Les dits du corbeau noir

DU SOLSTICE D'HIVER, DU GUI ET DE CERNUNNOS 1ère PARTIE BRAN DU 19 11 NOVEMBRE

 

 

Du Solstice d'hiver et du gui... Préparation 2017         Bran du

 

 

Le texte de référence :

 

« Les druides n'ont rien de plus sacré que le gui et l'arbre qui le porte que l'on suppose toujours être un chêne. Aussi ils choisissent toujours des forêts de chênes et n'accomplissent aucun rite sans la présence d'une branche de cet arbre...

Ils pensent que tout ce qui pousse sur cet arbre est envoyé par le ciel, comme signe du choix de l'arbre par le dieu lui-même...

Quand on le trouve, on le cueille dans une grande cérémonie religieuse, le sixième jour de la lune, car c'est par la lune qu'ils règlent leur mois et leurs années ainsi que leur siècle de 30 ans...

Ils nomment le gui « celui qui guérit tout »...

 

(A ceci s'ajoute le sacrifice de deux taureaux blancs dont on a lié les cornes pour la première fois.)

 

«...Vêtu d'une robe blanche, le célébrant monte à l'arbre et coupe avec une faucille d'or le gui qui est recueilli par les autres dans un linge blanc. »... Pline

 

 

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Philippe Jouet dans le Dictionnaire de la Religion et de la Mythologie celtique nous apporte sa contribution :

 

Parlant du gui :

 

Le gui est parasitaire, aérien et toujours vert tandis que le chêne finira par mourir...

 

Il est souvent représenté en tant que « coiffure » sous la forme de la double feuille laquelle est en relation avec l'Arbre de Vie...

Cette double feuille coiffe un homme-cheval.

Cela évoquerait bien une vie qui doit revenir ou les âmes immortelles qui survivront seules quand il ne restera plus que le feu et l'eau...

 

Dans un dialecte breton, il est appelé Uhelvat (Haut bon), dans un autre Deur Derf ou Dour Derv (Eau de Chêne)...

 

La cueillette du gui serait « implicitement » diurne...

 

Au moins, à partir du IIIè siècle av JC, les grandes expéditions militaires qui exaltaient une condition particulière des « âmes-souffles », illustrées par la feuille de gui, expriment à ce niveau une conception déjà très ancienne bénéficiant alors d'un regain de faveur dans le monde Celte...

 

 

Des Solstices :

 

Ce sont des temps forts de l'année...

On peut avancer que les solstices étaient des moments importants du festiaire celtique.
Solstice d'été et d'hiver sont le centre des deux moitiés de l'année et constituaient aussi l'aboutissement des sacrifices célébrés durant les trois quinzaines précédentes...

 

C'est, pour le solstice d'hiver, le moment de la remontée solaire et la naissance de Oengus (fruit de la relation entre Boan et le Dagda) en Irlande. (Oengus soit « Choix unique », Mac-Oc, Jeune Fils... lequel est lié au cygne « Essence lumineuse ».)...

Le soleil est le fils du ciel diurne et de l'aurore-rivière...

 

(L'ESSE (S) la double spirale, est pour Venceslas Kruta le symbole schématique de la course supposée du soleil d'un solstice d'hiver à l'autre.)...

 

Ce sont des solennités corrélées aux événements astronomiques...

Le soleil « disparaît » au solstice d'hiver entre le signe du Verseau et celui du Capricorne...

 

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Ce qu'en disent Daniel Gricourt et Dominique Hollard :

 

(Les Jumeaux Divins dans le Festiaire celtique) Ed Terre de Promesse

 

Le solstice d'hiver représentait sans doute chez les Celtes, au même titre sans doute que tous les peuples de l'Antiquité, l'une des étapes calendaires dangereuses et délicates de l'année sinon même sa phase la plus critique...

 

Les jalons intermédiaires aux quatre grandes fêtes de la roue de l'année correspondent aux deux solstices et aux deux équinoxes...

 

Toutes les célébrations indo-européennes des fêtes situées au milieu de l'hiver, conditionnées par l'ouverture de la Porte solsticiale dans le signe du Capricorne (22/12 – 20/01) et dont le carnaval constitue l'un des témoignages les plus manifestes, doivent intégrer des rites de fécondité centrés sur la réincarnation des âmes à renaître au cours de l'année...

 

...Du reste, parmi les nombreux indices indiquant une géographie sacrée fondée d'après les manifestations des phénomènes héliaques et le positionnement équidistant des fêtes luni-solaires, l'orientation des sanctuaires celtiques et gallo-romains le montre sans ambiguïté...

 

Le solstice d'hiver est le passage le plus sombre de l'année solaire...

Cernunnos est le souverain de la saison sombre et le maître du crépuscule qui est le passage de la lumière à l'obscurité, à la nuit...

(La couleur rouge connote justement le type cernunnien.)...

 

Cernunnos sort alors du royaume des ombres. Il aurait été « enlevé » au moment de Samain...

 

On peut se demander alors si la divinité ne surgissait pas ponctuellement au cœur de ce monde-ci à l'époque du solstice d'hiver afin d'arrêter le mouvement déclinant de l'astre héliaque dans son cheminement quotidien avant qu'il ne sombre définitivement au-dessous de la limite de la sphère terrestre, dans l'Autre-Monde inférieur, et une fois parvenu à contrôler sa chute, de lui impulser sous l'effet d'une poussée montante un mouvement ascensionnel inverse...

