REFLEXION : DU SENTIMENT D'APPARTENANCE A UNE COMMUNAUTE BRAN DU 09/SEPTEMBRE 2015
Le sentiment d'appartenance à une communauté humaine :
Quid de la constance d'appartenance dans la durée ?
Réflexion Bran du Sept 2015
De la difficulté redondante à maintenir dans la cohérence, dans la solidarité et dans l'unité et surtout dans la durée un groupe humain formant ce que l'on appelle un collège ou une clairière traditionnelle druidique...
Est-ce un mal du siècle ; un siècle ou l'hyper matérialisme et l'hyper individualisme n'autorisent plus de construire dans le temps et dans l'espace, dans la paix et la sérénité, dans l'équilibre et l'harmonie, dans le respect et la considération, dans la ténacité et l'obstination, au-delà et par-delà les épreuves liées à la condition humaine, une véritable et bien réelle communauté fraternelle de cœur et d'esprit pourtant librement choisie et ayant fait l'objet de vœux et d'engagements en ce sens et dans l'Essence même de ce choix et de ce vœu ?
Les constats sont redondants tant au niveau des clairières et collèges traditionnels qu'au niveau des fédérations mise en place cette dernière décennie... Ces structures humaines se délitent et leur unité de même qui n'arrivent pas sauf très rare exception, à maintenir leur cohésion interne et leur «pacte d'amitié»...
L'adhésion à ces communautés et la fidélité, l'assiduité, la régularité qu'elles supposent en terme de présence et d'engagement à leurs égards posent de vraies difficultés et sont confrontées de façon récurrentes à des éclatements et à des dispersions qui ne favorisent pas la stabilité pourtant indispensable pour conforter un socle humain et la construction que celui-ci permet dans le temps et l'espace...
Ce sont là plupart du temps des adhésions passagères qui peuvent rapidement s'émanciper du groupe d'appartenance du fait de divers paramètres qui tournent autour d'intérêts personnels et de projets individuels auxquels s'ajoutent diverses contraintes matérielles et circonstances liées à la famille, à la vie professionnelle, à la santé et aux engagements pris par ailleurs plus ou moins compatibles et surtout la complexité des relations humaines et des comportements induits en réaction des affects plus ou moins maîtrisés...
Il existe d'une façon parfaitement identifiée et constatée un «marché du spirituel» où chacun et chacune remplissent leur panier d'attente, de besoin, de plaisir et de satisfaction en grappillant, à droite et à gauche, au sein de divers organismes ou associations, de quoi sustenter sa faim de connaissance, d'expérience, d'enseignement, de pratique etc...
Pourtant une communauté centrée sur sa Tradition est en capacité et mesure de répondre à bien des besoins et attentes pour autant qu'elle pratique la mise en commun des apports respectifs et l'émulation conjointe dans la recherche et l'étude...
Chacun et chacune sont lors «apporteurs» de données et d'informations qui sont bénéfiques pour l'ensemble et l'ensemble produit les stimulations et émulations nécessaires pour entretenir les synergies d'énergies qui satisferont tous et chacun....
Si l'ont étudie l'évolution des groupements et regroupements des communautés druidiques sur les quarante dernières années on constate un très net accroissement des dits groupements humains traditionnels par rapport aux rares communautés qui existaient dans les années 60 et 70...
Il y avait en effet très peu de collèges en activité avant les années 60 et très limités en terme de territoire et de représentation...
Mais ils avaient derrière eux de longues années d'existence (entre plus de 30 voir 50 ans d'existence pour certains) et ils regroupaient des frères et sœurs en affinité qui n'hésitaient pas à faire de très grands déplacements pour être régulièrement présents aux rituels et assemblées....
L'indéfectible présence des membres autorisa dans le temps et sur deux générations l'existence d'un «Conseil de Sages» composés de membres anciens, fidèles à la Tradition et à leur collège et très érudits, qui formèrent de nombreux marcassins dont la majorité d'entre eux à poursuivi, après la désincarnation des frères et sœurs déjà bien âgés, un beau chemin en druidité et le poursuivent encore en ayant repris le flambeau...
J'ai connu certains de ces Anciens et j'ai reçu le meilleur de ce qu'ils dispensaient avec générosité et grande érudition. (Et je garde une grande gratitude à leur égard.)
Ce sont des êtres qui consacrèrent leur vie à la Tradition et aux membres de leur communauté d'appartenance sans faillir à leur fonction et avec un dévouement inébranlable...
Par exemple, pour la France, le Gorsedd de Bretagne créé en 1899 à Guingamp ou la Kredenn Geltiek (KG) avec Michel Raoult fondée en 1936 ou le Collège des Gaules de Paul Bouchet fondé en 1942 qui a son apogée comptait plus de 27 clairières et près de 300 membres adhérents et qui initia une présence druidique en Belgique, au Québec et même au Brésil!)
