le Cosmos, l'Univers, qui m'a fait naître à son image, à la fin de ma vie, je ramènerais le fruit de mes expériences vécues auprès du Grand Tout pour l'enrichir...

A la fin de mon existence je retournerai à cette grande Source qu'est l'Univers. Je ne suis qu'une petite part de cette grande Conscience qui sous-tend l'Univers et qui est « en voyage », c'est tout... Une simple part qui fait son « voyage » existentiel afin de faire et de connaître des expériences qui apporteront à cette « Conscience » les fruits qui en résulteront...

Pour moi, le Cosmos, l'Univers, est un être vivant...

(Voici une conception clairement formulée et qui m'apparaît majeure ; c'est une approche conceptuelle qui me convient parfaitement....et qui conjoint, à un sommet de convergences d'entendements majeurs, des données traditionnelles, métaphysiques, physiques et quantiques et, qui à mon sens, sont proches de ce que percevaient aussi les Druides initiés à ces dimensions évidentes pour eux, mais difficiles à transmettre si ce n'est dans un cadre hautement « initiatique »..........N.D.R)

Je ne vois pas d'ailleurs en quoi cette « conception » tout à fait recevable et pertinente serait de nature à faire passer l'auteur pour un druide de pacotille et d'opérette (selon ses dires) et ce, auprès des autres druides ni en quoi elle devrait subir par ailleurs les « foudres » de ceux-ci ! ? NDR)

Au sommet du Mont St Michel (près de St Michel de Braspart)

Comme beaucoup de Monts dit de St Michel, il s'agit de sommets jadis consacrés au Dieu Lugh ; ce sont des monts de la Lumière...

C'est pour cela que j'ai autant de plaisir à venir en ce lieu...

C'est ici aussi qu'en 1990, j'ai assisté ici et pour la première fois à un rituel druidique (A Beltaine) avec un groupe (appelé « Ceux du Pommier ») réunit autour du druide de la Gorsedd de Bretagne Gwenc'hlan le Scouëzec... Ce que j'ai vécu et vu ce jour là m'a complètement confirmé dans mon désir d'être druide....

Ce lieu à une résonance particulière pour moi parce que bien que recouvert par le patronage de St Michel, ce dernier ne tue pas le dragon qui s'y trouve, mais l'apprivoise, le maîtrise afin que les forces de celui-ci soient mises à son service. Il s'agit de ne pas tuer les forces de l'égo, mais de les mettre au service de l'être...

C'est

(Tous les saints, loin de là, ne procèdent pas ainsi et la plupart du temps le dit dragon est tué ou jeté dans les abysses et abîmes et c'est là une image récurrente de la lutte incessante menée par le christianisme contre le paganisme au cours des siècles. NDR)...

Nous sommes là sur des lieux particulièrement évocateurs qui sont chargés de symboles.

Souvent les gens me disent « mais comment il faut faire pour être druide ? » Et bien je commence par leur dire et bien il faut mettre vos chaussures de marche et marcher, marcher, marcher parce que le druidisme, ça rentre par les pieds, ça rentre par la route, voilà et donc cheminer...

Les Monts d'Arrée :

C'est sur les monts d'Arrée le lieu que je préfère, c'est là aussi que j'ai célébré mon premier rituel.... (Au Roc'h Gléguer)..Cela fait partie de mon histoire... C'est vraiment là que j'ai compris que le druidisme c'était ma vie... Le druidisme c'est vraiment mon véhicule de voyages.... C'est vraiment la façon dont j'ai choisi de voyager dans ce monde, dans cette Vie, et ça commence là...

Je reviens comme pour un pèlerinage vers les origines de la Tradition qui m'inspire donc celle des Celtes et des Gaulois ; la « Grande Histoire » pour moi et je reviens vers les lieux de ma « petite histoire », là où j'ai découvert le druidisme...

Lors de la fête de Beltaine qui fut ma première cérémonie organisée dans le cadre de « Ceux du Pommier » animé par le « Grand Druide » Gwenc'hlan le Scouëzec (un sacré bonhomme!), j'ai pris la grande claque de ma vie. J'ai compris de suite que c'était ce que je voulais vivre...

Dans un autre domaine, tu as des gens qui viennent faire des stages afin d'avoir une conscience modifiée... c'est horrible !

Aujourd'hui on te dit : ha, l'avenir, c'est l'homme « augmenté » mais on se prépare plutôt à un homme « diminué »...

