Du Sioeur RIMBAUD Erude, compilation de textes Bran du Juillet 2015
Etude : Présence celtique chez RIMBAUD
Bran du
Victor Hugo comme Eric Sati exprimèrent leur renoncement à pénétrer le «mystère Celte» faute d’une connaissance disponible à l’époque sur la civilisation celtique encore bien méconnue…
Cette étude se veut illustrer le décalage des connaissances entre une époque et une autre et l’induction qui en résulte sur les artistes qui s’inspirent, en leur temps, d’une société humaine méconnue et objets de projections erronées et défigurante faute d’accès à une documention fiable et profuse…
(Les études celtiques datent pour les premières ébauches de Napoléon III!)
Donatien Laurent à démontré magistralement l’impact considérable qu’a eu sur tout le romantisme la découverte d’Ossian (une «saga» irlandaise équivalente aux grands récits Grecs.)
Le déces hélas prématuré de Victor Segalen en forêt de Huelgoat nous a privé de l’ouvrage majeur qu’il venait de mettre en chantier sur les «Immémoriaux bretons»…
Revenons chez le sieur RIMBAUD et la vue et perception qu’il avait de la société gauloise…
«Mauvais sang» Une Saison en Enfer 1873
Le poète affirme, avec fierté provocatrice, appartenir à une classe d’ancêtre gaulois au point d’en avoir le "sang mauvais" et de s’apparenter à leur «vices» transcendés, poétiquement, en terme de valeurs… Si Rimbaud avait eu connaissance des matériaux découverts depuis sur la «civilisation celtique» et la disparition définitive du terme de «barbare» associé à ces peuples alors, son texte en aurait été totalement modifié…
«J’ai de mes ancêtre gaulois l’œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte.
Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.
Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d’herbe les plus ineptes de leur temps. D’eux, j’ai / l’idolâtrie et l’amour du sacrilège; - oh! tous les vices, colère, luxure, - magnifique, la luxure; - surtout mensonge et paresse»…
Non, nos ancêtres gaulois n’avaient pas «la cervelle étroite»…
L’archéologie et les découvertes qui se démultiplient apportent chaque semaine des éléments qui démontrent l’incroyable activité mentale de nos lointains ancêtres dont la capacité d’invention et d’imagination se révèlent en toutes leurs œuvres ; les plus usuelles, les plus fonctionnelles, sans omettre les spéculations philosophiques et spirituelles les plus métaphysiques qui soient…
Ils pensaient large et profond et n’avaient point de «maladresse en leurs luttes» et combats…
Leur réputation de «mercenaires hors pair» n’était plus à faire.
Ils furent de tous les rendez-vous de l’histoire de ces époques d’affrontement entre diverses sociétés humaines…
Ce furent des guerriers redoutables, car ils ne craignaient pas la mort allant jusqu’à la provoquer et la défier…
Ils faisait, en cela, le libre sacrifice de leur vie préférant la mort au déshonneur et à l’esclavage…
La mort leur ouvrait grande la porte du banquet et du festin des «dieux»… Ils inventèrent des techniques de combat (Char, cavalerie..) et des armes particulièrement étudiées pour être efficaces tant dans les phases offensives que défensives…
Leur «faiblesse» pour autant que cela en soit une, ne pouvait résider que dans cette croyanceque «la mort n’était que le milieu d’une très longue vie» comme le rapporte Lucain…
«Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur, mais je ne beurre pas ma chevelure…»
Les Gaulois, comme tous les Celtes, vouaient effectivement une sorte de «culte» à la beauté et à l’apparat…
Ils se teignaient les cheveux, se peignaient le corps, se paraient de bijoux et de tissus choisis…
Dans la vie comme dans la mort, ils avaient une volonté de se vêtir de la «noblesse», de la «fierté» du «beau»…
Leur habillement, singulièrement différent de ceux des autres peuples méditerranéens, était renommé et fut imité et grandement exporté, apprécié pour ses aspects fonctionnels, la qualité de son tissage, de ses teintures et des éléments végétaux et ornementaux employés…
