PERIGORD /DORDOGNE ET GROTTE DE LASCAUX 2025 BRAN DU 14 04 AVRIL
Photographies Bran Du
08 04 2025
Visite de Lascaux 2 Périgord
Pays d'une prime humanité...
Notes :
Il est habité par des « périgourdins » qui ne meurent pas habituellement sous des coups de massue !...
On y est amoureux des glycines, des arbres de Judée et on y fait payer les parkings...
C'est aussi le pays du verglas et des brumes...
On y trouve (fait rarissime) une « caverne des poètes » pour lectures et récitatifs...(Spectacle dès 18 H)...
On compte à ce jour 618 châteaux en plus ou moins bon état...
Comme dans le Languedoc et le Roussillon, on y trouve des terres teintées de roux, (proche parfois du rouge), ou d'ocre jaune. La pierre de construction est souvent claire et « soleillante » et donne un aspect rayonnant aux villages et aux bourgs...
Il existe encore quelque rares toits en lauzes qui impliquent une charpente de chêne très solide mais cela ne se fait plus car d'un prix trop élevé...
Le réseau routier, très vallonné, très arbustif, est jalonné d'affûts de chasse et d'emplacements réservés à ceux-ci...
(Dès qu'il y a du « gibier », la chasse accoure!)
La fleur de coucou borde les routes et les sentiers accompagnée des violettes, des genêts, des pulmonaires, des stellaires, des pervenches, des jacinthes, des anémones, de l'herbe à Robert, de boutons d'or soit de tout un printemps en fleurs...
Les versants forestiers sont d'une telle pente qu'il faut aller aux champignons avec piolet, corde et chaussures cloutées...
Pour la gastronomie, il y a tout ce qui faut pour réjouir les palets... (Magret de canard, foie gras, gâteaux de noix...)
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J'ai visité la parfaite réplique ou copie de Lascaux 1 qui ne se visite plus depuis les années 60 (sauf notables et politiciens privilégiés)...
(23 euros l'entrée pour un adulte.)...
Guides passionnés et passionnants...
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Le site située en hauteur de la Vézère (laquelle se jette dans la Dordogne) a été habité il y a environ 21 000 ans...
A cette période dite glaciaire il y fait 16 degrés l'été et la neige persiste par endroit et moins vingt degrés l'hiver...
On peut y rencontrer des bisons, des cerf, des rennes (très abondants), des tigres, des lynx, des renards, des sangliers, des ours, des chevaux, des aurochs, des bouquetins...
Les êtres humains de la Préhistoire en partie sédentaires et nomades (ils se déplacent d'un site à l'autre selon le temps et le climat) trouvent refuges dans les grottes ou dans les abris sous roches...
On dénote plusieurs sites le long de la Vézère et ce, sur au moins vingt cinq kilomètres...
Ce qui va nous intéresser plus particulièrement ici c'est la grotte dite de Lascaux découverte en 1940...
Quatre jeunes hommes parcourent la colline avec un chien, celui-ci poursuit un animal qui se réfugie sous un pin qui vient d'être déraciné et laisse voir une faille dans la roche. Le chien le suit par cette ouverture puis les jeunes hommes qui, éblouit, fascinés, par ce qu'ils viennent de découvrir ( un trésor supérieur a des pierres précieuses ou à de l'or pour eux) se jurent de garder en secret cette découverte mais quatre jours après celle-ci tout le village est au courant...
L'abbé Breuil surnommé « le pape de l'archéologie » vient sur place ainsi que d'autres spécialistes et authentifie la grotte comme une « cathédrale de l'archéologie. »...
Des travaux d’accessibilité sont réalisés et la grotte sera ouverte au public en 1948.......
Impressions personnelles :
La reconstitution est parfaite et les « ambiances » bien restituées (16 degrés dans les boyaux souterrains)...
Il faut s'habituer à une semi obscurité (aux temps préhistoriques les pratiquants du lieu confectionnaient des lampes avec de la graisse et des crins de chevaux dont la durée de luminosité était d'environ une heure.)
