Les dits du corbeau noir

DU SACRIFICE HUMAIN F LE ROUX/CH J GUYONVARC'H EXTRAITS ET NOTE/COMMENTAIRE BRAN DU 2016 19 05 MAI

Le sacrifice dans la Tradition celtique F le Roux / CH J Guyonvarc'h extrait

 

 

« Si l'on ne comprend pas les dieux, on ne comprend pas les prêtres. »

«Le sacrifice humain est à considérer comme un fait religieux exceptionnel, pratiqué seulement dans des circonstances graves. »

 

« C'est vous qui êtes l'offrande. »

 

Aberz(h) à le sens de sacrifice, d'offrande sacrée...

 

« Le sacrifice est au cœur de toutes les traditions de l'antiquité .

En ce qui concerne le domaine celtique on sait généralement contenté de répéter les généralités colportées par les auteurs anciens sur la barbarie des Celtes et la cruauté des rites druidiques...

La christianisation a fait apparaître la plupart des témoignages relatifs aux sacrifices. Il nous reste à extraire des indices des textes antiques ou des récits irlandais et gallois médiévaux ; sacrifice du cheval ou du taureau , oblation végétale...

Le sacrifice humain étant d'une extrême rareté...

(L'homme est la victime sacrificielle la plus haute et aussi celle dont le sacrifice a été le plus rare.)

(On a oublié que la messe catholique est aussi un sacrifice éternellement recommencé pour le salut de tous!)

 

Avant de pratiquer des sacrifices le druide jeûne et prend un bain rituel aux vertus curatives et purificatrices... Ses forces, ses énergies diminuées ou perdues sont ainsi restituées et régénérées...

 

Du sacerdos :

César désigne ainsi les druides quand il n'est pas nécessaire de les distinguer d'une autre classe sociale. C'est le mot sacerdos qui a fourni à l'irlandais le nom du prêtre chrétien : « sagart »...

Nous appliquerons ce mot de druide » en général, sans distinction de spécialisation, parce que la notion de sacerdos est globale, non réductible à une fragmentation au contraire de la troisième fonction qui est multiple (Artisan, producteur, éleveur...) et la deuxième qui est double (fonction royale et fonction guerrière)...

 

Druide :

Tout membre de la classe sacerdotale celtique, sans distinction de spécialisation ni de hiérarchie, quiconque fait partie de la classe sacerdotale détient le droit et le pouvoir d'administrer le sacré...

Soit le privilège de régler, de permettre ou d'interdire les rapports de l'homme avec le sacré. « Druide » est donc un terme général...

 

Il y a en effet sacerdoce dès qu'il existe une administration du sacré et, point principal, accomplissement du sacrifice. C'est en ce sens que le druide est prêtre.

Il n'est plus utile de rechercher le nom du druide « sacrificateur » puisque tout druide, quel qu'il soit, en vert et en conséquence de son état sacerdotal, est apte à pratiquer le sacrifice...

 

« Il y a eu banalisation du mot sacrifice dans un sens non religieux... »

 

« Le sacrifice tel que nous le concevons est une notion purement religieuse et traditionnelle qui est bien différente des acceptations modernes et contemporaines du mot. « Sacer » ne coïncide pas avec la notion de bon ou de mauvais. Sacer désigne celui ou ce qui ne peut touché sans être souillé ou sans souiller. »

Ernout-Meillet

Le « sacrificium » consiste donc à rendre sacré...

Il n'y a pas de religion possible sans sacrifice...

 

 

 

 

Les prédictions / la divination...

Elles se font par l'observation des éléments naturels (la terre, l'eau, le ciel, le feu...)

Par l'intermédiaire de « signes » ...

Par la vue de prodiges ou par l'entremise des rêves...

Par le recours à la « magie » et à l'incantation...

Par le sacrifice animal et parfois et rarement par le sacrifice humain...

 

Le mal absolu :

C'est le mensonge... Et de façon annexe l'ignorance...

« Ses lèvres mourraient s'il disait un mensonge... »

In : La destruction de l'auberge de Da Derga

Mais aussi et par ailleurs pour un Druide : la satire injuste et abusive, l'usurpation du pouvoir temporel et la tentation féminine...

Pour un guerrier : c'est la jalousie, la lâcheté et la luxure...

 

Non seulement les sacrifices sont peu nombreux mais, dans le monde druidique, il y a une tentative pour les supprimer, soit en les abolissant purement et simplement, soit en y substituant l’exécution rituelle des condamnées à mort...

