D H THOREAU (SUITE) EXTRAITS CRITIQUES ET NOTES 2019 BRAN DU 13 12 DECEMBRE
Une forêt des Etats-Unis Photos BRUCE . L
D H Thoreau extraits et notes Bran du Le 13 12 2019
1 / Le Paradis à re-conquérir
2 / Randonnée au Mont Wachusett
3 / La Vie sans principe...
1 / Le Paradis à (re)conquérir Mille et une nuits Editeur
(On notera que ces écrits datent de 1843.)
Thoreau doute du progrès, cela le rend septique non qu'il doute des avantages que la science procure en terme d'amélioration de la santé et de l'espérance de vie, mais parce qu'il suppute un certain nombre de désavantages à en résulter...
(Le passage par exemple de certaines formes d'esclavages, de servitudes, de dépendances à d'autres types de coercition, de soumission et de domination.)
Il voit pointer une « mécanisation » qui lie de plus en plus l'ouvrier à son labeur et ce, dans des conditions de pénibilité physique et psychique s'accroissant...
Il constate qu’apparemment, le progrès « extérieur » à l'homme ne semble pas lui bénéficier « intérieurement. »
Il craint qu'il ne restera que peu d'espace et de temps pour vivre et « penser » l'essentiel de l'existence... (Et il ne se trompe pas!)...
Le domaine de la « spiritualité » serait le grand « perdant »...
Il voit aussi arriver une aggravation de la dégradation du rapport homme/nature avec les conséquences néfastes pour l'un et pour l'autre en résultant...
Certes, des actes, des inventions, des œuvres, des idées sont susceptibles d'améliorer le sport de l'humanité, mais l'homme sera-t-il plus heureux pour autant quand le déficit d'éthique se creusera au profit d'une matérialité outrancière ?...Qu'en sera-t-il également des valeurs fondatrices de la dite humanité confrontées aux velléités de pouvoir, de puissance et de domination ?...
Bran du
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Extraits :
« La Lumière est l'ombre de l'éclat de Dieu...
La lumière du soleil n'est que l'ombre de l'Amour. »..
De l'Amour :
Bien que les plus sages d'entre les hommes, à chaque génération, se seraient employés cette force dans les livres, et bien que chaque cœur humain soit tôt ou trad, plus ou moins, amenés à l'éprouver, il n'en demeure pas moins que l'on n'en utilise qu'une faible part pour la société...
Le pouvoir de l'Amour n'a été que chichement et frugalement utilisé jusque là....
Nous n'accumulons pas son énergie ni nous préparons à agir avec plus de force dans le futur.
N'est-il pas temps d'apporter notre contribution à cette entreprise ?...
De toute évidence, nous sommes aussi lents à concevoir le Paradis que les cieux, aussi lents à concevoir un monde parfait naturel qu'un monde parfait spirituel. Nous ne serons jamais assez visionnaires pour pouvoir être préparés à ce que l'heure suivant nous apportera...
Nous devons d'abord réussir seul, afin de pouvoir savourer ensemble notre réussite...
Dans le bras tendu pour accomplir l'acte, il entre trop de confusions et de précipitations, trop peu de patience et d'intériorité...
Cependant, il y a, c'est certain, une part de l'énergie divine en chaque homme...
Souvenons-nous que c'est au globe lui-même qu'il nous faut administrer un remède. Les énergies encore jeunes du globe ont juste besoin d'être canalisées dans le bon sens...
Il existe d'innombrables et incommensurables sources d'énergies qui sont déjà présentes dans la nature et encore inemployées à une grande échelle... Quelques-unes de ces sources d'énergie évidentes et familières sont : le vent, la Marée, la vague, le soleil... Voyons ce qu'elles valent... (Écrit en 1843!)...
L'homme est le plus féroce et le plus cruel des animaux....
Avec quelle rudesse et quelle brutalité traitons-nous la nature !
Ne pouvons-nous faire plus que couper et tailler la forêt, ne pouvons-nous contribuer à son économie intérieure ; aider la circulation de la sève ?...
