Celui-là qui s'en vient, brillant en son front... BARDI Bran du Novembre 2014
(Hommage à Taliésin) Bran du Nov 2014
"- Que nous chantes-tu là
O barde aux yeux d'étoiles et de braises ?
- Cinq rivières sont mes doigts ;
Cinq coudriers y puisent leurs racines
là où le saumon renouvelle ses écailles...
La colline est à mes pieds
comme un coquillage sur la grève ;
comme l'homme devant la mort
tout ruisselant de nacre et de sel...
Neuf fois sept aurores, neuf fois sept crépuscules...
Le gué je l'ai franchi,
Monté sur l'échine de la lune, attelant le char du soleil...
Mon empreinte sur la berge indique le passage,
mais celui-ci s'efface à la fonte des neiges !...
Longue ma main, larges mes paumes...
Le cygne y vient boire l'eau de mes pensées...
Clair est son flux, clairs ses feux, tous deux à vous répondre...
Grand bien en cela pour les lèvres qui s'y portent
Cherchant miel pour leur faim et bière pour leur soif...
- D'où je viens ; vous le savez !
Le cerf l'a clamé dans les bois de novembre...
Le faucon est sans proie
quand mon regard se porte au devant de ses serres ;
Quand je foudroie le vide de ma flèche de saule...
L'été est mon pays que mon esprit moissonne...
Vaste est le ciel pour les ailes qui savent...
Néfaste est le jour qui me ferme sa porte,
mais belle la femme qui creuse ses flots en mon lit...
Je suis le régent d'un royaume d'écume...
Le vent est mon domaine ; la brume mon séjour...
Paissent mes pensées sur la montagne du Don...
De mousse est le nid où s'enlacent mes rimes...
J'ai figure de corbeau à la proue de mes dits...
Tout cela est gravé dans l'écorce de mon nom...
Bélier est mon Verbe qui recouvre les saisons
d'un pelage de laine...
J'ai neuf cordes à mon arc ;
neufs lianes tendues vers l'horizon qui sépare les mondes...
Neuf boyaux de chat qui résonnent dans le noir
et transpercent la nuit de leur rais de lumière...
L'air que vous dansez vibre en toute chair
comme un rouge brasier aux festins de Samain...
Pleines sont les coupes qui débordent d'hydromel
Heureux celui qui corne au bord des quatre coins...
Graines et semences, cela est en mon sein...
Ma terre en gésine s'est offerte aux labours...
Nourrice est la poitrine pour le lait et le grain...
L'ivresse est dans le coeur du brillant échanson...
"- J'ai reçu l'inspiration poétique du chaudron de Keridwen"
Neuf anneaux en font le tour où veillent les neuf lances...
Neuf anneaux au chaudron ; huit pour les fiançailles
plus un pour la noce...
Le ciel et la terre scellent leur alliance...
Le chêne proclame cela de tous ses chants d'oiseaux...
Trois coups sont portés sur le bouclier des braves...
Le vin est à rire dans la bouche de chacun...
Gras sont les couteaux qui chantent les héros...
Neuf mois je fus dans l'osier des naissances ;
moitié argile, moitié chair...
Le printemps m'accoucha en sa livrée d'hiver...
Blanche fut la colline qui me prit en ses bras...
"Vous ignorez pourquoi ronde est la roue."...
Moi seul, j'ai été au banquet des solstices...
J'ai fait sonner le fer en table d'équinoxe...
J'ai connu sur mes joues les baisers de l'aurore...
Riante est la jeune fille qui court parmi les fleurs...
Bruissante est la ruche dans le lierre de l'automne...
Les oies se sont posées sur la nappe de l'étang...
L'aubépine reviendra couronner les promesses
que se font les fiancées aux fontaines de joie...
Je dis le nom ;
Et le bourgeon d'éclore, et la fleur de s'ouvrir...
Et l'herbe de croître dans l'enclos de Beltaine...
Coupé est le gui qui repose dans le lin de vos voeux...
Le blé est à germer qui frémit dessous terre...
La glace à rendez-vous de sel et d'écume...
Les corneilles se réchauffent près des huttes qui fument...
Le saut est à porter au puits de toute attente...
La nuit est à tisser son écharpe de lumière...
Tranchante est l'épée de la Parole...
Brasille la forge où s'aiguise le poème...
Nue est la lame où se reflètent les étoiles...
Neuf sont les tresses dans les bras du désir...
De chêne sont les cris qui roulent sous les vagues du Dagda...
Juste est le reproche et juste la satire
pour celui-là qui ferme ses paupières quand toute la vie se lève !...
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