DEUX TEXTES POETIQUES BRAN DU 2021 LE 10 05 MAI
Photos Bernard Boisson
En écho aux « Chemins qui parlent »
Film de Carmen le Marec et de Yoska Degado
Bran du le 10 05 2021
......Ni semelles, ni souliers...
Si j'avance, c'est par mes pensées ;
Ce sont elles qui me portent à l'avancée...
Ce sont elles qui me mènent, qui m’entraîne...
Par elles je suis mené...Au-delà, par delà, de monts joie en monts joie, de grèves en landier, mousse ou écume à mes pieds...
J'ai sentes tracées dans la bruine et le crachin... En mes songes et rêves, j'ai sentier... Tortueuse la route, serpentaire le chemin...
Le ciel tresse ses nuages, tisse des ailes de libellules, de papillons et celles, si volages, des hirondelles...
La lune parfois, elle-même ; bordées de soleil...
Dansées des lierres, du chèvrefeuille, écorces entrelacées, volonté ascensionnée de ce qui a rendez-vous avec le ciel...
Vitraux enfeuillés qui filtrent la liqueur solaire, le fauve élixir des saisons, de celui que l'on boit de solstice en solstice dans l'emmiellé de la soif...
Des racines courent sous la terre comme en nos cœurs la sève de mémoire... La fontaine roucoule et s'ébroue parmi les jacinthes et les anémones... Ici et là, de fortes senteurs d'humus, d'été décomposé, s'évaporent avec la brume matinale...
Un cerf a perdu ses bois... La lune offre une ramure argenté au chêne foudroyé...
Il est un cœur au sein du sein ; un cœur de tourbe et d'argile ; un rythme ancestral gonflé de pluies torrentielles, de pierres enflammées, un nid de mots orphelins, une musique dédiée au silence...une soif non étanchée... une captivante aurore... un pas de danse aux bras des planètes tournoyantes, des astres enspiralés...
Des buses tourbillonnent dans le courant ascendant qui perfore l'éther... Elles aspirent les larmes du poète, en font un cristal de plumes et de sang...
Tout sera écrit qui se noyait dans l'encre du temps, tout sera dit des chants qui se sont tus...
Des lèvres se portent au devant de la coupe de Lumière...
L'asphodèle se tient sur sa hampe de neige et de rosée...
Les ajoncs hissent l'or de leur baudrier...
La nuit à la nuit s'attelle...
Un berger là-haut rassemble le dispersé de nos vies...
Vivre se fait étincelle...
Voici le haut brasier de Vie...
Aimer est un verbe qui ne trouve plus à être conjugué...
Réapprenons le sable, la glaise, la marne; la résine et l'aubier..
Que germent les graines incendiées et que sources en forêt ruissellent...
En ce lieu, j'ai traversée ; traversée d'ombre et de clarté, traversée d'humeur traversière dans l'échancrure étincelante de la céleste voûte ; chemin de traverse m'est dévoilé sous l'arche stellaire propre à envoûter les amours éphémères, les corps partagés...
Courbures et enroulements...
Géométrie, agencements secrets, volutes sacrées...
Des prénoms s'interpénètrent au nom de l’Innommé...
S'accrocher lors aux crinières des chevaux de la mer....
Faire sourdre la sueur au flanc des écorces, au flanc des bruyères, au flanc des mondes invisibles...
Chevaucher vagues et flots aux grandes marées des sens....
Brasser, embrasser la houle d'importance, dompter la fougue en ses flux.... faire hennir tout l'océan... faire ventre avec la mer...
Non mortes sont les eaux qui sur ton corps s'écoulent...
Non mortes sont les eaux en qui ta mémoire s'abreuve...
Initiées jadis, elles furent en transparence d'être l’œuvre
écorchée jusqu'à l'os, l'épée brisée des serments avortés, cela
que le vent disperse aux quatre coins de l'oubli...
Mais, voici que cela s'en revient au rivage..
Enveloppe les seins de la Terre, y creuse ses sillages...
Lors, tout se réenfante ; tout se fait berceau
que l'eau berce comme une Mère...
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Vous qui....
Bran du Le 09 05 2021
A Carmen....
....Vous, hommes du miracle, magiciens sous le ciel et la foudre, vous qui connaissez encore l'opaline tendresse d'une Femme qui s'enveloppe et s'enroule dans les bras de l'Amour avant même que de se nidifier en vos bras, vous qui savez dédicacer le Poème de la Vie sous le balcon étoilé de la Dame, célébrez hautement, célébrez je vous prie cet éclat de lune, ce fragment de braise, ce jaillissement d'écume...
Faites bouquets de printemps et de flammes vives et déposez-le avec ferveur et aimance sur l'autel échancré où s’entrouvrent les landes et les grèves, où s'engouffrent les marées solsticiales, où s'en vient fleurir la rose de tous les vents...
Aveugles, temporairement aveugles ; divinement aveugles vous serez lors marqués du Sceau de la Lumière...
Sève vous sera donnée pour croître vers l'azur...
Des ailes vertes et bleues vous seront offertes quand vous serez au bout du terrestre promontoire, les volets du cœur grandement ouverts face au sacrifice solaire, plus nus qu'une source, plus policés qu'un galet, plus lisses et blancs que les seins d'une jeune fille...
Vous, fragments d’améthyste, cuir creusé par les saisons, argile modelée sous les paumes de l'eau et du feu, vous qui connaissez encore la voluptueuse, la chantante, la dansante tendresse d'une Femme, concélébrez je vous prie, mariez l'instant à son éternité,
officiez avec la pierre et l'oiseau, passez au doigt du silence l'anneau de lune et de soleil...
Vous qui connaissez encore l'irradiante, la flamboyante, l'immaculée tendresse d'une Femme.....
Mourrez en paix, en joie et en amour !