 

Cernunnos assume lors un rôle cosmologique déterminant qui lui est attribué et qui est censé permettre à partir de cette date au luminaire diurne de redresser la trajectoire de sa course céleste vers le Septentrion du lever à son coucher...

 

Les Celtes établissent de façon explicite le lien entre l'astre héliaque et l’œil... (Le soleil ; c'est l’œil qui voit ; l’œil de lumière.)...

 

(Chez les Pythagoriciens, la porte solsticiale du Capricorne est appelée la Porte des Dieux et celle du Cancer ; la Porte des Hommes...)

 

Les âmes des défunts empruntent l'itinéraire qui va d'une Porte solsticiale à l'autre et cet itinéraire est celui de la Voie Lactée...

 

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Il est donc fortement question du patronage de Cernunnos au cours du déroulement de l'année luni-solaire. Voyons ce que nous en dit Gérard Poitrenaud en résumé de ses 552 pages d'études parmi les plus « fouillées »...

 

 

 Dans le Cercle de Cernunnos : le Dieu principal des Celtes et ses avatars. Edition Lucterios (extraits)

 

A noter que là où Philippe JOUET avec grande prudence et réserves envisageait un Principe, un Anima et une Essence (non nommés mais pressentis et supputés) supplantant en tout domaine le polythéisme des « dieux et déesses » de la croyance commune au profit d'un monothéisme d'origine cosmique et totalement métaphysique, soit des conceptions majeures réservées à quelques initiés, Gérard Poitrenaud n'hésite pas un seul instant à présenter Cernunnos comme étant le Dieu de tous les dieux et de toute la création, de tout l'univers, de tout le vivant passé, présent et en devenir... (« Le Ciel dans sa révolution éternelle »)...

 

 

Cernunnos a été présenté avec moultes arguments par D Gricourt et D Hollard comme étant le jumeau divin inséparable de Lug soit comme l'un des dioscures du monde Celte...

 

Dans l' étude de Gérard Poitrenaud, Cernunnos apparaît comme ayant suprématie sur Lug... (Peut-être le Verbe par lequel s'exprime Cernunnos ?)...

 

Voyons pour le moment ce que nous en dit l'auteur et le chercheur de cette importante étude dédiée à Cernunnos :

 

 

« ...Le Dieu-cerf.... C'est : la fécondité, l'abondance et l'immortalité soit un dieu aux multiples visages.

C'est aussi le phallus primordial ; l'arbre cosmique, l'axe de la roue sidérale...

Son principale avatar est un grand cerf immémorial dont le sacrifice semble être à l'origine de toute création.

 

De sa ramure naissent les deux forces antagonistes qui produisent éternellement le levant e le couchant, la lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la création et la destruction.

Maître du ciel nocturne et de l'éternel retour, le dieu cerf conduit toute création dans une chasse éternelle...

En réalité les différents aspects de Cernunnos se côtoient, se succèdent et se chevauchent dans le foisonnement...

 

Il apparaît en quelque sorte comme un dieu suprême chez les Celtes...

 

Le dieu Cerf représente d'abord le principe de fécondité, de vie et donc aussi de résurrection qui crée et recrée sans cesse l'Univers par sa propre régénération assimilée à un sacrifice.

Son démembrement semble être l'acte primordial par lequel ont été crées toutes les parties du monde.

Les constellations du ciel étoilé sont formées par sa ramure qui se divise en deux forces éternellement renouvelées...

Il est donc un dieu archaïque du temps et du devenir à l'image du cerf qui entraîne l'Univers dans une chasse éternelle en conduisant toutes les créatures...

 

Il apparaît également dans la triade du vieillard primordial (Dis, Teutatés), du souverain dans la force de l'âge (Taranis) et du fils (Esus), incarnation du germe de lumière cosmique qui provoque la régénération universelle, dont celle de la tribu que le grand dieu engendre et incarne en tant que dieu tribal dans la succession des générations passées, présentes et futures...

 

Le principe dynamique qui l'habite se matérialise dans le fleuve des fleuves, dans le vent des vents et dans la tête de tout ce qui se meut dans le cosmos...

Médiateur entre le monde des ancêtres, celui des hommes et celui des dieux, il englobe les trois mondes, mais aussi un dieu sauveur incarné par le jeune héros qui maintient l'Univers hors du chaos...

 

Il est donc aussi bien l'arbre que le bûcheron, le héros et le taureau à trois cornes, le sacrifice, le sacrificateur et le sacrifié...

 

La massue et son avatar héroïque assimilé à hercule est le phallus primordial, et en même temps l'arbre cosmique dont les racines plongent dans le monde des morts et dont le faîte forme la voûte céleste.

Il est donc chtnonien et ouranien à la fois...

Créateur par le verbe, logos, « lougos » donc il est le dieu de la Parole sacrée inscrite dans le ciel et dans les oracles des oiseaux...

 

Il assure la cohésion de l'Univers et conduit les astres pour qu'ils ne s'écartent pas de leur orbe. Il est enfin l'impulseur du mouvement céleste symbolisé par le Cercle et par la Roue, le dieu du pôle éternel qui est au milieu de tout...

 

Les Dieu des Celtes est fondamentalement le Ciel dans sa révolution éternelle y compris l'axe cosmique qui le soutient et le meut...

 

Sa ramure symbolise le renouvellement, la bi-polarité de la vie et de la mort, de la lumière et de l'obscurité, de l'essor et du déclin, qui règnent à tout de rôle dans le « Bois sacré »...

 

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A SUIVRE



19/11/2017
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