Les dits du corbeau noir

DE L'ART IRLANDAIS PAR FRANCOISE HENRY ET PROPOS DE BRAN DU A CE SUJET 2021 06 04 AVRIL

 

 

 

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 Art celtique dans un cimetière irlandais Photo Bran Du

 

 

 

 

ART IRLANDAIS Françoise Henry extraits

 

Il faut aborder l'art irlandais avec prudence...

 

Il y a une étroite cohésion à tout l'ensemble des productions des artistes irlandais.
Il y a un aspect « archaïque » et novateur à l'art irlandais, d'une part, il plonge ses racines dans l'ancienne tradition celtique ; étouffée ailleurs par la conquête romaine, il en représente la forme la plus achevée et définitive, poussant jusqu'à un degré presque suraigu son goût des combinaisons de lignes abstraites, son éloignement pour la représentation littérale du monde réel...

 

Il apparaît comme la forme la plus satisfaisante et la plus parfaite d'un art non représentatif qu'ait connu l'Europe et, à ce titre, il est d'un intérêt brûlant et immédiat pour les artistes de notre temps...

 

(Retenons, par exemple, la fascination d'André Breton pour le monnayage celtique. NDR)

 

Il nous retiendra aussi par une étonnante perfection technique, par une habileté de main qui sert sans cesse la subtilité extrême de la pensée et l'aide à s'exprimer...

 

Il est avant tout l'art de la ligne déliée...

 

Au 7è, 8è et début du 9è siècle cet art atteint à une maîtrise qui le place au tout premier rang de l'art européen...

 

Ce système sinueux et complexe de combinaisons des lignes qui demeure l'armature et la norme de l'art irlandais et de ses origines premières gardera le goût de déconcerter par des rythmes imprévus et cachés...

 

Après la « christianisation » initiale par Saint Patrick, un passé séculaire continuait à vivre une existence transformée et encore vivace...

 

Essayer d'assimiler des héros antiques, c'est avouer à quel point on tient encore à eux, à quel point le monde auquel ils appartenaient est encore présent...

 

 

 

 

 

 

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Au 8è siècle, l'art irlandais atteint à une perfection technique alliée à une science et à une virtualité de décoration qui seraient étonnantes en tous temps...

 

Il y a eu adaptation de représentations païennes auxquelles aura été donnée une signification nouvelle...

 

La chose vivante animatrice, que l'art irlandais, comme certains arts orientaux, mais à un degré plus fort, plus cohérent,, avait à donner au Continent, c'est une manière d'accorder ces éléments, une manière de les penser, une formule qui avait permis de les élaborer et qui pouvait en créer d'autres...

 

Les orfèvres, les miniaturistes, les sculpteurs d'Irlande sont préoccupés avant tout de combiner des lignes et des couleurs dont les rythmes leur plaisent.

Les lignes fluides de l'entrelacs, des combinaisons de courbe, les satisfont par leurs réseaux harmonieux...

 

Un répertoire étrange de formes apparaît, qui suggère des plantes, des animaux, des humains, tout un monde parallèle au nôtre, et qui cependant à ses règles propres.
Un monde d'êtres singuliers que l'artiste courbe, lamine et entremêle à son gré ou par moment, d'un glissement mystérieux, une forme passe à une forme différente, insensiblement devient autre...

 

Dans tout cela la réalité n'a que faire...

A l'intérieur de quelques contours essentiels, la ligne sinueuse, enroulée ou entrecroisée, domine tout...

 

Il n'est pas que la réalité des formes vivantes que l'artiste irlandais côtoie sans cesse sans l'aborder jamais, il y a une autre réalité, partout d'essence abstraite, qui semble à la fois l'attirer et l'effrayer...

 

C'est celle des formes géométriques.

La spirale, le cercle, le carré semblent des mirages qui qu'il évoque perpétuellement et qui s'évanouissent dès que nous croyons les toucher.

Pendant des siècles, l'artiste irlandais jouera avec la spirale, l'étirant,la déroulant, l'agrémentant de feuillages, de têtes d'animaux, la mêlant d'entrelacs, la gonflant en une demi-sphère, mais ne la laissant jamais se fixer et se dessécher en un enroulement de lignes purement mathématiques...

 

Il y a chez eux une crainte de la symétrie absolue. Ils usent de subtiles détours employés pour l'éviter...

 

 

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Notes Bran du

Selon ma vision et perception personnelle :...

 

Il ressort en effet dans les œuvres des artisans celtiques et dans la succession du temps « celtique » où cet art est « mis au monde » une extrême cohérence comme si le même et constant « Esprit » animait les diverses et singulières formes qui naissent de son instruction et de son inspiration...

 

C'est Lui le Maître de tout ouvrage, un ouvrage qui taille, grave, sculpte, façonne la Pensée elle-même avant que de l'inscrire dans la Matière…. Le « Fond » préside à toute mise en forme et celle-ci obéit à de mêmes lois...

