CROIX et DRAGONS CELTIQUES Article de Venceslas Kruta (Keltia mag) lecture et commentaires bran du sept 2015
Croix et Dragons Venceslas Kruta In Keltia magasine 2015
Notes de lecture et commentaires Bran du
«Ces éléments sont fondamentaux et participent d'un système complexe, mais cohérent qui exprimaient la conception qu'avaient les Celtes de l'ordre universel.»... V.C.
Notes Bran du :
Cela exprime une conception qui fait appel à une juste répartition des territoires (associant temps et espace) et à un ordonnancement de ceux-ci à partir d'un Centre qui leur donne cohésion et qui maintient celle-ci au-delà et par-delà les conflits communautaires humains....
Et ce qui vaut pour les clans et leur territoire vaut pour l'individu rattaché au cœur et au sein de lui-même à un centre spirituel d'émanation, de diffusion et de transmission qui le maintient en cohérence d'équilibre et d'harmonie !...
Ne revient-il pas à l'Esprit d'animer l'Âme déposée en germe dans l'humus humain et de la faire croître dans ce terreau de chair, de sang et de songe afin qu'elle procède aux transformations et mutations lui permettant par la conscience éveillée et sustentée d’accéder à sa spiritualisation plénière ?
Lors cette Ame ne serait-elle pas ce «Centre» aimanté par la Dive Lumière et diffusant celle-ci par toutes ses facultés et capacités médiatrices et régulatrices au sein et au cœur de l'enveloppe charnelle qui la contient ?
Le but recherché alors n'est-il pas une spiritualisation de la Matière corporelle amenée par ce Centre coordinateur oeuvrant en symbiose avec toutes les forces et énergies rayonnantes émanées d'un Principe, d'une Essence, d'un Anima sacrés et divins à co-participer à la Loi d'Evolution en apportant son expérience personnelle, singulière et transcendée à la masse des informations et données collectées vibratoirement par ce qui ordonnance l'Univers et tout le Vivant dans leur processus créatifs et évolutifs ?
La Croix est un symbole premier qui partage et délimite, ordonnance et régule. Ce serait selon le dictionnaire des symboles :
le troisième des quatre symboles fondamentaux selon le dictionnaire des symboles avec le centre, le cercle et le carré ; figures avec lesquelles elle est en étroite association.)...
Toujours selon ce même dictionnaire :
Elle représente la terre dont elle exprime des aspects intermédiaires, dynamiques et subtils...
C'est le plus «totalisant» des symboles.
Elle est base avec son orientation cardinale de tous les symboles d'orientation...
Elle a une fonction de synthèse et de mesure.
Elle a valeur d'un symbole ascensionnel...
Elle peut figurer l’emblème de la vie divine et de l'éternité...
Mais aussi la totalité du cosmos...
Elle peut aussi représenter l'année et le temps...
C'est également l'Arbre de vie ramifié en ses branches, troncs et racines à tout le cosmos.»...
La croix est présente sur la roche de mémoire et figure parmi les premières gravures de l'humanité pensante, interpellante, croyante et raisonnante....
«La notion de Centre est essentiel chez les Anciens Celtes. En ce Centre se trouve l'Arbre Cosmique qui est l'expression d'une union verticale entre le ciel, la terre des humains et le monde souterrain...
En Irlande, la 5è province faite à partir d'un prélèvement sur les quatre autres qui l'entourent est appelée Midhe (la Terre du Centre, du Milieu)
soit quatre parties unies par un Centre (à l'image du monde)...
Elle matérialisait l'union de toute l'Irlande (ici se trouvaient les principaux sanctuaires et les lieux de réunion communautaire...
Cette représentation du centre est l'un des thèmes les plus fréquents de l'art Celte...
L'espace définit par la marche du soleil et le temps sont indissociables ;
les quatre bras de la croix correspondent aux quatre événements solaires du jour, du lever au coucher en passant par le zénith.
(Avec l'équivalent supposé au-dessus de l'horizon et de l'année, les solstices et les équinoxes).
Le cheminement annuel de l'astre étant censé décrire une double spirale.
D'où le recours à l'esse et à la double spirale pour transcrire schématiquement ce double parcours.
Le point central du territoire chez les gallois étant le lieu où se déroulaient le combat de deux dragons ; le rouge (couleur de l'aurore, de la canicule, de la ciel ; et le blanc (couleur de l'Autre-Monde associé à la froidure hivernale.)