Nous n'imaginons pas tout ce qui pourrait être fait pour améliorer notre relation à la Nature, ni tous les bienfaits que nous pourrions en tirer...
(Suggérer à l'âme poétique ce qui pourrait être fait!)...
Nous avons bien souvent pensé que le lieu idéal où l'homme puisse élire domicile se situe à la fin des terres ; à cet endroit, la mer et son influence ne manqueraient pas d'imprégner profondément la vie et le caractère de celui qui habite sur la terre ferme, et peut-être même introduirait-elle une nuance marine dans son imagination...
Le globe terrestre lui-même est-il autre chose qu'une sorte de roue ; un immense manège de disciplines ?...
Ce qu'ils disent de D H Thoreau :
Thoreau « essayiste »...
Michel Granger
La nature se présente à lui comme un monde en perpétuelle transformation où la création est constante...
Il s'agit et suffit de « dialoguer » avec le « sauvage »...
Thoreau fait appel à conscience. Il est une « provocation à penser »...Il n'admet que ce qui lui paraît justifié...
C'est un humaniste amoureux de la nature... Il a une vision métaphysique des êtres et des choses...
Pour lui, il est indispensable de préserver des espaces de forêt primitive. L'idée visionnaire des parcs naturels se trouve en germe dans ses écrits avec le désir de conserver intact un espace aussi inhabité que possible et de l'utiliser pour une récréation de tous et qui permette aussi leur ré-création....
Il se présente comme une antidote à la civilisation mercantile et propose un chemin d'accès à la spiritualité qui le façonne...
Il incite à retrouver son « moi primordial ». Il est à la recherche du divin (hors « institution ») qui se cache dans la nature. Il traque la correspondance entre le monde physique et celui de l'esprit... (C'est une recherche transcendantaliste.)...
Il s'agit de rester en contact avec le réel et de toucher le « fond granitique », de jouir de la profusion merveilleuse de la nature.
Pour lui, l'enjeu poétique est considérable...
L'engagement philosophique consiste à jeter un pont entre culture et nature et de réconcilier ses deux pôles...
Il ressent fortement qu'il n'y a pas de coupure entre la nature et lui...
Fondamentalement, Thoreau est un dissident, un réfractaire qui se plaît à résister....
Il se met au service de tous ceux qui veulent garder l'esprit en éveil...
Ces propos peuvent paraître parfois quelque peu « moralisateurs »...
Ce n'est pas un « anarchisme » mais un individualise...
IL souhaite donner accès au consensus universel des valeurs humaines...
Si la conscience indique que la loi des hommes n'est pas acceptable, il faut la transgresser... La désobéissance civile est en un fait un consensus moral.
Le modèle individuel de transgression doit entraîner d'autres citoyens à faire de même et cela suppose la volonté d'organiser un mouvement de grande ampleur, dans l'espoir que le gouvernement – démocratique et bienveillant – prenne conscience de son erreur vis-à-vis des principes supérieurs dont il ne peut s'affranchir...
Il a une méfiance systématique à l'égard du progrès technique et une intolérance envers la valeur absolue du travail...
Il exprime son désaveu vis-à-vis des institutions étatiques ou religieuses qui briment l'individu...
Le pessimisme l'emporte dans sa relation à la société...
S'éloigner pour mieux penser sa vie est une des motivations de sa pratique quotidienne de la marche... Il cherche des espaces transitionnel...
Par l'acte philosophique qui est au cœur de ce mode de vie Thoreau manifeste dans l'espace sa dissidence...
La société mercantile a perdu le sens des valeurs transcendantales qui pourraient conduire à une vie plus élevée, se « naturaliser » par l'immersion dans la nature la plus sauvage possible...
C'est un écrivain émancipateur, amoureux de la nature et qui prône quand c'est nécessaire la désobéissance civile...
C'est une vie largement orientée vers l'activité d'écriture ( une lutte avec les mots pour leur faire exprimer davantage la profondeur et l'intensité de la vie). La littérature doit instruire et émanciper l'individu.