(Plus récents les autres collèges bretons nés après scission dans les années 50 soit les «commardia» (structure «païenne» initiée par Rafig Tuloup et Morvan Marchal) ou le collège de Jean Thos né en 1950 (Grand Collège de la Forêt Celtique de Brocéliande) ou celui de Bernard Duval en 1974 (KDK) ou encore celui de Jean Lionnel Manquat (CDG) dans les années 80....
Plus récente aussi la FUD dans le Sud créée en 1976 par Marie Dominique Fournier de Brescia....
Pour l'Angleterre outre les collèges très anciens et rattachés à diverses branches du druidisme on notera la création plus récente de L'OBOD né en 1964 après scission au sein du Druid Order ; lequel ordre druidique a développé un enseignement par correspondance et formé des encadrants en divers pays dont la France....
Ceci pour parler des groupements les plus importants, mais combien, non cités ici et bien éphémères, ont disparu au cours du siècle écoulé et combien d'autres, des plus actifs à leur époque, se sont grandement essoufflés et sont réduits à peu de membres actifs et fidèles aujourd'hui ?
Car la fidélité à un groupement et à ses engagements en son sein ne sont plus à l'honneur de nos jours ou très rarement....
La cause ; le facteur humain bien évidemment.... et l'extrême difficulté à être fidèle à son libre et volontaire choix ; à l'inscrire dans la durée au sein d'une même structure d'appartenance , à résister aux appels extérieurs et au «zapping» ou « marché individuel » dont la pratique est de plus en plus fréquente...
Les liens tissés au sein de la fraternité sont bien fragile et se rompent assez facilement s'ils ne sont pas réellement noués et tissés en profondeur et s'ils ne relèvent pas d'une volonté obstinée et tenace de préserver le groupe d'éclatements incessants consécutifs à des «humeurs» ou à des «affects» qui oublient les fondamentaux et l'éthique de leur communauté pour laquelle ils ont pourtant fait vœu de service, de fidélité, de constance et d'attention....
L'Amour se construit et trouve sens et essence dans la durée, dans la fidélité, dans la constance etc Il en est de même pour les communautés d'appartenance qui oubliant leur «Centre» et dispersant leur périphérie perdent de ce fait leur unité, leur nœud vital et salutaire...
Ce qui s'élève sur des fondements et sur des assises "d'amour" ou "d'amitié" demande d'être en paix et d'oeuvrer dans la sérénité. Et à cela, la constance et la fidélité concourent de façon efficiente, évidente et positive...
Créer demande aussi cette «paix» et cette «stabilité»....
L'Homme comme la Femme (et tous deux ensemble dans leur complémentarité) sont appelés, pour être et s'accomplir, à devenir eux aussi des «créateurs», des agents sensibles, des facteurs et vecteurs intelligents et conscients qui servent la vie en la vivant et qui co-participent de la Loi d'Evolution qui pérennise la vie et en accroît la «Vraie Richesse.»...
Je ne connais pas à ce jour de structures druidiques ayant connu et connaissant encore une stabilité dans son évolution.. Toutes sont soumises à des appartenances passagères et très fluctuantes, à des irrégularités de présence et d'investissement sans parler des problématiques relationnelles et très souvent conflictuelles qui ébranlent sérieusement les édifices et parfois les font s'écrouler....
Le facteur humain encore et toujours et pourtant...
Pourquoi adhérer librement à une communauté humaine qui donne préséance au spirituel sur tout le domaine de la matérialité, qui s'efforce de proposer une autre façon d'être et d'évoluer que les modèles proposés par les sociétés modernes et profanes, si c'est pour réinjecter sous une forme ou sur une autre et dans les dites communautés les fléaux et graves travers de cette «modernité» ?
Comment espérer dans un nouveau millénaire qui «sera spirituel ou ne sera pas» selon la célèbre prophétie d'André Malraux si les structures liées et dévouées au sacré et au divin, au spirituel donc, ne sont pas en mesure en leur propre sein,de mettre réellement en pensées et en actions, dans la constance, la stabilité et donc la durée, ce «guidage spirituel» afin de maîtriser le monde matériel et la «matérialité» des comportements humains ?
Mission impossible ou non ?
Je reste persuadé, malgré les lassitudes et parfois le découragement qu'entraînent des constats de faits et de situations observés et vécus au sein de nombreux collèges et assemblées, malgré des attitudes et des comportements rencontrés qui vont à l'encontre des lois d'équilibre et d'harmonie et qui sont parfois en très net contradiction avec ce que professe et enseigne la dite Tradition, que nous avons à notre disposition à la fois les Hommes et les Femmes de bonne et belle volonté ; une Sagesse et une Sapience héritée porteuses objectivement et pragmatiquement d'enseignements, d'outils, de méthodes, de pratiques, d'expériences opératives et efficientes dont la somme constitue un modèle et une éthique d'excellence afin de donner Sens et Essence à toute vie et à toute communauté de vie...
