Doux haïkus d'août Bran du 18/23 août 2012
AIKUS (Suite)
Photo Ahae (Expo Paris 2012)
L’art de l’haïku Vincent brochard Pascale Senk Livre de poche N° 31829
(Pour une philosophie de l’instant)
« Le haïku à cette propriété quelque peu fantasmagorique que l’on s’imagine toujours pouvoir en faire soi-même facilement. » d’où la difficulté à oser « la notation spontanée d’un instant d’élite » où le haïku s’amincit jusqu’à la pure et simple désignation. » Roland Barthes (L’Empire des signes)
« Tout ce qui n’est pas réellement présent dans le coeur ne relève pas du haïku . » Santoka
« Ecrire chaque jour les situations qui nous procurent du bonheur augmente nettement notre bien être physique et psychique. »
La pratique de cette forme poétique s’étend et les ouvrages permettant de s’y familiariser sont nombreux. Voici des extraits de l’ouvrage précité qui comportent des éléments permettant de mieux comprendre l’ESPRIT sous ses multiples formes…
Saisir la vérité de l’instant
Capter le jaillissement de la vie
Faire vibrer le présent Telle est la magie du Haïku…
Renouer le lien primordial avec la nature, cultiver la modestie et la simplicité, rechercher la spntanéité, l’art du Haïku nous enytraîne sur le chemin de cette sagesse…
C’est un invitation à l’expérience existentielle, à trandformer notre regard sur la vie, à plus de vie…
Saisir les instants précieux, s’ouvrir pleinement au réel, exprimer son monde intérieur, faire taire l’intellect, aimer le trivial, se détacher des encombrants, accepter l’impermanence, épurer, atteindre l’équilibre, retrouver la saveur des choses, pratiquer une « méditation éveillée »….
Pratiquer le haïku « c’est accueillir tous les fruits d’une véritable attention au réel et rassembler des fragments d’éveil. »…
C‘est : « Trois pincées de poésie dans la soupe grise du quotidien. »… « Un moment de vérité avec soi-même. »… « Ouvrir nos consciences, affûter notre intuition. »… « Etre en prise directe avec le vivant. »… T Cazals
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Photo de bran du sur photo de Ahae (expo Paris 2012)
Pour exemple (mais chacun son "style")
Doux haïkus d’août…. Bran du du 19 au 23 août 2012
Suite à l’Exposition du photographe coréen AHAE au Jardin des Tuileries à Paris ; exposition intitulée « De ma fenêtre »… Ce photographe réalise chaque jour depuis presque trois ans des centaines de clichés pris de sa fenêtre sur la nature qui l’entoure… C’est de la grande, de la simple, de la profonde poésie au quotidien dont il s’agit…. Je me suis laissé enveloppé par cette œuvre et tente ici de restituer quelques impressions sous la forme de haïkus lesquels sont la forme à mon sens la plus adaptée pour retranscrire cela…
Dehors Paris s’agite,
S’empresse, circule…
Au-dedans, pure, nue, fraîche, est la respiration…
Trop de passages furtifs ;
S’asseoir
Sur la berge des images…
Le même paysage,
Le même « décor »,
Variant en permanence…
Chaque jour
Le jour refait
Et modifie…
La photo, pour le regard…
La pensée entre et sort
Par la porte entrouverte…
Contraste entre deux mondes :
Le clair, l’opaque
Pour changer notre vision…
Approfondir
Puis remonter lentement
Pallier par pallier…
A l’Extérieur, la Concorde
La vie, éclatée, fragmentée, distante…
A l’intérieur : l’accord et la reliance…
Fontaine visuelle
De la rosée sur toute chose
Pour rafraîchir nos yeux…
Mon regard ricoche
D’un plan à un autre
Puis plonge au-dedans…
Je vais, de cercle en cercle,
Laissant ma pierre songeuse
Gagner les profondeurs…
Ayant passé la porte,
Je me suis rendu à la fenêtre…
Lors, tout est venu à moi…
A cette fenêtre,
Se sont ouverts les volets du monde…
Sur la Lumière !…
(Je photographie les ombres qui passent, s’arrêtent, devant cette « Lumière » joignant une dimension à une autre…)
Cela, pour quelle conjonction,
Pour quel entendement,
Pour quelle « cosmunion » ?….
Les images pour voir,
Les mots pour dire
Cela qui est…
Printemps, été, automne, hiver
Pour rendre hommage
Au Maître de Danse…
La permanence dit l’impermanence…
La feuille en dormance sur le sol
Plus que mots et photos…
Les nuages
Ecrivent des haïkus
Sans se soucier des règles !…
Semblables et différents
Les choses et leurs reflets
Au miroir de l’étang…
De ma fenêtre ordinaire
Je vois d’autres fenêtres
Aux rideaux fermés !…
Chaque image
Ajoute un vers au poème,
Et ce, à l’infini…
Dans l’archipel urbain
De l’océan du quotidien
L’île me fut offerte…
Un corbeau, échappé d’une photo
Retourne vers celle-ci,
Un vers dans le bec !
