DOSSIER : LE DEVENIR DE L'HUMANITE. (Y PACCALET/V CHEYNET/E MORIN) COMMENTAIRES BRAN DU 10/OCTOBRE 2015
DOSSIER : DE L'HUMANITE et de son devenir
La vision pessimiste d'Yves Paccalet
La vision en terme de décroissance de Vincent Cheynet
La vision régénératrice d'Edgar Morin
Et les commentaires de Bran du incluant un comparatif avec « l'aventure et la navigation celtique »
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Yves Paccalet L'humanité disparaîtra, bon débarras !
Arthaud éditeur Extraits de lecture Bran du
« ...L'espèce humaine provoque des bouleversements irréversibles de son environnement. Notre avenir est aussi bouché que celui des dinosaures...
Peut-on encore espérer que l'homo-sapiens acquière enfin la sagesse dont il se rengorge alors que toutes les grandes questions (pollutions, saccage des terres et des mers, climats, nouveaux virus...) sont négligées au ou méprisés.
D'où vient cette folie suicidaire ?
De ce que l'homme est un grand singe égoïste. Il obéit à trois questions : sexuelle, territoriale et hiérarchique...
Sa soif de domination le pousse à tous les crimes y compris contre lui-même.
Guerre nucléaire, climats en folie, empoisonnement de l'air et de l'eau, nouvelles maladies..
Tout cela sera très drôle et après, rien...
La vie créera de nouvelles espèces jusqu'à ce que le soleil brûle définitivement la planète dans environ un milliard d'années.
Voici un ouvrage qui nous met face à nos fatales incuries...
« Qu'est-ce que l'homme ?
Un animal à deux pieds sans plumes. » Platon
L'homme descend de bactéries et y retourne après avoir saccagé le poulailler.
Des hommes selon Tacite :
« Où ils font des déserts, ils appellent la paix. »
J'ai cru en l'homme,je n'y crois plus. J'ai eu foi dans l'humanité, c'est fini.
No future...
L'asservissement à une croissance illusoire ou à progrès du toujours plus, je n'en veux pas...
Je suis un déçu de l'humanité....
Comme tous les pessimistes, j'ai appris à singer l'optimisme....
Continuer de sourire pour ne pas avoir à pleurer...
Déshabiller le roi, mettre à nu le primate insignifiant qui se prend pour le prince de l'univers...
Kyoto 1997 : Fariboles à usage médiatique....
Le progrès est un saccage...
Il existe aujourd'hui 10 millions d'espèces végétales et animales sur le globe. La terre en a engendré un milliard depuis les balbutiements de la vie, il y a 4 milliards d'années.
Ne subsiste que 1 % de ce qui a été fabriqué...
Six milliards et demi de problèmes et peu de solutions...
L'homme est le cancer de la terre...
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Vincent CHEYNET De la Décroissance
« Le réapprentissage de la vie collective est une condition de notre survie. »
« La décroissance est donc un impératif de survie, mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d'autres supports sociaux...»
André Gorz philosophe
Le pétrole , c'est le sang du capitalisme....
Notre monde est défini par la division.
La division (la dualité) nous oblige à la recherche d'équilibre jamais définitifs...
Faire un pas dans l'immatériel qui est la base de la compréhension de l'humain...
Ce qui définit essentiellement un homme, c'est la liberté...
Alors que 20 % des humains s'accaparent plus de 80 % des ressources naturelles de la planète, que les capacités de celle-ci à absorber les pollutions que nous émettons ont été largement dépassées et que les ressources fossiles s'épuisent, avons-nous encore le choix, dans les pays riches, entre croissance et décroissance ?
Alors que la simplicité volontaire ou la sobriété heureuse donc la décroissance s'impose on entend encore cela :
« Je continue de croire et je pense que l'idée de décroissance est totalement antinomique de notre civilisation.» Henri Guaino
Faire preuve de résilience (la résilience est la capacité des êtres vivants à reprendre un développement normal après un traumatisme.)
La double injonction est une méthode pour rendre fou un sujet (ordre et contrordre associés) (Genre pillez la nature et respectez-là!)
Etre résolument contre l'économisation du monde, l'univers des objets, la marchandisation qui nous vident de notre substance et nous éloignent de nous-mêmes et qui réduisent sans cesse tous les espaces de gratuité.
Lutter contre cela, c'est un combat humaniste, une capacité de vivre en conscience et de faire accroître ce qu'il y a d'humain en nous...
L'homme est homme car il est doté d'une conscience qui lui permet d'exercer son libre-arbitre....
