DU FEMININ SACRE (SUITE) DE GUY LE FRANCOIS 2017BRAN DU 08 05 MAI
Guy Lefrançois
(Botaniste,ethno-botaniste, « pariétologue »...)
« L 'Avenir de l'homme, c'est la femme. »...
(Aragon. Le Fou d'Elsa)
Le Retour Du Féminin sacré...
Du Culte de la Déesse-Mère au Culte de Marie : une continuité réelle et argumentée...
Le conférencier nous fait remonter à la période Préhistorique (vers moins 37 à 36 millions d'années soit au Paléolithique supérieur) et présente une série de "Venus symbolique" représentant et symbolisant la notion de fécondité. (Notamment la Vénus de Brassempouy dite aussi Dame à la capuche ; la seule Vénus qui comporte un visage sculpté.) (La Venus de Willendorf qui date de moins 24 000 ans)...
Ces Vénus de taille très petite ne comportent pas de visage (ou alors celui-ci n'a ni yeux, ni nez, ni bouche, ni oreille),
ni de bras, mais affirment une « sublimation protéiforme » des seins, des hanches, du ventre, du vagin et des fesses, exaltant les attributs de la gestation et de la fécondation...
C'est une très longue période de l'humanité dédié au Féminin sous la forme matriarcale et qui est emprunte de chamanisme...
(Il faut noter cependant que certains chercheurs refusent de valider l'existence d'un culte de la Déesse et des pratiques chamaniques pendant l'époque étudiée.)...
(Ce refus s'apparente à des considérations qui dépassent l'aspect purement scientifique d'une recherche et à une forme de matchiche opéré envers le Principe Féminin sous couvert de rationalité et de rigueur des études menées à ce sujet!)...
Il est indéniable que l'on rencontre diverses formes d'un culte « féminin » dit de la Déesse » (Culte de la Fécondité ou de la Terre considérée comme « Mère ») et ce, de l'Afrique du Nord à l'Oural et en bien d'autres continents... (Une Déesse très souvent associée à un animal ou à des animaux.)...
Nous ferons un précieux détour au sein de ce cheminement vers le Féminin sacré en allant à la rencontre de la « Femme Bison Blanche » de nos frères et sœurs amérindiens (Lakotas plus précisément)...
Des similitudes troublantes et pertinentes existent entre cette Tradition et de nombreuses représentations pariétales associant en France, en Espagne, au Portugal, entre autres lieux, le Féminin au Bison...
(Dans la grotte Chauvet ou comme la Vénus à la corne de bison découverte en Dordogne.)...
Nous sommes alors aux environs de moins 36000 ans
(A l'Aurignacien, soit au temps des chasseurs nomades et sédentaires entre moins 36 000 et 25 000 ans.)...
Il faut toutefois noter que ce « culte de la Déesse » est loin alors d'être attesté, présent ou représenté, dans tous les pays qui constitueront l'Europe d'aujourd'hui...
La Méditerranée avec Sumer (vers moins 3000) sera le point de départ de la révolte du patriarcat contre le matriarcat (Période de l'épopée dite de Gilgamesh)...
Selon Guy Lefrançois, on assistera alors à la « révolte des mâles » et à la naissance des « dieux » avec tout ce qui en est résulté de catastrophique pour l'avenir serein et équilibré de l'humanité !...
Tout pouvoir de domination et d'asservissement qui se met autoritairement et parfois violemment en place inverse les valeurs constitutives des croyances précédentes y compris celles relatives au « bestiaire symbolique »....
Le pouvoir Chrétien n'opérera pas autrement en imposant son diktat à travers une institution entièrement masculine un dieu de soumission, jaloux, vengeur et intolérant et en minimisant le rôle de la femme tolérée en tant que procréatrice uniquement et encore !....... (La Femme c'est : le mal pour le mâle !)...
Il aurait été souhaitable de faire état du rôle très ambiguë joué par St Bernard en ce tournant de l'Histoire que fût le 12è siècle (Retour à un culte marial réinstauré au sein de l'institution chrétienne qui le refusait ; ré-instauration sous l'effet de la ferveur populaire très tenace et fidèle dans la poursuite de ses cultes anciens...)
La question soulevée par le culte des Vierges dites noires sera elle aussi une problématique pour l'Eglise...
On sait par ailleurs l'effroyable sort appliqué pendant des siècles aux guérisseuses prétendument sorcières !...
