DOSSIER CORSE 11 NOTES PENSEES "HAIKU" et REFMEXIONS 2018 BRAN DU 02 06 JUIN
Dossier Corse 11 :
Notes, Pensées, Réflexions et « Haiku »...
En ce pays de maquis, sec comme un soleil d'août
comment savoir vraiment
qui est pour ou contre l'incendie ?
Toi qui n'as jamais porté la brebis aux épaules
que sais-tu de poids du ciel et de celui des montagnes ?
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Acqua libertad
Comme si l'eau ne savait pas ce qui s'oppose depuis des millénaires à son libre cours !
Conne si elle ne savait pas la volonté d'emprise des hommes qui captent et canalisent son débit, détournent son lit, et déversent en ses ondes la poudre chimique de la mort !
Elle sait l'orgueil de l'homme à vouloir tout posséder, tout s'approprier pour son seul et arrogant profit...
Mais elle sait aussi qu'aucune main humaine ne saurait la retenir prisonnière entre ses doigts...
Libertad acqua ! Libertad acqua !
En très peu de jour j'ai entendu battre le cœur Corse...
C'est un battement sourd,mais qui s'entend à l'amour qui le fait vibrer de cœur, d'âme et de pensée...
Ce n'est pas encore, pas en corps, la flamme vive et dansante d'une clameur qui éclaire la conscience enténébrée des « perdus » de la Vie...
Cette clameur un jour s'amplifiera répercutée par les montagnes alentour. Les rus, torrents et rivières en feront écho à leur tour portant ces voix unies par delà les océans car une mémoire demeure qui en chacune et en chacun fait séjour attendant de se conjoindre à ce chœur que l'espérance entoure de ses visions et de ses lueurs...
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Je n'ai pas pris le maquis, c'est lui qui m'a enserré dans ses bras de cistes et de chèvrefeuilles déposant sur mon, front la rosée parfumée d'un matin de mai....
(Le maquis fait de la Corse la dernière réserve sauvage d'Europe!) (70 % du littoral est non construit.)...
Triste est l'usage commun de la voix, triste son emploi quand elle ne tisse pas la sincérité,
la spontanéité et la solidité du lien qui fait l'humain digne de vie et de parole...
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Non un ni deux, mais trois ;
trois pour que le chant ait coupe pleine
et lèvres flamboyantes pour boire à ses bords...
Ne chante pas pour la mort, elle est sourde d'oreilles...
C'est la Vie qui veut t'entendre ;
la Vie qui attends que tu donnes voix au plus profond , au plus muet, de ton être !...
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Combien de rêves, d'espérances, de légitimes aspirations
compressées là, sous le bandeau blanc et flottant du Maure
hissé comme pavillon sur le haut mât du possible ?...
Quand le cordon du littoral protégé
se fait cordon de bourse
dérobée par des mains mafieuses....
Plus que la langue, c'est le sentiment d'insularité qui donne aux îliens, Corses ou non Corses, une identité essentielle qui dépasse toutes les autres et qui constitue le plus grand dénominateur commun et le plus prometteur de tous les points possibles de convergence et d'entendement.
Pasquale di Paoli n'a pas de tombe, ne repose pas sous le marbre de l'oubli...
Il réside, en permanence, ici entre terre et nuages ; ses pensées en attente du rucher du cœur qui fomentera le miel du devenir...
Viendra, dans le printemps enfin restitué aux hirondelles, la Reine Liberté, enveloppée de son essaim...
(Rappelons une fois de plus que cette « Constitution Corse » est la première constitution démocratique du monde moderne qui considère les hommes libres et égaux entre eux et qui affirment le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.)
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« L'ensauvagement » ici plus qu'ailleurs,
par désir, par volonté, par effort,
en soi, avant tout et d'abord !...
Croix après croix,
sur l'assiette, sur la poitrine,
par trois fois les gouttes d'huile sont tombées...
La noire paupière est restée fermée sur l’œil...
Si les Corses ne se mettent à genoux que devant Dieu, Il n'y a de Dieu que celui qui aime que les hommes se relèvent !...
Michel Rocard repose, selon sa volonté, face au bleu turquoise de la mer à Monticello... Il n'avait pas une goutte Corse dans le sang, mais celui qui battait sous ses tempes était de la trempe des vagues qui embrassent le rivage...
(On lira et on appréciera son discours prononcé en août 2000 et reproduit dans le journal le Monde ; discours qui, dans la sagesse, la maîtrise diplomatique, la pertinence et le parler vrai de son propos, rend justice à la Corse victime des oppressions diverses et variées, redondantes et réitérées, opérées au cours de son Histoire par la France.)
