DE L'ETAT DE DRUIDITE (DIALOGUE AVEC GWENN) 2022 BRAN DU 18 11 NOVEMBRE
La Vie, C'est cool !
Ruisseau de L'Aff en Brocéliande
Photos Bran Du
Dialogue contemporain Bran Du Le 18 11 2022
Gwenn : « - Comment l'état de « druidité » peut-il aider les hommes à vivre mieux ?
En comprendre le « sens » et voir si cela fait écho et juste résonance avec les questions et projections qui agitent mon esprit et mes pensées...
Approfondir tout cela et voir dans quelle mesure cela peut m'aider à tracer mon chemin dans l'existence... »
Bran Du : - Si une Tradition dite de « sagesse » n'est pas en mesure de nous aider à trouver sens et essence dans notre existence alors en effet elle ne sert à rien et la recherche se fera ailleurs..
De même si elle n'est pas en mesure et capacité de nous aider « à mourir »... Si elle l'est, alors nous aider à vivre ne pose aucun problème !...
Pourquoi en effet aller vers une fontaine dont les eaux sont taries ou non aptes à nous désaltérer, à nous guérir ?...
A moins que cette source jadis miraculeuse n'ait été volontairement obstruée et il nous appartient alors de pourvoir à la résurgence de son précieux écoulement....
Comprendre le « Sens » des êtres et des choses de ce monde voir de l'Autre-Monde suppose et implique un rattachement à une « Essence » comprise comme élément spirituel moteur de toutes les dynamiques de Vie....
La proposition qui reste et demeure une proposition que la druidité
offre à nos raisonnements et à nos interpellations réside dans un « Principe » non « défini » ni même nommé associé étroitement à une « Essence » de même « nature » et « souveraine » des êtres et du monde...
Tous Deux réalisent conjointement l'Anima et l'Animus de toute la « Création » et de l'Evolution constante de Celle-ci et ce, sans imposer pour autant un diktat existentiel ni une destinée inébranlable car cette « Oeuvre » autant divine que sacrée ne saurait constituer un dogme tant dans son Fond que dans ses Formes...
Le Premier ayant toujours préséance sur les Secondes ; l'Esprit présidant à toute action sur la « Matière » y compris corporelle et charnelle et non l'inverse...
Quelle aide pouvons-nous espérer et recevoir de Cela qui Fût, Est et Sera « de toute éternité » ?
L'homme, semble-t-il, à très globalement besoin de « croire » et ce depuis l'aube de notre humanité...
Le fait d'être très tôt placé devant les phénomènes manifestés dans l'Univers et devant la naissance, la vie, la mort... a fait naître en lui une réflexion majeure de nature « spirituelle » impliquant la mise en forme de pratiques religieuses en adéquation avec les conceptions de son Esprit...
Au cours des siècles et des générations et selon son habitat planétaire plusieurs modèles de reliance, de connexion, d'entendements et de compréhensions, ont vu le jour comportant sans doute à l'origine des modèles assez semblables puis se diversifiant dans l'espace et le temps...
Pour ce qui est de la civilisation celtique les pratiques religieuses induites par une conception spirituelle ont évolué passant d'une religion dite « cosmique » à une religion dite « politique » visant une plus grande cohésion et organisation fonctionnelle et sociale...
Toutefois des figures anciennes, des conceptions antérieures ont continué de faire références comme la Déesse-Mère ou l'Homme-Cerf devenu Cernunnos aux temps celtiques...
Tout ceci résidant dans un monde pré-chrétien exprimant et manifestant en toute liberté et en toute ferveur son « paganisme »...
L'apport qui me semble essentiel d'une sagesse « traditionnelle » est de proposer la recherche permanente d'équilibres, d'harmonies, de cohérences... et c'est là une de ses fonctions primordiales...
Si tel n'est pas le cas... Cherchons ailleurs !....
Pour autant que nous validions cette idée de l'existence bien réelle d'un « Puits de sagesse inaltérable », d'une « Source de Vie abondante, prodigue, généreuse... » alors nous pouvons y porter en confiance et gratitude nos lèvres, notre cœur et l'intelligence de celui-ci... Et nous en serons revivifiés....
Nos rituels ayant lors fonction et valeur de gratitude et de remerciements...
