DOSSIER CORSE 9 : COURTES NOUVELLES 2018 BRAN DU 01 06 JUIN
Photo Bran du*
La « Pierre des morts » Bran du Mai 2018
Dans les villages perchés, l'habitat humain est bâti sur la « Pierre des morts ».
La maison est « arrimée » à la mémoire ancienne, ancrée dans un passé qui donne vision du futur, incrustée sur le socle "naturel" des ancêtres qui ont fait élection de ce lieu pour y vivre, y rêver, y espérer et y mourir, le plus dignement possible...
C'est un habitat enroché dans la chair minérale du souvenir...
La vie s'élevait jadis sur cette pierre sacrée. On n'y portait ni le fer ni l'acier ; elle devait demeurer brute de toute souillure...
Elle ne devait connaître ni trahison, ni abandon, ni parjure...
C'est sur elle que se fondait le devenir, l'hospitalité, la solidarité et la droiture...
Elle était le promontoire de tous le « possible », l'élan donné aux songes d'avenir.
En elle résidaient l'étincelle et la flamme, la maintenance d'un haut foyer de vie...
L'espoir y prenait source et racine...
Comment trouver de nos jours une nouvelle élévation de cœur et d'esprit, un réel regain d'amour, si nous n'avons en nous, de semblables fondements ?
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Milan royal
L'Incanta - l'Acula (L'Enchantement de l'Aigle)
Ce sont les « feux de Noël »...
Ils fêtent la naissance de « l'Enfant-Lumière », l'entendement millénaire entre le ciel, les humains et la terre...
Ils ravivent les braises enfouies en chacune et en chacun sous la cendre de l'oubli...
Ce sont brassées de romarins et de lavandes, couronnes tressées d'immortelles qui embrasent l'air d'une senteur de vie nouvelle à venir...
Pour cela, on descend de la montagne, on monte des vallées, on pousse, on presse, les attelages du désir et de la volonté, on s'élève ou on s'abaisse afin de trouver bonne mesure et plus juste place en ce monde et ce, sous la vision de l'aigle dont les yeux percent et transpercent tout être jusqu'au coeur...
On marche vers la place du village précédés du son des pierres entrechoquées qui donnent rythme et élan aux avancées de joie et de ferveur...
Si la foi est, certes, chrétienne, l'expression chantée et dansée puise elle dans un substrat païen en résurgence perpétuelle, en des croyances que rien ni personne n'ont pu totalement éradiquer...
(L'eau dont on pensait avoir obstrué la source, capté et détourné le flux ancestral, tient de ces résurgences souterraines qui défient l'emprise des hommes et de leurs dogmes.)
(Il en est de même de certains chants, de certaines danses, qui sont autant de diamants et de rubis profondément enfouis dans la mémoire minérale.)
(Il n'est d'or et d'argent véritable que de soleil et de lune !)
Liesse et réjouissances en chacun...
Les bras se portent aux épaules et forment la ronde des souhaits et des vœux alors que le violoneux fait grincer l'ancienne année qui entend venir sa fin prochaine...
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Sur les hauteurs de Bietralba
L'oeil (l'ochju)
Comme pour tout peuple lié à la terre et soucieux de son devenir, la pratique de la divination vient éclairer les incertitudes et trouvent diverses procédures opératoires permettant de "lire l'avenir".
Il en subsisterait une, encore pratiquée en Corse, et celle-ci implique de consulter " l'oeil" !
Il s'agir de mettre de l'eau dans un verre et de verser un peu d'huile dans cela.
Selon l'alchimie qui s'en suit, on interprétera la nature des "mélanges" ou l'absence rassurante de ceux-ci...
PS : Charlotte , merci à elle, nous précise qu'il s'agit surtout d'une pratique liée au "mauvais oeil' (l'ochju) qui permet selon le mélange qui s'opère ou non de savoir si la personne qui consulte est ou non affectée par celui-ci.
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