Ce qui sous-tend la musique bardique partie 1
REFLEXIONS BRAN DU Documents en préliminaire à suivre donc
MUSIQUE du Monde Celte (Ce qui la sous-tend et fait qu'elle fût, est et sera cela !....)
« Au commencement était le son…
Les trois voyelles IOW quand elles chantèrent aussitôt les êtres et les choses se précipitèrent dans l’existence avec allégresse… » Paul L’Admirault (le Livre du Bardisme, abrégé du Barddas gallois 1931
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« Le son est la première vibration sensible issue selon les druides d’un abîme primordial ; d’un fond de résonance. Le son véritable du monde génère un cinquième élément : le « vent druidique » ; un vent activé par incantation. Toute la nature participe d’une chant vaste et alterné que les druides mettent en contact direct avec la réalité sonore de l’univers. »
« Le son musical est une vibration qui agit plus sur la nature de l’être que sur les organes physiques. …/… Le barde exprime le caractère cosmique de la musique. …/… Le corps tout entier du barde est préparé et initié, il devient un « résonateur« au moyen d‘une respiration intense qui « avale et recrache l‘univers » en cultivant ainsi une sorte d‘extase.» « Retiré dans une caverne, il tente d’acquérir la voix juste guidé par l’idée de l’abîme primordial." Myrdhin : Les Musiques des Pays Celtes
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« …/… Ils tiennent (les Celtes) leur assemblée avec de la musique, demandant à cet art le moyen d’adoucir les cœurs. » Scymnus de Chio (observateur grec du 3è siècle avant notre ère)
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« Le monde tend à produire un état de transe. Les principes supranaturels s’expriment dans des proportions particulières… Des rapports similaires sont utilisés pour la division du temps dans les rythmes. Des formules rythmiques très définies sont à la base de toutes les formes de danses extatiques… Cette conception de l’influence psychologique et morale des modes étaient commune à l’Inde comme à la Perse, aux Grecs comme aux Celtes. » Alain Daniélou
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« Toute musique de bonne qualité était capable d’endormir magiquement ses auditeurs…. Les harpistes avaient rang d’hommes libres… Ils faisaient partie de la classe sacerdotale parce que la musique est une technique et, dans son état de perfection, une technique de l’Autre Monde… »
La musique est la manifestation terrestre de l’Autre Monde. Les oiseaux chantent tous une musique divine. Quand les gens du Sid se montrent sous une apparence humaine, ils maîtrisent cet art difficile entre tous. Cette musique est jouée par les « Messagères de l’Autre Monde. » Elle est en général indistincte du chant vocal. Elle peut provenir aussi du rameau ou de la branche de pommier que tient la « messagère » venant chercher l’élu. »
Le songe d’Oengus : « Il vit un tympan dans sa main, la plus belle qui fût. Elle lui joua de la musique et il s’endormit » « Ils partirent sous la forme de deux oiseaux blancs et ils allèrent au Brug du Mac Oc. Ils chantèrent ensemble de la musique et ils plongèrent les hommes dans le sommeil pendant trois jours et trois nuits. Puis la jeune fille demeura avec lui. »
Il n’y a pas d’assemblées celtiques sans musicien. Traditionnellement la musique est au Sud et la poésie au Nord. En Irlande quiconque possède un art est mis au rang des dieux. Le musicien concourt par sa musique à l’abolition du temps." Textes mythologiques irlandais
Christian J GUYONVARC’H (les Druides)
La Navigation de Bran (extrait)
…/… Des couleurs de toute teinte resplendissent
A travers les plaines aux voies enchanteresses ;
La joie est habituelle ; tout autour de la musique
Dans la Plaine du Sud de la Nuée d’Argent…
On n’y connaît ni tristesse, ni trahison
Dans le pays bien connu du plaisir
Il n’y a aucune parole rude et grossière
Rien qu’une agréable musique qui frappe l’oreille… …/…
Des trésors et des richesses de chaque couleur
Sont dans la terre, beauté toute de fraîcheur ;
On y écoute une musique douce
Tout en buvant des vins exquis…. …/…
Ils viennent vers la pierre visible
D’où viennent cent musiques… …/….