Moi, je ne veux surtout pas avoir une conscience modifiée, je veux avoir une conscience d'homme, une conscience naturelle qui me permet effectivement de voir dans tout ce qui est autour de moi un poème, pas un rêve, un poème ...

Ma vie est un poème même si je suis un très mauvais poète !...

Il est inutile de prendre des drogues pour cela...

Moi, toute ma philosophie druidique est centrée sur l'initiation guerrière et royale. Je pense que l'on ne peut pas comprendre le druidisme et le monde des Celtes si l'on n'intègre pas la notion celtique de la royauté donc le monarque, pour moi, c'est très important...

J'ai décidé d'écrire sérieusement sur le druidisme. J'en ai marre de ces questionnements, de ces questions qui sont : C'est quoi être druide ? Comment on devient druide ?...

J'ai décidé d'expliquer cela, je l'ai déjà fait, mais je souhaite le faire mieux... A partir d'une trilogie...

De cœur, les Celtes, les Gaulois, ce sont vraiment mes ancêtres...

Moi, je suis un amateur éclairée de l'Histoire, c'est tout...

J'essaye de voir dans les travaux des historiens, des archéologues,de voir s'ils sont réellement nos ancêtres ou pas...

Moi, je dis, je prends ces travaux à bras le corps comme on prend sa vie à bras le corps...

Souvent on me dit : mais c'est quoi la journée d'un druide ? C'est la journée de tout à chacun...C'est-à-dire pour moi, la direction que j'ai décidé de suivre dans le druidisme, c'est la voie de l'étude et de la philosophie, de l'Histoire, d'essayer de comprendre quel est le génie propre de la Tradition celtique...

Et je passe tout mon temps à cela...

Moi d'abord, mes sources sont d'abord celles des auteurs anciens, celles des auteurs Grecs et Latins... Moi, aujourd'hui, ma base de travail ce sont des gens comme J CH Guyonvarc'h, des philologues, des historiens, des archéologues, on ne peut pas faire autrement.... et puis après, il y a mon âme de poète... Je fais travailler mes deux cerveaux, j'essaye...

On a, dit-on, un cerveau gauche qui serait plutôt le domaine de la raison et un cerveau droit celui de l'intuition... Aujourd'hui, on oppose ces deux parties de nous-mêmes... On est complètement dans le ressenti, dans l'intuition et on veut plus du tout avoir à faire avec la raison...

Moi, je fais travailler mes deux hémisphères avec les bouquins des historiens, des archéologues et puis avec les livres, les travaux des folkloristes qui réellement ont fait un travail fabuleux sur les Traditions populaires et avec ce que l'on peut encore connaître des Traditions initiatiques encore véhiculées aujourd'hui....

Cela fait trois sources et pour moi le nombre trois c'est le nombre parfait d'équilibre...A l'aide de ces trois sources, moi j'essaye finalement, tout bêtement, j'essaye de trouver du sens à cette vie... c'est tout. J'essaye de marcher sur mon propre chemin, mais c'est du boulot...

Retour au Huelgoat :

Ici, au Huelgoat, on fait un voyage de 25 siècles dans notre histoire et donc dans notre mémoire...

La forêt de Paimpont, c'est de la roupie de sansonnet, c'est un miroir aux alouettes, ça ne vaut rien...

Mais là, dans la forêt d'Huelgoat on est à la fois en plein mythe, en plein mystère, en pleine histoire...Et ça, c'est vraiment fabuleux...

Il n'y a qu'un autre lieu en France qui me fait l'effet du Huelgoat, c'est le Mont Beuvray dans le Morvan qui fut avec Bibracte la capitale des Eduens... La forêt du Houelgoat (les Monts d'Arrée) et Le mont Beuvray ce sont des conservatoires de notre mémoire occidentale...

A propos de la diabolisation de la figure de Cernunnos par le christianisme :

Cette haute figure celtique diabolisée par les Chrétiens a fait que les deux principes ont été séparés. On sait qu'il ne peut y avoir de feu sans eau et inversement ni d'ombre sans lumière de même...

Le monde chrétien nous a fichu dans la dualité, une dualité qui n'offre plus de possibilité d'équilibre. On est plus dans le trois qui équilibre, on est plus dans le ternaire qui équilibre les contraires... On a deux contraires irréconciliables...

