DIALOGUE Entre DRUIDE et MARCASSIN (suite) Bran du
Dialogue entre druide et marcassin (suite) Bran du 09 04 2012
- Que fais-tu là le dos appuyé à l‘écorce des âges ? Dis-moi o frère feuillu, toi qui te tiens à la fourche des mémoires, toi qui résides à la lisière des mondes, toi qui est assis entre le flot et le rivage d’un temps qui écume à tes pieds, dis-moi quelles sont les saisons de la feuille, quelle est la sève rousse qui donne juste parole …
- Ce n’est pas difficile à dire et bien moins à chanter, jeune bourgeon sur la branche, marcassin affouillant le buisson des connaissances…
- Je taille la baguette de coudrier, je grave la plaquette d’if et je jette les bois dans le tourbillon de la vie…
- Les lettres tournent dans le chaudron, parcourent les cercles du passé, du présent et de l’avenir, s’enlacent et se chevauchent, se choquent et se heurtent…
- L’os de mes doigts je le plonge dans les courants qui sillonnent le ciel et la terre…
- Par l’ombre je remonte vers la lumière !…
- Les mots, je les frappe les uns contre les autres et jaillit l’étincelle de la vision…
Lors, la vision se fait flammes qui consumant les bois délivrent la vérité enclose…
- l’Arbre est la Mémoire et celle-ci plonge en toi ses noires racines…
- Ainsi le printemps demeure en gestation dans la sombre et mystérieuse matrice de l’hiver…
- Ainsi le silence accouche de son cri et les becs de leurs chants…
- Ainsi l’amande s’ouvre jusqu’au ciel…
- Ainsi le barde s’emploie à découdre les lèvres scellées de la nuit…
- Branche de l’arbre de nos Pères, Serpent couvert de mille écailles changeantes, Saumon bondissant dans le frayères du Verbe, dis-moi, veux-tu, de quelle matière est fait le poème qui ourle ta bouche ?
- Ce n’est pas difficile à te dire cher oisillon guettant sa nourriture…
- Ce n’est matière que la braise dans la forge, ce n’est matière quand le souffle qui l’anime et la transforme lui donne vie et forme…
- L’univers balbutiait ton nom o jeune garçon avant même que tu ne sois au monde !…
- Tu es particule, tu es fragment, tu es infime partie d’un Esprit qui moule et façonne l’argile de ton devenir…
- Toi aussi, tout comme moi, tu tournes dans la roue des flux et des ondes, tu donnes la main à l’immense ronde, tu danses parmi les particules et les atomes…
- Tu es l’héritier mais point tu ne connais, des Anciens, le splendide héritage…
- Sept encoches et deux de plus de part et d’autres de la mort et de la vie…
- Suit cela qui te conduit, de cycle en cycle, de la peur vers la confiance, de l’ignorance vers la sapience, des lettres mortes vers le ruisseau de poésie !