Les dits du corbeau noir

ETRE PARAITRE AVOIR / Esprit et matière suite

MATIERE et ESPRIT    Bran du   12 04 2013



En partenariat avec le forum de la Comarlia qui explore aussi ce thème....

 

Notre frère EBER rebondit sur un débat des plus « majeurs » et d’une actualité des plus évidentes…
Nous sommes là dans l’enjeu le plus conséquent de notre société dite moderne ; un  enjeu qui repose sur le positionnement de l’Etre placé face à l’Avoir et au Paraître et aux lourdes et graves conséquences induites par la nature, les formes, l’éthique, l’équilibre de ce rapport…

Nous sommes héritiers d’une pensée, d’une croyance, autant philosophique que spirituelle, d’une sagesse et sapience qui entendent bien apporter toute mesure, toute équité, toute concorde au sein des dualités fécondes ou affrontées qui constituent la trame de l’existence humaine… Et ce afin de Co-participer, à la Loi D’Evolution  en en respectant la dynamique, l’objectif et l’Essence…

Un tel sujet, de part son importance et de par sa pertinence et les interpellations qu’il suscite, ne saurait être à l’écart de nos réflexions, bien au contraire…  Nous ne sommes pas « coupés » du monde ou à l’écart de celui-ci, mais traditionnellement « acteurs  libres, conscients, lucides et responsables, du vivant » et ce, dans toutes les expressions et dimensions de cet « Anima »….

Nous sommes au cœur d’une interpellation élémentaire, d’une interrogation primordiale et essentielle et nous avons devoir de contribuer à la réflexion commune, à l’élaboration de pistes de résolutions et à leurs mises en œuvre…  
Notre société est une société en mutation du fait même d’une emprise suicidaire de la Matière sur l’Esprit, de l’Avoir sur l’Etre, d‘un Monde profane sur un Monde sacré et divin… Les Traditions ont un rôle majeur dans ce « passage » afin de le rendre le plus sage possible !…  Leurs sagesses immémoriales et proverbiales cumulées sont un gage de meilleur maîtrise de l’avenir, d’une perspective plus harmonieuse de notre devenir commun… Nous oeuvrons, ici et maintenant », pour les générations à venir afin qu’elles fassent, à leur tour, prospérer en paix et sereinement cet héritage de sagesses universelles…

C’est un changement de paradigme des plus urgents auquel nous assistons avec au bout des défis à relever avec audace, courage, conviction, persévérance et des expérience pionnières à mener afin de ramener le curseur de l’évolution vers une plus juste « balance » nous protégeant des excès destructeurs…  Nous ne serons ni « spectateurs » ni indifférents de cela, mais bien au cœur de cette alchimie de transformations interne à l’être, à ses communautés d’appartenance et à sa destinée commune et solidaire…

Les notions d’équilibre, d’harmonie, de juste mesure, d’équité, de concorde sont les bases de nos enseignements fondamentaux. Elles trouvent en ce siècle comme en d’autres temps, leur plein emploi et leur potentiel d’efficacité dans le maintien et l’évolution de ce qui Fût, Est et Sera…

L’étude approfondie du rapport de l’être humain avec la gestion matérielle de l’existence ne peut pas ne pas faire partie intégrante, évidente et volontaire de nos missions et fonctions sacerdotales… Nous sommes au sens noble du terme des êtres engagés « politiquement » qui avons le souci « sage et citoyen » de la place, de la qualité et de la relation des femmes et des hommes au sein de la cité des femmes et des hommes… (En faisant l’économie des idéologies partisanes et dogmatiques qui concourent aux aggravations des déséquilibres sans vouloir en mesurer les graves conséquences.)

Si la recherche d’équilibre au sein du processus de l’évolution n’était pas le premier des enjeux et des défis, nous ne serions même pas là pour en débattre !… A nous de nous associer sagement lucidement, positivement, objectivement, à ce combat, à cette lutte, pour accroître la pérennité de la vie sous toutes ses formes…

Nourrir cette réflexion c’est faire l’inventaire des « matériaux » qui la constitue et dégager de cela l’esprit le plus propice, le plus efficace, pour œuvrer vers l’entendement et la compréhension et les solutions adéquates et adaptées que l’on peut attendre en menant objectivement celle-ci…

