Les dits du corbeau noir

DU FEMININ, DU BARDISME DANS L'EQUILIBRE COLLEGIAL ? REFLEXIONS 2016 BRAN DU 20 06 JUIN

 

 

Sujets à réflexions pertinentes :

DU FEMININ et du BARDISME au sein des collèges et clairières...

Constat de faits et de situations...

 

 

A bien étudier les mouvements druidiques des trois derniers siècles, l'on constate que les exégètes, les penseurs, les initiateurs, pionniers, précurseurs de structures druidisantes et fondateurs d'ordres, de collèges, de clairières, dont ils assument la direction ou présidence... sont... massivement et exclusivement des hommes !...

 

Pour ce qui est du « néo-druidisme » (et pour une part d'acceptation de ce terme), il n'y a pas de femme fondatrice ou en charge d'une communauté ni en France ni ailleurs que sur les dernières décennies

....

En remontant dans le temps, on ne fait état nulle part d'une Grande druidesse dans la lignée des initiés qui se sont succédés à la direction des collèges druidiques...

 

Il faudra attendre ces quarante dernières années au moins pour voir une femme : Marie Dominique de Fournier de Brescia Druidesse Plac'h Doue fonder la F.U.D Fraternité Universelle des Druides dans le Sud de la France et diriger celle-ci avec des qualités indéniables voire exceptionnelles...

 

Environ à la même époque (un peu avant toutefois), Huguette Cochinal (Druidesse Uxellia) accédera à de hautes fonctions au sein du Collège des Gaules, elle sera, à son décès, remplacée tout aussi efficacement et avec un même dévouement par Danielle Leplet (Dana Lovana)...

Mais toutes deux n'auront pas la Direction directe et totale du Collège confiée à chaque fois à un Druide...

 

L'OBOD, plus enclin a favoriser la présence féminine, en Angleterre tout d'abord et, suite à son expansion, en d'autres contrées d'Europe et d'ailleurs, concédera une place plus importante au dit « Féminin » ; ce dernier sera amené à progresser dans les « hiérarchies » et à créer des clairières et à assurer et assumer honorablement leur direction collégiale...

 

 

Si la Sagesse résulte, selon les enseignements majeurs de toute Tradition véritable de la recherche essentielle et fondamentale de l'équilibre et de l'harmonie, cela vaut pour toutes les polarités, qui sans Elle, s'opposent stérilement, s'excluent, se fuient ou se détruisent mutuellement...

Il en va ainsi des rapports entre le féminin et le masculin !...

 

Il est grand temps de réintroduire cette Sagesse et de l'appliquer réellement dans ce rapport et dans cette relation bipolaires au sein des mouvements druidiques... (Cela vaut tout autant pour toute la société humaine d'ailleurs, mais commençons à montrer, à incarner authentiquement et véritablement ou à perpétuer, de même, l'exemple !)

 

C'est toucher là à un problème des plus conséquents qui explique bien des dissensions, des frustrations, des inégalités et des déséquilibres fondamentaux, portant fortement préjudice à l'ensemble des communautés druidiques qui ne portent pas attention ou pas suffisamment, à la dite Sagesse et à ses préceptes essentiels...

(Et c'est pourtant là notre plus précieux héritage !)

 

Les collèges qui aspirent, légitimement, naturellement et consciemment à l'équilibre et à l'harmonie devront (si Sagesse il y a) restaurer en leur sein et entretenir des rapports et relations entre les polarités masculines et féminines qui soient faits de complémentarités, de conjugaisons symbiotiques, de coopérations, d'entendements, d'accompagnements solidaires, de synergies d'énergies, propices à la paix, à la joie, à la fraternité et aux évolutions sociales, culturelles, philosophiques et spirituelles de leur communauté...

C'est là, une garantie réelle et efficiente apportée à leur meilleur devenir....

 

Par ailleurs, il a été démontré le risque conséquent encouru par des collèges créés et animés par le « Féminin » qui voulant apposer le sceau de son autorité, de sa respectabilité, de son authenticité, aspirant à une « reconnaissance d'existence et de validité » de la part du masculin, a pensé devoir recourir pour cela à des méthodes « masculines » (souvent renforcées et exacerbées), à des aspects du masculin, défigurant ou pervertissant sa propre polarité féminine (une façon de « singer » l'homme des plus désastreuses !)

C'est là un autre genre de « déséquilibre » aux mêmes effets catastrophiques !

 

Les livres, revues, bulletins, « nourrissant » les études druidiques pendant des décennies ont été le plus souvent l'effet, la production, des hommes en charge des collèges...

Très peu de signatures féminines et si peu de pages ouvertes au féminin en ces temps là !

Pendant très longtemps, pas de femmes, pour ainsi dire, dans les Conseils de Sages ou directionnels...
Cela fait des supports d'enseignements alors disponibles une expression exclusivement « masculine » et une formation de disciples ou mabinogs quelque peu formatés dans ce sens !!!

 

Cela a heureusement bougé certes depuis, mais en partie seulement. Toutefois, les nouveaux supports de diffusion changent aussi la donne...

 

Mais il y a encore bien des points et aspects à faire évoluer positivement....

Ceci, dans l'intérêt du meilleur service possible de la Tradition et de ceux et de celles qui la servent de leur mieux (sans parler de ceux et celles qui viennent à sa rencontre et qui sont trop souvent encore témoins de ces disparités et inégalités !)