Qu'est-ce qui est de nature à nous aider à animer positivement et objectivement notre Vie si ce n'est la Vie elle-même dans toutes ses prodigieuses manifestations ?
Ceci pour autant que nous ayons de la Vie le plus haut, le plus profond, le plus large entendement...
Pour ce qui me concerne servir la Tradition Celto-Druidique, c'est servir la Vie et lutter contre les asservissements dont elle fait l'objet...
La Vie est le Poème de tous les Poèmes, le Chant réunissant tous les autres chants, l'Oeuvre de toutes les Oeuvres et je me veux servant, serviteur de Cela, serviteur de la Force, de la Puissance, de la Magie, de la Poésie, de la Vibrance, de l'Energie et de la Lumière émanant de « l'Indicible » si merveilleusement manifesté...
Une Tradition qui invite à danser, à chanter, à musiquer, à poétiser la Vie ne saurait être que le partenaire aimant et solidaire de Celle-ci...
Gwenn : « - La druidité m’intéresse si elle permet de me ré-ancrer dans la vie en exacte correspondance et affinité d'entendements avec la Terre... (Que l'homme et la terre soient en exact adéquation)...
Mais « nous sommes tellement abîmés » individuellement que c'est comme si cette possibilité ne nous était offerte que par mimétisme, mais avec finalement bien peu de vibration, parce que notre cœur n'est pas guéri...
J'aime bien l'idée de m'inscrire dans une recherche de libération totale, de groupe mais individuelle aussi...
Ceci pour ne pas avoir à lire cette peur de soi et des autres quand on se rencontre dans les yeux de chacun laquelle s'allège sans doute au cours du rituel mais reste quand même là, car le rituel n'a pas pour fonction de l'enlever. Elle touche profondément à l'intérieur. Et elle voile... »
Bran Du : - Chacun, chacune vit le rituel selon sa personnalité, ses expériences de vie, ses ressentis, ses conceptions, ses attentes et « l'état de son être » au moment présent...
Les « préparatifs » réalisés en amont de celui-ci ont pour objectif individuel et commun de mettre en œuvre une forme d'osmose impliquant un état d'équilibre et d'harmonie partagé et souhaité par tous et par toutes...
Rétablir la paix, la sérénité en soi, nettoyer avec l'aide de l'eau et du feu nos scories mentales et corporelles, chanter des voyelles pour aboutir progressivement à l'unisson, méditer solitairement quelques temps au sein de la Nature sont des procédés indispensables pour la bonne tenue et vibration du rituel qui suivra...
Il s'agit de créer un état de « symbiose » entre tout ce qui va constituer le Cercle de Vie qui nous attend et qui nous recevra et accueillera dans ces dispositions aimantes et ferventes...
C'est ainsi que se constitue un véritable « orchestre » s’apprêtant à concélébrer le Vivant de la Vie et ce qui anime, soutient, inspire et fait « respirer » Celui-ci....
Lors nous respirerons ce « Grand Respir » et y mêleront notre joie, notre amour, nos chants, os danses, nos musiques, nos vœux, nos gratitudes, nos offrandes et notre propre « Souffle »...
Notre Tradition nous veux libres, totalement, pleinement libres mais hautement responsables et conscients de cette Liberté laquelle demande comme l'Amour une attention et une vigilance de tous les instants......
L'un des fondements conceptuels de la Druidité réside dans la notion, la compréhension et l'exercice du « vrai », cela étant garant du bon ordonnancement de l'Univers, de la Nature, des cycles saisonniers, de la course des astres, des êtres et des choses....
C'est un point fondamental qui fait référence à ce qui est juste, équitable, exact dans la pensée humaine et ses applications adéquates dans le Vivant de la Vie...
Cela implique de faire résistance et de s'imposer exemplairement, authentiquement, face à tout ce qui fait discordance et dissonance en ce monde si brutalisé par l'engeance humaine dissociée de son humanité même....
On ne saurait donc en nos comportements mais aussi en nos cérémonies faire « semblant » et cautionner ainsi tout l'artificiel, tout le superficiel, tout l'illusoire de notre « modernité »...
« Ar Gwyr eneb ar bep. »... « Le Vrai face à l'existence, à notre existence » et c'est bien de cela qu'il s'agit d'incarner individuellement et communautairement...