Rimbaud en revêtant de telles parures» exprime la volonté de se démarquer de son époque, d’opter pour la différence, pour l’originalité, face à des normalités écrasantes qui prévalent alors… (C’est, comparativement, et bien plus tard, le hippie face aux bourgeois !)…
La chevelure était «longue et libre» le plus souvent et parfois «tressée» rituellement avec trois mèches symboliques…
La décoloration était fréquente, mais relevait plus d’une portée symbolique que de l’esthétique aussi recherchée…
Ils allaient «nus» au combat revêtus en leur seule nudité, d’un esprit et d’une croyance, qui dépassaient la notion du paraître pour «incarner» celle de l’Etre, en son principe, en son origine, en son devenir, en son Essence même, ici-bas et en l’Autre Monde…
«Des écorcheurs de bêtes»… Oui sans aucun doute, mais non sans que ces actes ne soient accompagnées d’une notion de sacrifice et d’offrande ; actes associant des nécessités profanes trouvant leur sens, leur accomplissement, dans un accompa-gnement volontaire, respectueux et conscient, créant et recréant un lien, avec le sacré, en grande et majeure partie «destinataire», lui-même, de ces actes…
«Des brûleurs d’herbe les plus ineptes de leur temps»…
Si le propos se rapporte aux procédés utilisés en agriculture alors, Rimbaud, s’inscrit totalement en faux…
Une fois de plus l’archéologie démontre que les Gaulois ont «façonné» durablement notre «paysage», que les outils élaborés étaient en avance sur ceux des autres sociétés de l’époque et qu’ils avaient crée, avec efficience, des outils agricoles, si bien façonnés, conçus et adaptés, que plus de 90 % étaient encore en usage au XIX siècle de notre ère !…
La Gaule fut un grenier objet de bien des conquêtes… Son négoce participa de son développement mais aussi de sa «ruine», face aux volontés étrangères d’accaparement d’une telle «richesse»… Si le propos se rapporte à l’herbe brûlée, sous leurs passages, par les hordes d’Attila, on comprendrait mieux alors l’allusion…
Les «Barbares», quelque soit l’époque de leur déferlement, avaient tous une telle «réputation»…
«D’eux j’ai l’idolâtrie et l’amour du sacrilège»…
Que de «ménages» à faire en cette déclaration d’appartenance, d’usage et de comportement…
Le Gaulois (avant la conquête romaine) ne conçoit pas la notion d’idole, totalement étrangère à ses conceptions lesquelles lui «interdisent» de représenter ce qui ne saurait ou ne peut l’être :
les divinités et les attributs de leurs «forces et énergies» (et même de formuler leur «nom»)..
Brennus, (chef gaulois, envahisseur du sanctuaire de Delphe), gratifiera ses soldats d’un rire énorme face aux représentations anthropomorphes des dieux par les Grecs, considérant cela comme une «farce», une ineptie hilarante voire grossière…. La «divinité» ne saurait être figée, «statufiée», «pétrifiée», étant mouvance, spirales infinies et évolution permanente…
On ne saurait encore moins la revêtir des formes «humaines»…
La destruction de ces «représentations» d’un divin à image humaine peut apparaître en effet, comme un «sacrilège» aux yeux de beaucoup d’entre-nous…
On connaît un certrains nombrese nom de "Dieux gaulois et de déesses» , on les connaît par quelques inscriptions tardives pratiquées sous l’effet de la romanisation…
Dans le fonds et en accord avec la notion abstraite «d’Essence», il n’y a ni idolâtrie, ni sacrilège, chez un peuple que tous s’accordent à considérer comme particulièrement religieux et dont les «druides» passent pour être, selon leur voisin Grec, à l’origine, avec d’autres «Mages de l’Age d’Or», de la naissance de la philosophie et des concepts «métaphysiques» les plus interpelatifs dans leur enveloppe «invisible», o combien «mystérieuse» et «splendide»…
L’idolâtrie et le sacrilège sont bannis, comme leurs auteurs, de la société celtique des premiers temps, soit avant les influences étrangères à sa pensée et à ses conceptions fondamentales…
«Oh! tous les vices, colère, luxure, - magnifique la luxure; surtout mensonge et paresse.»…
Nous sommes là dans les clichés véhiculés alors ; clichés redondant dans les manuels d’histoire qui séviront ultérieurement, hélas trop durablement, sous forme «d’images d’Epinal» marquant les jeunes esprits de conceptions totalement erronées, sujettes à des «interprétations» particulièrement préjudiciables…