Dieu nous disent les Chrétiens à créer le monde, mais le monde va mal manifestement. Si le monde va si mal cela veut peut-être dire que Dieu à le diable au corps !...

En fait, l'Univers est un être vivant, un être conscient , c'est celui-là que moi je vais appeler dieu et il a toutes les potentialités en lui, cela veut dire qu'il a l'ombre et la lumière en lui, il a le feu et l'eau en lui, il a Diable et dieu en lui, voilà et c'est tout...

Cernunnos est imprégné des ténèbres, des mondes souterrains...

Dans le Chaos d'Huchon (La Perle du Morvan) face au Mont Beuvray... (un lieu vraiment gaulois qui vient du gaulois uxello « élevé » y compris sur le plan spirituel.)

Comme l'indique Henri Vincenot dans le Pape des Escargots Huchon est une étape de la « Gazette ». C'est une des plus belles vues sur le Mont Beuvray...(Un haut lieu de l'Histoire de France)

Jean Thos animateur du collège druidique des chênes de la forêt de Brocéliande créé en 1950 à la fontaine de Barenton disait :

« Le jour où l'on sera dans le rythme on aura plus besoin de rites. » Je pense que c'est à cela que doit nous conduire le druidisme aujourd'hui...

Je pense que les grandes invocations aux grands dieux, aux grandes déesses ne servent à rien... Moi, ma terre et ma chair, c'est pareil... Quand on a essayé, qu'on a réussit parfois à faire Un avec sa terre, donc, on fait un avec le cosmos, donc effectivement on n'a plus besoin de tout cela, ça fonctionne tout seul...

Mais par contre, parce que aujourd'hui, à mon avis il y a une dérive dans ce qu'on appelle le druidisme ; le druidisme New-Age, qui consiste à dire ben il n'y a qu'à mettre ses mains comme cela et tout tombera du ciel. On a plus besoin de culture, on n'a plus besoin de lire, on n'a plus besoin d'apprendre...

Ben si, car l'essentiel, c'est la culture. Ce que l'on a retrouvé d'abord, c'est une culture. Si on veut avoir un enracinement spirituel, il faut avoir une culture... Quand on a récupéré cette culture là, on est complètement investi de sa terre, et là, Terre et chair ne font plus qu'un. Voilà le but pour moi...

Quand je dis « Terre » ; c'est la Nature, c'est le Cosmos...

A Autun (Augustodunum)

Les romains ont créé cette cité pour détrôner le Mont Bibracte...

La légende dit que la tour (en forme de pyramide évaluée à 22 m de hauteur et datant du 1er siècle de notre ère et recouverte d'une sorte de calcaire blanc qui la faisait briller sous le soleil) serait la tombe du seul druide antique connu historiquement et cité par J César : le druide éduen Diviciacos....

Retour à Bibracte :

Moi je pense que tous ceux en France qui voudraient devenir druide devrait venir ici dans une sorte de pèlerinage, dans une sorte de quête de mémoire. Moi j'ai eu la chance de naître pas loin (dans l'Allier à une cinquantaine de kilomètres d'ici)... C'est un lieu gravé en moi... (Ici, c'est ma terre et ma chair.)

Je pense que, pour moi, c'est la source celtique par excellence...Ce mont Beuvray...

Aujourd'hui on a deux idéologies qui s'affrontent depuis les années 90 sur le sujet relatif à nos ancêtres. Certains disent « nos ancêtres sont gaulois » et d'autre qui affirment « nos ancêtres sont tout sauf gaulois.»... On doit pouvoir réconcilier ces deux formulations... Mais, toutefois, on retrouve dans les noms des grandes villes, des grandes régions, des noms issus des peuples gaulois qui les occupaient il y a 25 siècles !...

Il faut revenir sur cette idée que nos ancêtre sont tout sauf gaulois... Pour cela il faut s'attaquer à une reconquête de mémoire... Nous sommes, en général, des amnésiques... On a un important travail de mémoire à faire... (Lire les Religions Gauloises de l'archéologue Jean Louis Bruneaux.)

Le Livre de la Nature :

Je crois que réellement nous sommes faits à l'image de la Nature. C'est Elle qui nous a fait naître... La nature nous dit réellement comment il faut qu'on se conduise...Le soleil, la lune de même... Ils évoluent toujours entre deux extrêmes, mais à chaque fois, il nous présentent deux paliers d'équilibre... Que nous dit l'Univers ? N'essaye pas d'être tout blanc ou tout noir, essaye donc déjà de faire l'équilibre et on pourra commencer à travailler sérieusement...