Commentaires Bran du :
Décroître par rapport à l'emprise dogmatique de la matérialité, c'est accroître notre conscience et nos capacités et volontés de résilience pour renoncer à l'absurdité de nos choix suicidaires...
C'est ne plus rester en tenaille entre le renoncement à être et les débordements dangereux de celui-ci....
La fièvre consumériste est un virus très contagieux qui alimente le panier sans fond de l'avoir au détriment des véritables nécessités de l'être...
Aujourd'hui règne l'idéologie d'un monde humain sans limite dans ses dépravations et dégradations parce que l'orgueil et l'arrogance sont tels à vouloir tout posséder et asservir qu'il n'en existe plus...
La décroissance raisonnable, progressive et lucide est un outil indispensable de libération et d'émancipation par rapports à tous les asservissements et dépendances instaurés et confortés sans cesse par nos soifs et faims exacerbées et égotiques...
S'il y a une chose parmi d'autres que la mort nous apprend, c'est à relativiser nos besoins et à revisiter ceux-ci au regard de la notion d'essentialité et non plus dans une quête éperdu du « superflu » !...
A quoi bon remplir toute une valise que nous n'emporterons pas avec nous vers notre destination ultime ?
Réaliser l'Etre en l'Homme, c'est passer de l'individu anthropocentrique à l'être universel et planétaire ;
de l'égocentrisme forcené et arrogant aux valeurs symbiotiques et solidaires de tout le vivant et ce, au sein d'une semblable communauté de destin....
Cela implique aussi d'harmoniser les rapports entre le féminin et le masculin à partir de cette vertu transcendantale qu'est l'Amour opérant les métamorphoses et transformations dont seul son alchimie altruiste et spirituelle est capable...
C'est une mutation indispensable et indissociable du processus de véritable rénovation et régénération des rapports humains fondamentaux conciliant et réconciliant le singulier, le spécifique, le différent, dans une dimension plurielle, participiale, et unitaire...
C'est l'expérimentation aimante d'un binôme conduit, inspiré et conforté par une vision trinitaire de l'unité dans l'application attentionnée et quotidienne de la diversité et de la complémentarité...
Construire et bâtir, au péril même de nos débordements aveugles, un nouveau phare de conscience afin d'éclairer l'océan de l'existence pour nous éviter de reconduire et d'amplifier nos propres récifs et écueils...
Nos légitimes « aspirations » demandent à être d'abord inspirées par des Forces, Energies et Lumières aptes à faire ressortir de l'ombre tout ce que nous maintenons et cultivons de malsain, de dissonant et de tordu au fond de nos propres obscurités...
Une sève de fraternité attend son aubier.... Car si notre « Arbre de vie » est spécifique à notre « personne », ses racines puisent autant dans le ciel que dans la terre, dans un humus et un terreau universel, cosmique et planétaire souché sur une commune mémoire et solidaire d'un commun devenir....
L'homme a perdu son visage en remplaçant son « profil » (le profilé exact de sa présence au monde se découpant sur l'horizon de l'avenir) par le « profit » à tirer de tout être et de toute chose sans aucune éthique ni déontologie pour ramener à l'équilibre ses besoins fondamentaux....
C'est ainsi que l'humanité s'est vue imposer un masque qui la défigure et l'enlaidit !
Si le « je », qui est pourtant et aussi un « autre », n'a pas conscience du « Nous » , il tombera tôt ou tard à « genoux » devant l'autel de ses absurdités !...
La pratique systématique de « l’écartèlement » qui consiste à cultiver toutes les contradictions et tous les paradoxes, toutes les dichotomies et dissociations, à entretenir toutes les formes antagonistes et destructrice de la dualité opposée, ne peut que nous amener à une séparation de plus en plus irréversible avec ce qui est encore de nature à nous maintenir dans une unité d'appartenance consciente, solidaire et volontaire avec tous les règnes et toutes les autres formes de vie...
L'homme, la femme, sont potentiellement en capacité de développer leur « génie » spécifique et complémentaire...
Il y en en effet du « génie » en l'humain reste à déterminer au service de quoi et de qui ?
L'humaniste de demain est un passeur, un pontonnier, qui conceptualise et expérimente des passerelles au-dessus des dualités affrontées afin qu'elles lèvent le cœur et les yeux vers d'autres perspectives que celles de l'antagonisme notoire et stérile où elles s'épuisent stupidement au détriment de l'Etre et de la Vie...
