EN BROCELIANDE (EN 3 PARTIES) 2018 BRAN DU 23 06 JUIN
En Brocéliande Juin 2018 Bran du
C'est le mois qui graine, le mois des herbes hautes, le mois où blondissent les seigles...
En ce mois s'étire le soleil au plus lointain de ses rayons...
Mois des fenaisons, des prairies odorantes qui sèchent après l'averse...
Ondulation des blés sous la bise matinale et fraîche...
Dessous l'humus percent les girolles, les coucoumelles, les russules, les bolets bais, les golmottes... le « peuple des champignons »...
C'est le mois des fiançailles, des mariages, des unions où la joie saute au-dessus des braises du solstice d'été...
Les fougères se sont amplement installées sur les talus, dans les vallons, au cœur des clairières forestières...
Les allées, les lisières se parent de chèvrefeuilles et de fleurs de ronce...
Les oisillons pépient au cœur des nids...
La pie chasse le corbeau et le corbeau la buse ; chacun protège ses petits...
Dans les champs, aux berges des ruisseaux, c'est ballet de libellules et de papillons...
Les grillons entonnent un chant rythmé pour le soleil...
Juin enfile ses gants de digitales ; le mauve monte aux fronts des haies...
Sous le pur azur les hirondelles tracent leurs arabesques...
Je marche sous les frondaisons, je m'enfonce dans l'humus des pinèdes, les ornières sont pleines des pluies récentes, l'herbe est profuse...
Je vais entre ombres et lumières...
Je foule de nouveau, de Brocéliande, la Terre ; celle qui me fût renaissance ; la Terre de jouvence pour le cœur et l'esprit...
La beauté, la verte clarté des mousses et des sphaignes, sont partout présentes...
D'une cime à l'autre des pinsons se répondent...
La rosée s'est déposée sur la toile des araignées et scintille de toute sa blancheur....
J'ai les pieds trempées, qu'importe, c'est bain de douceur et de fraîcheur...
Marche paisible et sereine sous le couvert bienfaisant...
Le fruit des myrtilles est formé...
Il y aura de la mûre en abondance cette année...
L'amanite dite printanière a encore gagné du territoire accroissant patiemment son domaine...
Senteur forte du terreau, senteur de la résine, parfums de vie florale récemment éclose...
Je sens la chaleur du solstice sur ma peau...
Je déambule, je pérégrine, je chemine, je promène mon corps et mes pensées au gré de ma fantaisie, sans but précis, avec simplement ce désir d'aller où bon me semble (non sans garder quelques part en ma mémoire quelques repères pour quand il faudra rentrer.)...
Dis-moi « Mère forêt », pourquoi se sentir si plein de tendresse et d'amour, si tant enveloppé dans la plénitude du don et de l'offert, si tant baigné par ta verte lumière, et ne pouvoir partager tout cela avec une main qui serre la mienne, avec Celle, inconnue, attendue, désirée, capable de « cosmunier » intimement, profondément et « follement » avec tant de beauté ?
Je marche sous le dôme forestier, sous les arcanes arbustives,
j'ai voûte de cathédrale et cela me fait vitrail aux fenêtres du cœur...
C'est sanctuaire de silence, mille portes ouvertes, mille sentiers proposés...
Chaque pas est joie, chaque pas est liberté de choix, chaque pas nourrit la pensée, chaque pas est avancée vers le plus clair de soi...
Je comprends, à chaque fois davantage, combien, O Mère forestière, tu m'es , dans l'éperdu d'amour, si doux recours ;
si doux recours....
Ce jour est arborescence, il a faîte et racine et sève circulante...
La pousse du sorbier connaîtra un jour le chant des grives...
En moi, aussi, des graines, des germes, des semences...
De la Vie pour la Vie...
Si mystérieuse, si troublante Viviane qui hante les laies et les halliers, tu apparais aux servants qui quête une Dame ; une Femme que l'on puisse de tout son être aimer...
Tu repousses de ton hideuse laideur ceux qui ne savent voir, sous les haillons de boue et de vase, ta splendide nudité...
Des cendres de l'orgueil et du mensonge ; des cendres des haines consumées, tu fais rejaillir les pures flammes qui pour une âme, enfin délivrée, se veulent exulter et danser....
