Les dits du corbeau noir

EDGAR MORIN Pensée Générale / Notes et commentaires Bran du : l'ENFANT D'AMOUR ! Sept 2015

Edgar Morin Penseur du nouveau millénaire...

Pensée globale L'humain et l'Univers... R Laffont F Inter 21 09 2015

 

L'individu, la société et l'espèce biologique...

 

 

«... Nous sommes une société anxiogène.

C'est une crise à la fois de société et de civilisation...

Une immense perte de la solidarité...

La crise vient de l'absence d'avenir génératrice d'angoisse...

Impossibilité de se raccrocher à un message d'espérance pour le devenir...

C'est une société sans espoir vis-à-vis du futur...

C'est une crise tant individuelle que communautaire...

 

Ceci entraîne une forme de refuge vers le passé avec une peur des migrants qui s'accentue alors que la France s'est constitué à partir de multiples migrations de divers peuples au cours de son histoire...

Il est important et urgent de rappeler que la France est multiculturelle et multiethnique...

 

L'absence de confiance dans le politique contribue à l'accroissement des peurs et des réflexes de protection...

C'est une angoisse dangereuse qu'on laisse fermenter dans un état d'apathie ; une apathie qui peut être un ferment d'explosion...

 

Le monde est sous l'emprise financière d'un capitalisme exacerbé...

 

Le communisme est apparu comme une «religion terrestre» devant apporter un peu de «paradis» sur la terre. Il a échoué...

Comme le progrès des sciences qui promettait ce même «paradis»...

Lors le refuge est un retour progressif vers les anciennes religions...

 

Nous ne liquiderons jamais l'angoisse devant la mort même en prolongeant la vie ce qui est d'ailleurs souhaitable dans le sens où il faut au moins attendre 60 ou 70 ans pour avoir une véritable intelligence de la vie qui serait le fruit d'un long et indispensable mûrissement...

Mais je ne crois pas à la «trans-humanité» qui ouvrirait à l'immortalité ici et maintenant...
Prolonger la durée de la vie, oui, mais pour autant que cela soit concomitant à un monde qui a appris en même temps à surmonter les risques de sa propre destruction...

 

Je ne crois pas à un «dieu révélé» ni au dieu des philosophes, mais je crois en un «mystère» évident, à l'amour, à la fraternité car cela m'aide à vivre...

 

De l'improbable peut surgir et intervenir demain, capable de modifier le cours d'une Histoire qui nous apprend que du profond chaos peut ressurgir une profonde «renaissance»...

 

///...

 

Notes    Bran du                  Sept 2015

 

Le «Grand penseur contemporain», et le terme n'est pas ici péjoratif, qu'est Edgar Morin, met l'accent sur l'état individuel et collectif dans lequel se trouve notre société humaine...

Il aborde cet «état de société» dans son enveloppe globale en déplorant la nette diminution de l'élan de solidarité au cours des dernières décennies et une accentuation de l'individualisme au détriment du communautaire. (Nous sommes loin en effet de la société du type symbiotique prônée par Jean Marie Pelt ou Pierre Rabhi par exemple !)

 

Liens et relations ne peuvent s'établir dans la durée que sur la base d'une confiance hors celle-ci disparaît tant en ce qui concerne une «confiance en l'avenir» qu'une confiance envers ceux censé de nous en donner un de meilleure qualité (les «politiques»)...


C'est un constat d'un grave déficit à la fois de confiance, d'espérance et de solidarité....

 

La peur générant l'angoisse, le doute, la crainte, l'incertitude....occupe une place, hélas centrale comme c'est le cas le plus souvent dans notre «Histoire» quant l'espérance s'estompe d'un mieux ou d'un meilleur dans le devenir humain...

 

Le repli sur le «Moi» est la protection suprême, la carapace qui subsiste quand tout le reste cède à la peur et qui n'est pas elle-même sans faille loin de là !...

 

La peur en «soi» est une peur alimentée par la peur de l'autre, du différent, du divers même et parmi celle-ci il y a la peur d'une perte d'identité et même d'individualité car l'autre est censé vouloir porter atteinte à cela en imposant sa différence en tant que dogme ou diktat intolérant, sectaire, autoritaire obligeant à une dilution de l'être au sein d'un moule de formatage censé le façonner à l'image de ce qui exerce cette pression socialement et culturellement liberticide...

 

D'où la montée violente et exacerbée des attitudes d'exclusion, de refoulement, des «migrants» aux diverses frontières de l'Europe, mais tout autant ailleurs....

C'est dangereusement oublier que nous sommes nous-mêmes, européens, le fruit de migrations multiples qui se sont sans cesse succédées au cours de notre Histoire !

 

Nous sommes tous en fait des «êtres migrateurs» et ce entre une naissance et une mort inéluctable qui peut aussi connaître en son «au-delà» une autre forme de migration avec ou sans frontières, plus ou moins incertaines au demeurant !...