On chante un refrain à l’armée
A travers les longs siècles ; elle n’est pas misérable.
Il s’augmente de la musique de cent chœurs.
On n’attend ni reflux ni mort… …/…
Quand il a entendu le son de la musique ;
La douce chanson des oiseaux dans la grande tranquillité, Un chœur de femmes descend de la colline
Vers la Plaine des jeux… …/…
On écoute la musique dans la nuit
Et l’on arrive dans l’île aux multiples couleurs
Pays magique, splendeur d’un beau diadème
D’où brille la nuée blanche… …/…
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La Veillée de Fingen Airne Fingen (Textes mythologiques Irlandais) extrait
…/… « Quelle autre merveille y-a-t-il, ô femme ? » dit Fingen. « Ce n’est pas difficile » dit la femme « il est venu trois fois neuf oiseaux avec des chaînes d’or rouge et ils ont fait retentir une musique merveilleuse sur les murs de Tara si bien qu’il n’y aura ni tristesse, ni chagrin, ni angoisse, ni crainte, ni absence de divertissement pendant tout son temps à Tara. »
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Les « migrations » de Taliésin extrait :
…/… « J’ai été le vent qui souffle sur la mer
J’ai été vague dans l’océan
J’ai été le murmure des flots
J’ai été corde de harpe… »
« Taliésin exprime ici son sentiment de solidarité avec le cosmos lequel confère au barde la faculté de reproduire le son des choses. » Myrdhin
Mabinogi : Branwen verch Llye extrait
…/… « Trois oiseaux viennent leur chanter un chant en comparaison duquel tous les autres étaient sans valeur. Les oiseaux étaient pour eux une vision lointaine au-dessus de la tête des vagues au dehors et ils leurs étaient aussi distincts que s’ils avaient été avec eux… »
(Ces oiseaux viennent du Nord de l’Autre-Monde ; ce sont des cygnes qui chantent une musique merveilleuse… Comme les oiseaux de Rhiannon ils endorment les vivants et réveillent les morts…)
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Le Dagda a, entre autres attributs, une harpe :
« La harpe était là, accrochée au mur. C’est dans cette harpe que le Dagda avait lié toutes les mélodies et elles ne retentirent pas avant que le Dagda, par son appel, ne les ait nommées, en disant :
Que viennent Daurblada
Que vienne Coir, Cethar, Chuir
Bouche de harpes, et sacs et cornemuses… »
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« Que les armes s’unissent, que les rangs se forment, que le combat commence, en avant les braves, en avant les forts, en avant les bons… » Chant du barde pour mener les hommes au combat (textes mythologiques irlandais)
Le chant comme les trompettes de guerre à tête de sanglier (Carnyx) et les cris étaient employés pour « paralyser l’ennemie » … Le barde exaltait le courage et était chargé de l’éloge des héros et de la tribu, des chant de la victoire mais aussi du chant des morts….
Chaque guerrier aurait eu un chant pour son épée et un autre pour accompagner le jet de son javelot.." Jean Marie Ricolfis (les celtes)
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« … Souvent, sur les champs de bataille, au moment où les armées s’approchent, les épées nues, les lances en avant, ces bardes s’avancent au milieu des adversaires et les apaisent, comme on fait des bêtes sauvages avec des enchantements. » Diodore de Sicile (Histoires)
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« Tout musicien qui réussit à faire de l’éclosion florale printanière plus qu’une surprise, des forêts armoricaines ou calédoniennes plus qu’un miracle, toute musique qui rend sensible l’immense tragédie humaine, qui nous fait sentir que la vie et l’amour sont l’œuvre de quelques causes suprêmes, que la nuit, le feu, l’orage sont des dieux manifestes, ce musicien là mérite une écoute respectueuse… …/… Les Celtes ont su greffer le subtil et l’exquis sur le profond et le vital… L’objet des musiques des pays celtes est une stimulation de notre imagination envers la vie… Leur musique, c’est la magie de cette vie, les mouvements vitaux de la terre, la traversée d’un monde multicolore suspendu entre la terre et le ciel où des milliers de mélodies et d’airs à danser se mêlent à la nature. » « Oui, la saga celtique est musicale et Merlin le meilleur harpeur de tous les temps. » « L’imagination du barde provient d’une lucidité spirituelle et non d’un délire fiévreux. Le musicien n’est qu’un médiateur entre le monde d’en haut et le monde d’en bas. »
Myrdhin Les Musiques des Pays Celtes Ed Ouest France
Parmi les « terribles nouvelles » annoncées par le File (Barde en Irlande) :
