CONTE ET REFLEXION : LA TERRE GASTE (BRAN DU-04/12/2014)
L a Terre Gaste... Bran du 04 12 2014
Un terre gaste est une terre devenue stérile, où la vie ne reproduit plus, ne perpétue plus la vie.
C'est une terre inféconde où le fruit ne vient plus sur la branche, l'oeuf dans le nid, le miel dans la ruche, le lait dans les mamelles...
Le printemps y est absent tant dure l'emprise de l'hiver ; nulle fleur, nulle hirondelle, parmi la glace et le gel...
Désolé, désert, est le royaume dans sa lourde chape de nuit,
ce qui reste de vie se taire ; sevré de lumière, sans chaleur solaire, serré en son abri...
L'obscurité règne en maître, éteint toute flamme qui surgit...
Durs comme la pierre sont les labours abandonnés, semences et graines gisent à même la terre...
Le valet de la mort aiguise sa faux, fait briller sa lame sous les pleurs de la lune...
Nulle rémige dans le ciel, nulle écaille dans la rivière...
Ni veaux, ni agneau dans les étables d'Imbolc....
Noires et grises sont les prairies de Beltaine...
Nul foire à Lugnasad en l'honneur de la Nourrice...
Nulle cueillette, nulle récolte dans la corbeille de Samain...
Le Royaume a une flèche dans le coeur ; le roi a faillit ;
Le roi à bafouer sa Parole, le roi a menti , le roi à bafoué ses interdits....
Tout le peuple se désole, se révolte et cri...
Ne sera plus la Belle saison, ne danseront plus, en l'aube de lumière, les filles de l'aurore... Seule la barque des morts sillonnera l'océan maudit...
Sur le trône de fer siègent de consort, le mensonge, l'orgueil, la cruauté....
Brisée l'épée, brisé le chaudron, brisée la lance...
Muette demeure la Pierre...
Prostrés sont les chevaliers, vidés de force et d'ardeur...
Ils errent au Val sans retour, perdus qu'ils sont dans le brouillard de l'infidélité...
Souveraine est la Matière qui a coiffé la Couronne, qui s'est emparée des coeurs et des pensées...
Plus de festin, plus de banquet, plus de bardes, de conteurs, de musiciens... Les ombres seules hantent la salle de danse....
Sous les peaux, les poils, les plumes et les écailles, un grand froid se tient qui fige la sève et le sang...
Le temps lui-même se débat en des rets, en des filets qui imposent la rigueur de la nouvelle Loi...
Gaste la terre, gaste toute chair....
Le roi n'est plus le Roi...
Ne sont plus qu'inversions des valeurs ;
Le fils contre son père, la fille contre sa mère,
le prêtre contre sa foi...
Un monde se meurt dans les ténèbres et l'effroi...
Gaste tout cela !
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Ce récit ne fait qu'adapter, qu'actualiser, tous ceux clamés par les visionnaires que sont les druides et les bardes, les aèdes et les scaldes, les sages de tout continent, de tout pays, qui à toute époque mettent en garde leur communauté de vie sur le risque de voir peu à peu disparaître celle-ci...
Ils ne souhaitent pas la venue de telles calamités mais pressentent, qu'à travers les dérives de leur société, celle-ci s'achemine inéluctablement vers sa propre ruine, vers sa propre disparition...
Ils rappellent le poids si conséquent d'une Parole donnée, d'un Serment formulé et ce qu'il en coûte de mentir à soi-même, aux hommes, aux éléments et aux dieux...
Tout commence dans l'intimité de notre royaume intérieur ; dans notre sage capacité à régenter notre propre domaine humain ; à maîtriser nos dragons toujours prêts à se combattre...
Tout réside dans notre désir et notre volonté de Tenir Parole dans nos voeux de paix et de sérénité, d'équilibre et d'harmonie, de concorde et de juste mesure...
Trahir sa Parole, c'est plonger son propre royaume dans la nuit et la terreur, c'est enfermer l'Amour dans les geôles de l'oubli ; c'est mettre la bonté dans les chaînes et faire du don un délit...
C'est lors qu'en se royaume intérieur se forgent les armes de la guerre, du sang, de la misère, de l'esclavage et du déni...
Nous sommes en tant qu'homme un microcosme exemplaire du pire et du meilleur... Les maux, les fléaux de la Terre commencent nulle part ailleurs qu'au sein de notre propre vie, qu'au sein de notre propre coeur !....
Les Anciens et les Anciennes ; nos sages frères et nos sages soeurs de Celtie, nous mettaient en garde, nous mettaient en demeure de demeurer fidèles aux grandes lois de la Vie, aux enseignements de la Nature o combien exemplaires, à tout ce qui, en ce monde, en tout l'univers, coopère, s'entraide, s'associe...
Ils nous invitaient à être solidaire de la vie ; à tout ce qui la nourri ; à tout ce qui fait, qu'en elle, la vie engendre, enfante et espère...
Réfléchissons, pensons, méditons, en cette longue traversée hivernale qui s'annonce, sur cette sagesse ancestrale qui nous rappelle nos devoirs, nos obligations envers cet Univers dont nous composons une infime partie, un Macrocosme qui a besoin de nous aussi pour préserver en toute chose et en tout être l'équilibre et l'harmonie...