Chez « Jo » ; un spécialiste des liqueurs et alcools faits « maison », on peut goûter successivement à une distillation de pêches, de nèfles, de « limoni », de myrtes, mais aussi de calva importé par amitié interposée...
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Haiku (Corse)
Champs d'asphodèles (la plante sorcière !)...
Semences tombées du ciel
au fleurissement du jour...
Clôtures et barbelés
cloisonnent le maquis
et la Corse aussi !....
Palettes reconverties
pour l'interdiction de passer
pour ne pas franchir les interdits...
Des palettes aussi dans l'âme, dans le coeur et dans l'esprit !...
Les villages se tiennent à flanc de coteau comme l'enfant au sein...
Ils tètent le lait saisonnier des nuages, s'accrochent à la pierre des ancêtres et tirent, comme ils peuvent, au puits des mémoires, l'eau trouble du devenir...
Nous sommes avertis :
Animaux en divagation,
mais sont-ils les seuls ?...
Si tu ne sais pas nommer la plainte qu'il y a ici,
tu ne vois rien de ce qu'il y a à voir...
Avant de savoir le nom de la fleur ou de la plante
hume le flottement du parfum
que rien ne saurait nommer...
Parmi tant de rigueur
subsistent des ruchers
qui secrètent et fomentent le miel du plaisir...
Un séjour survolé par les milans royaux
et bordé par des amours de tourterelles...
Ici et là
oeuvrent les groins des sangliers
qui retournent les terres...
Il est grand temps de faire de même avec la mémoire de ce pays...
En ce pays,
mieux vaut élever des brebis que de garder des chèvres, c'est l'Ancien qui le dit...
La beauté de la rosée du jour fait pleurer même la mort...
L'arbre sans racine ni sève se meurt.
Un pays sans chant ni danse de même...
Fadeur et tiédeur guettent ceux et celles qui ne savent plus, qui ne savent pas porter à leurs lèvres le Sel de la Terre...
Les Frères de François
Trouvèrent ici leur assise
de paix et de sérénité....
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Bran du 25 05 2018
St Michel (ou St georges, au choix) terrassant le dragon...
C'est une imagerie récurrente et abondante reproduite en maintes et maintes cathédrales, églises, chapelles et édifices religieux...
Elle illustre le sempiternelle combat mené par l'institution chrétienne contre un paganisme tenace et obstiné qui ne cesse de resurgir siècle après siècle sous une forme ou une autre malgré les conciles tenus à plusieurs reprise et interdisant, sous peine d'excommunication et autres sanctions papales, le culte ancien rendu sur les hauts lieux païens (source, fontaine, puits, arbre, pierre, colline, montagne etc...) de génération en génération...
La « France », fille aînée de l'Eglise, jadis, s'est écartée, particulièrement au18è et 19è siècle de cette sainte Eglise au point qu'il fallut « ré-évangéliser » les campagnes d'où les croix dites de « mission » qui occupent bien des carrefours et des entrées de villages encore de nos jours...
Ceci rappelé, revenons à cette iconographie et à sa représentation...
Le monde païen connaît également une représentation d'un personnage tenant dans ses mains un serpent (apparenté au dragon symboliquement et universellement.)
Il s'agit du Dieu cornu Cernunnos (Maître de vie et de mort, maître de la Nature et des Animaux etc...) lequel sur le chaudron de Gundestrup (entre autres représentations) serre dans sa main gauche un serpent à tête de bélier et dans l'autre un torque ; signe de ses fonctions sacrées de « médiateur » et de « régulateur » entre les mondes et les règnes, l'ombre et la lumière et autres dualités primordiales...
La différence est de taille avec l'iconographie chrétienne car l'entité divine ne tient pas d'épée et ne porte pas atteinte au serpent, mais le « maîtrise » et le force à co-participer, à mettre sa volonté obstinée au service des équilibres et des harmonies indispensables pour l'évolution du vivant et de tous les mondes créés...
Nous sommes bien loin d'un processus d'épuration et d'extermination comme le donne à voir et à enseigner l'imagerie chrétienne...
Nous avons beaucoup à apprendre de cette illustration celto-druidique qui nous invite à trouver, plus de 2300 ans avant les représentations chrétiennes de la période Romane, et comme le préconiseront les poètes et sages de tous les temps et continents qui suivront, cette noce, cette alliance et cette harmonie des « contraires » qui nous font tant défaut !...
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