La France deviendra la fille aînée (et aimée) de l'Eglise avant qu'elle ne se détache aux temps modernes de plus en plus de celle-ci. (La France des « Mariannes » à vite oubliée l'heureuse et pertinente association Marie et Anne !)...
Les collusions répétées entre pouvoir royal et le pouvoir du Vatican parsèmeront la dite Histoire d'atrocités diverses et variées où le sort du féminin sera peu enviable...
Il est dommage que ce court exposé bien structuré au demeurant n'ait pas évoqué divers points qui me semble assez important :
Le sort du féminin dans les textes hébraïques conditionnant les perversités historiques à venir (Lilith et Eve par exemple)...
L'incroyable et unique persistance dans le monde Celte d'un sort égalitaire appliqué au féminin et aux déesses qui en sont l'expression majeure et fondamentale (pas de Dieu, pas de Panthéon divin, sans Déesse pour lui donner naissance.)...
On ne saurait par ailleurs délaisser dans les attributs féminins que sont la fécondité et la fertilité, mais aussi dans les fonctions spécifiques que sont l'exercice ou le service du culte (voyance, prophétie, divination, guérison etc...) bien attestés dans le monde Celtique deux aspects pour moi majeurs et à inclure fondamentalement : la détention de la souveraineté et de l'initiation masculine... Ces deux attributions du féminin celtique étant absolument à revisiter pour le devenir commun en cours de gestation et de maturation de conscience...
En conclusion provisoire...
Guy Lefrançois expose l'idée que la chute du culte de la Déesse et du matriarcat associé a été le commencement du déséquilibre sociétal qui s'aggravera au fil des siècles et des générations pour en arriver au « désastre » relationnel et humain d'aujourd'hui....
Nous sommes en accord à ce sujet en considérant qu'à partir de moins 3000 à Sumer le patriarcat organisé va opérer un renversement des cultes de la Déesse en sa faveur en dévalorisant pour cela le rôle et les fonctions de la dite Déesse....
Ce mouvement s'intensifiera notamment à travers les religions dites révélées...
Pour l'idée qui me concerne « homme et femme » ne sont pas encore des Etres accomplies au sein d'un « androgynat philosophique et spirituel » constitué d'éléments symbiotiques, spécifiques, mais complémentaires et novateurs...
Ce sera tout l'immense et fondamental enjeu du changement de paradigme sociétal actuellement en gestation de conscience pour assurer un devenir planétaire à notre communauté de destin...
Il me semble des plus important de participer en nos clairières et bosquets, et ce, dès aujourd'hui, soit « ici et maintenant », à la mise en place de rapports entre hommes et femmes tendant vers plus d 'équilibre et d'harmonie individuel et communautaire afin d'expérimenter de façon authentique et « exemplaire » d'autres modèles relationnels qui porteront témoignage d'une conception nouvelle des liens les plus propices à une meilleure et très nette « Relation » du féminin avec le masculin et ce au plus grand bénéfice de toute l'humanité !...
La Déesse-Mère se doit d'être respectée et considérée en tant que Référence Universelle...
(En fait ses cultes n'ont jamais disparu malgré les très lourdes pressions et oppressions de l'Histoire politique et religieuse.
Il y a fort à parier d'ailleurs que ces cultes vont s'intensifier en ce 21è siècle.)...
Il est plus qu'urgent et prioritaire que la « Femme lunaire » asservie et réduite à sa nature femelle par des millénaires de pouvoir viril retrouve sa nature solaire qui est celle de la déesse des origines... (A noter que dans les langues anciennes et dans certaines traditions perpétuées, la lune est masculine et le soleil féminin !)...
On assiste via le « druidisme », la Wicca puis le chamanisme à un retour de la Femme sacrée en Occident. La Femme s'autorise à être de nouveau une prêtresse et une servante du divin et du sacré….
Il s'agit pour le masculin (L'homme « lunaire ») d'accomplir sa mutation et de reconnaître, d'accueillir, d'animer en lui les forces de nature féminine qui l'animent...
Il ne pourra d'ailleurs y parvenir sans le concours (le partenariat solidaire et symbiotique) de la femme « Solaire » N.D.R...
Il s'agit pour une polarité et pour l'autre d'opérer ensemble une « noce alchimique » apte à transfigurer la matière corporelle que nous sommes pour en extraire la part spirituelle, divine et subtile...