Le mensonge (comme la cruauté et l’orgueil) est «banni» au sein de la société celtique tant la notion de fierté et d’honneur est de «rigueur»… Il s’agit d’être «vrai dans le cœur du monde»…
Celui qui trahit ses propres serments prononce sa propre sentence…
Leroi» ou le «guerrier» ou «druide» qui «outrepasse ses fonctions», se met d’office dans une situation réprouvée et sanctionnée par sa communauté d’appartenance et par ses «pairs»…
La «déontologie» en usage, les «interdits» «oralement codifiés» ont pour vocation de maintenir «chacun à sa juste place» afin de préserver la société elle-même de tout disfonctionnement dans ses rapports, dans ses relations, instaurées pour préserver les équilibres qui la fondent et lui permettent de se «développer» harmonieusement…
Le «druide», représentant de la classe sacerdotale, s’efforce de se comporter comme l’enseigne sa Tradition ; soit selon les qualités attribuées au «Druide des druides» ; la déité innomée, incréée, qui «inspire sa pensée et ses œuvres», le guide, le conseille, afin de maintenir les équilibres et harmonies» garantes du bon développement des sociétés humaines dont ce «prêtre» à la charge et la responsabilité (conjointement avec les bardes et vates)…
La volonté de Rimbaud de se «démarquer» de sa propre société, qu’il ne comprend pas et surtout qui ne le comprend pas ( car né, comme Nietzsche, trop tôt en ce monde !», lui font prendre des "qualités pour des vices" ; vertus inversées, glorifiées du fait même d’une volonté d’être à l’opposé des comportements sociaux de ses contemporains qui le rejettent comme il les rejette…
C’est par l’excès, l’énormité de l’écart, qu’il clame sa «différence», son refus d’être asservi et de rejoindre la communauté «moutonnante» et stérile sur tous les plans de la pensée et de la «poétique»;plans plus «nobles» auxquels il aspire désespérément et qu’il ne peut «partager»…
Les appréciations, les affirmations, ce «credo» gaulois, que profère Rimbaud n’enlèvent rien aux qualités «énormes» du «poète», de «l’homme aux semelles de vent»…
Ils sont «arguments poétiques» reposant sur des informations erronées, tronquées, peu fiables, mais les «seules disponibles» alors…
Ce sont des données, des informations collectées, pour une bonne part, par les membres de l’Académie celtique créée sous napoléon III; Académie travaillant sans réelle coordination multidisciplinaire et de façon souvent «empirique!»…
Gageons que, fort des données objectives collectées depuis, le Poète aurait clamé d’une toute autre façon, mais cependant et tout autant «fiévreuse et magistrale», son appartenance, sa «différence» et ses affinités électives avec une culture, une philosophie, une spiritualité, un imaginaire, une faculté de «novation», qui ne pouvaient qu’entrer en résonance, intime et profonde, émulative et stimulante, avec lui ; un royaume dont ils «pressentait» l’existence…
Le poète, qui, pourtant, dansa «le sabbat dans une rouge clairière, avec des vieilles et des enfants», qui dénonça «un monde qui marche» au lieu de «tourner», passera, lors, à côté du barde, passera à côté des «milles féeries profanes», ira, malgré sa prophétie et sa voyance de «dérobeur de feu», se perdre «matériellement» dans les sables du désert…
Il nous laisse ce «testament» des plus interpellateurs: "Nous allons à l’Esprit."
"C’est très certain, c’est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m’expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire." «Le sang païen revient ! L’esprit est proche… («pour donner à mon âme noblesse et liberté») «Me voici sur la plage armoricaine" (…/…)
«Boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant,, - comme faisaient ces chers ancêtres autour du feu» «Connais-je encore la nature? me connais-je ? (…/…) Cris , tambour, danse… danse, danse, danse ! …»
Quelle douloureuse perte pour la poésie et pour le bardisme que cette traversée d'un éternel désert !… Reste que sa mémoire ne cesse de s'écouler au sablier du temps !...
