CHRONIQUES ESTIVALES (AOÛT 2013) 2 OU 3 CHOSES EN PASSANT
POESIES et HAIKUS Bran du 08 2013 Chroniques estivales
Tous les 20 ou 25 jours, j’allume la radio, histoire de rester branché sur les ondes qui agitent le monde… Le plus souvent, c’est pour meubler par des voix humaines le silence intime, trop intime parfois, de ma solitude… Remettre en route les « nouvelles » me donne l’impression, renouvelée, de n’avoir jamais interrompu mon écoute ; un mois peut s’être écoulé sans que le déversoir médiatique, (son ton, son style « maison », sa façon d’animer l’antenne, ses rires modélisés et calibrés), n’est changé en quoi que ce soit !… Le robinet débite des mots sélectionnés selon les résultats des sondages effectués afin de déterminer l’auditeur « moyen » ou encore l’auditeur « cible » ou « captif » (selon les termes de marchandisation à la mode)…
Le monde continue de se déchirer à petite et grande échelle… La routine quoi !…
Alors je me console avec mes explorations et découvertes du jour et je me fais mon « actualité », non dénouée de réelles émotions, de réels enchantements, d’interpellations et de questionnements….
Pour ces derniers quarante huit heures, je note :
Cinq vers luisants dans le tapis herbeux qui frange l’étang de Dahouet… Ces « lampes de nuit verdoyantes » réapparaissent à ma vue après une très longue absence…. La dernière fois c’était dans le Cotentin, dans le havre de Portbail ou dans les haies de Barneville inchangées celles-ci depuis que Barbey D’Aurevilly allait s’encanailler avec les pêcheurs de crevette….
Certains ont eu des apparitions dont leur siècle et les siècles suivant firent grand bruit… Bien plus modestement, mais non sans forte jubilation et délicieuse mémorisation, je faisais de cette rencontre « l’Evénement » par excellence dépassant, toute proportion et grandiloquence gardées, ce que les animateurs radiophoniques pouvaient bien me susurrer ou me balancer des tribulations agitées et tortueuses et souvent dramatiques de la planète…
A ce scoop, à cette « une », s’est ajoutée une seconde surprise digne de succéder à ces retrouvailles avec lampyris noctiluca (vers luisant)… L’après-midi de ce mardi 06 aout m’offrait un bouquet de mariée sous la forme d’un buddleia blanc aspergé de soleil et couronné d’ailes de bourdons et de papillons (plus exactement de « belles dames », de « petites tortues », de « Vulcain ou Amiral »)… Tout rideau du ciel tiré, j’assistai à une chorégraphie d’ailes dans l’ivresse joyeuse et voluptueusement parfumée d’un ballet estival…
Cela me faisait deux somptueux cadeaux en très peu de temps. De quoi alimenter mon carnet de vie et ma collection de « petits bonheurs » quotidiens…
A propos de bonheur, celui-ci n’existe que s’il est partagé, alors permettez-moi de vous offrir les quelques lignes précitées….
P.S. :
Je ne désespère pas par ailleurs de vous faire part, dès sa survenance, de l’Evénement majeur que je guette du haut de mes abysses : la rencontre d’une femme aux yeux brillants (couleur d’émeraude) ou glaz ( en breton : vert/bleu ) et aux ailes de Vanesse !
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Sur le chemin de St Jacques……….. Bran du 08 08 2013 Chronique estivale
Tout commença par l’aile d’un ange (Byzantin pour tout vous dire) (Une fresque dans la cathédrale du Puy en Velay pour être plus précis encore…)
Le déclenchement se produisit du fait d’un effleurement ouaté et soyeux dont le duvet de velours laissait inauguré une conversion immédiate de mes pensées aimantées vers un angélisme féminin des plus étranges et des plus mystérieux !….
L’ange d’abord
Plus tard viendrait la croix (une croix au bord du chemin) esseulée mais non sans visites…
Puis Vénus et son diadème ; sa vêture d’aurore, sa suite d’aube et l’ambigüité d’un crépuscule…
Ne pas oublier la traversée de l’Aubrac et ses moutons de granit….
Une croix encore, nue, brute, faisant appel à l’imaginaire ou à la connaissance des signes et symboles… Une croix appesantie par le poids ajouté par les pèlerins allégés en leurs pas et en leur cœur de ce délestement approprié…
Je notais à la suite :
Les meules de l’été reposant comme des soleils oubliés par le cortège des nuages…
La lave verte, noire, grise, pourpre taillée dans l’ancien volcan de la foi, parant les simples églises ou monumentales cathédrales…
Ascension, c’est l’adjectif qui convient… Gravir serait aussi adéquat…
Le propos tout entier se résumerait dans le terme hissé à son plus haut niveau : « élévation »…
Depuis des siècles les gentianes se partagent un ancestrale territoire, une mémorable contrée…
Les chapiteaux, feuilles après feuilles, métiers après métiers, zodiaques après zodiaques, délivrent leur roman… Quelques scènes inspirées de l’art celtique entrelacent des scènes bibliques ; images pieuses et païennes rivalisent de prouesse de sculpteurs initiés aux courbes qui épousent le sacré e le divin…
Sur fond de portail rouge un jugement dernier voisine avec un Christ en gloire…
La Vierge quelque part changeant, alchimiquement, le bleu en noir !….
La Lumière fait halte sous le porche après avoir bu à même la mousse d’une fontaine
qui en a embrasser plus d’un (de l’enfant babillant à la grande gueule du Café de la Place)…
Selon l’inclinaison de sa course, la dite lumière revisite la coupole, ses alvéoles d’ombre et ses parts obscures… A son passage la statuaire s’anime, se raconte au soleil…
Ici et là, des ponts pour dire ce qui vient de là-haut, ce qui se déverse de l’ancien hiver des cimes…
A Bessuéjouls, les entrelacs aussi ont des ailes qui parcourent l’infini…
On ne la pas mutilé, la femme impudique qui écarte ses jambes et montre ce sexe qui enfanta le monde et la vie…
Le drapé des saints lui-même épouse les plis du ciel et les mouvances des saisons amoureuses…
Des croix encore et toujours, sur le chemin jacquaire… (des postes de secours quand le doute assaille le marcheur ?)…
Peut-être un rappel aussi sur les entrecroisements de la joie et de la douleur, sur le fait que le rêve des femmes et des hommes est soumis sans cesse aux écartèlements du désir, de la conscience et du choix à faire pour demeurer libre et vivant…
Le Lot s’écoule comme les jours sombres ou clairs avec plus ou moins de transparence… L’espérance fait souvent de même…
Au marché de Cahors, seul, le rire, ne se marchande pas !…
Le Quercy à une palette de verts bien assortie à ses pierres, au buriné des visages, à l’austérité ou à la digne modestie des clochers…
Dans les cryptes des prophètes barbus et chevelus délivrent un flot de paroles qui danse dans le feu et l’eau comme un sabbat d’étoile à la St Jean d’été…
La semelle dit l’usure, la gourde ; la vraie soif…
Le sac à bon dos quand c’est la pensée qui porte….
C’est vrai, je ne suis jamais allé à Compostelle…
Je n’en éprouve pas le besoin ayant sur moi mon sanctuaire portatif et ma carte étoilée.
(Par ailleurs mes écrits ne sont pas sans coquilles !)
Mais, je veux bien vous offrir l’imaginaire de ce voyage afin de faire briller en vous l’Astre aux Trois Rayons !