…///...
La peur n'existe que pour autant que nous lui donnons notre corps, notre cœur, nos sens, nos pensées et notre vie pour habitat et demeure permanente....
Notre réponse à cela réside dans l'incarnation pervibrante de nos plus justes désirs et la volonté obstinée qui les soutient...
La Vie n'est pas originellement fondée sur la peur, celle-ci n'est pas constituée par ce sentiment « idéologique », mais par un besoin biologique de répondre à ce qui nous maintient en vie (nourriture, boisson, vêtement, toît...)
Si la peur avait existé à quelques niveaux de la formation de la Vie, la Vie serait-elle ? Je ne le pense pas...
Je pense au contraire qu'un rituel bien conçu, entendu, compris, validé de cœur et d'esprit, ardemment souhaité est un espace libérateur de toute crainte, de toute peur, de toute appréhension et où le doute n'a plus sa place...
La paix qui préside aux rites patronne ceux-ci du début à la fin avec l'aide des Forces, Energies et Lumières convoquées aussi à cet effet... La « Mère veille » aussi sur tout cela !....
Avec la peur aucune espérance ne trouverait sa place, aucun rite son équilibre et son harmonie...
Personnellement, je n'ai pas rencontré cette peur au sein des rites concélébrés mais ce constat réside sur le fait que l'ordonnancement de ceux-ci n'est pas réglé sur une appréhension ou une crainte mais sur un désir et une volonté de Vie ajustée vibratoirement et spirituellement à Celle-ci et aux Ondes de Paix et d'Amour qui circulent dans le Cercle ainsi formé ainsi qu'entre la Terre et le Ciel, le Ciel et la Terre......
Gwenn : « - La vérité de soi, c'est reconnaître sa peur, c'est la regarder en face, la formuler, et accepter de la ressentir. Bref ne rien se voiler et affronter...
J'aime bien l'idée d'intégrer la reconquête de la reliance au tout à une démarche intérieure de vérité. Pas forcément confortable. Le rituel l'est plus, parce qu'il n'est pas trop engageant sur le plan de la vulnérabilité et des émotions. Mais c'est la combinaison des deux qui me paraît existante. Sinon le rituel reste de la crème sur une tarte moyenne... Je sais pas... C'est une impression... »
Est « vérité » dans la pensée celtique ce qui sonne juste, ce qui est parfaitement charpenté et architecturé... La Parole et le Verbe qu'elle énonce doivent répondre exactement à Cela...
Elle se doit d'être sur les lèvres du Druide ou du Barde dans son Essence première sortie pleine d'élan et de Vie du Chaudron de la Mère et du Père, pure, ruisselante de bienfait et de bienveillance, irrigante, guérisseuse et désaltérante au sein des asséchements et blessures de ce monde...
Ritualiser ; c'est offrir, c'est s'offrir avec la pleine « nudité » de notre être aspirant à un recouvrement spirituel l'enveloppant et l'englobant en son sein...
C'est un acte d'Amour où le Don orchestre tout sentiment, toute pensée et tout acte.... où les interdits d'une pseudo morale ou éthique n'ont pas à intervenir...
Où cessent les castrations idéologiques tétanisantes et fossilisantes...
C'est le lieu des recouvrances avec ce qui nous constitue au plus profond, au plus précieux et parfois au plus éloigné et méconnu de notre être...
Le « corps » des sensations, des émotions, de la sensualité fait partie intégrante, mouvante et émouvante de la célébration... Il ne saurait demeurer enfermé dans le placard des appréhensions et à la porte des réjouissances...
Ce n'est pas un lieu de « faiblesse » mais un espace circulaire et central de forces et d'énergies qui s'y déploient et y circulent, c'est un banquet et un festin fraternel et spirituel où tout est nourriture abondante et boisson enivrante à l'image des richesses de l'Autre-Monde qui en est le modèle...
Notre effort se devrait de se porter spirituellement et corporellement sur la densité et l'intensité de ce qu l'on vit et partageons, sur le désir et la volonté d'incarner une Vérité vibrante et pervibrante prenant sa juste place dans le Chant du monde et les Danses de l'Univers...