Il s'agit du point d'équilibre, du seul endroit où peut s'effectuer le basculement annuel dans l'alternance cyclique des deux grandes saisons celtiques.».. (La Taversée hivernale de Samonios à Beltaine puis la Belle saison de Beltaine à Samonios.)...
Notes Bran du
Les Celtes avaient pour conception essentielle celle d'un Centre régulateur, ordonnateur et «harmonisateur» apportant ou rétablissant la cohérence dans l'ordonnance du vivant et de ses cycles....
Cette notion «cosmique» est également une conception transposable dans l'individu qui, s'il n'est pas «régenté par un Centre» est livré au désordre, au dysfonctionnement et donc à des formes de chaos individuel...
Comme il en est de l'individu, il en est en grande partie et de même de sa communauté d'appartenance et inversement d'ailleurs !
Si tous deux ne sont plus «centrés» sur l'essentiel et le fondamental de l'existence, il ne peuvent être que le fruit de dérives matérielles et corporelles des plus préjudiciables pour tout le «Vivant» et le devenir harmonieux de celui-ci...
Au cœur du Cœur, au sein du Sein, se tient l'Arbre cosmique qui puise dans un humus central, dans un terreau fertilisant d'où à jaillit le nom de l'Homme !
D'où l'importance énorme que représente l'Arbre et le monde végétal dans notre Tradition et dans les Traditions indo-européennes en général...
Nous sommes «traditionnellement», symboliquement et analogiquement un «Arbre en mouvement» !....
Il est regrettable de méconnaître et d'ignorer cette similitude (qui peut être aussi connivence et complicité) qui nous ramifie à tout l'Univers visible ou non !
…///...
L'Union celtique se fait, se concrétise, se vit au «Centre» et «nulle part ailleurs»... car l'union qui met en correspondance harmonisée tout ce qui entoure le Point central, ne pourrait se réaliser en d'autres points...
C'est là aussi un enseignement essentiel qui interpelle toute l'humanité confrontée, avec de fortes difficultés, au temps et à l'espace...
Quand nous sommes appelés à l'Union, cela ne peut être, en ce qui nous concerne traditionnellement, que dans un Centre ; un Centre tracé à partir d'un Moyeu central et dont la périphérie se tient à égale distance de celui-ci.
Les hommes et les femmes qui se tiennent en bordure du Cercle intérieur sont donc en parfaite égalité (de droits et de devoirs, d'amour, de ferveur et d'offrande...) et sont reliés entre eux par le Moyeux qui les mets en mouvements équilibrés et accordés de corps, de cœur, d'âme et d'esprit...
Le Centre sur lequel se projette ou se matérialise la Croix cardinale et ses orientations donne Cœur commun aux coeurs individuels réunis en son Nom et harmonise l'ensemble du plan horizontal afin que tout le contenu vibrant du Cercle puisse converger vers ce Coeur et de là se connecter, se «brancher», se ramifier à l'Axe vertical de la Transcendance sacrée et divine... Ainsi s'opère la conjonction et la conjugaison de tous les verbes de la Création !....
Centre, Moyeu, Coeur Cercle, Croix, Orientation, Axe vertical... constituent «l'Architexture» du sacre et de la consécration et donne sens et Essence aux pensées, actes, gestes, sons, vibrations, paroles, offrandes qui se déploient comme l'Âme et l'Esprit qui les animent dans le Cercle et à partir de Celui-ci...
Le grand et éternel combat des deux «dragons» se tient au Centre, se livre dans l’arbitrage régulateur et médiateur du Centre qui seul a capacité et faculté d'oeuvrer avec efficience dans la résolution des conflits «dragoniens» qui ne sont que des dualités en présence, affrontées perpétuellement, stériles et destructrices quand elle ne sont pas «maîtrisées» par un principe supérieur et transcendant......
C'est là, l'image du conflit individuel et mondial permanent qui explicite tous les tourments de notre humanité qui se déchire dans des oppositions récurrentes et redondantes....
TOUT L'ART CELTE exprime magistralement cette «déchirure» et «fracture» , cet accroc récurrent fait dans l'étoffe humaine et planétaire, et ne cesse d'en appeler, d'en rappeler, au maintien et à la défense permanente des équilibres et des harmonies sans cesse compromis par l’orgueil, le mensonge, la cruauté, la stupidité et la démesure humaine...
