DEUX POEMES POUR DAME SOLITUDE BRAN DU 2020 LE 23 05 MAI
Photos Bran Du
Bran du le 22 05 2020...
DEUX POEMES POUR DAME SOLITUDE
Quelques mots...
Je n'ai que quelques mots pour exprimer des images, des souvenirs, des pensées, des rêves avortés, des désirs inachevés, des bonheurs imaginés, quelques mots parfois choisis, élus, sélectionnés par mon inspiration du moment, par l'émotion souvent, pour me tenir compagnie le temps de les écrire, de leur donner vie et mouvement...
Des mots de toutes les sortes, des mots qui importent, des mots qui emportent ailleurs, au-delà, au plus lointain d'une réalité dont le visage me déplaît...
Des mots pour ne pas faire honte à la beauté, à la dignité qu'il y a à être vrai, a ne pas dissoner dans l'harmonie d'un matin d'été bourdonnant d'insectes frivolement occupés à boire la rosée du jour et à en jouir librement au soleil...
Des mots avec des lettres ; certaines venues des étoiles, d'Orion, de Cassiopée ou encore des Pléiades, d'autres jaillis des profondeurs des abysses, des laminaires enroulées à leurs rêves...
Des lettres taillées au couteau dans l'écorce du possible, blanches puis noires, noires puis blanches, avec du sang au bord des lèvres, avec du sang au bord du songe...
L'essentiel ne se dit pas, l'essentiel transpire une rosée d'amour...
L'essentiel chavire dans la balancier des bras qui « étravent » l'océan de l'instant, l'essentiel est une mazurka très douce qui prend le chagrin dans le creux d'une épaule qui accueille et apaise son naufrage...
Des mots ramassés comme on ramasse sur la grève des coquillages, comme on met un brin d'herbe sous les dents,
quand le bonheur et là et brille de toute son innocence....
Des mots rassemblés en grand troupeau attendant qu'un berger poète les recouvre de sa cape de laine et qu'il en fasse un poème qui dans la solitude vous tiendra bien au chaud !...
…...................
Dans les Montagnes de Chine
Dans les montagnes de Chine aux pics auréolés de brume...
Le jour monte le vieil escalier taillé à flanc de montagne, à même la roche. Certaines marches sont cintrées, incurvées en leur milieu tant des semelles en ont usé les bords... Plus de deux millénaires d’ascensions pour sans doute plus d'un million de pèlerins !...
S'annonce le crépuscule du soir, des corbeaux en vol serré rentrent au nid et remplissent la vallée d'un soleil noir et fragmenté...
Des nuages paresseux chevauchent la croupe nonchalante de la montagne...
Des pins défient le vide accrochés à des failles rocailleuses dans lesquelles se sont enfoncées leurs racines...
Il a une longue barbe blanche l'homme âgé qui gravit l'escalier de la mémoire et de la ferveur, il va à son pas, à son rythme, selon son souffle....
Elles sont bien usées les sandales faites avec de la paille de riz, comme le chapeau de même au bord mangé par le soleil... Son manteau en papier est aussi élimé par l'usage mais aussi du fait des pluies et des vents...
La nuit est pour ce vieillard comme un miroir, il y retrouve le visage scintillant de l'aimée trop tôt disparue...
Il s'est allongé sur un lit de pierre en mangeant frugalement un biscuit sec... Il a bu à même la paroi de la falaise une eau issue du sein de neige qui domine les sommets et qui répand son lait jusqu'aux villages en contre-bas...
Il a encore trois journées de marche avant que d'atteindre le Temple... Ce soir une lune pleine l'enrobe de son aura...
Avant de s'endormir, il compose dans sa tête un haïku pour la remercier de sa présence....
…........................................