Il met en présence des entendements et des compréhensions en reliant une somme de convergences prisonnière d'une multitude de divergences dogmatiques qui entendaient s'imposer à toute résolution durable des conflits qu'elles suscitent...
Il offre généreusement et lucidement un Verbe Unitaire, symbiotique, singulier et aussi pluriel, masculin et féminin, ombragé et lumineux, afin que la vie soit enfin conjuguée selon les formes et forces verbales que propose le terme et le vocable « AIMER »...
Un certain nombre d'hommes et de femmes, quelques poignées certes, mais pionniers en terme de vision réaliste fondamentalement humaniste et de mise en œuvre novatrice et pertinente, proposent et démontrent un cheminement possible dont ils expérimentent eux-mêmes la fiabilité et la viabilité....
Pour tous et pour toutes cet acheminement vers un autre monde possible commence, à commencé et se poursuit, en leurs sentes internes et intimes, sous l'égide d'une conscience éveillée et inspirée qui les conduit, métamorphose après métamorphose, changement après changement, vers ce que Edgar Morin appelle « l'humanisme régénéré. »
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Edgar MORIN L'humanisme régénéré extraits
« Marcher, il n'y a pas de chemin , le chemin se fait en marchant. » Antonio Machado
In : le monde diplomatique....
« … L'homme se veut souverain de l'Univers, doté d'un droit illimité sur toute chose, dont le droit illimité de la manipulation (anthropocentrisme)...
C'est cette face de l'humanisme qu'il faut faire disparaître, il faut cesser d'exalter l'image barbare, autarcique, surnaturel, centre du monde, but de l'évolution, maître de la nature.
L'autre humanisme, c'est celui de Montaigne qui a pratiqué celui-ci dans la reconnaissance de la pleine humanité des indigènes d'Amérique cruellement conquis et asservis, et en critiquant leurs asservisseurs.
Depuis la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen en 1789, cet humanisme reconnaît dans tout être humain la pleine qualité humaine, à chaque être de notre espèce donc.
Il reconnaît dans tout être humain une identité commune au-delà des différences...
Il sous-entend le principe posé par Kant « « Appliquer à autrui ce que nous souhaitons pour nous-mêmes. »
Ceci renforcé par Hégel : « Tout être humain à besoin d'être reconnu dans sa pleine humanité par autrui. »
Il demande le respect pour ce qu'il appelle la « dignité » de chaque humain, c'est-à-dire de ne pas lui faire subir de traitement indigne.
Cet humanisme sera plus tard nourri par une sève de fraternité et d'amour, vertu évangélique laïcisée.
De cet humanisme monopolisé lors par l'homme blanc, adulte, occidental, ont été exclus les primitifs, arriérés, infantiles, qui n'ont pas accédés à la dignité d'Homo sapiens.
Ceux-là furent traités en objet et asservis jusqu'à l'époque récente de la colonisation...
Nous n'avons pas besoin d'un nouvel humanisme, nous avons besoin d'un humanisme ressourcé et régénéré.
Le progrès fut considéra comme une loi à laquelle obéirait l'histoire humaine...
Cette croyance née en Occident s'est maintenue et propagées dans le monde en dépit de terribles démentis.
L'Ouest promettait un futur harmonieux et l'Est un futur radieux. Ces deux futurs se sont effondrés peu avant la fin du XXè siècle, remplacés par incertitudes et angoisses...
La foi en le progrès doit être non plus dans un futur de promesses, mais dans un futur de possibilités...
Dans ce sens, l'humanisme régénéré, se propose la poursuite de l’hominisation en humanisation. Il s'agit de « faire l'homme » (Lest us make man)...
L'humanisme régénéré est essentiellement un humanisme planétaire.
L'humanisme antérieur portait en lui un universalisme potentiel, mais il n'y avait pas cette interdépendance concrète entre tous les humains devenue communauté de destin.
L'humanité est désormais menacée de périls mortels : multiplication des armes nucléaires et des guerres civiles internationalisées, déchaînement de fanatisme ; dégradation accélérée de la biosphère, crise et dérèglement d'une économie dominée par une spéculation financière incontrôlée...
La vie de l'espèce humaine, et inséparablement, celle de la biosphère deviennent une valeur primaire, un impératif prioritaire.
Nous devons comprendre alors que si nous voulons que l'humanité puisse survivre, elle doit se « métamorphoser »...
« Si l'humanité veut continuer à vivre, elle doit changer. »
Karl Jaspers
le problème prioritaire de la vie est devenu la priorité d'une nouvelle conscience qui appelle une métamorphose...
L'humanisme régénéré puise consciemment aux sources anthropologiques de l'Ethique.