La longueur de la grotte est estimée à 300 m environ certains couloirs trop étroits ne se visitent pas...
Les « ornements » sont surtout dessinés ou gravés en hauteur ; il y a peu de dessins au bas des parois et ils sont très petits...
On dénombre environ plus de 2100 dessins, graphes ou gravures et ce sont essentiellement des animaux représentés mais sans scène de chasse a priori et notamment plus de 350 chevaux...
Les animaux qui vivaient dans l'environnement de ces « chasseurs-cueilleurs » sont très présents et constituent l'ensemble de cet art pariétal...
Les énigmes ne manquent pas sur ce site « extraordinaire » à la renommée internationale et font l'objet de nombreuses hypothèses comme les pointillés en noir disséminés sur le parcours ou des rectangles assemblés géométriquement faisant penser au plan d'un futur lotissement...
Si le début de la visite commence par la vue d'un animal à deux longues cornes baptisé « la LICORNE » par les archéologues (à défaut d'un animal connu.) (Celle-ci semble indiquer une marche à suivre au sein du boyaux lequel se terminent par l'image d'un homme allongé, le sexe bandé ayant près de lui un oiseau perché semble-t-il sur un bâton et un aurochs qui l'a peut-être mit à terre et tué.)...
Cette première et dernière ornementation sont toutes deux sujettes à de nombreuses supputations...
Pour ce qui me concerne je ressens, bien que ce soit une « copie » de la grotte originelle, le souhait d'en restituer la dimension sacrée et divine, et la volonté de reproduire le « sanctuaire » élaboré originellement au cœur du monde souterrain...
Si Lascaux 2 est une réussite technique incontestable, il n'en demeure pas moins que malgré une reconstitution parfaite et ce au détail près (climat, température, ambiance...), nous ne sommes pas dans la grotte originelle et dans les lieux mêmes où ce sanctuaire a été méticuleusement et savamment conçu et cela implique que nous ayons alors recours à notre imaginaire à défaut d'une imprégnation authentique...
Rien, absolument rien, n'est gratuit dans cette conception, ni le choix du lieu, ni le déroulé graphique, ni les orientations, ni les juxtapositions ou superpositions.
La configuration de la grotte, les bosses, les creux, les failles, les crêtes a été utilisée afin de produire des effets très réussis de reliefs. On peut dire que la notion de « perspective » a prit naissance en cette caverne...
Les ornementations de celle-ci auraient été l’œuvre d'un seul peintre lequel aurait utilisé des pigments minéraux et non végétaux au nombre de douze ou treize teintes...
Ce sont ces pigments qui ont été fragilisés par des « courants d'air » et par des visites abondantes et polluantes qui, pour la protection des œuvres, seront à l'origine de la fermeture d'une trop intense fréquentation...
Revenons à l'origine du dit sanctuaire et des dimensions sacrales et divines de celui-ci...
Manifestement, l'entrée dans l'antre qui m'apparaît hautement et profondément « spirituelle » ne pouvait être libre d'accés pour tous et chacun mais réservée à des « prêtres » initiés à cette pénétration et à ses imprégnations et pratiques (magiques pour certaines.)
Ils pourraient être « assimilés » à ce « shaman » de la grotte dite « des trois frères », au corps à la fois « humain» et « cerf » lequel animal est bien présent à Lascaux...
(Le questionnement est partout et l'art préhistorique tente d'y apporter sa réponse.)...
Initiés en effet il fallait l'être pour être pénétré par tout le sanctuaire et se relier, se fondre corporellement, sensitivement, intellectuellement, symboliquement et analogiquement voir alchimiquement à lui, à son « Essence », à son « Anima » et pour relier la Terre au Ciel et le Ciel à la Terre...
Ce lieu consacré par le corps, le cœur et l'esprit est, selon mes propres perceptions, un lieu de naissance et de renaissance (sens du mot latin « initium » commencement ou recommencement.)...