La nature, le Cosmos, nous présentent un miroir en nous disant regarde comment je fais...

De l'Arbre :

Pour moi l'arbre est très parlant. C'est un enseignant l'arbre... Nous sommes des arbres inversés...

J'ai l'habitude de dire, nous les hommes, nous sommes des arbres...nous descendons de lui...Nous sommes des racines mobiles... Nos racines, c'est cette culture que cette terre nous a apportée...Nous avons la tête dans les étoiles et les pieds dans la terre... Notre différence c'est que nous pouvons faire l'expérience du monde en se déplaçant...

Ce qui se passe dans l'arbre tient de la transmutation alchimique avec la sève brute qui se transforme en sève élaborée sous l'action de la lumière... Pour moi c'est un principe totalement alchimique...

Bois et connaissance sont proches en langues celtiques...

Le mot druide de même ; le druide c'est celui qui connaît l'arbre, mais ils 'agit ici de l'arbre cosmique...

Le druide n'est pas celui qui comme les gogos s'en va embrasser les arbres et leur parler...

C'est celui qui connaît le pilier entre le monde des humains et le monde des dieux...

Du Roi Celte :

Le roi Celte est aussi et réellement un axe par lequel les bienfaits du divin se répartissent sur la terre donc, en fait, le roi c'est un arbre. Comme le roi Biturige Ambigat (Ambigatos) qui a le sens de celui qui combat et voit des deux côtés, dans les deux directions , il est « polarisé » avec un aspect sombre et un aspect lumineux. Il incarne l'axe du monde. Il est le gardien de l'axe du monde et est lui même cet axe...) Et son royaume doit s'organiser autour de lui dans l'harmonie et la prospérité comme notre globe terrestre tourne autour de l'axe polaire...

Dans la classe guerrière l'ours est un symbole royal...Cela a aussi une connotation polaire...

Dans l'arbre il y a bien sûr une connotation polaire, astronomique et cosmique que l'on va retrouver dans d'autres traditions d'ailleurs... Mais cela est particulièrement magnifié dans la Tradition celtique...

Donc, la forêt c'est le lieu de la connaissance par excellence... la forêt est un lieu d'enseignements.. je ne conçois pas un druide sans forêt... Le druide, c'est celui qui connaît l'arbre...

Une autre proposition sur le mot druide est celle de CH J Guyonvard qui rapproche deux termes sanskrits Dru et Vid lesquels signifient une connaissance, drue, vive, intense...

(le Druide serait le très savant, le très connaissant. NDR)...

C'est vraiment un philosophe qui a une connaissance panoramique de son temps...

Comment on fait pour pouvoir retrouver l'harmonie avec le cosmos ? Une connexion "Terre et Chair" :

Le druidisme pour moi, c'est vraiment une philosophie religieuse, ce n'est pas pour moi une vision ethnique... C'est une philosophie qui n'est pas attachée à une ethnie, mais à une terre...Et pour moi, la terre, c'est très important. C'est cette terre là qui a fait en sorte que des gens appelés Celtes sont voulu essayé de traduire ce qui se passait avec elle, leurs relations avec elle...

C'est une relation suscitée par la terre elle-même, par tout ce que l'on a autour de nous... C'est une vison attachée à une terre... Pour moi, celui ou celle qui se sent appelé par cette vision du monde que l'on appelle druidisme peut s'en emparer et peu importe ses origines...

Afin de se relier à ce cosmos, on a ce que l'on appelle une liturgie ; un terme qui comme le mot prêtre ou le mot dieu n'appartient pas aux "religions du livre". C'est un vocabulaire qui appartient à tout le monde...

Moi je n'ai aucun problème à dire que le cycle des fêtes druidiques, c'est un cycle liturgique... Un cycle lié au cycle des saisons...Si l'on veut se connecter, se relier au cosmos, il vaut peut-être mieux pour cela se relier aux cycles de la Nature...

On a quatre grandes fêtes celtiques dont on est à peu près sûr, quatre fêtes d'ouverture de saison...avec les équinoxes et solstices qui marquent le milieu des saisons....A certaines périodes et saisons le ciel ensemençait la terre...

Huit fêtes qui sont huit maillons d'une même chaîne qui va correspondre à un processus religieux...