Bran Du 09 10 2008
RIMBAUD Story Le Bateau Ivre (extraits)
Les rutilements Les rousseurs amères de l’amour les ressacs
Et dès lors je me suis baigné dans le poème
la flottaison blême les haleurs les trombes
Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes,
Toute lune est atroce et tout soleil amer ;
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
O que ma quille éclate ! O que j’aille à la mer !
...Comme de beaux oiseaux que balancent les branches
Dorment leur doux soleil plein de visions blanches !...
On dirait qu’une fée a passé dans cela !...
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme. Mars 1870
Le soleil, le foyer de tendresse et de vie,
Verse l’amour brûlant à la terre ravie,
Et, quand on est couché sur la vallée, on sent
Que la terre est nubile et déborde de sang ;
Que son immense sein, soulevé par une âme,
Est d’amour comme dieu, de chair comme la femme,
Et qu’il renferme, gros de sève et de rayons,
Le grand fourmillement de tous les embryons !
Et tout croît, et tout monte !
- O Vénus, ô déesse !
Je regrette le temps de l’antique jeunesse...
Dieux qui mordaient d’amour l’écorce des rameaux
Et dans les nénuphars baisaient la Nymphe blond
Je regrette le temps où la sève du monde,
L’eau du fleuve, le sang rose des arbres verts
Dans les veines de Pan mettaient un univers !
(Où, debout sur la plaine, il entendait autour
Répondre à son appel la Nature vivante ; ... / ...)
Mais l’Amour, voilà la grande Foi !
Oh ! si l’homme puisait encore à ta mamelle,
Grand mère des dieux et des hommes, Cybèle...
Je crois en toi ! je crois en toi ! Divine mère, Aphrodite marine ! –
....Oh ! la route est amère
Depuis que l’autre Dieu nous attelle à sa croix ;...
Le Bateau Ivre
.../... - Car l’Homme a fini ! l’Homme a joué tous les rôles !
Au grand jour (.../...) Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,
Et comme il est du ciel, il scrutera les cieux !
L’Idéal, la pensée invincible, éternelle,
Tout le dieu qui vit sous son argile charnelle,
Montera, montera, brûlera sous son front ! .../...
O ! l’Homme a relevé sa tête libre et fière !
Et le rayon soudain de sa beauté première
Fait palpiter le dieu dans l’autel de la chair !
.../... Si l’homme naît si tôt, si la vie est si brève,
D’où vient-il ? Sombre-t-il dans l’Océan profond
Des Germes, des Fœtus, des Embryons, au fond
De l’immense Creuset d’où la Mère-Nature
Le ressuscitera, vivante créature,
Pour aimer dans la rose, et croître dans les blés ?...
Singes d’hommes tombés de la vulve des mères,
Notre pâle raison nous cache l’infini ! .../...
O renouveau d’amour, aurore triomphale....
Il chante... et le bois chante, et le fleuve murmure
Un chant plein de bonheur qui monte vers le jour !... .../...
C’est l’amour ! c’est l’amour !...
Les Dieux, au front desquels le bouvreuil fait son nid,
- Les Dieux écoutent l’Homme et le Monde infini ! (Mai1870)
(SOLEIL et CHAIR)
...C’est qu’un souffle, tordant ta grange chevelure,
A ton esprit rêveur portait d’étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits...
.../... Et le Poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis... (OPHELIE)
...Agitant nos clairons et nos feuilles de chêne...
- Nous nous sentions si forts, nous voulions être doux...
(Le forgeron)
.../... Nous faisons quelquefois ce grand rêve émouvant
de vivre simplement, ardemment, sans rien dire...
.../... Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien...
- Ta poitrine sur ma poitrine,
Mêlant nos voix,
Lents, nous gagnerions la ravine,
Puis les grands bois !... .../...
.../... Nos grand bois sentiraient la sève
Et le soleil
Sableraient d’or leur grand rêve
Vert et vermeil...
.../... J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent ! .../...
Les chers corbeaux délicieux .../...
.../... Saints du ciel, en haut du chêne ...
O Vieillard ! Pélerin sacré ! Barde d’Armor !
.../... Où vont les Cygnes par milliers .../...
A quatre heures du matin, l’été,
Le sommeil d’amour dure encore.
Sous les bosquets l’aube évapore
L’odeur du soir fêté.