 

La morale gauloise, en ce qui concerne le respect de la vie, n'a rien d'une morale sauvage et brutale, indifférente au sang versé, complaisante à tout ce qui est destructeur...

 

Il y a la notion d'une nécessité de maintenir l'équilibre cosmique...

La vie est un don du créateur.

L'homme doit identiquement en sacrifier une partie pour que le bénéfice de la création lui soit acquis...

Le sacrifice met en cause deux notions : le don et la vie...

Le sacrifice est obligatoire si l'on veut que le don soit efficace...

 

Comment concevoir que les druides jouissant d'un pouvoir temporel illimité, de prérogatives étendues, d'une part pratiquaient une « morale » raffinée, témoignant d'une grande élévation d'esprit

et de pensée et, d'autre part, s'adonnaient aux sacrifices les plus sanglants et les plus barbares ?

 

A propos des bardes ou druides « pacificateurs » Diodore de Sicile nous dit :

« Ainsi chez les sauvages les plus barbares la passion cède à la sagesse. » (Est « barbare » dans le monde Grec ce qui n'est pas Grec !)

 

 

 

Notes Bran du :

 

Il est fortement question d'hommes, de fonctions masculines, dans tout ce qui précède, mais le féminin intervient tout autant dans cette notion de « rendre sacré, de servir le sacré ou de protéger celui-ci de toute profanation. »...

 

Bien que le mot de « druidesse » ne soit pas formellement attesté chez les observateurs grecs ou romains, les récits irlandais évoquent la banshee ou bandrui qui serait donc la femme-druide soit la druidesse...

On pourrait faire état du terme de « Femme consacrée » spécialisée dans la voyance, la prophétie, la divination et servant un temple ou sanctuaire Un féminin veillant sur les eaux ou les feux « sacrés» ; dépositaire par ailleurs d'enseignements majeurs et préposé aux initiations masculines...

 

Le sacrifice humain a incontestablement existé dans le monde Celte comme dans toutes les Traditions antiques, mais il n'est le fait que de situations rares et exceptionnelles impliquant un ultime recours à celui-ci dans le but de rétablir un équilibre cosmique

gravement compromis censé, de ce fait, mettre en péril toute une population ou communauté humaine...

 

Nous avons bien compris ce qu'il faut entendre du mot sacrifice, de son sens premier, de sa signification religieuse... Et ce que le monde Celte concevait à son égard...

 

Qu'en est-il de nos jours au sein de nos rituels ?

 

L'une des vertus majeures de la Tradition celtique réside dans la notion de DON (impliquant la générosité prodigue et un sens de l'équité.)

 

Tout être humain est potentiellement une « Offrande » et donc un Don. Les textes gallois nous rappellent que « nous sommes l'Offrande » et donc le Don et que l'un et l'autre sont « Joie »...

 

Nous servons le sacré quand nous sommes dans des dispositions qui font appel à ce qui est offert et donné du meilleur de nous-mêmes...

Quand nous offrons nos propres Forces, Energies et Lumières (une trilogie constitutive de l'Amour), nous sommes l'Offrande et le Don...

Quand nous nous refusons à cela ou ignorons cette faculté humaine ou encore la méprisons, nous déservons en quelque sorte notre propre humanité et « souillons », « polluons », « enlaidissons », ce qui est le plus digne et le plus « noble », le plus respectable et « honorable » au cœur de l'humain...

 

La Vie est « sacrée », l'Univers est sacré et ce, tant dans son microcosme que son macrocosme, tant dans sa « visibilité » que dans son « invisibilité »... Nos frères amérindiens nomment cela « Wakan » et le respectent grandement...

 

C'est là une notion essentielle, fondamentale, primordiale sans laquelle nous ne saurions rétablir des équilibres et des harmonies qui nous font grandement défaut et opérer un changement vital de paradigme sociétal tournant le dos à l'hyper matérialisation et la marchandisation de l'humain ; à la « désacralisation » de tout être, de tout règne, de toute chose...

 

En tant que servants et servantes de la Tradition, nous ne saurions faire autrement que de servir de notre mieux le « Sacré de la Vie » en apportant sur l'autel de Celle-ci notre part de dons et d'offrandes, soit de « sacrifices »...

 

Nos rituels, nos cérémonies, sont cela et tout cela....

 

Et en leur sein s'instaurent la paix et la fraternité qui concourent amplement à donner aux dons et offrandes leurs substances aimantes, généreuses et ferventes lesquelles rejoignent ainsi l'Essence même de la Création et de son Evolution...

 

 

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19/05/2016