DEMAIN : LE MOIS DE LA POESIE : LE HAIKU AVEC GILBERT AUBERT PARTIE 1 02 03 MARS
POESIE INSTANTANNEE : Le HAIKU à la Mode japonaise...
Bran du Mars 2018
De quoi s'agit-il ?
D'une écriture poétique « cursive », immédiate, qui traduit fidèlement ce qui jaillit devant les yeux et qui attire l'attention au point de vouloir saisir et transmettre « l'événement » ; sujet et objet de cette écriture du « vivant »...
Cette pratique « artistique » des plus simples, des plus « naturelles », et des plus « poétiques » qui soient à le mérite de nous replacer à notre juste place dans les mouvements du monde et de la vie en redonnant à notre « présence » une densité et intensité de « cosmunion », d'entendement, de complicité, avec la Vie elle-même dans toutes ses expressions, formulations et manifestations...
C'est se faire témoin de cette vie en mouvement, dans son authenticité, dans ses vibrations, dans sa fluidité, dans sa transparence, dans ses senteurs et parfums, dans ses formes et couleurs, dans son essence et dans son anima, dans sa substance même (minérale ; animale, végétale et humaine)...
C'est être au plus près de ce qui agit l'univers dans son microcosme comme dans son macrocosme ; c'est donc photographier l'instant qui dit l'essentiel de notre rapport, de notre relation à ce qui Est, Fût et Sera...
Attention et considération pour cela donc et restitution pour le partage de cette essentialité qui nous fait frères et sœurs en humanité au sein d'une communauté du vivant ayant commune appartenance en terme d'existence et d'expérience au sein d'une création en perpétuelle évolution, en perpétuel changement...
Mon ami Gilbert Aubert (Géopoète à sa façon, mais aussi chanteur, compositeur, interprète et musiciens) partage avec moi-même et ce depuis de très nombreuses années l'art et la pratique du Haïku...
Voici pour exemple quelques unes de ses réalisations...
Ornières Edition du Chêne rouvre 1983 (extraits)
« Les couleurs, les parfums et les sons se répondent.»
Ch Baudelaire
« L'herbe cache un rêve. »
Une chanson dans le matin
Le soleil pas encore chaud
La fraîcheur glisse comme une voile
Silence épais
regard blottis
au creux des mains
Un doigt paresseux
épouse l'écorce lisse
- Tu ne viendras pas -
Le nommer ne suffit pas
il y a
toute sorte de mots
Etre plante
à toute heure du jour
mélanger sève et rêve
-
pousser de toute sa tige
éclater de toutes ses feuilles
Boire la lumière
et dormir dans le vent
Etre plante
et l'ignorer
L'enfant qui dort
posément
est un Bouddha
Les mots sont des oignons
aux pelures
multiples
....
Gilbert Aubert Pour cause de vide (Extraits)
Edition le Goéland affamé 1986
« Il en sera du poème comme d'une boîte vide, d'une aube ou d'une glace sans tain : il ne s'interposera pas entre l'oiseau et le cri, le soleil et la rosée, la vague et l'écume, le regard et la chose...
Car ils sont chacun indissolublement liés ; il soulignera seulement
Le printemps est là, mais le coucou n'y est pas...
Si vous le cherchez, retournez l'image : il est peut-être dans le feuillage de l'arbre. Mais n'insistez pas trop, c'est un oiseau discret...
Laissez son chant venir à vous d'entre les fûts de la cathédrale de vert. Quant à son message, il n'y en a pas, juste un chant pour écouter, rien d'essentiel car il y a trop d'espace. Ce chant est sans contrepoint dans la partition de la nature... »
un chant sans accompagnement
Un chant sans
chant
Surpris par le coucou
et pensant à autre chose
- qu'est-ce que je fais là ? -
Notre connivence
vaut bien celle du coucou
avec la forêt
- Ronds dans l'eau
s'élargissant -
Sois la pierre après le jet
Quand tu voyages là-bas
sache que c'est ici dans ta tête
que tu musardes d'abord
Le voyage
nourrit le voyage
- Jacinthes de Guernesey -
A l'envers je lis
remontant les mots
comme le saumon
Silence
ne concéder
qu'au fragment
Il y a le lilas
et son parfum
flamboyant
Le poème
comme une traînée d'avion
qui s'efface peu après l'avion
Des mots
des lignes comme la mer
et des images simples, simples
L'image
est une pensée errante
Je voyage sans bagage
La fenêtre
un livre qui l'ouvre
par le cœur
Dans la compagnie du feu
voir blanchir
les bûches et les jours
Le poème est
hors de son but
il ne l'atteint pas
L'eau froide du printemps
fait un bruit d'étoffe
qu'on coupe
Le poème
un non-lieu
faute d'essence
Touffes drues de jonquilles
sur les collines imberbe
- ruisseaux sautillants -
.../... (A SUIVRE)