.../... O Reine des Bergers !
Porte aux travailleurs l’eau-de-vie
Pour que leurs forces soient en paix....
.../... Vers le soleil des Hespérides.../...
(Bonne Pensée du matin).../...
A toi, Nature, je me rends . .../...
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Rimbaud story (Les illuminations)
...La Reine, la Sorcière qui allume sa braise dans le pot de terre
ne voudra jamais nous raconte
r ce qu’elle sait, et que nous ignorons...
(A moins que...) (N Du R)
A la lisière de la forêt - les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent...
.../... Des fleurs magiques bourdonnaient...
Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.
Je suis le saint en prière sur la terrasse.../...
Je suis le savant au fauteuil sombre.../...
Je suis pièton de la grand’route par les bois nains.../...
Je serais bien l’enfant abandonné.../...
(Et “Je” est un “Autre”.) (N du R)
Que les oiseaux et les sources sont loin !
Ce ne peut-être que la fin du monde en avançant...
Je suis maître du silence.../...
J’ai seul la clef de cette parade sauvage.../...
Devant une neige un Etre de Beauté de haute taille.
Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde
Font monter, s’élargir et trembler comme un spectre ce corps Adoré... .../... Les couleurs propres de la vie se foncent, dansent, Et se dégagent autour de la Vision...
Oh ! Nos os sont revêtus d’un nouveau corps amoureux...
Qu’as-t-on fait du brahmane qui m’expliqua les proverbes ? ...
Je me souviens des heures d’argent et de soleil vers les fleuves...
Je vous indiquerais les richesses inouïes...
Ma sagesse est aussi dédaignée que le cahos...
Qu’es mon néant, auprès de la stupeur qui vous attend ?
Je suis un inventeur bien autrement méritant...
Un musicien même, qui ai trouvé
Quelque chose comme la clef de l’amour... .../...
A quelque fête de nuit dans une citée du Nord, j’ai rencontré toutes les femmes... .../...
Rimbaud story Les Illuminations(Partie 2)
Chevalet féérique...
Voilà que cela finit par des anges de flamme et de glace...
Petite veille d’ivresse, sainte !
.../... Nous savons donner notre vie toute entière tous les jours...
.../... Quand le monde sera réduit
en un seul bois noir pour nos Quatre yeux étonnés, - En une plage pour deux enfants fidèles -,
- En une maison musicale pour notre claire sympathie, -
Je vous Trouverai...
.../... Parez-vous, dansez, riez. _ Je ne pourrai jamais envoyer l’Amour par la fenêtre...
.../... J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de Fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse...
Le haut étang fume continuellement.
Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc ?
.../... Je vous vois, mes filles ! mes reines ! ...
.../... ô l’autre monde, l’habitation bénie par le ciel et les Ombrages...
Nous ne serons jamais que des orphelins fiancés...
Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie...
.../... Je suis un éphémère...
Défilé de fééries.../...
.../... J’avais en effet, en toute sincérité d’esprit, pris L’engagement de le* rentre à son état primitif de fils du Soleil...(* Ce pitoyables frère !) Et nous errions, nourris du vin des Cavernes et du biscuit de la route, moi préssé de trouver le lieu Et la formule...
Des fêtes amoureuses...
Les cerfs tètent Diane...
Les sauvages dansent sans cesse la fête de la nuit...
.../... La rumeur tournante et bondissante des conques des mers
Et des nuits humaines... La douceur fleurie des étoiles et du ciel...
.../... J’ai embrassé l’aube d’été...
Une fleur qui me dit son nom ...
A la cime argentée je reconnus la déesse...
Rimbaud story Les Illuminations (Partie 3)
Dans la source de soie.../...
Les courants de la lande et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l’Est,
Vers les piliers de la forêt, -
Vers les fûts de la jetée,
Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière...
Rondes sibériennes -
Amour, force !
Féérie...
Aux mers d’Ossian...
Propres encore à recevoir la musique des anciens...
Les brasiers et les écumes. la musique, virement des gouffres
et choc des glaçons aux astres.
O Douceurs, ô monde, ô musique ! ...
Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux flottant...
Et les larmes blanches, bouillantes, - ô douceurs !