Lors du rocher, sera retirée l'Epée et des ténèbres, la Lame !...
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En Brocéliande ( partie 2) Bran du Juin 2018
Pour introduction :
« ...Endiguer le flux des pensées pour que notre conscience exiguë retrouve enfin son essentielle inspiration... »
"Je suis le songe oublié des hommes, leur âme perdue dans la rumeur du bruit."
"Il existe des destinations dont la plus grande magie et de nous ramener à nous-mêmes."
Viviane Fedieu Daniel et Ph Manguin Brocéliande entre rêve et réalité
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L'eau de la source pour donner à voir le reflet d'une réalité ; mais, combien est difforme la figure que nous penchons vers l'onde !...
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L'or de l'automne pourrira dans l'humus...
Qu'importe si, le voyant se ternir et devenir poussière, il a fait de ton cœur, de ton corps, le creuset, l'athanor, d'un nouveau devenir...
La Vie et une divine alchimie qui mène de la Matière à l'Esprit...
(Si nous en sommes conscients et si notre cœur y consent!)...
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L'Arbre-Cerf, c'est lui baignant dans la verte lumière de son chandelier de feuilles...
O voyageur, contemple-le, contemple-le !...
Que tout en toi se recueille et que l'Esprit porte fruits...
Que soit l'Arbre de Vie !...
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La ville est bien loin et lointain l'urbain, cela, dès que tu mets ton cœur à hauteur de fougères....
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L'enchantement là, comme une braise sous la cendre...
Souffle, souffle mon ami, souffle...
Refais danser les flammes au foyer de ton cœur...
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La magnifique, la splendide allée forestière mène à une clairière où tu seras enfin rendu au centre de toi-même...
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Des troncs droits élancés à l'horizon dansant des feuilles, rien ici pour te crucifier l'âme et le cœur, mais tout pour faire séjour à ton espérance d'amour, tout pour faire demeure à cette lueur surgie dans ta profonde nuit... Jouit lors de ce bonheur cardinal qui unit l'Est et l'Ouest, le Sud et le Nord...
Bel aimant, bel amant, tu es une Rose des Vents...
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Cascadent les eaux au lit du silence comme cascadent les mots vers l'océan-poème...
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La grâce des osmondes royales arc-boutées sur l'onde ruisselante...
Mon esprit, semblablement, se courbe et se ploie quand la beauté est de passage...
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L'étang et le ciel si tant, si parfaitement reflétés, que l'on ne sait qui est le ciel, qui est la terre... Tout est miroir d'éternité...
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La fontaine et son perron enchanteur....
Barenton, laminée, chaque année, par des milliers de visiteurs...
Vulve sacrée, vulve à ciel ouvert que seul l'Esprit peut pénétrer...
Il suffit, pour te re-sacraliser, que de poser sur l'antique pierre cette rose cueillie au jardin du cœur, il suffit d'une simple et sincère prière, il suffit de prier, de tout son cœur, de tout son corps, pour le matin qui vient d'éclore, pour cette nuit qui, délicatement, referme les pétales d'amour sur l'intimité d'un bouton d'or...
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Qui voit le Hêtre de Ponthus sait aussitôt l'arbre qu'il lui reste à faire pousser dans le terreau fécondé de son cœur...
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A enfoncer mes pas dans l'humus profond, je progresse dans la sereine idée que je me fais de la mort !...
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Un matin ; je ne sais lequel, mais qu'importe, la brume se lèvera, dévoilant enfin le corps nu d'une pure beauté...
Lors tu sauras que la Vie est encore et toujours en toi !...
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Pendant neuf années, elle apprit de lui à savoir enclore...
Le moment venu, par neuf fois elle fit le tour de son amour en enroulant le sort...
Lors disparurent les corps, mais demeure l'Esprit !...
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Que s'en vienne la neige ! Que s'en vienne la neige...
Qu'elle étende son blanc manteau, la Dame Blanche de mes rêves !...
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Bleu le ciel, bleue ses douces lueurs, bleue la glace bleue de l'étang, bleu aussi le bleu qui saigne au cœur...
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Si tu ne sais voir la feuille à l'envers, si tu ne sais poser ta tête au creux des bruyères, tu ne vois rien, tu ne vois rien de ce qui fait voûte à la Terre ; du lait des cieux, tu ne sais le sein !
