DE LA BAIE DE SOMME A CELLE DE LANGUEUX BRAN DU (2020 22 02 FEVRIER)
Photos Bran du
De la Baie de Sommes à la Baie de Langueux
Sur les Traces du peintre Alfred Manessier
Bran du le 22 02 2020
« La création n'est jamais finie, elle est en perpétuel devenir...
Elle s'ouvre toujours... »
« La peinture doit toujours « monter »....
« Peindre, c'est faire que les couleurs, oscillent entre les mondes. »...
« Il y a une équivalence musicale dans la peinture. »...
Et, un « pacte » d'amour entre le peintre et sa peinture, un dialogue continuel, une peinture qu'il n'impose jamais. (mais qu'ensemble ils composent)...
Non à la « figuration »... Oui au rythme de sensations colorées...
Notre planète n'est pas que sinistre, elle est aussi merveilleuse. »...
« Transformer le cri en chant. » (« et qu'il se fasse entendre. »)...
Alfred Manessier
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Bran du 22 02 2020
L'Estran de lumière
(A Martine Jardin et à Christian Tual)
Etre à l'intersection de notre horizontalité et d'une verticale...
Quoi de plus nu qu'une grève nue ?...
Quoi de plus bouleversant que cette « féminité » enrobée de claires et de sombres saisons, nappées de brises, de crachins, et d'extases tempétueuses...
Tout l'espace entièrement consenti aux musiques du silence, au glissement des drapés du ciel, aux attouchements des rémiges venues d’Afrique ou de Sibérie....
Le lissé parfait des creux et des courbes, des pleins et des vides aux frontières de pénombre...
Nul « modèle » ne saurait surpasser l'épure de ce paysage, la finesse de ses grains...
Seule la main des yeux, les paumes de la pensée, ont pouvoir de caresser cette surface étirée jusqu'à l'infini et offerte à la Beauté elle-même dans l'immensité de ses splendeurs....
L'émotion non point furtive ni fugace, mais tourbillonnante, fusionnelle, déchaînée et submergente telle une marée d'équinoxe...
Des lignes légères, évasives ou épaisses comme un trait de fusain qui cherche à envelopper, à révéler un corps dans la chorégraphie de ses danses...
Des oscillations, des ondulations, des contours, des ravines, des protubérances, des creusements, des replis, des rides, des reliefs... Soit, tout le jeu amoureux des entrelacements d'ombre et de lumière...
Ici, les fiançailles du noir et du blanc préméditent de ce que seront les noces de couleurs...
Opposition, juxtaposition, concordance, ajustement, répartition, délimitation, empreintes, tracé fluctuant, formes mouvantes d'un estran jamais le même mais toujours vibratoirement, méditativement, esthétiquement présent pour la contemplation...
Poème mille fois déchiré, mille fois réécrit, de l'indicible...
Sur la grève défile l'empreinte émouvante et très alanguie du cortège des nuages qui s'effilochent dans l'espace ; empreinte portée aux lèvres de la houle et bue en ses marées d'amplitude...
La mer avant la mer, les vagues du ciel, la première écume et le sel des origines...
L'homme qui s'y promène, les mains croisées dans le dos, les cheveux ébouriffés, n'est qu'une modeste verticale dont l'esprit se prolonge vers le ciel en se reboutant à l'essentiel...
Quand l'horizon nous empreint de sa ligne plus ou moins fixe ou flottante, c'est en cet espace et en ce lieu seulement, que l'eau d'ici nous reconnecte avec l'Au-Delà...
Là où une limite prend fin, une immensité commence...
Ce sont sables modelés, sculptés comme de l'argile par des rouleaux et des lames qui sans cesse recommencent leur ouvrage millénaire...
L'océan ne semble jamais satisfait de ses œuvres tant est grand son amour illusoire de la perfection...
En de tels tableaux seuls les oiseaux font signature...
Echanges permanents de la matière et des flots, dilution et absorption, remodelage des lignes et des formes...
Architecture liquide et fluidique, grand squelette d'algue mauves, rousses et vertes, danseries lascive des laminaires...
Mystère des grands brassages en des profondeurs que nous n'atteindrons pas...
Tout cela contenu dans l'antre rose et nacrée d'un coquillage....
L'éternité manifestée dans ses ruissellements et ses écoulements parfois chargés de larmes de lune ou de soleil ou encore du rire des étoiles...
Un enchevêtrement de lascis serpentaire oint d'une onction de lumière relie la terre à l'océan...
C'est un cordon ombilical entre l'enfant du rivage et la mer ; un cordon que rien ne saurait rompre là où eau et sang ont même courant et mêlent leurs ondes...
La pensée se forme ici comme se forment les nuages, dans un différentiel d'ambiance et de charges atmosphériques...
Elle est soumise et sujette à fragmentation, à fracturation, à dissociation, à déchirure et à élongation... Ce qui décompose aussitôt recompose autrement, différemment...
C'est surtout une permanence enclose dans l'impermanence...
L'important, c'est qu'elle puisse voyager jusqu'à l'épure d'un manteau d'azur triomphant...
Je n'ai besoin de faire choix de la croix de l'homme écartelé, me suffit celle des arbres qui embrassent les couleurs changeantes du ciel et le chant coloré des saisons...
Quoi qu'il en soit...
En ces temps obscure, nous n'avons de chemin que de Lumière...
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