Gwenn : - « Je crois que mon malaise en groupe parle de quelque chose d'essentiel... »
Rimbaud nous proposait de trouver, de retrouver le « Lieu et la Formule » soit la façon de l'habiter, de l'animer, de célébrer ou de concélébrer en lui la Vie...
L'invitation poétique est toujours d'actualité...
Le rapport au lieu est important... Nous le choisissons selon divers critères d'appréciation mais il n'est pas impossible que celui-ci nous accueille ou nous rejette selon les façons et l'anima dont nous nous présentons à lui !....
Le Lieu du rite est un arbre qui accepte ou non que nous construisions ou non et temporairement un nid en ses branches...
Le « malaise » n'est pas invité aux noces dans la chambre d'Amour tapissée de confiance et d'attentions bienveillantes et bienfaisantes...
Il s'agit toujours et encore, en terme de malaise (mais pas seulement) du rapport a soi, à l'autre, aux autres et à tout ce qui nous entoure, traverse et enveloppe...
Selon l'état de relation que nous entretenons avec nous-mêmes notre reliance au monde « extérieur » en sera le reflet réel ou déformé...
Prendre acte et parole impliquerait peut-être une déclaration d'intention préalable afin de ne pas être l'objet de projections ou d'interprétations sans « rapport » avec l'entretien et l'anima proposé et exprimé...
Nous ritualisons en prenant le soin de formuler le pourquoi de cette mise en œuvre et la Grande Invocation des Druides et des cocélébrants incarne parfaitement et exemplairement cela...
Nous sollicitons lors en effet, en l'état de paix, de gratitude et de ferveur, auprès des Forces, Energies et Lumières convoquées, l'appui, la force, la compréhension, la science, l'amour de ce qui est bon et juste...
Nous sommes tous l'offrande de toutes les offrandes et nos cœurs et nos pensées constituent la corbeille tressée de joie et d'amour où tout cela repose au Centre, au Moyeu, au Sein du sein de la conjonction aimante ainsi opérée entre la Terre et le Ciel...
Gwenn : « Que propose l'initiation ? »
Bran du : - Un « commencement »...
Une « renaissance » dont nous sommes le géniteur ou la génitrice...
Une remise au monde, l'enfantement d'un nouveau regard, d'une nouvelle vision de celui-ci...
Une étape peu ordinaire, un jalon conséquent au cours de notre cheminement ou navigation existentielle...
Une élévation et densification de notre niveau de conscience, d'entendement, de compréhension de soi, des autres, du monde visible ou non...
Un engagement réfléchi, lucide, volontaire à servir l'essentiel, l'élémentaire, le primordial, l'originel, le fondamental, la magie et l'alchimie de toute Vie...
La recouvrance avec soi-même, avec son Essence spécifique, singulière, réelle et potentielle, avec ses flux, ondes, fluides internes étroitement connectés avec ceux et celles qui enspiralent l'Univers...
Gwenn : - « J'ai beaucoup aimé la façon philosophique dont nous avons abordé ce rituel, cela lui a donné pleinement du sens, et personnellement, ça m'a évité cette sensation désagréable que j'ai pu avoir parfois, de singer quelque chose sans que le fond y soit... Une impression de présence superficielle....
Bien souvent tout est axé sur le comment et on oublie le pourquoi. Où, peut-être, n'est-il tout simplement pas là !...
J'espère pouvoir revenir à des rituels car oui, ça m’intéresse... »
Comment vivre, incarner une dimension, un acte, une célébration, une fête corporelle et sensuelle qui soit un mutuel offertoire si nous n'en avons pas la claire et avivée compréhension, si le pur désir et la vive volonté ne sont pas conviés à de telles alliances ?
Les explications des déroulés et contenus, mais surtout de l'Anima spirituel qui œuvre en leur sein, précèdent toujours la mise en œuvre du rituel...
Le sens en est donné par l'Essence auquel il se rattache...
Le « pourquoi » et le « comment » y trouvent leurs réponses...
Notre Tradition s'appuie sur une spiritualité accompagnée par une philosophie de la Vie. Paroles et actes sont imprégnés de ces deux dimensions inséparables l'une de l'autre...
Nous avons vu combien la notion de « Vérité » importe dans la pensée druidisante et les actions auxquelles elle préside ; une pensée et des actes qui ne sauraient mentir ni faire « semblant »...
Bien fraternellement Bran Du