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Brocéliande la Belle...
Brocéliande de plus en plus « marchandisée »,
livrée aux clichés de carte postale... aux images retouchées...
Brocéliande touristiquée, cataloguée, brochurisée...
Brocéliande la belle... label pour les marchands ! ?...
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On le dit presque millénaire le chêne aux écorces d'éléphants...
Jadis je suis entrée dedans, j'ai dormi en son aubier pour retrouver la matrice d'une Mère...
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Val sans retour :
Ce qui emprisonne, le plus terrible des geôliers,
c'est l'infidélité envers soi-même !....
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Brocéliande en notre modernité.... Bran du Juin 2018
Vue, parcourue, observée, vécue, en ses aspects actuels, c'est une forêt des plus « ordinaire »...
Elle aurait pu être la formidable et européenne vitrine d'une forêt « jardinée », mais non !….
Elle est exploitée pour son bois, conservée aussi pour son gibier...
Le marcheur y est à peine toléré, les autorisations pour y pénétrer y sont conventionnées impliquant quelques avantages pour ses propriétaires et de nombreuses restrictions pour les promeneurs (entre autres, l'assurance que personne ne sortira des sentiers strictement balisés.)...
Nous le savons, nous sommes avertis, nous sommes informés dès notre arrivée : Ici c'est la « Forêt privée de Paimpont ! »
(En Attendant qu'un jour, peut être, Paimpont ou nous soyons « privés de forêts » !)...
Certes, la forêt reçoit, chaque été, des milliers de visiteurs venus de toute la France, de toute L'Europe et au-delà pour constater le très piteux état des sites sur-visités...
600 à 800 milles estivants estimés sur la période estivale, cela ne peut que fortement impacter un milieu hyper fragilisé (avec les risques dramatiques d'incendies qui augmentent proportionnellement)...
Il devient vraiment compliqué de rendre compatible une préservation plus qu'indispensable et salutaire d'un environnement de « mémoire » avec une fréquentation qui ne cesse de croître...
L'impact touristique est certes pourvoyeur d'emplois et maintien des activités et une économie qui, sans cela, ferait des hameaux et des villages, peu à peu, un « désert »...
Mais c'est demander énormément aux communes réduites en moyens financiers pour satisfaire au mieux tous les services requis et demandés....
Par exemple : Théhorenteuc, le « Pays » certes « Aimable » (selon ce que l'on en dit en breton) ; un hameau de moins d'une centaine d'habitants qui voit déferler d'avril à octobre et jusqu'en novembre parfois une foule submergeante de visiteurs ; lesquels, de retour du « Val sans retour », ne disposent, sur place, que d'une très très faible capacité d'accueil, d'animation et de restauration !....
Il y a là une potentialité économique certaine, doublée d'un espace de sensibilisation et d'information dépassant la fonction de syndicat d'initiatives ou de maison du tourisme qui pourrait contenter bien des visiteurs quelque peu frustrés (souvent/parfois) dans leurs parcours et leurs attendus !....
La déception peut être au rendez-vous quand on marche dans les pas de ses rêves les plus légitimes d'ailleurs et que l'on se trouve confronté à la réalité de « l'état des lieux », à une forêt où se succèdent et s'accroissent les coupes à blanc et dont la vocation est d'alimenter prioritairement la « filière bois » avec les quotas imposés et surestimés pour les parcelles confiées à l'Office Nationale des Forêts. (A savoir qu'avec les paysans ce sont les gardes-forestiers qui connaissent un taux de suicide alarmant du fait du dévoiement opéré par l'Etat de ce qui faisait jadis leur vocation !)...
Par ailleurs autant de population, de visiteurs, à déambuler fait « partir le gibier » ce qui dans un pays de « chasseurs » est inacceptable et ne saurait être toléré !...
L'équilibre et l'harmonie (aboutissement d'une quête, d'une recherche de sagesse et de spiritualité) sont loin d'être lors facilités et trouvés...
Ce sont là les épreuves rencontrées en notre modernité pour avancer sur la Sente de Lumière, épreuves sans lesquelles il n'y aura point de « Dames d'Honneur ni de Chevaliers » !
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