Ces sources présentes dans toute société humaine sont la solidarité et la responsabilité...
La solidarité à l'égard de sa communauté suscite la responsabilité et la responsabilité suscite la solidarité...
Ces sources demeurent présentent, mais en partie taries et asséchées dans notre civilisation, sous l'effet de l'individualisme, de la domination du profit...
L'humanisme doit montrer la nécessité de revitaliser solidarité et responsabilité, pour la poursuite de l’hominisation en humanisation, c'est-à-dire pour tout progrès humain.
L'humanisme n'a pu devenir « complet » qu'avec la communauté de destin planétaire.
L'humanisme devenu planétaire demande donc que le couple solidarité/responsabilité, sans cesser de s'exercer dans les communautés existantes, soit amplifié à la communauté de destin planétaire.
Plus encore, l'humanisme doit prendre consciemment en charge la grande aspiration qui traverse toute l'histoire humaine, d'autant plus que les communautés tendent à étouffer les individus, que « l'individualisme » tend à désintégrer les communautés...
Épanouir sa personne au sein d'une communauté , épanouir le « je » dans l'épanouissement du »nous »....
« Nous voici, humains minuscules, sur la minuscule pellicule de vie entourant la minuscule planète perdue dans le gigantesque univers.
Cette planète est partout un monde ; le nôtre.
Cette planète est en même temps notre maison et notre jardin.
Nous découvrons les secrets de notre arbre généalogique et de notre carte d'identité terrienne, qui nous font reconnaître notre matrie terrestre au moment où les sociétés éparses sur le globe sont devenues interdépendantes et où se joue collectivement le destin de l' »humanité. » Edgar Morin (In Terre-patrie )
La prise de conscience de la communauté de destin terrestre doit être l'événement de notre siècle.
L'accomplissement de l'humanité en Humanité, la nouvelle communauté englobante de la Terre-patrie, la métamorphose de l'humanité sont les faces de la nouvelle aventure humaine souhaitable et possible.
Certes, l'accumulation des périls, la course du vaisseau spatial Terre, dont les moteurs sont les développements incontrôlés de la science, de la technique, de l'économie, rendent l'issue improbable...
Mais toutes les voies nouvelles qu'à connue l' histoire humaine ont été inattendues...
Tant de transformations semblent nécessaires simultanément, tant de réformes économiques, sociales, personnelles, éthiques...
Mais un peu partout dans le monde apparaissent des myriades de germinations, ruissellent des myriades de petits courants qui formeront des ruisseaux qui pourraient confluer en rivière lesquelles pourraient se réunir en un grand fleuve.
Là est l'espoir, fragile, mais espoir, et nous devons comprendre que le pari et l'espoir doivent prendre la place des certitudes...
Une symbiose plus intime.
Notre devenir actuel porte en lui les germes de deux métamorphoses :
La première actuellement improbable déboucherait sur une société-monde devenant terre-patrie.
La seconde est celle du transhumanisme qui se fonde sur des probabilités fortes, encore inconnues il y a 20 ans : la prolongation de la vie humaine sans vieillissement grâce aux cellules souches présentes dans l'organisme de chacun de nous.
Le développement d'une symbiose de plus en plus intime entre l'homme et les produits de la technique, la capacité de plus en plus grande des machines à acquérir des caractères humains, y compris peut-être la conscience.
Mais les progrès scientifiques et techniques n'auront de caractère positif que s'ils coïncident avec un progrès humain à la fois intellectuel, éthique, politique et social.
Ceci appelle nécessairement et instamment la métamorphose psychologique, culturelle et sociale qui naîtrait d'une voie nouvelle nourrie par un humanisme régénéré...
C'est aussi ressentir au plus profond de soi que chacun d'entre nous est un moment minuscule, une partie minuscule d'une extraordinaire aventure ; une aventure incroyable commencée il y a sept millions d'années...
A l'époque de Cro-Magnon, l'homme a déjà le cerveau d'un Einstein, un cerveau en avance sur son esprit, sur ses besoins. Aujourd'hui encore notre cerveau possède sans doute des capacités que nous sommes encore incapables de reconnaître et d'utiliser.
L'humanisme à mon sens ne porte pas seulement en lui le sentiment de solidarité humaine , c'est aussi le sentiment d'être à l'intérieur d'une aventure inconnue et incroyable, et de vouloir qu'elle continue vers une métamorphose, d'où naîtrait un devenir nouveau.