Inventaire non exhaustif, des « ingrédients » constitutifs du débat proposé : Etre / Avoir / Paraître / Don et contre-don / Gratuité, valorisation ou dévalorisation ? /  Partage / Echange / Rapport et relation / Capacité d’Offrir et de Recevoir /  Réciprocité /  Importance de « l’Intention » qui suscite, accompagne et œuvre / Sagesse et Conciliation / Argent / Rétribution équitable / Ethique et déontologie / Valeur accordée à… / Compatibilité / Solution transitoire / Recherche d’une Gratification, d’une reconnaissance / Besoin biologique fondamental /  Autres besoins justifiés ou non, réels ou artificiels / Façon d’Etre et de Faire / Faire Commerce, en quel sens et quelle Essence ? / Possession et dépossession / croissance et décroissance / Solidarité ou exclusion / La notion de sacrifice (rendre sacré) / Offrande et offertoire / Demande et remerciement / Economie marchande ou marchandisation de l’homme devenu une marchandise ?

A SUIVRE   Bien fraternellement  Bran du


Richesse, monnaie, argent, offrande, don et contre-don au temps des Celtes
Source Ph JOUET  Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtique…

« Celui qui ne donne pas ne garde pas sa face* »  * son honneur   Ancienne poésie galloise.

Du DON :  C’est une procédure sociale matérielle et symbolique. Le roi, le seigneur, est le donateur par excellence dont la générosité et le sens de la mesure ne doivent pas être prises en défaut…
Elle se manifeste cette générosité par des cadeaux, des présents,  faits aux poètes, aux guerriers, aux serviteurs méritants etc…
Les « dons » faits aux poètes correspondaient au « service rendu » selon une codification bien établie et très précise de rétributions   (En bétail, en parure…)
Cela s’apparente fortement à la Tradition amérindienne appelée Potlatcht (redistribution et remise en circulation de la richesse.)

Dans les processus de Don et de Contre-Don, la richesse passe donc par la médiation du Seigneur. Un bon règne favorise l’abondance en bétail, en homme et en produits agricoles. Il y a impérativement la nécessité d’une juste répartition de ces richesses afin d’éviter la « ruine du royaume »… On peut trouver en cela une théorie explicite de la circulation nécessaire des biens et du bon ordre qui la conditionne…
Celui qui fait requête, qui sollicite un don crée en retour un assujettissement librement accepté… En sachant que la Parole engage dans la vie et au-delà !…  Il y a des réciprocités dans l’engagement…
Le don de nourriture dans les festins ou banquets est un devoir royal soit l’image traditionnelle d’un seigneur nourricier garant de la prospérité universelle…
Le Roi Bress à l’avarice notoire sera destitué et ruiné pour n’avoir pas obéit aux préceptes royaux liés à la non rétention des richesses accumulées….

Des OFFRANDES : les rituels d’offrande sont bien attestés dans tout le monde celtique. C’est une partie essentielle du culte, adaptée à la nature des Dieux et à l’intention du donateur. Il s’agit toujours de renforcer et de contraindre le destinataire… Ce que l’on apporte en offrande crée donc un lien de dépendance, une obligation de réciprocité, d’exécution de la demande….

Ce qui est offert essentiellement : des monnaies, des objets précieux, des animaux, des produits de la terre… Il y a des offrandes liquides et des oblations par le feu…
Il a été trouvé des dépôts votifs considérables par leur valeur et leur importance… (Dans des lacs, marais, ou à la source des fleuves…)  

(Il est curieux que le nom gallois de Dana ou Anna soit Don, épouse de Beli, une Déesse elle aussi pourvue et pourvoyeuse d’une grande générosité !)

La Richesse est l’une des assises de la puissance. La société « héroïque » évalue la richesse en bétail.
La dispute entre Aillib et la reine Medb porte sur leur patrimoine respectif ; cette dernière provoquera l’expédition de la Tàin Bo Cualnge (Razzia du bœuf) afin de rééquilibrer les biens de chacun…   l’or et l’argent constitue aussi la richesse d’un règne présent ou à venir…

De la Monnaie : J M RICOLFILS : Les gaulois frappent monnaie assez tardivement, mais les pièces gauloises apparues vers - 450 sont antérieures à celles des romains (vers -338)… (Avant la monnaie, les haches de bronze, les rouelles, les barres et broches de feu ont servi d’éléments d’échanges ou de paiements…)  La monnaie apparaît en Grande Bretagne vers - 100 environ. Les tribus Belges en ont refusé longtemps l’emploi. Il ne semble pas que la monnaie exista en Irlande….


