Les dits du corbeau noir

BARDI : EN BAIE DE ST BRIEUC (ENTRE LA COTENTIN ET PORT MORVAN) BRAN DU 10/OCTOBRE 2015

Entre la Cotentin et Port Morvan Baie de St Brieuc Bran du 11 10 2015



Terre et Ciel,

en conjonction de verts et de bleus : « Bro Glazik » en breton

soit le pays mêlé d'azur et d'émeraude...



Les yeux aussi se font bleus, éloignent leurs nuages...

Verte est la pensée parmi les vents venus d'Irlande...



Deux aigrettes tracent leur blanche ligne,

Rappelant ainsi que tout horizon ne se limite pas à un espace de partage entre le ciel et la terre, mais débouche sur une blancheur extrême où toutes les couleurs fusionnent en une Unité première.......



Ma pensée déferle sur la grève, roule des coquillages de tendresse, colporte des bois et des sèves venues des confins du monde....



De la marée qui déferle au rivage, j'attends, en moi, une semblable

amplitude ; un plein de cœur et d'esprit...



L'île, là-bas ; l'île au loin, nappée de brume ; l'île en promontoire d'un rêve qui fat escale en l'homme ; en l'homme amarré au granit de sa mémoire, tissant les voiles d'un devenir incertain et ravaudant, au crochet du silence, les filets déchirés de ses contradictions...



Soudainement, un chant aigu « ondule » dans l'air frais ; une stridulation inconnue à mes oreilles.... C'est un passereau, mais je ne sais lequel ; peut être une hirondelle des rivages ?

Il arpente, de l'audace de ses ailes, un territoire d'ajoncs, d'épines noires, de bruyères et de fougères que surveille l'oeil aux aguets des faucons...



Ainsi la mort survolant les terres de la vie...



Mort et vie sont les marées de notre existence éphémère...

Flux et reflux, disent les anciens textes irlandais (comme l'expriment, si justement et avec quelle émotion, les « lamentations de la vieille de Beara »)...

« Ce que le flux apporte, le reflux l'emporte à son tour... »

La Mer ne peut que faire écho à une autre Mère, Matrice celle-là de toutes les eaux, douces ou salées qui furent le berceau de la création, du vivant puis de notre humanité naissante ….



Un cormoran rejoint ses lieux de pêche, le ventre vide après deux jours de forte tempête....



Tout un règne ; animal ou végétal, s'accroche aux roches, aux parois luisantes, se dissimulent sous les pierres à l'abri du soleil ardent ; seul l'homme dévisse, dérape et glisse des supports artificiels dont il s'est outrancièrement dotés, aveuglés par les artifices et les illusions d'un progrès qui n'a toujours pas rendez-vous avec le bonheur !...



A quelques encablures de la côte un homme rame dans son canot, il trace son sillage dans le ressac des ondes qui se soulèvent puis s'abaissent au rythme du poumon des profondeurs... Il progresse en grand silence, écoutant la symphonie immense et le gigantesque pupitre de choeurs, le prodigieux et enchanteur orchestre des flots...



Il est cette respiration même, ce brassage de l'infini, cette mouvance permanente et, plus profond encore, cet œuf du monde, cet oursin de quintessence... Il est la vie s'éveillant au sein d'une goutte d'eau !...



Des chiens de chasse traquent les garennes au travers des landiers. Le maître de la meute sonne de la trompe pour les rassembler à ses pieds. Aucun ne manque à l'appel...

Nul cor, nulle trompe cependant, pour en appeler à la tendresse et à l'amour !....



Un autre homme ; celui-là à poser des « berlets » sur la plage et vient au baissant récolter une moisson de poissons argentés ; bars et mulets...

Ce sont des lignes de fond plantées sur la grève avec un appât approprié ; le plus souvent des vers de sable....



Ne nous faut-il pas, nous aussi, appâter la vie afin qu'elle vienne se crocher à nos cœurs et à nos pensées en comblant de plus humbles, de plus modérées, de plus justes et légitimes attentes ?



Quelques papillons encore posés sur les ailes du jour....



Libéré de ses baies, le sureau s'endort du sommeil des arbres....



Lors, pour ce qui me concerne, habiter, animer, une véritable « présence au(x) monde(s) »...

Songer à l'Etre qui se fatigue de l'homme... et qui attend, enfin, sa recouvrance !....



Les îles au loin, dans le prolongement de la pointe de l'Arcouest...

Les îles, pour ultime destination...

Les îles merveilleuses des Anciens Celtes dénommées : Plaine des Plaisirs, Terre des Femmes, Pays sous la Vague, Insula Avalon...

Les îles de promesse ; de celle que l'on se fait à soi-même quand le désir est un coracle, la volonté une voile et la conscience une étoile fidèle....





Coracle ; embarcation irlandaise archaïque, mais efficace fait de cuir tendu et cousu sur une armature en bois souple puis goudronnée...



17/10/2015