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Photo de bran du sur photo d'Ahae (Expo Paris 2012)
« Comme un alpiniste sur la paroi escarpée de la montagne, toujours attentif au moindre faux-pas, en équilibre au bord du vide, le haïjin* avance à la frontière fragile de deux mondes :
Flou et précision / Forme et substance / Trop et trop peu / Dit et non-dit / Visible et invisible / Ecriture immédiate ou réfléchie….Le haïku est cette infinitésimale portion de seconde durant laquelle l’akpiniste rétablit son équilibre. Les forces en présence sont justement dosées pour éviter toute catastrophe… …/… Le haïku doit tout autant paraître naturel. Tous les efforts accomplis par l’auteur pour transcrire ses impressions, ses émotions, ses émotions en si peu de place doivent être imperceptibles.
Trop de technique, et la mécanique des rouages couvre le souffle originel ; trop de réthorique, et la lueur de l’instant disparaît sous d’épais brouillards ; trop d’esprit, et la lourdeur de l’expression chasse le subtil parfum de la suggestion. »… *haïjin : faiseur de haïku
Dominique CHAPOT Préface à Tous sur les Haïkus Aléa Editeur
(« Le monde n’est heureusement pas uniforme. Son attrait naît de la diversité. Qu’il en soit de même pour les haïkus ! » D. Chapot
« L’art du peu n’est pas peu de chose. Il nécessite de l’ingéniosité, on n’a pas le droit à l’erreur, aux chutes… » Pierre Sansot
« La lumière qui se dégage des choses, il faut la fixer dans les mots avant qu’elle ne soit éteinte dans l’esprit. » Basho
« Il faut que le haïjin ait quelque chose à dire, et qu’il sache le dire avec le moins de mots possible. » René Maublanc
« Il ne s’agit après tout que de faire de petites pauses dans l’agitation quotidienne, et d’écouter ce que nous disent la nature, les gens et les choses. » Anne Tardy
« Le Haïku n’est pas une pensée riche réduite à une forme brève, mais un événement bref qui trouve d’un coup sa forme juste. » Roland Barthes
« Le haïku ne décrit pas comment les choses sont faites, mais plutôt retient les choses dans leur fait d’être. Il nomme l’indicible. Il témoigne de ce mystère qui est l’existence même et révèle le monde dans sa nudité pure. » Julie Azoulay
« Rien de plus que la saisie éphémère d’un instant : prêt à être oublié, à jamais inoubliable. » Maurice Coyau
« Quand il n’y a plus d’émotion, le haïku n’est qu’une forme rigide et vide. » Kunihiko-Fuji
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Photo de Ahae (Paris Expo 2012)
Jardin des Tuileries / Orangerie / Place de la Concorde / les Halles… Paris au mois d’août Bran du Août 2012
« C’est encore penser que de plus vouloir penser, pensais-je alors ! »
Bassin des Tuileries :
Une feuille poussée par le vent…
Etre cela en l’instant !…
Ciel bleu
Tailleur noir, chevelure rousse…
Tout ensemble…
La canicule
Entrouve des pétales
Pour mes yeux d’abeille…
L’étouneau
Tourne autour de la poubelle…
Rien à becqueter !…
Fin août
La séduction se penche
Au balcon d’une robe à fleurs…
A la terrasse estivale
La naissance d’un sein
Avive ma rêverie…
Autant de décolletés profonds
Réveillent
Des braises mal éteintes…
La poésie encore, toutefois, cependant…
Ici et là,
Entre éblouissement et aveuglement…
Que de vies, là, ici…
Semblabes et uniques
Entre ceci et cela…
Trop bruyante, dispendieuse
Est la fontaine
Qui couvre le chant de la source…
C’est inédit,
C’est nouveau,
Je jette du pain à des corbeaux !…
Ils sont sept maintenant
Plumes ébouriffées, chiffonnées, cassés…
Sept « clochards célestes » !…
Les cuisses vont à découvert...
La libido
A mit son shorte…
Tous ces angles,
Toutes ces courbes…
L’architecte… La poésie !…
Il claque des ailes
Cet éventail volant
Appelé pigeon ramier…
La mésange dit peu
Très peu
Mais le répète à l’infini…
Une fleur s’ouvre,
Une feuille tombe...
J’ai vu cela…
Le soleil se couche,
Enfile son peignoir,
S’accoude au balcon de la nuit…
Sur le banc,
Sous l’épaix ombrage du tilleul,
Mes pensées et moi…
« C’est la vie, bien sûr que c’est la vie… On n’est que de passage mon frère !… » (Le serveur du Café le Cœur couronné, Place des Halles)
En transit à Paris
Je joue au touriste
Sans application…
Le regard jette ses filets…
La pensée frétille
Sous l’écaille des mots…
Au comptoir de l’ordinaire
On ne sert qu’un verre
D’eau plate !…
Allées et venues, grouillement…
Bruyante est la place…
Toutefois, me réconcilie, le rire frais d’un enfant…
Là où tout n’est que passage
Quelques ombres
S’accrochent à leur lumière…