 

 

Ceci est un point "encore délicat" pour le moins, mais, il n'est pas le seul...

 

Il faut aborder également un autre aspect de déséquilibre notoire trop souvent constaté hélas...

La place concédée réellement au bardisme dans l'expression druidique collégiale (et lors des rituels en particulier !)

 

Pour rappel : le Druide (ou la femme consacrée druidesse) est censé incarner l'Awen, son Soufle, sa Respiration, son « Inspiration » aussi...

A l'image de Lugos ou Lug, le Multiple Artisan, qui est le « Référent » absolu, il s'efforce de rassembler en sa personne, de maîtriser, diverses disciplines de l'activité humaine et plus particulièrement celles liées à son sacerdoce....

 

Bien des druides faisant référence dans le druidisme ont honoré la fonction bardique  (Philéas Lebesgue, Gwenc'hlan le Scouëzec, Jacques Gestalder par exemple et pour ne citer que ceux-là...)

 

Dépositaire de la Grande mémoire et « visionnaire », le barde anime la « Présence en ce monde » et, par ses vibrations émises, favorise le contact entre les mondes en veillant aux parasitages divers qui s'y opposent...

 

Par sa connaissance maîtrisée des vibrations, il participe de la mise à l'uni-son de la communauté du Cercle...

Il est principalement l'instrument "accordé" de l'Awen...

Il est récepteur, émetteur et retransmetteur des ondes reçus sur la fréquence des Forces, Energies et Lumières émanées de "l'Innommable"... 

 

Par ses lèvres offertes circulent en effet les flux, influx, ondes, fluides émanés de l'Awen...

 

Si la dimension bardique est « absente »  de la collégialité ou non invitée à faire circuler l'Awen au cours des cérémonies que reste-il de ce rapport, de cette relation souhaitée, espérée et mise en œuvre ?

(Quel envol, quel élan, quelle flamme montée au ciel, quel promontoire pour le cœur et l'esprit, quelle connexion à la Verticalité transcendante ?)...


L'intellect n'est pas tout l'être doté, en ses encéphales, de bien d'autres facultés et potentialités qui n'ont pas été créées pour remplir seulement les vides laissés dans le cerveau !

 

L'Awen est un Verbe, un Logos (en écho avec Lugos!) qui ne saurait être contenu et cloisonné dans une écriture quelque soit celle-ci et la qualité de celle-ci... Il ne peut demeurer figé ; ses conjugaisons sont libres, mouvantes, dansantes et émouvantes...

 

Confier tout un rituel à une écriture dont on fait lecture (pour se sécuriser et essayer de combler les pertes éventuelles, mais fréquentes de mémoire) va à l'encontre même de l'Awen qui ne trouve plus alors de regards, d'oreilles, de sens, de corps disponibles et réceptifs à sa venue, à sa présence, à son « Anima »...

 

Le « mental » étant totalement et tellement accaparé par sa lecture et la codification des gestes et des rites à suivre scrupuleusement et sans omission, qu'il ne peut demeurer entièrement ouvert et réceptif aux « visitations de l'Awen » pour lequel d'ailleurs le rituel a été fait et qui en constitue le fondement et l'élévation !

 

(Etrange paradoxe que de faire reposer sur l'écrit une spiritualité qui a refusé de fixer à tout jamais sa « doctrine évolutive » sur un tel support, en privilégiant l'oralité spontanée et inspirée, tout autant que connaissante et mémorisante par ailleurs !)

 

Déjà les Anciens et Anciennes nous mettaient en garde de ne pas confondre la Loi de Nature avec la Loi de la Lettre !

(La véritable transmission se faisant d'oreille à oreille et de poitrine à poitrine !)(Rappel : le mot Tradition signifie transmettre !)

 

Bien des Druides (et non des « moindres ») qui ont contribué grandement, et en y consacrant leur vie, à la perpétuation des enseignements druidiques au cours des âges, ont pris appui, pour cela, sur la dimension bardique.

 

Le chant, la musique et ses instruments, la danse... ont longtemps été bannis des cérémoniels druidiques (Ils le sont pour partie encore !) comme si il n'avaient eu aucune présence dans les cérémoniels les plus anciens et qu'ils étaient de nature à nuire aux rites et à ceux et celles qui les pratiquent ?

 

Le druidisme antique aurait-il été la seule expression spirituelle, la seule manifestation religieuse, n'ayant pas recours à toutes ces expressions de ferveur et de gratitude favorisant la relation avec le divin et le sacré ?...

Il y a fort à douter qu'il se soit exonéré de ces dimensions communes à toutes les Traditions « primordiales » et antiques !

 

Psychologiquement parlant, on pourrait légitimement se demander si les oppositions constatées, les pratiques masculines réservées et entretenues, les réticences face à tout cela, les exclusions ou mises à l'écart opérées systématiquement, ne résulteraient pas d'un « effet miroir » constitué par le féminin et le bardisme qui interpelleraient trop fortement des frères pour qui ces dimensions posent personnellement « problème » ou masquent des difficultés de rapport, de pratique et d'entendement ?

 

C'est dire que nous ne pouvons, partant de ces constats de faits et de situations, que progresser peu à peu vers l'équilibre et l'harmonie qui sont les deux vecteurs essentiels de tout cheminement druidique digne de ce nom !... Et ce dans l’intérêt même de notre Tradition, de ceux qui la servent et de ceux qui l'interpellent.



20/06/2016