Les dits du corbeau noir

Le bardisme (serviteur du Verbe et du Souffle inspirant appelé l'Awen.)

Pour la pensée celto druidique conçue et fondée il y a

plus de 3 millénaire la Pratique maîtrisée de la Parole est

un acte majeur émané d'un Anima et d'une Essence

hautement spirituelle et philosophique...

Les récits anciens nous font part de l'importance

considérable que l'on se doit d'accorder à la Parole...

C'est une trilogie unitaire et interdépentante qui réunit la

Vérité, l'Excellence et un propos bien « Charpenté »...

Selon son bon ou mauvais usage elle peut agir et être

opérative en chaque individu ou communauté d'individus

mais aussi au niveau de l'Univers, du cosmos, des règnes

et des éléments, des saisons des cycles et des rythmes et

ce de façon faste ou néfaste...

Son éthique et ses valeurs premières sont axées sur la

notion primordiale de « Vérité » (impliquant la justesse,

l'exactitude et l'authenticité)....

Cette Parole est en ses sources et racines divines et

sacrées car elle provient de l'Innomé ou encore de l'Incréé

représenté symboliquement et analogiquement par le

Souffle créateur, par le Verbe originel (ou Logos) et ses

émanations et rayonnements en provenance de l'infini

Univers et celui-ci à pouvoir et puissance d'enfanter le

Vivant de la Vie...

« Au commencement était le Verbe (La Parole), et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C'est par lui que tout est venu à l'existence, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui. (St Jean.)»

Pour ce qui nous concerne, au commencement est en effet le Verbe, la prime Parole, la Parole créatrice et cette Parole sacrée et divine par ses origines mêmes fonde la Vie laquelle est aussi la Lumière des hommes...

La Force, l'Energie, la Lumière de ce qui Fût, Est et Sera

résident dans ce Verbe-Souffle qui remplit notre corps, nos

poumons, notre cœur, nos pensées, notre esprit et l'Âme

qu'il anime...

Quand nous « pratiquons » ce Verbe-Souffle et qu'il nous

inspire par son « Awen » et si nous sommes pleinement

conscient qu'il œuvre alors en nous nous sommes Cela,

humblement Cela, allégrement Cela mais tout cela...

Le dévoiement de cette Parole est lourdement sanctionné et peu se retourner néfastement sur son auteur, c'est ce que disent les récits des Anciens lesquels font amplement état des lourdes conséquences d'un Verbe non ajusté, non

charpenté, non juste, non vrai, non « excellent » ; des

conséquences qui affectent la bonne marche du monde !

Nous sommes depuis fort longtemps mais avec avec une

très forte augmentation au siècle d'aujourd'hui dans des

sociétés humaines axées sur le déni et le mensonge et ce

au plus haut étage des responsabilités sociales,

économiques, culturelles et politiques et cet état plus que

facheux et périlleux concerne toute la planète...

(Le déni c'est se mentir à soi-même et le mensonge mentir

aux autres...) 

Le porteur de la « Parole vraie » est apporteur de l'éthique

et des valeurs constitutives de la dite Parole qui se doit

d'être « langage de sagesse, d'équilibre, d'harmonie, de

stabilité, de cohérence »...

La Parole qui sonne juste est aussi un soin prodigué envers le dissonant et le fracturé des êtres...

Le barde contemporain est un pont entre hier, aujourd'hui et demain. Il colporte la mémoire du passé, instruit et transmet en l'aujourd'hui et fait vision du devenir (cette

faculté étant particulièrement considérée comme un

apanage du Féminin.)

(Parmi les fonctions affectées au druide figurait celle liée à

la diplomatie impliquant une parfait maîtrise du langage,

des lois liées à une bonne communication et à une

connaissance aiguë (sociologique) de l'attitude et de la

pensée humaine...)

(Un barde n'est pas nécessairement censé postuler pour le druidicat mais un druide n'étant pas formé et initié à la

dimension bardique me parait alors amputé et carencé

d'une faculté essentielle pour assumer au mieux son

sacerdoce...)

Parmi ces fonctions bardiques dont bénéficiaient les rois et

les seigneurs de cette époque résidait la généalogie de

ceux-ci (le rappel honorifique le plus souvent) de qui ils

étaient issus...