Commentaires  Bran du :


Le « consentement » mutuel à l’échange équitable est un gage de « contentement » mutuel…  Donner suite à requête ou dans le cadre de sa fonction royale est l’exercice souverain qui contribue aux équilibres et harmonies sur tous les plans visibles et non visibles, terrestres et cosmiques, humains et divins… Contrevenir à cela met en grand péril l’harmonie universelle d’où des sanctions à la hauteur du déséquilibre provoqué…
La « richesse » n’est pas faite pour être thésaurisée, mais se doit de circuler comme circulent, sur des plans Incréés et subtils, les ondes et les fluides, les forces, énergies et lumières, qui nourrissent le vivant et abreuvent la vie de façon bienveillante et bienfaisante…  La richesse sur le plan matérielle trouve ainsi une transcendance spirituelle. Elle n’est plus une accumulation privilégiée de biens terrestres réservée à un ou des humains, mais un agent ou vecteur de générosité entre les êtres à l’image de ce que dispensent les Dieux et les Déesses…

La « propriété » existe et détermine un « rang social ». Le monde celte comme le monde indo-européen est organisé en trois classes ( sacerdotale, guerrière et royale, et celle des « producteurs » , les « gens d’art » quelque soit leur origine sociale sont reconnus et respectés… Sans avoir des « castes » dont celle des indésirables comme aux Indes, il y a tous ceux et toutes celles qui ne font pas partie de cette classification et dont les textes ne parlent  pas…

Parmi toutes les « possessions », celle de bétail est le marqueur le plus conséquent de richesse et de prospérité….

Ces quelques éléments permettent de mieux comprendre la valeur accordée au mot richesse, à l’usage et l’emploi des « biens », à la nécessité de faire circuler cela et de le redistribuer périodiquement selon les préceptes mis en place par les Druides afin d’assurer le meilleur équilibre possible de la société. Ceci sous tendant des notions d’équité et de justice…

Ces conceptions à valeur morale et régulatrice sont elles transposables, adaptables, actualisables, en partie dans notre monde contemporain et de quelle façon  ?   Si nous concevons que l’Esprit opère toujours au cœur de la Matière nous devrions trouver des applications proches de celles de nos Anciens Pairs !


L’argent au rapport ! Bran du         12 avril 2012...

« Accordons-nous… Accordons-nous le Don ; cet accord qui par le Don se noue à l’Essence, à l’Anima qui eux-mêmes lient, relient et délient l’Etre entre son origine et son devenir, entre la totale obscurité et la pleine lumière. »  « Dans accordons il y a aussi « cordon »… soit se « corder » ; c’est- à-dire assurer entre nous une chaîne aimante et solidaire d’attention et de protection librement consentie et acceptée pour la sécurité de tous et de toutes dans l‘entreprise audacieuse et communautaire engagée »  « Ce cordon ombilical philosophique et spirituel, matriciel, à été rompu. Il nous appartient d’en retresser les trois brins que sont l’Amour, la Connaissance et leur Remise au Monde par nos Actes créateurs et inspirés…»  Bran du

Le débat ouvert ici ne se cantonne pas à nos positionnements induits par l’Esprit de notre Tradition et de son adaptation à notre monde contemporain, mais dépasse amplement le cadre de celle-ci…
Nous sommes ici au cœur d’un débat qui se devrait d’être planétaire !  L’absence de ce débat au sein de chaque individu et des individus entre eux devrait être une priorité absolu et faire l’objet d’une consultation mondiale… Rie, que cela mais tout cela !

Y participer même modestement à son importance et ce, en faisant notre « part de colibri » chère à Pierre Rhabi, c’est-à-dire en apportant, en tant que sagesse traditionnelle et spiritualité ancestrale, en tant que recherche d’un art de vivre et d’être ensemble,  notre contribution, en mettant en œuvre dans le champ de nos propres relations, une éthique d’emplois et d’usages de la « richesse » pouvant concilier Esprit et Matière sans que l’Esprit se « matérialise » pour autant…
Nous sommes amenés de ce fait à concevoir puis à appliquer une voie médiane respectant la Matière sans qu’elle se donne préséance sur l’Esprit…

Il y a ce que l’on peut admettre, concevoir, comprendre de la place de « l’instrument ou outil de l’échange, de la rémunération ou rétribution équitable » en nos fonctions, missions et animations et ce qui « déborde », provoque l’excès, et nuit à l’équité morale et à la déontologie « spirituelle et philosophique » en quelque sorte que nous servons de notre mieux.

