Les dits du corbeau noir

Comment expliquer et faire ressentir, partager, ce qui se passe en moi quand je suis au sein d'une Nature exonérée de construction et de présence humaine...

Je suis entre l'eau et la feuille, la pierre et le brin d'herbe, c'est-à-dire avec le sentiment d'être à la place assignée à l'humain depuis toujours...

Je suis dans un « champ » d'énergies visibles ou non, plus ou moins perceptibles par mon corps et mes sens, mais qui circule entre tout ce qui m'entoure et moi-même..

Pourquoi ai-je cette si forte impression qu'à cet instant j'habite poétiquement ma demeure en ce monde ?

Tout mon corps y est à son aise et mes regards alentour sont comblés de « merveilles », car tout ici est merveille...

En d'autres espaces, plus ou moins urbanisés,

je ne saurais trouver autant d'échos à moi-même, autant de résonances, autant d'affinités, avec ce qui me constitue intimement et fondamentalement...

Aurai-je besoin de décrire cet état, d'épuiser un dictionnaire à cela, si mon corps pouvait parler par lui même de ses ressentis ?

Oui, il y a un « autre langage » bien plus subtil que le nôtre, plus direct, plus en phase avec une source et une racine langagière qui font l'économie de tous nos propos et babillages....

Ce « langage hors langage » s'inscrit, se formule, vibre, pervibre au sein d'une « poétique », terme qui condense en densité et en intensité tout ce que l'on pourrait tenter d'en dire...

La compréhension, l'entendement, la claire vision des êtres et des choses se passent donc à un autre niveau de communication que ce qui nous sert habituellement à communiquer...

Dans ce cadre ou dans cet état, l'exercice de la parole ou de l'expression, les « formulations » émises se situent entre les sources d'émission et ma capacité de réception et de compréhension et cela ne peut concerner mes facultés ordinaires incapables de capter ce dont elles n'ont eu ni connaissance, ni enseignement, ni apprentissage...

C'est donc à un autre niveau de « décodage » que cela se passe...

Peut-être s'agit-t-il là d'un langage antérieur au nôtre, au temps où nous dit-ont, l'homme parlait avec les éléments et les règnes ?...

Ce très antique langage n'a pas disparu pour autant, c'est nous qui ne savons plus l'entendre et le comprendre....

Mais, toute la Nature nous parle par des milliers de bouches dans des vocables minéraux, végétaux, animaliers qui nous rappellent nos états antérieurs et les étapes qu'à franchi notre humanité en prenant une terrible distance avec ses sources et racines...

C'est dans une parfaite « nudité » de corps, de cœur et de pensée que nous pouvons peut-être espérer faire recouvrance de notre « Manteau de Lumière », retrouver la limpidité, la clarté et la transparence de nos « eaux intérieures », redonner à notre Arbre de Vie sa Sève primitive.......

Bien Fraternellement           Bran Du