A cela s'ajoutait les épopées relatives aux héros et à leurs

exploits mais aussi les grands récits - courtises, navigations merveilleuses et initiatiques, raids de bétails, épreuves diverses et variées etc... sans Omettre la Geste de Cuchulainn, des Enfants de Finn ou celle des grands

bardes gallois comme Taliésin... Cela demandait de

mémoriser des milliers de vers et d'accompagner ceux-ci

par le chant, la harpe ou la lyre sans faire d'erreurs

dommageables dans le récitatif...

Les Ecoles bardiques dispensaient un enseignement

rigoureux auquel on devait se tenir scrupuleusement.

On plongeait le futur barde dans le noir afin qu'il fasse toute lumière en lui-même, qu'il fortifie sa mémoire et qu'il puise aux sources de l'inspiration (l'Awen), (en invoquant si besoin était la grande déesse Brigid à cet effet.)

Il n'était pas facile d'acquérir et de maîtriser les règles parfois complexes édictées pour l'usage poétique...

Le barde « moderne » n'a plus à faire certains de ces

apprentissages qui n'ont plus d'emplois dans la société

contemporaine et le langage usé par celle-ci...

Il se doit donc de porter une saine et pertinente réflexion sur sa fonction dans la société contemporaine qui se saurait être confinée à un rôle « d'amuseur publique » comme se fît le cas historiquement dans la société celtique d'hier...

Les « Filid » (Poètes gallois) préserveront eux leur identité

et conserveront leurs prérogatives...

Il me semble que prendre en charge le bon opératif d'une

communication, en maîtriser les règles, être porteur de

cohérences, de compréhensions, d'entendements, de

conciliations, de transcendances est particulièrement

inhérent à la fonction bardique contemporaine...

Faire entendre et comprendre un ensemble d'essentialités

afin d'éveiller ou de faire maturer la conscience est aussi un rôle fondamental de la fonction bardique...

Bien communiquer, faire œuvre de discernement au sein de flux d'informations manipulées pour la plupart est aussi un exercice bardique de la plus haute importance surtout à

notre époque d'affabulations constantes..

…///...

Le barde actuel est témoin de son temps, il interroge et interpelle celui-ci car il se double d'un philosophe qui a souci de voir et d'entendre et de soumettre sa vue et son audition à une pensée réflexive qui constate des faits, en fait l'étude et les analyses...

Aux questions «  Pourquoi la Poésie, pourquoi être barde ou poète en ces temps turbulents, troublés, incertains et ceci en des temps de crise ? » Il répond : parce que la Poésie c'est la Vie elle-même et qu'il n'y a rien de plus précieux que Celle-ci. »...

Il est ce regard qui qui s'obstine à voir alors que les yeux d'autrui ne se portent plus sur l'essentiel, sur l'élémentaire, sur l'originel, sur le primordial et sur le fondamental, il est cette écoute attentive parmi les sourdes oreilles qui ne savent plus auditionner les vents et les pluies, les orages et les tempêtes, le chant des saisons, la danse estivale des insectes, le murmure cascadant des rues et ruisseaux, le clapotis des vagues...

Oui, la Vie se regarde et s'écoute en toutes ses expressions et manifestations, elle nous saisit de sa beauté, de sa splendeur, de toutes ses architectures époustouflantes, de sa farouche volonté à se perpétuer et à nous interpeller dans notre intimité, dans nos profondeurs...

Elle met du »VIvant » en nous et ce « VIvant » est danse, chant, musique, poésie, art, contemplation, rencontre, échange et partage, don, entraide, offrande et rituels d'Amour et de gratitude...

Le barde est dépositaire d'un précieux héritage celto-druidique fait de récits, de chants, de danses, de musiques, de poésies, d'imaginaire, de fines perceptions sensibles et intelligentes, d'entendements majeurs sur le sens et l'Essence d'une Vie individuelle et communautaire, planétaire pour tout dire...

Le barde guide, conseille, accompagne, soutien, soulage, stimule et motive, insuffle, propose et invite, modère et mesure, apaise et pacifie...

Un « Druide » agit en lui apportant sagesse et connaissance, maîtrise, modération et contrôle, respect et considération, vérité et justice...

Il est au plein service d'une Tradition ancestrale qui le sert sur son cœur et qui anime gestes, attitudes, discernements, réflexions et pensées...

Il est présent et co-animateur des rituels saisonniers, des rites initiatiques de passage, des reconnaissances de nom pour les enfants, lors des cérémonies de mariage, dans l'accompagnement d'un défunt et de sa famille...