La Triade première de la Tradition druidique, issue des textes gallois (même christianisée), ne fait pas autre chose que de perpétuer les messages de l'Art Celte originel ; soit le rappel de la nécessite impérieuse de donner à tout être, à toute chose, à toute pensée, à tout geste, un point d'équilibre entre toute opposition qui soit un point dit de «vérité» (d'équilibre, de justesse, d'accord, de mesure, de concorde, d'équité etc...)
Tous nos rituels enseignés en ce sens et en Essence font de même et procèdent d'une même recherche attentionnée et vigilante d'équilibre et d'harmonie afin de coparticiper de ces «valeurs» dans les processus évolutifs à l'oeuvre dans l'espace et le temps et dans tout l'Univers....
Pour qui sait lire, voir, traduire et transcrire, comprendre et conceptualiser, ce que les artisans Celtes initiés à tout le domaine du sacré et du divin ont su intelligemment et sensiblement nous transmettre de leurs connaissances philosophiques et spirituels, de leurs «croyances» en ce monde et en l'Autre-Monde qui le «borde», il y a là, sans interruption, sans besoin de filiation historique, sans supputation ni interprétation aléatoires, un legs et un héritage inaltérés, directs, perceptibles, «lumineux» et permanents....
Avec le «Livre de la Nature» toujours ouvert, l'Art Celte nous offre généreusement et judicieusement des clefs pour pénétrer enfin dans la forêt des symboles et des analogies est nous ouvrir sa splendide et merveilleuse clairière afin que l'Etre soit accordé à lui-même, à ses semblables et à tout le vivant et qu'il puisse «pervibrer» en juste résonance, de corps, de cœur, d'âme et d'esprit avec le Centre de ce qui Fût, Est et Sera....
«Le répertoire de l'art des anciens celtes n'est donc pas le résultat d'emprunts ou d'inventions plus ou moins fortuites mais l'expression d'un système très structuré de leurs conceptions spatiales et temporelles de l'ordre universel avec ses aspects dynamiques fondamentaux.
Ses racines sont très anciennes.» VK
«La forme particulière de la croix irlandaise est le résultat d'un réemploi de l'ancienne «image du monde» dans l'iconographie chrétienne...
Cela n'a rien d'insolite car la signification d'origine était parfaitement compatible avec la doctrine chrétienne.»
(Une rare exception donc avec la notion dite de l'immortalité de l'âme ! NDR)
Notes Bran du :
La méthode la plus usuelle du monde chrétien pour faire disparaître les anciennes croyances est le recouvrement voir le détournement ou la «réorientation» à défaut d'éradication totale.
Nous savons qu'aucun irlandais ne laisserait porter atteinte à sa «Mémoire» et davantage encore à la Mémoire de l'Irlande d'où la transcription (mise par écrits) par les moines chrétiens de ce qui pouvait subsister de la Tradition orale païenne, druidique et bardique, comprise ou incomprise d'ailleurs, nonobstant tout ce qui était relatif aux pratiques sacerdotales expurgées systématiquement des retranscriptions...
Les textes nous disent que St Patrick ou ses moines font ressusciter jusqu'à un druide primordial et un barde ayant appartenu aux «Gens de la Fiana» pour connaître la mémoire irlandaise ancestrale !
Selon mon avis, je pense que les croix irlandaises expriment le «recouvrement» d'une croyance pour une autre changeant la «direction» et la compréhension religieuse initiale et lui donnant une nouvelle «orientation»...
Au Cercle de la pensée religieuse initiale et païenne se superpose en débordant la Croix chrétienne qui aboli les anciennes croyances pour imposer les nouvelles sans pouvoir faire disparaître totalement le fort attachement à la «mémoire spirituelle et ancestrale du peuple d'Irlande»...
«L'image a été traitée en Irlande de la même façon que l'ont été les textes de la littérature traditionnelle détournés par quelques retouches plus ou moins évidentes de leurs aspects païens et enrichi (ou appauvri ? NDR) par un habillage chrétien pour servir au mieux la nouvelle religion.»VK
Note : bran du
Voici une approche de l'un des thèmes qui sera sans doute développer par le professeur Venceslas Kruta lors du colloque qui se teindra à Paris rue Delambre à la Mission bretonne et traitant des rites, des sanctuaires et du «druidisme» (paradoxe ou anachronisme ou simple et heureuse opportunité d'une salle accueillante et pas trop onéreuse) et ce, le 11 novembre...
J'y serais et vous invite à nous rejoindre.