DU "VIVANT" (SUITE) ENVIE DE VIE REFLEXIONS 3 ARTICLES BRAN DU 05 03 MARS
Une promenade au Cap Fréhel (Côtes d'Armor) Photo Bran
DOSSIER Du « VIVANT » « ENVIE DE VIE »
Compilation Bran Du Mars 2021
« Si tu ne l'espères pas tu ne trouveras pas l'inespéré. » Héraclite
1 / Déclaration universelle des droits de l'humanité...
2 / Petit traité de résilience locale....
3 / Edgar Morin :Changeons de Voie
(Les leçons du coronavirus)...
Déclaration universelle des droits de l'humanité
extraits Chêne éditeur
Corinne Lepage et Jean Louis Servan-Schreiber
Pourquoi une telle déclaration ?
Dans l'atmosphère de violences et de barbaries d'aujourd'hui; alors que des guerres et des attentats font des victimes civiles chaque jour, l'utilité d'une déclaration universelle des droits de l'humanité pourrait être mise en doute. A quoi bon tabler sur des droits et devoirs d'une humanité qui ne respecte pas les innocents ni la planète dont nous de sommes que des occupants éphémères ?
C'est précisément pour lutter contre cette impression de ténèbres que l'adoption de cette Déclaration Universelle des droits et devoirs de l'humanité apparaît plus nécessaire que jamais. La question de la responsabilité des générations actuelles doit être posée. Il nous incombe de préserver les cultures, les savoir-faire, les principes éthiques et démocratiques que les générations antérieures nous ont léguées, au bénéfice de nos enfants et petits-enfants.
Il ne s'agit plus seulement de dénoncer les destructions de vies humaines et les atteintes à la dignité et à l'intégrité des individus. Il est impératif de prendre conscience des graves remises en cause des équilibres planétaires, qu'il s'agisse du climat, de l'eau,de la biodiversité, de la forêt, des océans ou des écosystèmes.
Or, quels que soient les revendications, les nationalités, les religions, les milieux socio-économiques, les terriens que nous sommes ont en partage la même planète et doivent comprendre que c'est la survie de l'espèce humaine qui est en question.
Reconnaître notre responsabilité, à l'égard de la chaîne des générations comme à l'égard des espèces vivantes, c'est constater ce qui nous unit dans le temps et dans l'espace. C'est assumer notre dignité d'humains, c'est prendre conscience de notre capacité de tout détruire et de notre devoir impératif de transmission d'une planète vivable.
La Déclaration universelle des droits de l'humanité, déjà adoptée par de grandes villes, soutenue par d'importantes organisations non gouvernementales, considérée avec intérêt par des États, est un texte simple. Elle comporte quatre principes, six droits et six devoirs. Son dépôt au Secrétariat général des Nations Unies en avril 2016 par les soins du président de la République française...
Certes, son adoption, si elle s'avérait possible, ne constituerait pas un texte contraignant pour les États et encore moins pour les organisations politiques et privées et les citoyens. Mais elle constituerait, dans un contexte international étouffant, un espoir. Celui de voir l'Humanité en capacité de penser collectivement l'avenir et de veiller à la pérennité de son espèce. L'adoption, après la Seconde Guerre mondiale, de la Déclaration universelle des droits de l'Homme avait apporté une bouffée d'oxygène à la défense de l'humanisme.
La promulgation de cette nouvelle déclaration est une extension naturelle de la première, à laquelle elle ne retire évidemment rien. Elle permettra d'affirmer l'existence autonome d'une humanité partagée, au-delà des tensions et des revendications religieuses, nationalistes et communautaristes qui divisent le monde contemporain.
Corinne Lepage
L'Humanité au XXI siècle
Notre espèce a mis des millions d'années à se différencier du monde animal. Nos Aïeux, quelques millénaires à découvrir et exploiter leur planète. Aujourd'hui, l'humanité prend conscience à la fois de sa propre existence et des risques qu'elle même fait courir à cette dernière.
Le moment est donc venu d'établir les droits et devoirs de l'humanité, de les faire connaître et d'y rallier le plus grand nombre d'entre nous. C'est la raison d'être de la Déclaration universelle des droits de l'humanité, née en 2015 à Paris, à l'instar de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.
Car l'humanité n'est pas seulement constituée de l'ensemble des humains qui peuplent notre planète. Elle n'est pas qu'une réalité biologique, démocratique et sociologique. Elle comporte et doit assumer sa dimension éthique, qui résulte de la dignité de chacun de ses membres, dans leur singularité, leur vulnérabilité et leurs responsabilités...