Il nourrit tout cela de sa Parole avisée et adéquate, faisant mémoire du précieux dépôt ancestral et concélébrant l'Esprit de ce qui Fût, Est et Sera...

Il transmet (bénévolement, gratuitement) ce qu'il a reçu lui-même de l'Univers, de la Nature, des Règnes et des Eléments, de « l'Awen », du Cycle saisonnier, des Rythmes qui animent et font vibrer et pervibrer tout le « Vivant de la Vie. » et, avec une grande reconnaissance, de l’Oeuvre généreusement léguée par ses frères et sœurs d'hier et d'aujourd'hui...

On parle hélas peu du barde au Féminin surtout dans le passé lointain et il est vrai que les traces historiques de celui-ci sont plus que rares mais la poétesse est pourtant bien présente notamment en Irlande ou au pays de Galles et il en est fait état de son existence dans les textes et les récits anciens...

(Les épouses interviennent et fortifient la Parole de leur conjoint lors des grandes joutes verbales et poétiques (ou « verbal contest ») de Beltan et de Samain, des joutes qui ont pour fonction essentielle de co-participer à la restauration des équilibres et des harmonies et de fortifier ou de renforcer la cohésion de la communauté humaine d'appartenance.)

Jusqu'à la fin du Moyen-Âge, à la Renaissance, on relève les œuvres réalisées par Marie de France et ses lais inspirés de la « Matière de Bretagne » et bien plus tard l'illustre personnage que fut Georges Sand (qui invitera et incitera tous les bardes et poètes à se pencher urgemment sur l'épopée d'Ossian récemment publiée.)

C'est surtout lors du siècle écoulé que le bardisme au Féminin trouvera enfin un juste écho avec des « bardes » comme Angèle Vannier (druidesse également) ou Maripol et bien d'autres encore comme Garlon Le Goarnig ou Francine Caron...

Il n'en demeure pas moins que le bardisme ancien et contemporain demeure encore une expression très majoritairement masculine mais que cela est appelé à évoluer de plus en plus vers un investissement grandissant du Féminin...

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Il y a urgence à réhabiliter une Parole de Vérité, qui sonne « juste » dans la concert des brouhahas et des parasitages ambiants, des falsifications et artifices en tout genre, du déni et du mensonge généralisé et institutionalisé...

Et cela est du ressort du Druide comme du Barde et du vate, serviteurs et porteurs d'une Parole qui est de la Vie pour la Vie et qui fasse écho et résonance avec les Lois de l'Univers et de la Nature et avec lesquelles celles-ci poursuivent leur évolution avec l'aide que nous pouvons apporter en coparticipant aux équilibres et aux harmonies nécessaires à la dite Evolution...

Nous sommes aussi porteurs en ce sens d'un ensemble d'expériences existentielles détentrices d'informations qui sont en capacité de « nourrir » et « d'informer » les dites lois...

A travers tout cela notre Âme grandira, (pour autant que nous considérions en avoir une) notre corps, notre cœur, nos pensées se spiritualiseront de plus en plus transcendant notre « Matière humaine »...

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Dans le monde Indo-Européen la pensée précède l'action et la Parole active....Le silence fait macérer celle-ci et nous enseigne le « chant des mondes » qui est pure Poésie dans la gestation et l'enfantement de ceux-ci...

La Parole bardique est donc parmi les plus conséquentes et importantes du fait des connaissances acquises, mémorisées et maîtrisées, des études réalisées, des expériences et pratiques menées à bien, des épreuves rencontrées et des enseignements reçus dans ce cadre...

C'est un long parcours et trajet « initiatique » où le nouveau, et le renouveau, jaillissent des stades précédemment achevés ou atteints provoquant de nouveaux élans vitaux par des conceptions, visions, compréhensions et sagesses accrues, renouvelées, découvertes alors...

C'est une méthode de pensée qui fait appel à une trilogie (Verbe-Souffle, Inspiration, Création), à une dynamique du Ternaire amenant à une compréhension Unitaire cohérente et étroitement interdépendante (Ce que j'appelle penser, réfléchir et agir en BASE 3.)

(Les nombres 3 - 9 - 27 - 81 ont une grande importance dans la pensée celto-druidique.)

Le deuxième « Festibarde » à l'automne 2025 à Pléneuf Val-André (Salle municipale du Guémadeuc) sera l'occasion de se rassembler à nouveau autour de ce terme et nous pouvons nous y préparer dès maintenant.

Bien fraternellement        Bran Du