Les dits du corbeau noir

LES NEUF FRAGMENTS D'UN VOYAGE Bran Du Décembre 2023

Avertissement :

Ce « voyage » n'est le fait que d'une Inspiration que l'on nomme l'Awen dans la Tradition Celto-Druidique et n'a nul besoin de faire appel ou recours à quoi que ce soit d'autre pour tracer son chemin et son aventure...

 Préambule au voyage :

Chuchotement de branches...

Bruissement de feuilles...

Crépitement de bois mort...

Perception d'une flamme originelle jamais éteinte...

J'entrevois la couleuvre limpide d'un ruisseau...

Ma vie, sinueuse comme lui...

Fourmillements dans les jambes et les bras...

Je ventile de mes paumes le rougeoiement du brasero où macèrent et fument des plantes savamment et traditionnellement sélectionnées....

Je me suis longuement préparé à ce qui vient du plus lointain de mon existence, du plus lointain que l'humain que je suis...

Je veux embraser l'inconnu et qu'il me remette au monde, lavé, nettoyé, épuré des scories accumulées...

Des frôlements d'ailes au-dessus de moi, c'est le ballet nocturne des chauves-souris...

Je suis nu, allongé sur une pierre lisse, face à la voûte d'ébène et volontairement, librement livré à cet envoûtement....

Quelqu'un veille sur moi, il a un ruban noué sur le front, les cheveux blancs et longs et la peau couleur de cuivre rouge. Il ne bougera pas de tout le voyage, seules ses lèvres souffleront l'encens des songes, la fumée bleue et verte des rêves...

Par le conduit de ses deux mains, il saupoudre l'enclos de l'espace d'une poussière de neige qui retombe sur moi en une fine pluie d'or et d'argent....

J'ai bu la concoction, j'ai bu à la mamelle forestière le lait des Anciens, la potion de Mort et de Vie dont il faut connaître le bon dosage si on ne veut pas que le voyage se perde dans l'infini !...

Je me hisse lors sur ce qui serait le dos d'un cheval qui n'a plus que la peau sur les os et qui semble âgé de quelques années lumières...

J'entends les bourdonnements de mon cœur qui entonne une chanson d'abeille.....

…///....

Etape 1 :

Une mélopée lancinante et répétitive serpente autour de moi entre crépuscule du matin et du soir....

Fascinantes facettes et pépites de lumière, son aurifère qui frappe une paroi rocheuse, là où jadis s'éveilla une humanité qui ne sait pas gérer son aventure...

C'est chose pénétrante que cette percussion qui prend le cœur en otage le temps d'une révélation ou d'une illumination et qui transforme un être du tout au tout...

C'est une frappe régulière dont la tonalité sourde et prégnante secoue, ébranle et ensorcelle vos artères et le chaudron de votre ventre, c'est un battement qui vous bouleverse les tripes et vous imprègne des pieds à la tête...

L'envie de vomir me reprends, ma respiration s'accélère, le sang gonfle mes tempes mais je ne dois pas paniquer mais rester au contraire déterminé à tenir le Serpent par la queue !

Je circule au sein d'un méandre d'ondes et de flux aux couleurs changeantes, je suis de cette fluidité serpentine qui semble ne connaître ni commencement ni fin...

Ne pas lâcher la queue du Serpent...

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Etape 2 :

Nulle part se trouve ici et ici n'a pas de nom...

Cela à mémoire plus ancienne que le plus ancien volcan...

Le lieu s'apparente à une caverne utérine avec des odeurs de varechs et des parois violettes et rosacées, de l'eau s'infiltre par une faille dans la voûte, ici et là brûlent des bougies de tailles et de formes différentes...

Sur ce qui semble un autel sont déposés des colliers de coquillages, des amulettes, des pierres précieuses...

C'est une sorte de temple souterrain naturel ou creusé dans les entrailles mêmes de la Mère...

C'est un lieu destiné me semble-t-il à toutes sortes d'initiation et d'enfantement.... Et, de ce fait, éminemment féminin...

…///...

Etape 3 :

J'ai vision d'un cercle de feu et celui-ci m'invite à le pénétrer et à me laisser pénétrer par lui... Lors me voici flamme parmi les flammes, jaunes, oranges, rouges...  Je suis brasier dans le brasier mais rien ne me consume... Je m'élève au sein de la spirale ignée vers le champ d'immensité aux infinis mystères...

Ce feu, je le sais, accouchera d'une homme aux paupières de cendre et à la langue flammée et cet homme « alchimisé » sera d'Eau et de Feu et portera le Verbe et son Souffle aux sommets enneigés où les questions se glacent dans l'éternité sans réponse...

Le déluge lui-même n'a su éteindre cet incendie d'Amour qui a noce de sources et de fontaines et qui prend vie et racine dans l'humus, dans le terreau emblavé des femmes et des hommes....

Je suis cette rondeur en gésine roulé dans l'arrondi d'un ventre et qui taille peu à peu dans le bois du silence la clamante irradiation d'un cri à venir...

…///....

Etape 4 :

Un aigle m'a fait cadeau d'un manteau de plumes noires et blanches.

Certaines sont tachées de sang, d'une autre perle des gouttes d'encre en quête d'une page vierge où se répandre...