Ce n'est pas le sacré ou le divin qui manque et qui fait carence, ce ne sont pas les valeurs humaines fondamentales, les déontologies existentielles qui font dramatiquement défaut, Les sagesses traditionnelles ; fruit de milliers d'année d'expérience, de réflexion, de maturation, de conceptualisation, mais bien nos rapports, relations et attitudes à leur égard....Et aussi notre capacité à demeurer ou non fidèles à ce qui les sert et les honore, «ici et maintenant» au sein même du temps imparti à notre passage existentiel...
Une clairière ou un collège druidique se doit, selon ma conviction intime, d'être le lieu par excellence d'une expérience humaine qui donne préséance au spirituel sur toute forme de matérialité et qui met en œuvre de nouveaux modèles de rapports et de relation entre tous les êtres et toutes les «choses» afin de servir et de pérenniser le «Vivant» et d'oser le «Possible» là où une société liberticide et normalisatrice, hyper individualiste et trop souvent égoïste, entend formater et asservir les cœurs et les esprits afin de les détourner de leur buts et objectifs élémentaires, essentiels et fondamentaux en les rendant esclaves de l'artifice, du factice, de l'orgueil, du mensonge et de l'illusion quand ce n'est pas de la «cruauté», de l'irresponsabilité, de l'arrogance, de la peur et de l'ignorance....
Une clairière se devrait d'être une communauté pionnière, authentique et exemplaire initiant en son sein,avec une conviction sereine et éclairée et une conscience lucide et aiguisée, mais aussi une obstination inébranlable et une cohérence attentionnée, un nouveau modèle de micro-société participant à son niveau, avec ses moyens et ses idées, objectivement et utopiquement, à un changement de paradigme sociétal salutaire et vital...
Et ce avec l'aide, le soutien, le secours, la bienfaisance, la bienveillance, l'accompagnement permanent et constant de Forces, d'Energies et de Lumières émanées du Divin et du Sacré remettant l'Humain à sa juste place, en équilibre et en harmonie, en paix et en sérénité, avec le Transcendant et l'Immanent qui, seuls, sont en mesure et en capacité de faire de l'Homme ou de la Femme un ETRE VIVANT, transformés alchimiquement de «Matière» en «Esprit» et ce dans l'Eternité de cet Esprit...
Toutes les guerres, tous les conflits et les affrontements destructeurs et stériles ; et les plus terribles, sont en germe de potentialité dans l'homme ou la femme, mais aussi toutes les plus belles valeurs humaines héritées des sagesses traditionnelles... (Nos frères et sœurs amérindiens parlent de «loups intérieurs» et nos récits celtiques anciens de dragons affrontés...
A la question de savoir qui détruira ou dévorera l'autre, nos Frères et sœurs d'Amérique, mais aussi nos récits «initiatiques» répondent : ce sera celui que l'on entretiendra et nourrira en nous au détriment de l'autre !)
Tout enseignement traditionnel, premier, originel, immortel... prône l'équilibre et l'harmonie qui concentrent et résument la Loi d'Evolution et donc notre propre existence...
Tant que nous n'aurons pas compris et mis en œuvre ce qui participent de cet équilibre et cette harmonie nous serons en «dérive» permanente, en fluctuation constante et déroutante, en instabilité incessante et perturbante...
Une clairière ou un collège se doit d'être ce modèle d'équilibre et d'harmonie et de veiller à leur maintien, à leur confortation, à leur constance, à leur stabilité...
Et cela implique en effet une fidélité d'appartenance dans le temps et dans l'espace et la capacité mutuelle de transcender efficacement les épreuves en sachant discerner et servir l'essentiel de ce qui ne l'est pas ou moins.......
C'est la le défi et le pari essentiel sur le devenir et l'avenir des communautés humaines... mais ce devenir et cet avenir, si l'ont veut en donner un à notre communauté planétaire, commence à cet humble, mais volontaire et enthousiasme niveau !
A nous lors de témoigner individuellement et collégialement de Cet Anima, de ce Principe et de cette Essence qui nous font pleinement Homme ou Femme au sein d'un ETRE qui condense et concentre en lui-même et par lui-même et avec les aides Incréées l'état d'accomplissement auquel le Cœur, l'Âme et l'Esprit que nous sommes aspirent au plus profond et intime de leur conscience et de leur libre et aimante volonté....
Bien fraternellement Bran du 15 09 2015