 

La réalité, telle que nous nous la concevons, subie de la part de l'artisan Celte un traitement qui, par l'abstraction des expressions et conceptions subtilement formulées, dévoile, en « profondeur » et par delà les surfaces traitées, l'Anima qui les conçoit et en conduit la représentation donnant à un champ invisible sa visibilité mais ce, pour autant que nous soyons en capacité de la.percevoir...

 

Nous savons grâce aux études menées par Venceslas Kruta que l'art Celte n'est pas un effet esthétique d'apparence ni un simple objet de décoration.

 

Même l’œuvre qui se veut « fonctionnelle » cache, en vérité, et souvent secrètement, des liens avec la dimension « magique », « alchimique », symbolique, analogique, religieuse, spirituelle de toute réalisation celtique...

 

Nous savons, grâce à l'intuition et au discernement de l'un de nos plus éminents chercheurs dans le domaine celtique, que cette « production artistique » cache et masque en fait un « langage  d'initiés » et que cette « Parole sacrée » ne se dévoile qu'à ceux-ci et, partiellement, pour l'heure à ceux qui en ont découvert l'existence et qui ont commencé à « soulever le voile »...

 

L'art Celte est une clef conséquente qui ouvre les portes à demi fermée de la compréhension de ce qui animait cette civilisation à travers les maîtres spirituels et philosophes qui étaient responsables de la « cohésion » d'ensemble...

 

La « cohésion » est dans le monde celtique un « maître mot » qui prend place à côté de la « vérité », de « l'harmonie », de « l'équilibre », du « discernement et du choix. », de la « dignité et de l'honneur. », de la « liberté et de la responsabilité », de la « célébration et de la ferveur. »....

 

Là où bien des études souvent remarquables n'ont permis qu'une approche sujette en partie à supputation, à hypothèse, le fait de pouvoir apprendre ce langage « codé » élargirait considérablement l'éclairage des zones obscures qui hantent encore notre recherche de compréhension...

 

 

 

 

 

 

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L'art celtique sonne « juste » car accordé, ajusté, aligné avec le Principe et l'Essence de tout Être et de toute Chose sans lesquels il n'aurait pas même d'existence en tant que tel...

 

Le sacerdote, l'organisateur de la société ; la royauté qui régente l'horizontalité humaine et toute la classe « pensante » ainsi que les artistes et artisans sont animés d'un même feu, abreuvés d'une même eau, consacrés en leurs fonctions, gestes et paroles, par Cela qui Fût, Est et Sera...

 

L'art Celte, bien que défloré par le temps et l'histoire des hommes, conserve une forme de « virginité » à partir de laquelle l'Espit fécondera encore et toujours la Matière, le Fond présidera aux formes nées de Lui...

 

Le « décor » qui entoure les motifs dit centraux en dit bien plus à priori que ceux-ci, mais nous ne savons encore comprendre ses subtiles formulations et leur étroite interdépendance car tout est « relié » dans l'art celtique où toutes les parties émanent d'un Tout et où ce Tout irradie dans le fragmentaire de ses manifestations et représentations...

 

La Spirale qui jaillit de l'inconnu, de l'indicible, de l'innomé y retourne nourrit de divers cycles, de divers rythmes et données existentielles, donc d'informations vibrantes et pervibrantes qui sont sans doute le premier Langage de l'Univers avec lequel le cœur, l'intelligence du cœur et les facultés sensorielles du corps peuvent avoir « contact » si leur « récepteur » à la capacité de se régler sur les fréquences d'émission et de transmission de Celui-ci...

 

L'art nous permet, à travers les Vibrations qu'il émet, d'entrer en résonance avec ces fréquences de nature divine et sacrée...

 

C'est un « art combinatoire » qui entremêle des données, des perceptions, des visualisations qui résultent d'un véritable tissage qui habille une Trame hautement spirituelle...

 

Les lignes sinueuses, ondulatoires, serpentines qui rappellent l'art des graveurs du Néolithiques à Stonehenge, Newgrange ou encore dans le sanctuaire mégalithique de Carnac n'ont rien perdu de leur évocation première qui transcrit dans la pierre les mouvements mêmes de l'Univers, les danses et chorégraphies du « Vivant »...L'ensemble nous invitant à faire de nous « des danseurs » !

 

Ces ondulations et oscillations vont de la Mort vers la Vie et de la Vie vers la Mort, elles conduisent aux passages initiateurs et à l'élévation des consciences à travers chaque cycle effectué en y faisant ample recours...

 

A l'image de la Vie qui ne saurait être figée, ou encore l'Amour, la Poésie ou la Tradition qui ne saurait être « définie », l'art Celte ne saurait demeurer statique, immobile, figé à demeure, ancré éternellement dans une forme, bien au contraire et, au-delà des apparences, il signifie le mouvement, le changement, la mutation ou transmutation ; les transformations, les métamorphoses qui sont tous et toutes régentés par la Loi de constante Evolution...

 

Il en va de la Pensée comme des œuvres quelle inspire et induit...

 

 

 

 

 

 

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07/04/2021
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