 

Nous avons tout autant à «migrer» en notre fort intérieur afin d'opérer le passage d'un état de non conscience à un état d'éveil puis de maturation de cette conscience en la faisant justement passer, par sagesse, sapience, connaissance expériences humaines, philosophie, humanisme, spiritualité, d'un certain plan, d'un certain niveau d'entendement et d'adhésion à un autre...

Mais pour cela faut-il ne pas être sous l'emprise de peurs qui établissent des frontières qu'elles souhaitent infranchissables et dont le mental et l'égo individuel sont les plus redoutables gardiens !...

 

La peur est une pieuvre aux nombreuses tentacules lesquelles comme des fils de marionnettes peuvent aussi être agitées et manipulées, tant intérieurement qu'extérieurement, à dessins d'asservissement, de domination, de soumission etc...

 

Pas d'avenir, pas d'espérance... le «no futur» donc, si nous n'arrivons pas avec conscience et volonté, cohérence et discernement, à passer d'une servitude orchestrée par la Peur à une dynamique de vie instruite et accompagnée par le DESIR !

(Un désir d'espérance et d'avenir donc, un désir de paix, de sérénité, de compassion, de solidarité, d'accueil, de tolérance, d'attention, de partage, d'échange, de rencontre, de découverte et surtout d'amour et de fraternité !)

 

Acquérir un mûrissement vis-à-vis de la compréhension intime et profonde de «l'intelligence de la vie» est, en effet, un long apprentissage résultant d'expériences dont on a su retirer la «quintessence» en quelque sorte... ceci rejoignant l'idée que la véritable sagesse réside dans le grand âge ce qui explique la vénération pour les Grands Anciens ou Grandes Anciennes dans de nombreuses civilisations, ceci, avant qu'elles ne mettent, pour beaucoup d'entre elles, depuis, les vieux à l'hospice ou au placard !

 

Avec nos quelques quatre milliards d'année de venue au monde et toutes les expériences accumulées, analysées, conceptualisées en terme de sagesse soit de philosophie, mais aussi en terme de spiritualité, nous devrions être mûrs depuis belle lurette pour l'amour et la fraternité inscrits durablement dans le temps, la durée et l'espace !...

 

Ni le communisme, ni le capitalisme, ni le libéralisme et autres «isme» du même acabit n'ont été en (juste) mesure capables de tenir les promesses sur lesquelles ils se sont appuyés pour obtenir une adhésion et une validation et mettre en œuvre leur projet ; un projet qui dans tous les cas à fait et fera encore couler beaucoup de sang.... et qui mène la planète vers des degrés d'intensité de catastrophes inéluctables si aucun grain de sable ne vient contrarier les mécanismes et les rouages menant à cela...

 

Le bonheur n'est pas au rendez-vous des dites promesses...

Il n'était pas il y a encore peu de temps non plus dans certaines religions prônant le fait qu'il n'était pas de ce monde, mais dans un paradis libéré du péché des hommes et qu'y parvenir impliquait un passage obligé par la souffrance en cette vie laquelle n'avait rien d'autre à offrir qu'un terrestre chemin de culpabilisation, de rédemption et de repentir !...

 

 

Pour ce qui me concerne, le bon heurt est, tout simplement, une étincelle entre ici et maintenant et de celle-ci renaît la braise sous les cendres d'un foyer de vie voué sinon à l'extinction !...

 

Comment migrer vers un «possible/meilleur» si nous sommes amputer en notre envol de ces deux ailes que sont l'amour et la fraternité, si nos rémiges ne peuvent prendre appui, pour leur élan, sur la conscience, la connaissance, la cohérence, l'équilibre et l'harmonie ?

 

Notre «migration» essentielle, cyclique, salutaire, jouvencelle ; c'est d'aller du Corps, du Cœur, de la Pensée à l'Esprit et à l'Ame, c'est d'aller de l'ombre à la lumière, de la Traversée hivernale à la Belle saison, de l'averse à l'arc-en-ciel, de la semence à la moisson, du don à la gratitude, de la fermeture à l'accueil, de la peur au désir, de l'indifférence à l'implication, du profane au sacré,

de la vaine agitation au calme essentiel, à la sérénité bienfaisante, du tumulte au chant ou au silence...

Nous sommes ontologiquement, fondamentalement, un peuple profondément migrateur, mais qui ne sait pas encore suffisamment d'où il vient et vers quoi il se dirige et qui n'a plus la faculté ou la volonté de retrouver en lui-même ce NORD mythique et archétypal, lieu de toutes les initiations donc renaissances et de tous les enseignements que les sages de la planète ont accumulé en ce «pôle» dépositaire de toutes les mémoires et visions sapientiales...

 

Nous sommes potentiellement les «Argonautes du devenir».

A nous, par conscience, désir et volonté, de nous mettre ou remettre en quête d'une toison sous laquelle dort l'Enfant d'Amour celui que nous sommes et serons encore et toujours !



21/09/2015