Thoreau cherche à provoquer un renouveau spirituel. Il a une attitude de respect mystique à l'égard de la nature...
Il conçoit son rôle comme celui d'un éducateur qui, par ses conférences ou ses essais, va aider à mieux penser, à percevoir le monde de façon plus juste, malgré les illusions routinières. Il s'agit de déclencher un processus de réflexion...
L'individu sera pris dans un mouvement ascendant qui le conduira à se rapprocher de l'idéal..
C'est une voix humaniste qui incite à repenser son rapport au monde, à réapprendre à le voir.
Thoreau donne une priorité à la régénération de l'individu...
La régénération viendra exclusivement d'individus qui ont fait sur eux-mêmes un ouvrage préalable de culture de soi. Il appartient à l'individu de se mettre en quête de reformer sa vie...
Il passe, avec la lutte contre l'esclavagisme, de l'objection de conscience à une attitude plus interventionniste (face à une politique « nauséabonde »)...
C'est pour lui la dimension individuelle et morale qui prédomine ; en aucun cas le citoyen ne doit méconnaître les injonctions de sa conscience et surtout pas l'abandonner à un représentant du peuple qu'il suivrait aveuglement...
C'est un transcendantalisme forgé dans la certitude que l'homme est sacré et qu'il a accès à la part de divin qui réside en lui s'il sait écouter sa conscience en toute indépendance...
L'autorité de la conscience s'impose....
C'est une réflexion éthique, une exigence de « pureté » face à un monde la politique désavoué et corrompu...
Il s'agit de résister à l'emprise des illusions ? D’œuvrer à être soi-même, de refuser d'être moutonnier...
Thoreau à la certitude qu'il existe un monde qui a plus de relief, d'élévation, de sérénité et de spiritualité ; un monde silencieux qui favorise la réflexion et l'approfondissement de la vie intérieure...
L'enjeu : l'élévation de l'esprit...
« Je vis en plein air pour le minéral, le végétal et l'animal qui est en moi (…) Ma pensée fait partie du sens du monde et je me sers donc d'une partie du monde comme d'un symbole pour exprimer ma pensée. » D H Thoreau Journal 1852 (Je veux offrir aux lecteurs un moyen de réfléchir par eux-mêmes.)
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2 / Thoreau Randonnée au Mont Wachusett (Le Mot et le Reste Editeur) extraits
« Explorer et (…) poétiser le proche, le simple, le commun.. »..
« La randonnée symbolise à la perfection le cours de la vie humaine... Vivre à la lisière du monde, vivre et demeurer dans « l'entre-deux »...
« Aller à la recherche du primordial du monde antique... »
Parlant de la montagne :
« Fasse le ciel que je me trouve digne d'être ton frère »...
« Je ne crois pas qu'un paysage puisse contenir chose plus belle qu'une chaîne de montagnes lointaines. Ces montagnes contribuent constamment à l'élévation de l'esprit »
« la vie des fleurs a plus de variétés que celle des hommes... »
Il s'agit de ne pas se lasser de regarder cette « ligne » de montagnes d'une majesté inégalée. »
« Essayons d'emporter dans la plaine un peu de la nostalgie de la montagne. »
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H D THOREAU 3 / La Vie sans principe... Extraits
« Pouvoir regarder le soleil se lever ou se coucher chaque jour afin de se relier à un phénomène universel, préserverait notre santé pour toujours...
Je pense qu'il n'y a rien de plus opposé à la poésie, à la philosophie, à la Vie elle-même que cette incessante activité laborieuse...
Si nous avons été « désacralisés » - et qui ne l'a pas été ? - le remède viendra de la prudence et de la dévotion que nous montrerons à retrouver notre caractère sacré et faire de nouveau un temple de notre esprit... »
Ce qu'en dit Thierry Gillyboeuf :
Pour Thoreau, les besoins matériels et les contingences quotidiennes sont dérisoires et elles constituent une entrave à l'épanouissement de l'esprit... Lire Thoreau c'est être invité à explorer les « provinces de l'imaginaire. »...