« Je verrais un temps qui ne me conviendra pas… …/…
La musique tournera en grossièreté. »
Le Dialogue des Deux Sages (extrait)
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Ce que nous en dit Philippe JOUET dans le Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtique :
« Le chant est intimement lié au savoir et à l’enseignement…
Les dieux celtes vivent en musique, c’est un de leurs moyens d’action…
C’est l’art chéri des sociétés celtiques. La musique trouve son application dans tous les domaines de l’activité humaine. La religion celtique, sans nul doute, lui réservait une place importante…
Il y a trois effets de la musique conçue selon trois modes « joie, douleur et sommeil » (Rire, sommeil ou lamentation)… Ce sont trois état analogiques de l’éveil et de la mort… (Cette classification serait la résultante de la naissance d’un enfant faisant connaître à sa mère ses Trois états…) C’est un « condensé » sous forme de triade des composants essentiels et des émotions de l’être humain…
L’appel du Dagda qui fait mouvoir sa harpe inaugure par cela même la Belle saison… Le son momentanément confisqué par les Fomoire (ils ont dérobé la harpe du Dagda) va de nouveau remplir l’univers grâce à l’action de la harpe du Dagda qui répondant à l’appel de celui-ci revient vers son maître en tuant neuf Fomoires à son passage…
On peut appeler « musique de l’Aurore » l’ensemble des manifestations sonores qui accomplissent le passage d’un cycle temporel à un autre. (Boand serait la mère et la patronne de cette musique aurorale)
La harpe : Uaithne en irlandais à le sens de concordance (harmonique)
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T Jigourel Encyclopédie de l’imaginaire celtique… L’Enchantement (extrait)
«La musique celtique est réellement une manière d’être et, comme la danse à laquelle elle est à juste titre associé, une seconde nature. Un vecteur d’accès à l’Autre Monde. Elle appartient, elle aussi, de plain-pied au monde de la magie ; une magie qui opère aujourd’hui comme hier. »
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Donatien Laurent / Michel Treguier La Nuit celtique (extraits) Ed Terre de brume
« Tout beau, bel enfant du druide ; Réponds-moi tout beau, que veux-tu que je te chante ? » Ar Rannou les Séries ( Barzaz Breizh)
« O chefs ! J’ai trop vécu. Quand l’aube renaîtra, je vous aurai rejoints dans la nuée éternelle, et comme en mes beaux jours, ma harpe chantera. » Leconte de l’Isle Le Barde de Temrab (Poèmes barbares)
« Ossian ! Ossian ! Lorsque plus jeune encore / Je rêvais de brouillards et des monts d’Inistore ; Quand, tes vers dans le cœur et ta harpe à la main / Je m’enfonçais l’hiver dans les bois sans chemin. » Lamartine
« Sur les monts de Calédonie, le dernier Barde qu’on ait ouï dans ces déserts me chanta les poèmes dont un héros consolait jadis sa vieillesse. Nous étions assis sur quatre pierres rongées de mousse ; un torrent coulait à nos pieds. Le chevreuil passait à quelque distance parmi les débris d’une tour, et le vent des mers sifflait sur la bruyère de Cona. » Chateaubriant
« …/.. Je suis la parole de la poésie… » Chant du barde Amorgen (Livre des conquêtes)
« Le Senchas des irlandais qui l’a conservé ? La mémoire commune de deux anciens, la transmission d’une écoute à l’autre, le chant des poètes… » Ancient Laws of Ireland
De Sencha (Le plus éloquent des hommes de la terre) : « Sa voix est aussi mélodieuse qu’un musicien. Il a une élocution sonore et lente. …/… Les hommes du monde, du levant au couchant, ils les pacifient par trois bonnes paroles. » Dion Chrysostome ( Oratio)
« …/… Il y a encore des lettrés qui n’ont pas lu les chants sublimes devant lesquels, convenons-en, nous sommes comme des nains devant des géants… Qu’est-ce donc que cette race armoricaine qui s’est nourrie (…/…) d’une telle moelle ? Nous la savions bien forte et fière, mais pas grande à ce point avant qu’elle eût chanté à nos oreilles. …/… Au-dessus du monde de l‘action et de la pensée plane le rêve.» Georges Sand
« Les celtes pleurent plus de défaites qu’ils ne chantent de victoires… jamais on n’a savouré aussi longuement ces voluptés solitaires de la conscience, ces réminiscences poétiques où se croisent à la fois toutes les sensations de la vie, si vagues, si profondes, si pénétrantes, que pour peu qu’elles vinssent à se prolonger, on en mourrait sans pouvoir dire si c’est d’amertume ou de douceur. » Ernest Renan
Le Dialogue des deux sages (extraits)
« - Quel art pratiques-tu ?