Nos communautés fraternelles « druidisantes » et les sympathies qu’ elles suscitent et instaurent  ne nous permettent pas, actuellement, d‘assurer « naturellement » les bases matérielles nécessaires à celui ou à celle qui voue leur existence à l’accompagnent de tous et de chacun pour le meilleur service possible de notre Tradition. Chaque sacerdoce se doit aujourd’hui de pourvoir lui-même à ses besoins aussi limités soient-ils… Et cela nous paraît « normal », convenable, légitime…

Servir l’Esprit de notre Tradition implique de maîtriser la dimension matérielle en la ramenant à des équilibres entre investissements de son temps, de sa personne, de sa pensée et le maintien des conditions indispensables aux nécessités primaires, « alimentaires », existentielles…

C’est une « vocation » à servir, à servir dans le don et la générosité, laquelle doit pouvoir trouver auprès de sa communauté d’appartenance des appuis, des soutiens, des aides à la mesure de ce que l’on peut faire et apporter pour qu’elle puisse au mieux assurer son « ministère »…

L’Esprit certes ne se vend pas, ne se marchande pas, n’est pas côté en Bourse, n’ébranle pas dangereusement le monde sur ses racines et fondements comme les banques le font aujourd’hui, mais il fait « noblement commerce » avec le genre humain quand celui-ci souhaite instaurer des rapports et des relations avec Lui ; des liens qui soient d’entendements équitables, réciproques, pour le moins, entre ce qui s’offre et ce qui reçoit (en terme de bienfaisance et de bienveillance, de conventions aimantes et respectueuses….)

La prépondérance donnée à l’argent, à la « Matière donc » est-elle que la barque humaine lourdement chargée d’une fausse abondance dérive dans le courant de l’orgueil et de l’arrogance aspirée de plus en plus par des abysses de cruauté et de mensonge…

Nous refusons cette emprise dogmatique et suicidaire… Notre sagesse, l’Esprit même de notre Tradition s’y refusent catégoriquement… A nous de trouver les meilleurs moyens pour ne plus valider, cautionner de telles engeances, une telle prise en otage de toutes les forces et énergies aimantes et évolutives qui constitue l’évolution de tous les règnes… Nous ne voulons pas que les dynamiques phagocytaires de l’AVOIR continuent à anéantir et absorber l’ETRE dans leur chaos et néant…

Nous nous devons non seulement de nous indigner, mais d’entrer en résistance, pensée, réfléchit et active, face à cette néantisation qui nous cerne de plus en plus…

Nous avons dans notre héritage celtique une capacité extraordinaire appelée l’imagination ; une imagination pourvoyeuse de novation dans l‘Art de mieux vivre… Puisons en cela les amorces, les prémices, d’une société autre et différente rétablissant l’harmonie et l’équilibre qui nous font si cruellement défaut…

A l’image de quelques pionniers exemplaires, connus, inconnus, méconnus, mais bien présents et actifs pour un meilleur usage et emploi de ce monde, réfléchissions séparément et ensemble comment, là où nous sommes, avec les divers moyens dont nous disposons, nous pouvons infléchir le virage vertigineux que l’on veut, à tout prix !, nous faire prendre et qui mène vers un inéluctable précipice…

Revisitons en profondeur et clairement ce que sont nos besoins élémentaires, primordiaux, fondamentaux; au regard de tous les artifices accumulés…  Examinons, expérimentons une « simplicité volontaire », développons toutes les formes de solidarité et d’entraide possibles et parfaitement réalisables… Nous avons tant spirituellement, philosophiquement culturellement, socialement, à partager et à échanger en toute équité et harmonie !

Soyons les inventeurs de Cela… Témoignons de cela… Donnons à cet ouvrage le meilleur du cœur et du désir…. Très rapidement nos contemporains sauront qui sert ou dessert l’Etre et qui sert l’Avoir au-delà des limites imparties déontologiquement à ce dernier !…

Nous n’acceptons pas que notre Tradition, tout ce que nous avons reçu avec générosité et gratuitement de l’Awen, de nos Entités bienveillantes, du Livre grandiose de la Nature, des Anciens et des Anciennes deviennent un produit de consommation, un emploi en totale contradiction avec nos doctrines philosophiques et spirituelles… Nous serons vigilants vis-à-vis de cela et lutterons face à cela par la mise à disposition de capacités de discernement ; nous apporterons la connaissance là où sévissent les peurs et l’ignorance souvent entretenus à des fins politiques et financières… Là aussi sera et résidera notre action avisée et éclairée tendant à permettre une compréhension objective des enjeux et la sortie du champ duel, stérile, asséché et affronté de nos sociétés en perdition dans leurs aveuglements et éblouissement mercantiles et possessifs…



12/04/2013
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