DOSSIER DU BARDE (SUITE) PARTIE 7 2018 BRAN DU 24 01 JANVIER
DU BARDE (Suite du DOSSIER) PARTIE 7
Bran du 22 01 2018
A l'Etude de ce que nous avons été à connaître de la fonction bardique à travers les articles publiés, les recherches effectuées,les expériences faites, les formations reçues, il ressort plusieurs observations...
Origine, Fonction et Attributs
La première de toute les activités bardiques est l'exercice maîtrisé de la Parole ; une Parole dite de Vérité et qui est à l'origine même de la Création où du jaillissement de la Vie (avec la Lumière qui est une vibration, une force et une énergie suprême également.)
L'art de la Parole allie la science ou sapience, la connaissance, la sagesse, la maîtrise et la poésie... L'ensemble est inséparable et forme un tout au service de l'Essence traditionnelle animatrice et de l'Awen source de toute inspiration et de toute œuvre...
Le Barde cumule diverses fonctions liées entre elles par un constant souci d'équilibre et d'harmonie ; de concorde et de cohérence... Sa charge n'est pas seulement cultuelle, culturelle, mais également sociale voire politique au sens initial du mot...
Il est rare qu'un druide ne soit pas issu d'une formation bardique ou qu'il ne maîtrise pas divers fonctions attribuées au bardisme.
S'il n'est pas compétent dans le domaine du chant et/ou de la musique il demeure la pratique de la Parole laquelle se doit d'être ajustée et charpentée si possible !
« L'institution » druidique pour autant qu'elle ait existé de la façon que ce terme évoque a pu se véhiculer et se transmettre au-delà et par-delà les vicissitudes de l'Histoire non pas par les druides eux-mêmes du fait de leur interdiction a exercer leur sacerdoce et transmettre leur savoir puis de leur persécution lors de la domination romaine, puis par l'acharnement du christianisme à faire disparaître cette Tradition païenne, mais grâce aux bardes (Filid en Irlande) qui assureront oralement cette transmission et ce assez fidèlement jusqu'à nos jours avec des périodes de plus ou moins longs silences puis de nouvelles expansions, la dernière en 1717...
Le passage à l'écriture s'accompagnera bien souvent de l'apposition d'un vernis chrétien tendant à recouvrir l'ancienne spiritualité et ses pratiques religieuses...
Mais le substrat païen demeure malgré les couches plaquées par les moines copistes qui bien que Chrétien étaient aussi des irlandais attachés à leur mémoire (au point de faire revivre un barde membre de la Fianna irlandaise afin qu'il relate les fabuleuses épopées et les récits fabuleux des temps anciens !)...
Par ailleurs, et cela n'est pas à négliger, les récits bardiques sont fortement mythologiques et échappent de ce fait à l'Histoire et appartiennent aux conceptions premières des religions initialement « cosmique et archétypales »...
Ce qui fait dire aux chercheurs que le monde Celte est anhistorique ou encore qu'il a fait rentrer son histoire dans ses mythes !...
On ne saurait exercer pleinement une telle fonction sans connaître son « origine » , sa provenance... Cela vaut d'ailleurs pour le barde comme pour le scalde ou l'aède par exemple. Ceci nous fait remonter aux Indos-Européens et à leurs équivalences en bien des domaines d'organisation de la société humaine...
Il est important alors de se rappeler que dans les temps premiers du monde païen un même homme où une même femme cumulait la fonction sacerdotale, « sacrificielle » avec celle dite aujourd'hui des ovates et des bardes... Science, sapience et poésie ne constituaient qu'une seule et même « matière » !...
Si on remonte dans le temps ce sont les « chamans » qui furent les précurseurs et initiateurs de ces fonctions...
(On peut aussi penser aux griots de la Tradition africaine.)...
Si le chant et la musique ne furent pas immédiatement une pratique attachée à la fonction primaire et quasi polytechnicienne ils furent mis rapidement au service de la Parole et de l'Acte...
Quoi qu'il en soit, hier comme aujourd'hui et demain, la Parole prime sur toutes les autres facultés et expressions...
On ne saurait être celtiquement sans « paroles » !
On fera cependant abondamment bon usage de ce qui la conforte, l'appui et l'exalte et qui en favorise l'écoute, l'attention et l'entendement comme : le chant, le geste et l'emploi d'un instrument de musique...
Nous savons que le bardisme a connu une organisation hiérarchisée notamment au Pays de Galles et en Irlande...
On distinguait l'apprenti barde (comparé à un garçon se faisant une barde avec de la mousse ou du lichen), au Docteur en Poésie (Ollam), poste de la plus haute des compétences...
La progression au sein de la fonction bardique pouvait s'étager sur plusieurs étapes d'acquisition de connaissance et de maîtrise dans l'exécution la plus fidèle qui soit des répertoires traditionnels...
Le Fond était immuable et on se devait de ne pas lui porter atteinte toutefois l'actualisation, l'adaptation, dans des formes appropriés étaient tout a fait possible ; la notion dite « d'évolution » était pleinement recevable et pratiquée car la pensée celto-druidique est une pensée qui échappe à toute fixation et ne saurait être en aucun cas« figée »...
(D'où le refus volontaire, pertinent et parfaitement conscient, des Druides de confier la Tradition à l'écriture ; la Loi de Nature devant toujours prévaloir sur la Loi de la Lettre!)...
Si la musique est préconisée dans la fonction bardique, elle n'est pas automatique, la parole chantée est elle impérative...
Il existait aussi des bardes conteurs non accompagnés d'un instrument de musique...
On peut concevoir qu'un druide ne soit pas « musicien » pour autant qu'il est compétence dans le domaine bardique de la Voix, de la Parole et au moins du Chant si possible...
La Voix, le Chant, les Gestes induits et y compris le Silence coparticipent de la fonction bardique avec l'apport non « obligatoire », mais préconisé d'un instrument de musique...
Tout cela nécessite un long apprentissage et un gros investissement mais procure des joies proportionnelles aux investissements réalisés...
Le « bardisme » a fortement contribué à servir de son mieux la Tradition et lui a permis de « surfer » au-dessus du fleuve tumultueux de l'Histoire soutenu en cela par l'Awen émanée du Souffle et du Verbe Incréé...
A SUIVRE