…/… Nourrir la poésie.
…/… Courtiser la science et l’art universel.
Diffuser la connaissance, épurer la parole… »
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Yvan Guehennec Les Eléments du Barde Ed Label LN extraits
« Un jour, alors qu’il était dans les environs de sa forteresse Bran s’en vint à sortir seul, il entendit alors une musique derrière lui, mais à chaque fois qu’il regardait dans son dos, la musique venait toujours de l’autre côté. A la fin il finit par s’endormir, tellement elle était douce. » Imram Brain Maic Febail le Voyage de Bran fils de Febal VIIIè siècle
« Je suis honoré de louanges, on écoute les chansons dans la forteresse aux Quatre Pics, quatre fois on fit le tour. C’est du chaudron que ma poésie fût déclamée. » Les dépouilles d’Annwfn (Le Livre de Taliésin)
« La harpe de Teirtu « résonne toute seule et fait silence quand on souhaite pourtant l’entendre. » C’est l’un des talismans magiques que doit conquérir Culhwch dans Culhwch et Olwen (Pays de Galles)
L’auteur nous rappelle ou nous apprend ceci :
L’acte premier est le conte ou le chant qui sont l’expression de la parole vraie.
Le moindre terme est porteur de sens.
Parler c’est « ordonner, mettre en ordre »…
C’est la fonction qui fait le dieu et non l’inverse (et il est de même pour le druide et le barde)…
Le silence est aussi un « acte de puissance »…
Les Trois airs ; celui qui fait rire, celui qui fait pleurer, celui qui fait dormir, nous ramènent à la cosmogonie celtique dans laquelle la musique, les couleurs, les paroles, les gestes mêmes, possédaient une connotation religieuse très forte…./…
Cela s’inscrit dans la structure celtique formulée en triade : la Pensée, la Parole, l’Action ou la Réalisation…
Il y a eu des bardes primordiaux appelés Cynfeirdd (bardes premiers ou « bardes des origines », comme Taliesin, Aneirin ou Cian, ; ce sont des bardes mythologiques, ceux qui furent les récepteurs et transmetteurs du druidisme et du bardisme. A ceux-ci ont succédé d’autres bardes premiers les Gogynfeird lesquels ont joué un rôle essentiel dans la transmission de la Tradition… Ces derniers ont créé six catégories littéraires : l’éloge / La lamentation / Le poème religieux / la mise en garde / les chants pour les filles, les autres sujets aimés. Au Pays de Galles leurs homologues ont déterminé quatre types d’harmonie : l’harmonie du mouvement, du son, croisé et de biais…
Quelques termes à connaître :
Cubaid : en vieil irlandais à le sens d’accord harmonieux, d’harmonie, d’arrangement.
Aes Dana : Gens d’Art / Aes signifie gens, adultes, vie et Dana ; don de poésie, science, qualité artistique….
L’awenydd : c’est le poète inspiré. Tad aguen ou tad awen le terme plus ancien signifie le Père de l’Inspiration..
L’awen ae ; c’est le souffle de l’inspiration.
Le gorddodau c’est le chant prophétique de Merlin.
Berla c’est la Parole des lèvres une métaphore pour dire la Langue des poètes.
Kadiou est le nom du dernier barde connu dans l’Histoire de la Bretagne armoricaine. Il a vécu au milieu du XI siècle.
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