Cela passe aussi par une réconciliation mutuelle avec toutes les forces de vie en restituant au corps toutes ses facultés sensitives, émotionnelles, jouissives....
Tous ces aspects très interpellatifs et d'une grande importance pour notre devenir ont été abondamment abordés dans des articles précédents traitant et explorant ce conséquent sujet.
Je vous invite à vous y reporter pour compléter ce qui précède...
Merci à Guy Le François d'avoir apporter sa fraternelle contribution aux avancées de ce débat prioritaire...
Complément d'informations et repères complémentaires :
Dans les temps les plus anciens la femme qui enfante fascine l'homme qui ne comprend pas ce « mystère »...
Le mythe de la Création donne un ancêtre unique à l'ensemble de l'humanité...
C'est alors qu'apparaît la grande Déesse dans la conscience magique comme élément fondateur de toute religion avec ses rituels chamaniques et magiques...
La dite Grande Déesse est dès son origine plutôt liée à l'eau et au soleil qu'à la lune...
L'humanité serait lors traduite par la figuration féminine parfaitement légitime laquelle fait « naître la vie »...
L'homme prend peu à peu conscience de son existence et de sa nature spécifique...
Au Néolithique survient un réchauffement climatique. La toundra cède peu à peu la place à la forêt... L'homme découvre l'agriculture...
Vers moins 6000 a moins 5000, la Déesse-Mère est toujours présente, sa représentation est semblable,mais prend maintenant son assise sur un « trône ». Il n'y a toujours pas de « dieu mâle »...
La Déesse de la fertilité succède à celle de la fécondité (moissons et récoltes)...
La Déesse à l'enfant apparaît qui procrée des fils royaux ou des dieux dans une société devenue guerrière et virile...
On assiste à une « perte de puissance » de la Déesse...
C'est aussi la période des statues menhirs du Tarn et de l'Aveyron... Le modèle « féminin » à l'origine est transformé en modèle masculin. On efface les « seins » et on met une épée à la place !...
Les idoles de la mer Egée sont représentées enceintes...
A l'origine la Femme est Chamane.
Elle communique avec l'invisible, le divin et le sacré qu'elle incarne...
Elle préside à la naissance de la conscience religieuse...
Pendant la période celtique les dieux Celtes sont en « équilibre » au sein des polarités...
Les Déesses sont encore très « présentes »...
(Dôn, Dana, Ana, Danu...)
Mais à la même époque en Europe les conflits et tragédies naissent lors du passage du matriarcat primitif au patriarcat conquérant...
On notera que les fées descendent du modèle de la Déesse-Mère (fonction, attribution...)
En Irlande, à travers la figure des Sheela na gui on aura une réminiscence de la Déesse des origines, laquelle ici montre au monde une énorme vulve. La déesse est parfois ici munie d'un torque ou d'une lance. C'est de nouveau une Déesse-Mère qui s'impose dans la statuaire des églises chrétiennes...
Elle aurait (c'est une interprétation) une fonction liée à la gestation de l'âme des morts. Elle aurait été déposée sur le ventre des femmes devant accoucher... (On trouvera une pratique équivalente à la même époque en Inde.)... Elle assure le passage entre mort et vie et sans doute inversement...
Les personnages de la Vierge Marie et le culte marial, mais aussi la figure de Marie-Madeleine avec les Vierges dites noires et l'Immaculée Conception ne cessent de poser de sérieux problèmes au dogme Chrétien confronté à des ferveurs populaires croissantes qui ne sont pas dans leur résurgence permanente sans replonger aussi dans un univers originel et ancestral païen...
Au Brésil se tient le plus grand pèlerinage mondial annuel dédié exclusivement à la Vierge...
Le retour constaté du paganisme est aussi une source de forte inquiétude pour les Évêques de France...
Je ne pense pas que les mouvements culturels auxquels on assiste avec une volonté légitime du Féminin de se restituer les fonctions sacerdotales que le patriarcat lui a enlevées résultent d'une forme de « nostalgie » (lequel terme dans le monde Celte était synonyme de « maladie de langueur » soit une pathologie!)
C'est une véritable prise de conscience de l'amputation arbitrairement opérée par le dit patriarcat et une volonté affirmée de retrouver l'ensemble de son identité féminine sans pour autant verser dans des excès porteurs d'autres déséquilibres...