Thoreau s'efforcera de se rapprocher chaque jour un peu plus de cette plénitude à laquelle il aspire en s'imprégnant de la vitalité de la nature. Il puise sa force sereine dans une vision panthéiste qui lui révèle les lois supérieures régissant l'univers (Ce qui l'apparente par exemple à la vision de Herman Hesse)...
Thoreau n'a jamais prétendu être le dépositaire d'une doctrine à laquelle il entendait que le lecteur se conformât servilement.
Il s'agit, ni plus ni moins, de réapprendre à être humain à travers la régénération que prodigue le contact avec la nature dont en bon transcendant il n'a cessé de se faire le chantre...
Thoreau est en quelque sorte habité par un esprit religieux non conformiste et débarrassé de toute entrave et de tout parti sectaire. En se faisant l'observateur inlassable et attentif de la nature, il semble se soumettre à une véritable discipline de l'esprit. Il veut ainsi stimuler chez autrui la capacité de s'émerveiller de ce qui l'entoure, afin qu'il s'affranchisse des conventions et des habitudes tant sociales qu'individuelles...
Il fustige la caducité et la vanité des institutions qui président pourtant aux destinées humaines dont elles interdisent le plein rayonnement. Il nous incite à l'exploration de soi et à l'effort d'autonomie, il nous encourage à trouver en nous la voie qui conduit à l'amour de la Vie...
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Notes Bran du Décembre 2019
Plus je lis et relis E. D. H Thoreau et plus un fort sentiment de réel fraternité basé sur des entendements majeurs, sur une parole essentielle, sur une vision similaire, sur une éthique libre et responsable, renforce mes convergences de clairs entendements... Affinité dans l'Esprit, complicité dans le cœur...
C'est là une parole « respirante », une parole fraîche descendue des montagnes de la contemplation et de l'évidence, qui chasse devant elle les nuées de pollution qui asphyxie le cœur comme l'esprit du monde contemporain...
Thoreau ne « prophétise » pas, il explique, il démontre, il montre par lui-même l'authenticité de ses propos en incarnant fidèlement les formes et les propos que sa pensée lui suggère de mettre en œuvre...
Ces propos, ces visions, ces invitations, ces interpellations majeures et pertinentes, ce grand bon sens, cette éthique non conditionnée ni vérolée par des idéologies de l'orgueil et de l'arrogance, de la cruauté et du mensonge, je les fait miens...
Le ruissellement de nos mots, de nos propos et écrits en leur source spécifique font rivière commune s'épanchant vers un estuaire de compréhension....
La Nature, la Poésie, l'Amour, la Conscience éveillée et maturée, la Spiritualité, une Philosophie de la Vie, ne sont pas des « mots refuge » ni une utopie littéraire, mais autant d'étoiles les plus sûres pour nous guider à travers les méandres obscures de nos égarements o combien fortement préjudiciables...
Le penseur, le poète, le barde assume lucidement sa fonction d'éclaireur et projette sur un horizon enténébré un rai de pure lumière...
L'impact de l’œuvre de Thoreau a été conséquent et demeure encore de nos jours conséquents sur toute une jeunesse (notamment américaine) (Pas plus que Tolkien, il ne cherche à passer pour un révolutionnaire ayant pour visée de renverser un gouvernement)...
IL fait appel à ce qui en chacun a été préservé de tous les conditionnements religieux ou politiques afin de constituer la seule base, le seul fondement véritable sur lequel cet être peut par lui-même bâtir et construire son habitat existentiel...
Il apporte sa propre expérience de l'immersion en nature et de tout ce que cela apporte d'enseignements salutaires...
Ce qui importe : l'Etre, libre, conscient, cohérent, responsable, philosophiquement et spirituellement animé ; l'Être réalisé, accompli, épanoui et, de ce fait, son clair et bénéfique rayonnement sur le monde...
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