Ce cheminement (un acheminement plus exactement) souterrain est en sa terminaison un lieu où l'on passe de la mort à la vie, d'un état d'être à un autre état d'être...
Il est abondamment jalonné par ailleurs de figurations qui illustrent la fécondité, certains animaux en « gésine » font écho et résonance avec les gestations produites dans le cœur et la pensée des êtres humains qui le parcourent...
La seule figuration d'un homme en cette grotte est accompagnée d'un oiseau lequel à a voir aussi avec le Ciel vers lequel il transporte « l'Âme » et son accomplissement terrestre... C'est du moins la lecture que j'en fais...
Mais L'homo-sapiens avait-il une notion de ce qu'est l'Âme ?...
La présence de nombreux chevaux sera symboliquement interprétée comme étant un élément d'accompagnement vers le soleil et la lumière (ces animaux sont dits « psychopompes » et sont censés « tirer le char du soleil ».)
Cette traversée souterraine est donc (ou pourrait être) un passage de l'ombre à la lumière, un passage fécond et fécondant, géniteur de revitalisation, de régénération, de ré-énergétisation où, d'une mort apparente, rejaillit la vie et sa perpétuation...
Les images peintes transcendent une inertie apparente secouée de mouvements sur toute la trajectoire parcourue...
Ce parcours mène à la source et à la racine d'un Principe, d'une Essence, d'un Anima qui se veulent propices aux enfantements et aux réenfantements...
Nous n'avons aucun élément permettant de connaître quelle était la pensée de celui qui a ouvragé ce merveilleux et très interpellatif ensemble ; un homo sapiens animés d'une vision et d'une perception peu commune des grandes lois de l'Univers, de la Création, de la Nature, des Saisons, de la mort, de l'enfantement et de la Vie...
Ce « déambulatoire », c'est le « couloir » de la Vie, de notre Vie !...
Cette fécondité présente et prodigue est aussi synonyme de prospérité pour l'individu et sa communauté d'appartenance...
D'où les cultes, les vénérations et pratiques « religieuses » liés à cet espace qui transcende le temps et qui ouvre sur l'infini d'une matrice lumineuse jugée protectrice, fécondante, prodigue, bienfaisante et bienveillante...
Il fallait cette nuit souterraine pour y trouver et y exprimer une trajectoire, un parcours vers la Lumière...
En n'oubliant donc pas « que la nuit est nécessaire puisqu'elle enfante l'aurore et sa lumière. » (Rig Véda)
Ce qui pourrait sembler figé sur ces parois est « mouvant » et émouvant le fait de parcourir ce tracé pariétal qui me semble conduire du non-être à l'être réalisé, à sa transcendance spirituelle et divine...
C'est une immersion et non une submersion et c'est dans la profondeur que l'esprit humain trouve ses élévations, ses mutations et ses métamorphoses...
Bien fraternellement Bran Du 09 avril 2025
source :
Thérèse Guiot-Houdart ( Lascaux et les Mythes Edition Pilote 24) reprend une phrase de d'André Leroi-Gourhan... « Animaux et signes se comportent comme l'illustration d'un mythe. »
L'ouvrage publié est un essai de reconstitution d'une trame mythologique axée sur la « fécondité »...
C'est aussi une étude des rituels primitifs représentés dans les œuvres d'art...
« La fertilité-fécondité » est un inépuisable réservoir de thèmes littéraires et pourrait aussi avoir servi de modèle cosmologique, sociologique, initiatique etc...
Ces peintures pariétales exécutées quinze mille ans avant notre ère pourraient-elles être l'illustration d'un mythe auquel conteurs et poètes auraient ensuite fait régulièrement appel ? (…///...)
L'étude comparée des peintures et des textes confortait finalement mon hypothèse d'un mythe de fécondité...
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Les plus grands textes classiques des Indo-Européens, et principalement ceux de l'Inde ancienne, présentent un système symbolique quasiment identique à celui que j'avais reconnu à Lascaux.
