EN MARCHE VERS LE SOLSTICE D'HIVER REFLEXIONS DIVERSES BRAN DU 01/NOVEMBRE 2015
Réflexion au seuil du solstice d'hiver Bran du Nov 2015
Préliminaire et préambule important !
André Breton, dans sa magnifique préface intitulée : Braise au trépied de keridwen, nous entretient, à propos de l'art celtique et des Celtes en général, d'une « révélation » tout en exprimant son regret que, par manque de « documents », nous soyons privés en partie des « idées-forces » qui sous-tendaient cette fantastique civilisation et ses chefs d'oeuvre...
« Le grand arbre dit-il a été abattu ; on en est réduit, à la surface du fleuve, à voir étinceler au passage ses feuilles d'or et d'argent et à soupçonner, sur des empreintes, les hautes présences qui l'entouraient.... De lui, nous reste, par bonheur, un surgeon bien vivace contre lequel la perfide lame méditerranéenne n'a rien pu ; c'est ce qui émerge de l'ancienne poésie bretonne ou kymrique, frêle esquif à la coque très éprouvée, mais dont nous tenons tout ce qui a pu être sauvé, en sagesse et en possibilités de dépassement autochtones, durant les premiers siècles de l'ère chrétienne, par la tradition orale....
Ce trésor réside dans ce qui nous est parvenu des textes d'Aneurin, de Llywarch-Hen, de Myrddhin, surtout de Taliésin.
Il faut bien dire qu'il s'offre à la façon de ceux de notre enfance, enfoui dans un coffre ruisselant d'algues et constellé de coquilles, criant sur ses gonds dès qu'on veut faire mieux que l’entrouvrir. Mais alors il laisse filtrer quelques rayons du bouclier d'Arthur et au point où nous en sommes aujourd'hui, on n'a pas fini de s'assembler autour de lui sur la grève... »
Oui, en effet, le coffre aux trésors fabuleux, enchanteurs et fantastiques a bien été immergé, de force et de violence, dans l'océan de l'oubli, dans les abysses ténébreux, retrouvant, en cette profond obscurité, la ville d'Ys et toute notre mémoire celtique submergée d'orgueil et de mensonge, de matérialité arrogante et outrancière, de dogme intolérant et hégémonique....
Mais, car il y a un « mais », Ys resurgira des mers de l'inconscience et pointe déjà sa flèche de granit au-dessus des eaux qui s'effacent devant elle...
Oui le temps de recouvrance et de restitution est bien venu !
Le celtique trésor remonte à la surface des siècles et atteindra bientôt le rivage et la grève de nos attentes les plus intimes et les plus profondes et nous serons lors, en effet, nombreux à redistribuer généreusement l'or d'abondance et de bienfait, l'argent de sagesse et de bonté, contenus en ce coffre, en ce Chaudron d'éternité !
Ahès, Dahud, Dana, Anna, Brig, Riannon, Rosmeta, Rigantona, Epona, Divona, Bod, Yseult, Viviane, Morgane... Tout le cortège du Féminin celtique resurgira de même et viendra, en procession, entourer, d'un cercle fécond et fertile, ce coffre magique et l'enceindre de ses voix, de ses chants, de ses musiques, de sa ferveur, de sa beauté, de sa tendresse et de son puissant et lumineux amour....
Réflexions pour ce Solstice d'hiver 2015 suite Bran du
On pourrait légitimement penser que Samain est l'ouverture d'un seuil qui donne sur une allée processionnaire qui conduit au Solstice d'hiver et au couronnement par la double feuille de gui de ceux et de celles qui sont appelés à co-participer à la renaissance solaire et à assister donc à l'enfantement du Germe de Lumière dans le berceau hivernal de l'obscurité.......
Les deux passages de la période hivernale à la belle saison et inversement sont l'objet d'attentions les plus vigilantes qui soient...
Ce sont des « espaces-temps » qui déterminent une « bascule »,un « versement », qui confortent la règle dite de l'alternance...
A Beltaine les eaux ayant ruisselé sur la terre ont rempli la coupe de la future abondance ; l'énergie solaire va se « déverser » sur le monde pour porter toute chose à maturité...
Le grain va devenir blé... Les humains feront moisson de ce qu'ils auront su ensemencer, au sein de la longue nuit, avec amour, bonté, générosité, gratitude et amour !....
Tout chez les Celtes est « signifiant », rien de gratuit, rien de purement ornemental ou décoratif ; pas d'artifice, pas de « superficialité » ; le Celte ne fait pas semblant et ne s'égare pas dans le labyrinthe des illusions....
Ayant en quelque sorte « vaincu » la mort (usant pour cela d'une pensée philosophique, sapientiale et spirituelle « armée » en conséquence), ils ont pu se « consacrer » totalement, pleinement, à la vie ; non en « spectateur », mais bien en acteur et artisan de celle-ci...
Leur « langage », leurs expressions, sont hautement et profondément symboliques et analogiques ; c'est la façon pour eux, privilégiée, concordante, ajustée et adaptée, cohérente, mesurée et maîtrisée, de « porter Parole » et d'oeuvrer en adéquation avec la pensée qui inspire tout fait, tout geste et tout acte...
Ils ont pour attention et vigilance permanente le maintien des équilibres et des harmonies entre tout le vivant, visible et invisible....
Parmi les thèmes récurrents et abondamment illustrés figure l'Arbre cosmique ou l'Arbre de vie, toujours situé au « centre » ; aux intersections des lignes et des axes qui agencent et ordonnancent le monde...
Il est la quintessence de tout ce qu'il assemble et rassemble en lui-même et par lui-même...