Ces rites, ces huit fêtes nous aident à nous remettre dans le rythme du cosmos alors qu'aujourd'hui tout nous pousse à ne pas être dans ce rythme...

Le druidisme , une réponse à la soif de spiritualité...

Le druidisme est une école de pensée qui peut nous aider à nous délivrer du joug des religions même si je considère que le druidisme est une sorte de philosophie religieuse...

J'ai trouvé effectivement dans la réflexion, en me posant des questions sur la Tradition, sur la religion de mes ancêtres, j'ai trouvé une réponse à ma quête, à ma soif de spiritualité...

Je pense que s'intéresser à la Tradition de nos ancêtres cela peut nous permettre effectivement d'essayer de vivre le message qu'ils nous ont transmis même si la mémoire qu'ils nous ont transmis est une mémoire partielle, elle est apte à pouvoir nous aider à trouver notre place dans cet Univers... La voie du druide est une boîte à outil apte à nous aider à nous construire...

Je pense que jusqu'à la fin de mes jours je m'interrogerai sur ce qui s'est passé ici sur le Mont Beuvray pour pouvoir savoir comment moi je peux naviguer dans cette grande aventure qu'est la vie... Et c'est comme cela que l'on peut réussir à se remettre en liaison avec la terre qui nous a vu naître et qui est effectivement porteuse de messages...

Moi, quand je suis ici, tout évoque ma mémoire...Tant que je ne sais pas ce qu'est le Mont Beuvray sur un plan culturel et historique, j'ai aucune chance de pouvoir me relier vraiment à la Tradition de mes ancêtres et de me relier au génie propre ; à l'intelligence, à la conscience de ce lieu...

Tant que je n'ai pas fait ce travail de réintégration de mémoire qui passe par l'acquisition d'une culture, j'ai aucune chance de pouvoir respirer au rythme de la respiration de ma terre, c'est le sang qui coule dans mes veines, ; On ne peut pas être simplement dans une attitude de vacuité passive..

Ce vase que nous sommes, pour le remplir, faut pas attendre que cela tombe du ciel... Il faut aussi attendre cela, il faut aussi demander à ce génie de la terre d'être présent, mais il faut aller au-devant de l'Histoire... Nous, pour vivre en druide, pour être druide aujourd'hui on doit avoir lu les auteurs anciens, on doit avoir lu la Guerre des Gaules, on s'intéresse à la mythologie irlandaise...

Toute cela ça peut rester de l'ordre du mental, de l'intellectuel, mais alors après, il faut effectivement devenir un poète...

Devenir un oeuvrier, car il s'agit bien de se mettre à l’œuvre...

De l’œuvre et de l'oeuvrier :

Par exemple les gens qui sont avec moi en druidisme, je leur demande de traiter un sujet sur la Tradition celtique et puis, après, je leur demande de faire une œuvre (c'est là l'ouvrage du barde) ; une œuvre dans laquelle il va pouvoir concentrer tout ce qu'il a compris avec le travail intellectuel mené...

Dans cette œuvre on doit retrouver l'essence du sujet qui a été traité, mais, sans les mots... Cela doit nous émouvoir...et nous faire percevoir ce que l'oeuvrier qui a réalisé l’œuvre à vécu au cours de sa réalisation...

Il ne s'agit pas seulement de voir si l'oeuvrier à réfléchit, mais s'il a intégré dans l’œuvre sa réflexion...

Certaines personnes me disent : « on veut être co-créateur avec vous. Ca va pas, non ! »

Toutes les potentialités du monde sont à l’œuvre et on ne fait qu'accoucher quelque chose qui existe déjà, on lui fait prendre forme..

C'est finalement accoucher de la mémoire de cette terre et montrer ainsi qu'elle est toujours là, vivante et capable de nous édifier...

Après, il n'y a plus de mots ; on est en « Terra incognita », on navigue en terre inconnue après......

On me demande depuis peu et c'est assez intéressant : qu'est-ce que le druidisme a changé dans ta vie ? Pour moi, cela n'a rien changé, car il était déjà en moi depuis mes 10 ans, mais je ne le savais pas... Ce que cela a changé ? Ça a révélé quelque chose... Ça a révélé la quête tout simplement...

Je ne pense pas qu'il y ait des hommes et des femmes qui puissent initier d'autres hommes et d'autres femmes ; tout ce qu'ils peuvent faire, c'est recevoir dans une école initiatique celui ou celle qui s'est mis déjà en route bien avant....

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28/05/2020

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