Je suis un individu, un sujet, c'est-à-dire presque tout pour moi et presque rien pour l'univers, fragment infime et infirme de l'anthroposphère et de la noosphère, auxquelles je participe au sein de cette aventure inconnue avec les 7 milliards d'autres humains, comme une cellule fait partie d'un corps parmi des centaines de milliards de cellules (mille fois plus de cellules chez un humain que d'êtres humains sur la terre.)
Je participe à cet infini, à cet inachèvement, à cette réalité si fortement tissée de rêve, à cet être de douleur, de joie et d'incertitude qui est en nous comme nous sommes en lui.
Je fais partie de cette aventure inouïe insérée au sein de l'aventure elle même stupéfiante de l'univers. »
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COMMENTAIRES Bran du oct 2015
De quoi nous entretient philosophiquement Edgar Morin ?
De deux humanismes et à choisir celui résolument tourné vers un humanisme régénéré, re-sourcé, rénové, revitalisé, ré-énergétisé... lequel implique une véritable métamorphose de chaque individu au niveau de ses plans et niveaux de conscience, de liberté et de responsabilité...
Un humaniste qui fait lucidement et salutairement choix de la Matrie, de la Terre-patrie, soit d'une destinée conçue comme solidaire, symbiotique, universelle et planétaire et qui se sait et se veut associer à la plus stupéfiante des aventures qui soit ; celle de la vie et de l'évolution pérenne de celle-ci.
Comment ne pas faire le pont ici avec notre Tradition laquelle ne propose pas autre chose à l'individu et à sa communauté de destin que de vivre l'aventure périlleuse, voire éprouvante, mais o combien époustouflante et enchanteresse de la Vie offerte ici et maintenant et dans son devenir...
La quête celtique semble le plus souvent être une quête individuelle (le héros, le chevalier, le roi, le barde, l'homme primordial...) toutefois, elle est totalement inscrite au cœur d'un destin communautaire et dans une perspective de bien commun et d'équilibre et d'harmonie entre tous les êtres, toutes choses et tout le « cosmos » lui-même....
Elle fait par ailleurs aussi appelle à un « équipage » humain, mais aussi sacré, mythique, archétypale, symbolique et analogique....
Tout se doit de concourir à l'alchimie du non-être se réalisant phase après phase en l'être accompli....
Bran ou Maelduin s'embarquent pour des motifs divers, (Quête du merveilleux, vengeance...), mais ceux-ci s'estomperont au fur et à mesure de la progression aventureuse pour constituer une aventure personnelle transformatrice modifiant en profondeur l'être, le voir, le percevoir, l'agir et la pensée conductrice....
Cela débouche sur une présence au monde animée d'une Essence et d'un Principe qui touchent aux fondement de la Création de l'Univers et à la Loi d'Evolution permanente...
La quête humaine à son point de départ devient une quête d'immortalité et d'éternité, d'errances absolues et infinies, mais baignées dans la Lumière et bordées d'îles merveilleuses!...
Toute matérialité, corporéité, dualité, se trouve lors transcendées au fur et à mesure qu'elles sont plongées dans le Chaudron de l'Initiation !...
Toute « initiation » suppose au préalable un « dépouillement », un renoncement, une acceptation, une remise à nu, une « perdition » et une errance, un élagage des branches mortes, une remise en question et en vie, une séparation et une distanciation par rapport à l'ordinaire, au consenti, au toléré etc...
Sans une certaine forme de « mort », il ne peut se faire de renaissance !...
Le voyage celtique propose un nouveau départ, un recommencement, sur de nouvelles bases et orientations impliquant de quitter un « état » de non être afin de revêtir l'être qui nous attend sur l'Autre Rive de nos légitimes et audacieuses aspirations...
Toutes les étapes ont pour finalité l'acquisition d'une sagesse et d'une maîtrise ; ce sont des épreuves formatrices de l'être en devenir....
Le succès résulte de la réussite survenue dans les métamorphoses opérées...
Les découvertes gagnent peu à peu sur le vaste champ de l'ignorance... Et la vison cohérente, accordée , ajustée à tout l'univers prend sa juste place et offre à l'aventurier de partager celle-ci avec lui et d'en faire bénéficier ses semblables...
Le « saumon » revenu aux origines du monde, aux sources mêmes de la con-naissance sera révélé à lui même dans le miroir des eaux originelles et sustentés par celles-ci afin de pouvoir revenir dans l'océan existentiel porteur de cette « eau miraculeuse » apte à s'écouler et se répandre dans le lit asséché de ceux et celles dont la conscience ne s'est pas encore éveillée !...