La Déclaration universelle des droits de l'homme fut adoptée par L'ONU au XXiè siècle après que les barbaries de masse aient bafoué la notion même d'humain. Elle visait à reconstruire et à réarmer le respect dû à tout individu, quel que soit son origine ou son statut social.
La Déclaration des droits de l'humanité naît dans un siècle, le nôtre, à un moment où nous sommes tous confrontés à des périls globaux, peut-être irréversibles, mais aussi à d'immenses opportunités de progrès. Cette nouvelle étape historique impose, dans la ligne des Droits de l'homme d'élargir ces derniers à l'ensemble humain.
Les Droits de l'homme visent au respect et à la protection de chaque individu. Les droits et devoirs de l'humanité instaurent une obligation qui nous incombe à tous, individuellement et collectivement : contribuer à assurer la pérennité de l'humanité, la nôtre comme celle de nos successeurs et descendants.
Au principe de dignité de chaque humain sur lequel repose reposent les Droits de l'homme, s'adjoint celui de responsabilité , qui en est l'indispensable prolongement.
La Déclaration universelle des droits de l'humanité prend en compte à la fois l'urgence des risques encourus, la solidarité qui nous lie tous et la responsabilité qui en découle.
Mais elle est aussi inspirée par une confiance dans l'inventivité, l'adaptabilité et l'instinct de conservation de notre espèce.
L'humanité a traverser, au cours de son histoire, des tragédies et des menaces sur son existence. Elle n'en a pas moins survécu et progressé, au point de connaître aujourd'hui, malgré des drames, une longévité et des conditions d'existence jamais atteintes.
La Déclaration universelle des droits de l'humanité veut contribuer à préserver une vie acceptable pour nos contemporains et à préparer un meilleur destin à nos enfants.
Jean Louis Servan Schreiber
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Préambule :
Rappelant que l'humanité et la nature sont en péril et qu'en particulier les effets néfastes des changements climatiques, l'accélération de la perte de la biodiversité , la dégradation des terres et des océans, constituent autant de violations des droits fondamentaux des êtres humains et une menace vitale pour les générations présentes et futures...
Constatant que l'extrême gravité de la situation, qui est un sujet de préoccupation pour l'humanité toute entière, impose la reconnaissance de nouveaux principes et de nouveaux droits et devoirs...
Rappelant son attachement aux principes et droits reconnus dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, y compris à l'égalité entre les femmes et les hommes, ainsi qu'aux buts et principe de la Charte des nations Unis. …///...
Rappelant que le péril est reconnu par les acteurs de la société civile...
Rappelant que l'humanité qui inclut tous les individus et organisations humaines, comprend à la fois les générations passées, présentes et futures, et que la continuité de l'humanité repose sur ce lien intergénérationnel...
Réaffirmant que la Terre, foyer de l'humanité, constitue un tout marqué par l'interdépendance et que l'existence et l'avenir de l'humanité sont indissociables de son milieu naturel...
Convaincus que les droits fondamentaux des êtres humains et les devoirs de sauvegarder la nature sont intrinsèquement interdépendants et convaincus de l'importance essentielle de la conservation du bon état de l'environnement et de l'amélioration de sa qualité....
Considérant la responsabilité particulière des générations présentes, en particulier des États qui ont la responsabilité première en la matière, mais aussi des peuples, des organisations intergouvernementales, des entreprises, notamment des sociétés multinationales, des organisations non gouvernementales, des autorités locales et des individus...
Considérant que cette responsabilité particulière constitue des devoirs à l'égard de l'humanité, et que ces devoirs, comme ces droits, doivent être mis en œuvre à travers des moyens justes, démocratiques, écologiques et pacifiques...
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à l'humanité et à ses membres constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde...
Proclame les principes et les devoirs qui suivent et adopte la présente déclaration.
Article 1
Le principe de responsabilité, d'équité et de solidarité, intragénérationnelles et intergénérationnelles, exige de la famille humaine et notamment des États d’œuvrer de manière commune et différenciée, à la sauvegarde et à la préservation de l'humanité et de la terre.
Article 2
Le principe de dignité de l'humanité et de ses membres implique la satisfaction de leurs besoins fondamentaux ainsi que la protection de leurs droits intangibles. Chaque génération garantit le respect de ce principe dans le temps.