De même les éléments appartenant, selon mon analyse, à la « théologie » périgordienne de la fécondité font toujours partie intégrante du système religieux non seulement indien mais pan-indo-européen, ils en constituent, très exactement, l'ossature.
(…///...) J'ai comparé entre eux cinq textes qui, tels des « variations sur un même mythe » sont manifestement apparentés, tant thématiquement que structurellement.
Il y a un parallélisme – et quelques divergences – entre la présentation des thèmes littéraires et celle des termes picturaux (une stabilité du schéma mythique, une souplesse d'emploi et une universalité à l'échelle eurasiatique.)... (…///...)
Ces textes respectent un plan de composition uniforme comportant le même nombre d'éléments ; et l'un d'entre eux en particulier laisse peu de doute sur la signification de cet ensemble parce qu'il est construit de façon à aboutir à une naissance divine. »...
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« La thématique de la fertilité-fécondité , et le culte afférent, sont primordiaux aussi bien dans une perspective historique qu'en vertu des dispositions foncières de l'être humain. » Régis Boyer
Notes Diverses : Lascaux I ( La Chapelle Sixtine de la Préhistoire.)...suite et Dordogne....(Les Gabarres)...
Sources Syndicats d'initiative et du tourisme...
Lascaux I :
Nous sommes alors à l'âge survenu de l'homo-sapiens qui se dresse debout accroissant les capacités de sa vision et celle de son cerveau... Il est appelé en Occitan le « cro de Magnon », (le propriétaire du territoire !)...
Cet espace périgourdin a été élu par ces très lointains ancêtres parce qu'il fournissait par ses abris nombreux la protection et la sécurité indispensables alors pour sa survie. Par ailleurs la région était abondante en gibiers et en poissons... A l'abri de vertigineux rochers, l'homme pouvait y installer son habitat et y faire du feu...
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Lascaux IV : La découverte de la grotte et de sa réplique dans son intégralité reconstituée... A voir : les espaces qui traitent de l'histoire de la découverte, l'évolution de l'art pariétal à travers le mode, les liens avec l'art moderne....
Sans omettre les joyaux géologiques proposés à votre émerveillement et l'éblouissement des rivières souterraines qui sont de toute splendeur...
Les villages troglodytiques « encastrés » dans les falaises qui les surplombent y sont nombreux et étonnants voir inquiétants. Une falaise s'est déjà effondrée sur une quinzaine de maisons ne faisant, heureusement, que trois morts ! (Vers 1950 je crois)
Les Gabarres de Dordogne et les gabaretiers ont animée cette grande et large rivière pendant des siècles jusqu'à la vive concurrence avec le train qui signe leur arrêt de mort...
La descente était relativement facile mais la remontée pénible, si le retour se faisait au départ à la voile, il fallait, par la suite, faire appel à de très nombreux « haleurs » (une cinquantaine parfois, des jeunes hommes « musclés » mais aussi des femmes et des enfants pour qui ce gros effort était rémunérateur.). ..
L'essor important de ce transport fluvial (en direction de Bordeaux (entre autres destinations) était surtout le convoyage de bois de chêne et de châtaignier (tonneaux) et de piquets pour les vignes. A cela s'ajoutaient les vins de la région, la noix, la truffe, les produits laitiers, la charcuterie, l'artisanat etc...
A noter que le tirant d'eau d'une gabarre (une grande barge à fond plat conçue pour cette rivière) est d'une trentaine de cm pour 40 cm de profondeur au plus bas de l'eau en été...
La Dordogne semble « assez paisible malgré son vif écoulement mais peut aussi s'avérer « violente » lors de ses crues submergeantes recouvrant les routes et le bas des maisons...
A noter que celle-ci est exempte de pollution industrielle sur tout son cours ce qui en fait la moins polluée à ce jour...
On trouve encore des ruisseaux contenant des moules perlières signes d'une très bonne et saine composition de l'eau...
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