- Et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques...
.../... les Voix reconstituées ; l’éveil fraternel de toutes les Energies chorales et orchestrales et leurs applications Instantannées ; l’occasion, unique, de dégager nos sens !
Féérie...
A vendre les Corps, les voix, l’immense opulence inquestionable, ce qu’on ne vendra jamais...
Ses yeux et sa danse supérieurs...
../... La chair n’est-elle pas un fruit pendu dans le verger,
- O journée enfantes !
Le corps un trésor à prodiguer ?... ô aimer...
La terre avait des versants fertiles en prince et en artistes...
Ne sont plus que votre danse et votre voix, non fixées et point Forcées...
Ta mémoire et tes sens ne seront que la nourriture de ton Impulsion créatrice...
Flûte et tambour...
La féérie manoeuvre... Au passage des chasses et des hordes...
Ce ne sera point un effet de légende ! ...
Rimbaud story Les Illuminations (Partie 4)
Il est l’amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse Et imprévue, et l’éternité...
O fécondité de l’esprit et immensité de l’univers ! ...
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Une Saison en Enfer : extraits :
“Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où S’ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient...
O sorcières...
J’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais Peut-être appétit...
J’ai de mes ancêtres gaulois...
Parmi mille fééries profanes...
Je danse le sabbat dans une rouge clairière...
Je n’en finirai pas de me revoir dans ce passé...
Nous allons à l’Esprit.
C’est très certain, c’est oracle que je dis. Je comprends, et ne Sachant m’expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire...
Le sang païen revient ! l’Esprit est proche...
Je suis de race inférieure de toute éternité.
Me voici sur la plage armoricaine...
Que les villes s’allument dans le soir. ma journée est faite ; .../...
Nager, broyer l’herbe,
chasser, fumer surtout ; boire des liqueurs Fortes comme du métal bouillant, - comme faisaient ces chers Ancêtres autour des feux...
Allons ! La marche... Dans quel sang marcher ?...
- Ah je suis tellement délaissé que j’offre à n’importe quelle Divine image des élans vers la perfection...
Tu ne sais où tu vas ni pourquoi tu vas..
...Comme un trésor dans la forêt...
Je n’ai jamais été chrétien; je suis de la race qui chantait dans le Supplice...
Connais-je encore la nature ? Me connais-je ? - Plus de mots...
Cris, tambour, danse, danse, danse, danse ! ...
Il faut se soumettre au baptême... Vite ! Est-il d’autres vie ?
...L’amour divin seul octroie les clefs de la science. je vois que la Nature n’est qu’un spectacle de bonté... Adieu chimères, idéals, Erreurs...Le monde est bon. Je bénirai la vie. J’aimerai mes frères.
Rimbaud Story Les Illuminations (Partie 5)
Ce ne sont plus des promesses d’enfance. Ni l’espoir d’échapper à La vieillesse et à la mort. Dieu fait ma force, et je loue Dieu.
Je ne suis pas prisonnier de ma raison. J’ai dit : Dieu. Je veux la Liberté dans le salut : comment la poursuivre ?
Comme je deviens vieille fille, à manquer du courage d’aimer la Mort !
Je suis esclave de mon baptême. -
L’enfer ne peut attaquer les païens. -
Je suis mille fois le plus riche...
Je suis maître en fantasmagories...
Veut-on que je plonge à la recherche de l’anneau ? Veut-on ?
Je ferai de l’or, des remèdes... .../...
Je meurs de lassitude...
Ah ! remonter la vie ! Jeter les yeux sur nos difformités...
La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde.
L’amour est à réinventer, on le sait...
Je suis de race lointaine...
Il est peut-être des secrets pour changer la vie ?
J’avais de plus en plus faim de bonté....
.../.. Je croyais à tous les enchantements.. Mon alchimie du verbe...
Je m’offrais au soleil, dieu de feu...
Enfin, ô bonheur, ô raison.../...
Je vécus, étincelle d’or de la Lumière nature...
Ne soyez pas un vaincu.
Philosophes, vous êtes de votre Occident...
Par l’esprit on va à Dieu ! .../...
Les Rois de la vie, les trois mages, le coeur, l’âme, l’esprit...