Artcle 3
Le principe de continuité de l'existence de l'humanité garantit la sauvegarde et la préservation de l'humanité et de la terre, à travers des activités humaines prudentes et respectueuses de la nature, notamment du vivant, humain et non humain, mettant tout en œuvre pour prévenir toutes les conséquences transgénérationnelles graves ou irréversibles.
Article 4
Le principe de non-discrimination en raison de l'appartenance à une génération préserve l'humanité, en particulier les générations futures et exige que les activités ou mesures entreprises par les générations présentes n'aient pas pour effet de provoquer ou de perpétuer une réduction excessive des ressources et des choix pour les générations futures...
Article 5
L'humanité, comme l'ensemble des espèces vivantes, a droit de vivre dans un environnement sain et écologiquement soutenable.
Article 6
L'humanité a droit à un développement responsable, équitable, solidaire et durable.
Article 7
L'humanité a droit à la protection du patrimoine commun et de son patrimoine naturel et culturel, matériel et immatériel.
Article 8
L'humanité a droit à la préservation des biens communs, en particulier l'air, l'eau et le sol, et a l'accès universel et effectif aux ressources vitales. Les générations futures ont droit à leur transmission.
Article 9
L'humanité à droit à la paix, en particulier au règlement pacifique des différends et à la sécurité humaine, sur les plans environnemental, alimentaire, sanitaire, économique et politique. Ce droit vise notamment, à préserver les générations successives du fléau de la guerre.
Article 10
L'humanité a droit au libre choix de déterminer son destin. Ce droit s'exerce par la prise en compte du long terme, et notamment des rythmes inhérents à l'humanité et à la nature, dans les choix collectifs.
Article 11
Les générations présentes ont le devoir d'assurer le respect des droits de l'humanité, comme celui de l'ensemble des espèces vivantes. Le respect ds droits de l'humanité et de l'homme, qui sont indissociables, s'appliquent à l'égard des générations successives.
Article 12
Les générations présentes, garantes des ressources, des équilibres écologiques, du patrimoine commun et du patrimoine naturel, culturel, matériel et immatériel, ont le devoir de faire en sorte que ce legs soit préservé et qu'il en soit fait usage avec prudence, responsabilité et équité.
Article 13
Afin d'assurer la pérennité de la vie sur terre, les générations présentes ont le devoir de out mettre en œuvre pour préserver l'atmosphère et les équilibres climatiques et de faire en sorte de prévenir autant que possible les déplacements de personnes liés à des facteurs environnementaux et, à défaut, de secourir les personnes concernées et de les protéger...
Article 14
Les générations présentes ont le devoir d'orienter le progrès scientifique et technique vers la préservation et la santé de l'espèce humaine. A cette fin, elles doivent, en particulier, assurer un accès et une utilisation des ressources biologiques et génétiques respectant la dignité humaine, les savoirs traditionnels et le maintien de la biodiversité.
Article 15
Les États et les autres sujets et acteurs publics et privés ont le devoir d'intégrer le long terme et de promouvoir un développement humain et durables. Celui-ci ainsi que les principes, droits et devoirs proclamés par la présente déclaration doivent faire l'objet d'actions d'enseignements, d'éducation et de mise en œuvre.
Article 16
Les États ont le devoir d'assurer l'effectivité des principes, droits et devoirs proclamés par la présente déclaration, y compris en organisant des mécanismes permettant d'en assurer le respect.
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Petit traité de résilience locale (extraits)
A Sinaï / R Stevens / H Carton / P Servigne.
Ed Charles Léopold Mayer
Introduction. A lire en cas d'urgence...
La « crise » à bon dos ! Elle fait même un coupable idéal. En restant suffisamment vague, on peut l'accuser de tous les maux : chômage, insécurité, inégalités, destruction de la biodiversité, échec des sommets pour le climat,maladies chroniques, etc, mais surtout, on s'accommode d'autant mieux d'une crise qu'on la sait éphémère.
Pour les élites économiques et politiques, elle sert souvent d'épouvantail pour imposer aux populations des mesures qui n'auraient jamais été tolérées auparavant.
Elle maintient l'espoir qu'un retour à la normale est possible, voire imminent.
Paradoxalement donc, tout en invoquant l'urgence, la crise nourrit un imaginaire de continuité.
Après la crise, c'est sûr, tout redeviendra comme avant !
Hélas, ce n'est pas possible.Parce que nous ne sommes pas en crise : nous ne reviendrons plus jamais à la situation « normale » que nous avons connue au cours des décennies précédentes.