Il est l'Un dont les branches et les racines s’élèvent et puisent en toutes les directions aussi bien dans l'obscurité que dans la lumière...
Nous sommes ramifiés et enracinés à cet Arbre et nous sommes (en liberté, en volonté, en conscience et par « Tradition »...) d'une commune sève et d'un commun aubier....
Les oiseaux, ses habitants du ciel, suivent aussi la course solaire à leur façon et leur rapport au soleil détermine leur propre cycle....
C'est pourquoi ils sont aussi très présents dans les représentations celtiques et souvent associés au « féminin » : ainsi la « femme-cygne » annonciatrice du renouveau cyclique et ambassadrice des mondes à venir... Oiseaux et femmes sont eux aussi porteur du « message » solaire et divin....
Si le soleil, toute l'abondante « imagerie » solaire en fait, occupe une si grande place dans le monde celtique, c'est que celui-ci est le modèle, le référent, par excellence qui, par ses cycles quotidiens et annuels, apporte, conforte et certifie l'espérance permanente d'un renouveau et d'une renaissance et ce au-delà et par-delà les ténèbres les plus sombres, les plus froides et les plus obscures....
La Roue de l'année s'ébranle de nouveau au temps de Samain et ce, jusqu'à la Samain prochaine avec au mitant de ce déroulé la grande fête de Beltaine célébrant le retour de la « Belle-Saison »...
Ce mouvement s'inscrit entre deux solstices d'hiver ; c'est à dire qu'il suit exactement la course ascendante puis descendante du soleil...(Oeil du jour, œil de Lumière...)
Le soleil est donc déterminant dans la croyance celtique, mais il n'est pas un « Dieu » pour autant, car il dépend d'une Force-Energie-Lumière plus grande que lui : L'Incréé !
Lequel « Incréé » est le « Concepteur/Créateur » de toute chose et de tout être ; passé, présent et à venir !...
Lug est l'artisan délégué pour mettre en mouvement la Roue solaire et pour veiller sur le bon déroulé de ses cycles.
Il est (comme le druide Mog Ruith), le « Serviteur à la Roue » bien représenté sur le chaudron dit de Gundestrup et non loin de la posture du dieu Cernunnos entouré des animaux dont il est le maître. C'est aussi le grand régent qui règne sur la vie et la mort...
A noter que le « Féminin » participe aussi de cette mise ou remise en mouvement et ce, à travers l'Aurore (sœur de Lug en quelque sorte, qui assiste ce dernier dans sa fonction afin de restituer au monde le quotidien bienveillant et bienfaisant d'un ciel diurne.)
L'observation méticuleuse de la «course alternée du soleil » est un héritage antérieur aux Celtes, mais ce legs poursuit aussi sa course fabuleuse au cœur de la pensée humaine celtique....
Cette pensée est semblable à des chevaux qui tirent le char du soleil....
Une pensée qui accompagne l'âme (montée sur un « cheval ») dans son périple de retour vers la Terre des Origines, vers la Terre matricielle (et initiatique par excellence) de tout commencement....
Il y a une similitude, évidente celtiquement parlant, entre la course du soleil et le déroulé de l'existence humaine et ce, selon diverses échelles de temps...
Cette course solaire induit l'idée que la vie ne peut jamais être vaincue et cette idée se prolonge dans l'au-delà de la vie elle-même.... Ce qui vaut pour le « soleil » vaut pour l'homme, pour sa présence au monde et pour sa destinée....
Il y a donc une analogie entre le cycle humain et le cycle solaire et c'est cette analogie même qui détermine en très grande partie nos rituels calendaires ; car, en suivant méticuleusement la succession des saisons et des étapes majeures qu'elles contiennent, nous suivons analogiquement la dite « course du soleil » et ce que sous-entend celle-ci en terme de philosophie et de spiritualités ; de croyance et d'espérance...
Nous allons bientôt concélébrer au Solstice hivernal un « Soleil invaincu » ; le retour de l'Enfant-Lumière, du Mabon ou du Mac Oc ; du Jeune Fils, de l'Embryon de Lumière...
Nous allons confier à la Terre-Mère nos germes et semences d'espérance en un avenir radieux et « solaire »... Et nous allons nous aussi semer en cet humus que nous sommes cette commune espérance et accompagner sa traversée et sa percée vers la neuve lumière et la chaleur radiante...
Nous aussi nous ferons chemin dans le « ciel » faisant halte à la source et fontaine d'Imbolc afin d'y recevoir les « bonnes eaux » versées par les fidèles servantes et gardiennes de la Tradition...
Puis viendra l'éclosion de verdeur ; le blanc et le rose florilège des jardins et vergers, des grandes prairies du printemps...
Lors Brig étendra son splendide manteau sur la Terre et s'avancera la Belle Saison et ses corbeilles de douces et bienfaisantes promesses...
Dans son manteau de pur azur se tiendra, en majesté, l'Enfant-Lumière, rayonnant de tous ses feux au zénith de son ascension et de son élévation....
Et tout le vivant assemblé sous la cathédrale de Lumière, baignant dans les vitraux arbustifs et forestiers, ne sera plus qu'offrande et gratitude....
Lug nous conviera à rendre hommage, à faire notre devoir de fidèles mémoire, en disant à notre Mère, à la Matrice de toute les matrices, ce « Merci » ardent et fervent pour ce Sacrifice d'elle-même consenti avec amour pour ses enfants ; des enfants auxquels elle demanda seulement « le souvenir » et l'entretien de celui-ci...
C'est tout cela que nous « accompagnons », que nous allons accompagner de nouveau en une nouvelle spirale de vie et de saisons, partageant un même pain, une même moisson d'espérance....