Quand irons-nous, par-delà les grèves et les monts, saluer la Naissance (.../...) de la sagesse nouvelle... Adorer - les premiers ! Noël sur la terre !
Le chant des cieux, la marche des peuples !
Esclaves ne maudissons pas la vie.
Cependant, c’est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et De tendresse réelle...
Il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.
Ame sentinelle...
Braises de satin...
Elle est retrouvée
Quoi ? L’éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil...
Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné déréglement de tous les sens...
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir...
Du poète :
Il est chargé de l’humanité, des animaux même ; il devra
faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu’il rapporte de là-bas a forme, il donne forme ; si c’est de l’informe, il donne de l’informe. trouver une langue...
Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, pârfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. Le poète définirait la quantité d’inconnu s’éveillant en son temps dans l’âme universelle, il donnerait plus - que la formule de sa pensée....
“Donc le poète est vraiment voleur de feu...”
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Rimbaud : ce frère visionnaire...
"Il n’en finit jamais de chercher au fond des mots...
Qu’est-ce qui pousse Rimbaud à fuir et à se fuir ?
Rimbaud a gardé son mystère...
Rimbaud, l’homme aux semelles de vent...
Poésie et errance...explorer son sillage."..
M Gazier et P lepape.
RIMBAUD : Il est jeune... cheveux longs et fumeur de pipe
il fuguera et vagabondera, s’inventera des fulgurances...
Il sera poète, il sera voyant, voleur de feu...
Il cherchera à atteindre l’inconnu, à voir l’invisible, à inventer des mondes, à changer la vie...
Il se révoltera contre tout ordre établi, s’adonnera à l’absinthe
à l’ivresse, aux drogues, à la débauche...
Deviendra plus intransigeant, plus insolent que jamais...
Fréquentera la canaille des cafés borgnes et des docks...
Il sera un ennemi de toute dépendance, de toute brûlure amoureuse, il dénoncera l’inconsistance...
Une saison en Enfer est tiré en oct 1873 à 500 exemplaires.
C’est un échec. Personne ne comprend ce que le poète a écrit...
Rimbaud se fait marcheur, cherchant l’accomplissement de soi dans le périple et dans l’exil...
Mais, c’en est fini de la poésie. C’est l’arrêt définitif de l’écriture.
Il fait la traversée à pied du St Gothard et va jusqu’au Lac Majeur
En mai, il est à Milan... Ce sont des heures et des heures de marche
Victime d’une insolation il est rapatrié à Marseille. C’est l’année de ses 20 ans... On perd lors sa trace... On le retrouve à Charleville en octobre... Il reprend ses cavalcades solitaires à travers la campagne... Il se rase la tête... Portant le deuil de lui-même...
Il renoue avec le désir de voyager... Il avance au hasard, cherchant une réponse dans l’errance.... L’errance devient vagabondage. le voyageur devient un indésirable...
Il rejoint les “aventuriers”. Il s’engage dans l’armée et découvre
l’Orient... C’est dans la douleur le plus souvent qu’il effectue son parcours initiatique... Il se dépasse puis il déserte...
On le retrouve de nouveau sous un nom d’emprunt...
Retour à Charleville... Il trouve un emploi dans un cirque équestre... puis il est marin, docker, ouvrier, interprète...
Il visite Rome et revient de nouveau à Charleville...
Avançant au grè de ses désirs ou de ses désarrois, il cherche peut être dans le vide une manière d’apaisement... Il débarque à Alexandrie, attrape la fièvre... retourne au pays natal... puis il repart pour s’avancer davantage dans le désert africain...
Cap au Sud, toujours plus vers le Sud...
Il se fait négociant, obstiné, abruti d’efforts...
Le voici en Abyssinie où il sent sent abominablement seul.
Il s’impose une discipline de fer, évite le superflu, l’inutile...
A défaut ce sera l’argent le moteur de l’existence...
Il se fait trafiquant d’armes, pactise avec le “diable” local...
Rencontre avec Djami son dernier amour après Verlaine...
Mais, la gangrène est à l’oeuvre dans sa jambe...
Rapatrié de nouveau à Marseille il faudra l’amputer... mais, trop tard...
Il souhaite repartir il ne le pourra plus...
10 11 1891 10 H fin