Je n'ai pas encore humé et rencontré le vent apte à supporter mes ailes.

Ce temps n'est pas venu, le ciel ne veut pas encore de moi...

Je dois être prudent, faire attention surtout au voleur d'âme, aux esprits malfaisants, qui se tiennent dans l'ombre portée de mon corps.... Ils sont plus vifs, plus prestes qu'un faucon qui fond sur sa proie quand celle-ci s'expose à leur faim...

Ne pas se laisser séduire, voir les crocs et les serres que cachent la brume des apparences...

J'ai douloureusement appris à craindre les sortilèges qui émanent de la jeune poitrine d'une jeune fille...

Les rêves sont des hirondelles qui ne font pas toujours retour au nid de leurs amours...

La boisson âpre coule dans ma gorge, j'ai gorgée de musc et de résine, cela envahit toute ma poitrine et frappe obstinément sur l'enclume de ma forge....

Je vis en alternance une chose et son contraire lesquels parfois se concilient et s'accouplent et il n'est plus, de ce fait, d'instabilité lors je me trouve à ma simple place, bien installé sur la monture de mes pensées épousant le grand large des steppes de la joie...

Tout cela je ne l'ai pas appris aux écoles mais dans la patiente observance des lois qui ne sont pas celles des hommes mais celles du brin d'herbe et celles du vol des oies sauvages...

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Etape 5 :

Quelque chose de moite se pose sur ma main, quelque chose glisse sur ma poitrine, m'enserre de ses bras et m'étreint...

Cela ressemble à des tentacules d'une pieuvre qui s'enroulent autour de mon torse et m'enveloppent dans une toile tissée de rêves et de songes...

Des fleurs s'ouvrent près de moi, des fleurs qui n'ont pas de cœur et dont les pétales parsèment le sol...

Moi aussi je voudrais éclore et disperser mes lambeaux de chair dans tout l'Univers, devenir un diamant dans la nuit dont les éclats tutoient les Ténèbres...

Le tonnerre roule et gronde en moi... Mes sens précipités se font averse, lors je ruisselle de tout mon être irriguant ainsi la sécheresse et l’aridité d'une terre gaste livrée aux blessures que procurent les rejets de l'Amour...

L'eau dévale de moi comme un torrent fougueux pressé de se diluer dans l'océan des êtres et des choses...

Tout cela semble provenir des confins de mon cerveau ; d'innombrables et savantes connections productrices effrénées de visions qui oscillent sans cesse entre fantasme et réalité...

Je ne suis pas maître de cette alchimie singulière mais je sais la magie qui opère, les mutations, les transpositions, les analogies qui se veulent entendement et compréhension dans l'athanor que je suis...

Je ne cherche pas à comprendre, comprendre n'est pas nécessaire, voir, sentir, pressentir me suffit...

Je suis aveugle d'un œil et peut-être que cela condense et densifie ce que deux yeux ne peuvent déployer avec autant d'intensité mais deux visions associées ne seraient peut-être pas de trop tant l'amour est aveugle...

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Etape 6 :

Je sais que je ne suis pas mort, je sens la sueur qui me coule dans le cou...

Je ne sais rien de ce pays sinon qu'il à goût de sel et odeur de lavande et de chèvrefeuille....

Il y a un verger et des pommiers bien alignés qui n'ont pas de pommes mais un fruit étrange et lumineux qui ne pourrit jamais et dont le goût est suave et la consistance tonique, un fruit qui se reconstitue lorsque l'on mord dedans !

Je n'ai pas revu les longs et fin serpents et leur danse lascive mais je les sais là tapis dans un recoin de mon être qui ne connaît pas la lumière...

…///...

Etape 7 :

J'ai porté de nouveau le gobelet d'argent à mes lèvres...

Je ne sais qui mène la danse mais je danse, je virevolte d'aise, je mène en moi une ronde lente et tournoyante, érotique, voluptueuse, caressante en l'enlacement de ses lianes survolées du battement vif des colibris...

Je ne sais de quelle tige je suis la fleur, de quel arbre je suis le fruit...

Toute ma peau est comme la carapace d'une cétoine luisante d'émeraude et c'est merveille que cela...

Bien étrange est cette chorégraphie où je sillonne entre l'effroi et la béatitude....

Je m'écoule dans le sablier du temps, dans les marées de l'espace, vague après vague sur une grève nue et déserte où se baignent des étoiles de mer...

Quelque chose attend, je le pressens, quelque chose encore indéfinissable mais qui attend là-bas sur le rivage...

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Etape 8 :

Je ne suis pas celui que je pense, celui à qui je pense n'a pas, en fait de visage mais un masque ; un masque façonné avec le papier mâché du paraître et dont la cire fond au fur et à mesure que je poursuis ce voyage...

Je suis assis, paisible et tranquille, au sommet dénudé d'une colline, une forêt s'étend devant moi éclairée par le plein de la lune. Le vent s'est endormi dans les bras du silence...

Je suis bien... Je contemple... Ta main dans la mienne....

J'apprends ton prénom à une toute jeune étoile...

Etape 9 :

Soyez la bienvenue en ce monde antichambre de l'autre.....