Non seulement nous ne retrouverons plus les conditions économiques et sociales d'avant la crise de 2008, la croissance des Trente Glorieuses , les espèces définitivement éteintes, ou encore l'exceptionnelle stabilité du climat de ces douze derniers millénaires, mais nous avons de bonnes raisons de penser que les problèmes auxquels nous faisons face sont susceptibles de s'aggraver et de s'amplifier.
Désormais, une autre époque se dessine, propice à la multiplication, à l'imprévisibilité, à l'irréversibilité des catastrophes. Nous nous dirigeons vers une « terra incognita » marquée par le réchauffement global et le basculement de notre planète dans un état inconnu.
Un article saisissant, cosigné par 24 chercheurs de renommée internationales dans la revue Nature, décrit le risque important de perturbations environnementales, que le système-Terre ne bascule vers un nouvel équilibre très éloigné des conditions écologiques favorables et stables qui ont permis le développement des sociétés humaines depuis 10 000 ans.
Nous sommes entrés dans une nouvelle époque, que le géochimiste Paul Crutzen a proposé de baptiser « Anthropocène » (du Grec ancien anthropos (homme) et Kainos (Nouveau).)
Au cours de cette époque l'humanité (surtout celle des pays industrialisés) est devenue une force géologique capable de modifier le système-Terre, au même titre que les glaciations et l'éruption des volcans.
Comme l'écrivent Jacques Grinevald et Clive Hamilton, l'Anthropocène véhicule un défi pour l'humanité et ses représentations traditionnelles « continuistes » comme, par exemple, la vision d'une croissance économique illimitée. C'est un concept stimulant une autre vision de l'avenir des sociétés industrielles, appelées à dépasser l’exubérance de la surconsommation de ressources pour fonder des sociétés sobres et résilientes.
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Edgar Morin : Changons de Voie
Les Leçons du Coronavirus
Denoël Editeur (Extraits)
« Mai 1968 à été une aspiration légitime à la vraie vie. »
Parmi les premiers « lanceurs d'alerte », il y a le rapport publié en 1972 du biochimiste Meadows lequel dévoilait les dégradations de plus en plus amples et rapides du milieu naturel.
Ce document basé sur la science écologique fut la catalyse qui donna naissance à la conscience écologique...
Il s'agissait lors de transformer nos pensées, nos mœurs, notre civilisation...
Mais il y a une extrême lenteur de la prise de conscience écologique, une incomplétude de celle-ci et une indigence de l'action politique et économique à son égard pour éviter les désastres corrélativement humains et naturels.
Ceci, parce que l'on a disjoint radicalement nature et culture, homme et animal...
Peut-être faudra-t-il se trouver au bord de l'abîme pour déclencher le reflex de salut....
Les carences dans le mode de la pensée, jointes à la domination d'une soif effrénée de profit, sont responsables d'innombrables désastres humains...
Ces carences en terme de pensée et d'actions politiques ont conduit à des erreurs de diagnostic, de prévention, ainsi qu'à des décisions aberrantes. Les défaillances des ministres successifs et de l'administration de la Santé. Le rôle des lobbies et des divergences d'intérêts ont bloqué toute réforme du secteur...
Ajoutons que l'obsession de la rentabilité chez les dirigeants a conduit à des économies coupables pour les hôpitaux et pour la prévention des risques sanitaires...
Nous sommes face à une crise de l'humanité qui ne parvient pas à se constituer en humanité...
Nous sommes sommés de répondre à un ensemble de défis, eux-mêmes interdépendants...
Il devient vital de « changer de Voie »...
Il nous faut donc des « idées-guides » et des propositions afin d'ouvrir des chemins de transformations :
Les grandes lignes de la nouvelle Voie politique-économique-écologique-sociale qu'impose la crise inédite que nous vivons sont guidées par le besoin de régénérer la politique, le besoin d'humaniser la société et le besoin d'un humanisme régénéré...
Cette nouvelle Voie comporte :
Une politique nationale pour la France ;
Une politique de civilisation ;
une politique de l'humanité ;
Une politique de la Terre ;
Un humanisme régénéré...
Nous pouvons dégager les impératifs de la réforme personnelle :
1/ Connaître selon la connaissance complexe qui relie les savoirs pour concevoir les problèmes fondamentaux et globaux ;
2 / Penser selon la raison sensible, qui effectue la dialectique permanente raison/passion ;
3 / Agir selon l'impératif éthique premier de responsabilité/solidarité ;
4 / Vivre selon le besoin poétique d'amour, de communion et d'enchantement esthétique.
Les buts de l'humanisme, en somme, doivent se réaliser en chacun.
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